En francophonie, l’écriture inclusive est l’une des appellations données[N 1] à l’emploi de différentes règles et pratiques langagières qui cherchent à éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l’écriture[1].
Cette page d’annexe traite de cette thématique en s’appuyant notamment sur un document édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés[2]. Par la suite, ce document et le terme d’écriture inclusive sont utilisés sans distinction.
L’écriture inclusive, telle que décrite ici, est un ensemble de conseils. Elle s’axe principalement autour de trois pratiques[3] :
Ce premier axe vise à associer, et donc à rendre plus manifeste, le genre civique de la personne occupant un rôle socioéconomique. Il se distingue donc de la pratique qui préconise l’emploi du genre grammatical masculin indépendamment de la personne qui l’occupe. Le français possède déjà traditionnellement beaucoup de noms de rôle féminins, et cette pratique ne soulève généralement pas de contestation dans les rôles traditionnellement associés aux femmes en francophonie, d’autant moins que le rôle n’est pas socialement prestigieux. Ainsi, que femme de ménage soit le pendant d’homme de ménage ne suscite généralement que peu de réprobations.
L’écriture inclusive décrite ici propose de systématiser cette pratique partout où une femme peut être concernée. Elle préconise donc par exemple madame la présidente, et non pas madame le président, ou encore une autrice, et non auteur, si la personne est une femme.
En ce qui concerne la féminisation des noms de métiers en français, la Belgique promulgue un décret en 1993, la France lance une Commission de féminisation des noms de métier et de fonction en 1984 qui publie une première circulaire en 1986, une seconde en 1998 et une troisième en 2019. Au Québec elle s’est diffusée dans la société suite à une recommandation officielle favorable de l’Office québécois de la langue française (OQLF) publié en 1979.
De son côté, l’Académie française, après quelques publications allant de l’usuel « observation et approbation de l’usage », en passant par des indications plutôt défavorables voir hostiles, acquiesce désormais à cette pratique[4].
L’ouvrage Grammaire non sexiste de la langue française : le masculin ne l’emporte plus ![5] préconise pour sa part une « féminisation ostentatoire », où le titre féminin se distingue à l’oral aussi bien qu’à l’écrit. Il s’agit donc de privilégier professeuse à professeure, ou doctoresse à docteure[6][7].
L’écriture inclusive suggère d’utiliser le genre grammatical féminin et masculin de manière plus paritaire pour référer à des groupes mixtes partout où cela s’avère opportun. Cela exclut notamment les substantifs de groupe de personnes eux-mêmes épicènes, comme géographes, journalistes, pédiatres pour lesquels aucune adaptation particulière n’est préconisée.
Pour le cas général, c’est l’énumération exhaustive des sous-groupes sexués par ordre alphabétique qui est recommandée : celles et ceux, tous les Acadiens et toutes les Acadiennes. Des alternatives via barre oblique peuvent transcrire des distinguos qui n’ont pas nécessité d’être restitués lors d’une lecture orale pour cause d’épicène homophonique : pour cher/chère membre du personnel, l’énonciation orale pourra conserver un unique adjectif épithète /ʃɛʁ mɑ̃bʁ dy pɛʁ.sɔ.nɛl/.
À l’écrit, l’utilisation d’un terme abrégeant l’ensemble des sous-groupes est suggérée si le besoin de concision est ressenti, sachant que plusieurs usages ont cours.
Type | Abréviation | Forme étendue correspondante | Remarques |
---|---|---|---|
Classique | Drs | Docteurs et doctoresses
Professeurs et professeuses |
Fonctionne uniquement lorsqu’une interprétation orale énumérative peut se faire en ce sens. Ainsi « MM. », traditionnellement utilisé comme abréviation de Messieurs, ne sera pas compatible avec cet usage. |
Contraction avec point médiant : | étudiant·es | étudiants et étudiantes | |
Contraction avec trait d’union | technicien-ne | technicien ou technicienne | |
Alternative affixale entre parenthèses | jou(eur|euse)s | joueurs et joueuses | Forme semblable à ce qui est employé dans les expressions régulières pour grouper des alternatives de séquences lexicales. |
Adjonction affixale entre parenthèses | avocat(e) | avocat ou avocate | Ce cas est parfois décrié pour la possible interprétation symbolique ou la personne de genre féminin est « seulement mise entre parenthèses », autrement dit, signifiant qu’on minorait ou oublierait volontiers l’existence de cette partie. |
La pratique retient aussi l’accord de proximité dans les cas qui s’y prêtent :
Les adjectifs sont ainsi accordés par rapport au genre du nom le plus proche et non plus en fonction de la présence d’un nom grammaticalement masculin.
Les abréviations, comme celles utilisant le point médian peuvent susciter des formes de rejet aux motivations diverses : accessibilité, forme d’écriture inaccoutumée, esthétique typographique… D’où une préconisation d’un « usage raisonné » de cette pratique, en particulier du point médian, dont il est conseillé de limiter la présence à une seule occurrence maximum par mot, pour séparer la base commune des flexions des affixes de fléchissement. De plus, il est recommandé de la réserver aux cas où la désinence féminine représente un ajout (comme dans « étudiant·e ») et non quand elle est une substitution (comme dans « instituteur·rice »).
Forme complète | Abréviation | ||
---|---|---|---|
suggérée[8] | alternatives[N 2] | ||
étudiants et étudiantes[N 3] | étudiant·es | étudiant·e·s, étudiant-es, étudiant.es, étudiant(e)s, étudiantEs | |
contributeurs et contributrices[N 3] | abréviation non recommandée | contribut·eur·rices, contribut·eur·rice·s, contributaires |
De manière générale les abréviations n’ont pas vocation à être restituées oralement de manière fidèle à l’écrit. Ainsi, « étudiant·es » devrait se lire indistinctement de « étudiantes et étudiants ».
Le but est de ne plus utiliser les antonomases de noms communs Femme et Homme avec des majuscules pour désigner des groupes humains. On utilisera le terme humain et on ne parlera donc plus des droits de l’Homme, mais des droits humains.
L’idée motivant cette recommandation, c’est qu’en désignant le genre humain entier par une gent sexuelle excluante, c’est toute autre forme de sexe biologique qui est tacitement récusé d’une humanité digne d’être explicitée. Aussi cette forme d’expression préconise l’emploi de droits humains et non droits de l’Homme, et de manière générale, même majusculisée, de ne pas employer Homme en ce sens de groupement désignant l’ensemble de l’humanité. Il est évidemment également préconisé de ne pas employer Femme en ce sens, mais un tel emploi s’il a jamais été demeure au mieux d’usage confidentiel.