Annexe:Grammaire tsolyánie

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Préambule : L’écriture du tsolyáni

Le tsolyáni s’écrit avec l’alphabet engsvanyáli, qui est en de nombreux points semblable à l’alphabet arabe. C’est une écriture cursive, allant de droite à gauche, où les lettres ont jusqu’à quatre formes : isolée, initiale, médiale et finale. Les voyelles existent sous deux formes : isolée et diacritique. Par exemple, l’interjection tlá ! s’écrit avec un « tl » isolé (le « tl » étant une consonne à part entière), accompagné d’un signe diacritique représentant la voyelle « a ». Le mot izhúkh, « bouteille », débute avec un « i » isolé, suivi d’un « zh » initial accompagné d’un « u » diacritique, et se termine par un « kh » final. Les voyelles isolées ne sont possibles qu’au début du mot. Un mot comme dhu’ónikh, « or (métal) », s’écrit avec un « dh » initial accompagné d’un « u » diacritique, suivi d’un coup de glotte (« ’ ») médial accompagné d’un « o » diacritique, suivi d’un « n » médial accompagné d’un « i » diacritique, et se termine par un « kh » final. Les anagrammes tsolyánis ne considèrent les voyelles que lorsqu’elles apparaissent sous leur forme isolée (donc au début du mot). Ainsi, le quatuor khólsa (« être vierge »), láisakh (« nouveauté, jeunesse »), lásikh (« tisane de feuilles de l’arbre tíukh ») et suálokh (« platine (métal) ») ou la paire dha’álan (« aigu, aiguisé »), nodha’ála (« aiguiser ») sont considérés des anagrammes les uns des autres.

L’engsvanyáli n’a pas encore de plage Unicode allouée, bien qu’une proposition existe depuis 2001 ; les polices de caractères pouvant le représenter sont peu nombreuses et, pour le moment, déficientes. Aussi le Wiktionnaire utilise-t-il la transcription latine du tsolyáni. Cette dernière a l’avantage d’indiquer les accents toniques propres au tsolyáni, ce que l’écriture engsvanyálie ne fait pas. Ces accents toniques sont indiqués par les accents aigu et grave : l’accent aigu marque l’accent primaire (ˈ) ; l’accent grave marque l’accent secondaire (ˌ) (il peut y en avoir jusqu’à trois). Ces accents ne modifient pas la prononciation : chaque lettre est toujours prononcée de la même façon, et il n’y a pas de lettres muettes ou d’élisions (sauf peut-être le coup de glotte initial, qui est implicite). Les paires de voyelles et les voyelles diphtongues ont généralement l’accent tonique sur la première voyelle, mais il y a toutefois des exceptions (par ex. muíl, « quand » ; faózikh, « bière de riz » ; thiálakh, « jeune fille » ; tiúni-kh, « chat » ; guál, « être » ; nuín, « obtenir, recevoir, acquérir »). Pour ce qui est de la prononciation du tsolyáni, voir l’annexe dédiée.

Les 32 consonnes et les six voyelles de l’écriture engsvanyálie sont transcrites comme suit (la séquence des lettres — de haut en bas, puis de gauche à droite — correspond à celle des glyphes tsolyánis établie par Kersónan hiTánkolel pendant le règne de Hejjéka IV, le 45e empereur) :

Consonne Voyelle (avec accent tonique)
(primaire) (secondaire)
p ch ts i í ì
b j tl a á à
m y s o ó ò
f k sh u ú ù
v g z ü ǘ ǜ
w kh zh e é è
t gh ss au áu/aú àu/aù
d q r ai ái/aí ài/aì
n ng l oi ói/oí òi/oì
th h hl  
dh  

Les mots débutant par deux voyelles sont rares et sont généralement des emprunts étrangers (par exemple, aomǘzikh, « tatouage corporel intégral », emprunté au livyáni) ; dans ce cas, les voyelles sont écrites une au-dessus de l’autre et lues de haut en bas. Il n’existe pas de mot tsolyáni utilisant plus de deux voyelles à la fois dans une même syllabe ; les voyelles ne sont jamais redoublées, et la voyelle « ü » est toujours seule. Les diphtongues « au, ai, oi » ont droit à un signe diacritique distinct, sans que la prononciation des voyelles qui les composent en soit affectée. Les voyelles diacritiques « i, a, o » sont écrites au-dessus des consonnes, les autres (« u, ü, e, au, ai, oi ») sont écrites au-dessous des consonnes. À cause de ce positionnement, certaines paires sont homographes en écriture engsvanyálie : « ae/ea, ao/oa, ei/ie, eo/oe, eu/ue, iu/ui, ou/uo ». Par exemple, siunél, « chanter », et ssyùhuitsánkoi, « unité d’épéistes », pourraient être lus suinél et ssyùhiutsánkoi, respectivement, par un novice. Les cas où les voyelles sont toutes deux au-dessus ou au-dessous (par ex. aomǘzikh, précédemment cité ; zhíokh, « velours » ; thiálakh, « jeune fille » ; nimuél, « grimper, monter ») sont relativement rares. Notons enfin que le coup de glotte (« ’ », /ʔ/) est implicite devant tout mot débutant par une voyelle, et qu’il devient explicite lorsqu’un préfixe est ajouté (par ex. le verbe itláng, « être inconscient » donne vu’itláng, « assommer » par ajout du préfixe causatif vu- ; le nom izhúkh, « bouteille », donne bru’izhú, « dans la bouteille » par ajout du préfixe locatif bru- ; et ainsi de suite).

L’écriture engsvanyálie dispose aussi d’un diacritique pour le redoublement de consonne (« rr », par exemple), ainsi que d’un signe spécial pour le « ll », bien qu’il n’ait pas de prononciation distincte. On trouve des signes pour les nombres (qui sont écrits de gauche à droite à la façon des chiffres arabes) de zéro à neuf, ainsi que des indicateurs de dizaine, centaine, millier, dix-millier et million (ces signes ne sont utilisés qu’en écriture archaïque, le tsolyáni moderne utilisant une notation positionnelle pure). Enfin, il y a quelques signes de ponctuation (point, virgule, point d’interrogation, guillemet et barre de fraction).

La transcription utilise occasionnellement le trait d’union (-). En position initiale ou finale, il sert à marquer les suffixes, infixes et préfixes, et n’apparaît pas dans l’écriture engsvanyálie. En position médiale, il correspond à l’anti-liant sans chasse d’Unicode : l’engsvanyáli correspondant forme deux mots distincts sans espace entre eux. Par exemple, à partir des racines sán (« dessus ») et sáni (« vérité »), on peut former, avec le suffixe nominal -kh les noms sánikh (« surface du dessus ») et sáni-kh (« vérité »). Sans l’anti-liant sans chasse du second, ces deux noms auraient la même écriture engsvanyálie. Sánikh se termine avec un « n » médial et un « kh » final, alors que sáni-kh se termine avec un « n » final et un « kh » isolé. Ceci n’empêche pas d’autres homographes d’exister, comme par exemple hmákh, « dent » mais aussi un « animal donnant de la laine », hrúkh, « petit vaisseau marchand » mais aussi « septette, groupe de sept », ou encore gákh, « couple, paire » mais aussi « dédain, mépris ».

Similairement, la transcription utilise le signe « + » pour représenter le liant sans chasse, lorsqu’il s’agit de deux consonnes consécutives et non de la consonne représentée par le digramme transcrit équivalent : ainsi, s+hahád, « esclave de rang inférieur » (mot emprunté au salarvyáni) représente l’écriture s·ha·ha·d et non sha·ha·d. Un autre exemple est donné par la paire de quasi-homophones khatúnikh, qui vaut kha·tu·ni·kh (« nom ») et k+hatúnikh, qui vaut k·ha·tu·ni·kh (« sorte de fruit mu’ugalavyáni »). On peut aussi l’utiliser pour lever l’ambigüité de certaines séquences : par exemple, ngis+shantsúr, « en échange du coffre », s’écrit ngi·s·sha·n·tsu·r et non ngi·ss·ha·n·tsu·r.

Noms

Il y a quatre classes de noms en tsolyáni.

Ces noms désignent les choses nobles, comme les hommes, les rangs, les noms de clans, les ouvrages impériaux, etc. Ces noms se reconnaissent à la finale en -koi. Notons cependant qu’en présence de préfixes locatifs ou d’attitude personnelle, le suffixe noble est élidé.

Les objets sont rarement nobles ; outre ce qui touche à l’empereur (par ex. mǘnikoi, « palais administratif » ; méntukoi, « couronne, diadème » ; tánkolunkoi, « forteresse impériale ») ou aux dieux et à leur culte (par ex. vrúnkoi, « idole » ; tunkúlkoi, « grand gong des temples »), il y a certaines armes (par ex. ssyúkoi, « épée » ; hlézakoi, « poignard » ; hapajélkoi, « arbalète », su’íshkoi, « arc turquois » ; pá’dakoi, « hache de guerre » ; cháingkoi, « fléau » — certaines varient entre nobles et ignobles selon les auteurs ou le contexte : khákh, khákoi, « épée courte semblable au kouttar » ; pajélikh, pajélkoi, « arc » ; tirítlukh, tirítlukoi, « hallebarde ») et divers autres cas isolés (káingkoi, « bâton de commandement, aigle d’une légion » ; korúnkoi, « livre »).

Ces noms désignent les choses ignobles (perçues comme étant sans noblesse), comme les femmes (la société tsolyánie est misogyne d’une certaine façon), les enfants, les animaux, les objets inanimés, les abstractions, etc. Ces noms se reconnaissent à la finale en -(i)kh. Notons cependant qu’en présence de préfixes locatifs ou d’attitude personnelle, le suffixe ignoble est élidé. Certaines racines existent sous les deux formes, nobles et ignobles : par exemple, mrabán, « envahir », donne mrabánikh (« envahisseur », du point de vue de l’envahi) et mrabánkoi (« envahisseur », du point de vue de ce dernier).

À la différence de la plupart des autres langues, le tsolyáni considère les pluriels comme une classe grammaticale à part entière, et non comme une simple flexion. Les noms pluriels se reconnaissent à la finale en -yal.

Cette catégorie, relativement petite, regroupe les noms qui n’appartiennent à aucune des trois catégories précédentes. Ce sont les noms de lieux (par ex. Tsolyánu) et de personnes (Kagésh), ainsi que les noms considérés « trop nobles » (kólumel, « empereur ») ou « trop ignobles » (tlékku, « chien »).

Préfixes

Il y a quatre classes de préfixes en tsolyáni :

Ils sont ajoutés au radical dans cet ordre. Par exemple, mssùranònulqùrutizhavùsavályal, « à travers toutes ces villes craintes » :

  • mssùran- : (démonstratif) « ces » (pluriel)
  • -ònul- : (démonstratif) distance moyenne
  • qùru- : (quantificateur) totalité
  • ti- : (locatif) à travers
  • zhavù- : (attitude personnelle) crainte, appréhension, inquiétude
  • savál : « ville »
  • -yal : pluriel

Suffixes

Il y a quatre classes de suffixes en tsolyáni :

Les deux premières classes apparaissent dans cet ordre, et ceux d’attitude générale peuvent être plusieurs ou répétés. Les deux dernières sont mutuellement exclusives, et il ne peut en apparaître qu’un tout au plus.

Le possessif est -mra. En tsolyáni moderne, il se confond de plus en plus avec le préfixe locatif hi- :

  • kásimrakoi : « du capitaine, appartenant au capitaine », mais aussi hikási
  • kásimrakoi brusavál : « dans la ville du capitaine » (littéralement « du capitaine, dans la ville ») ; ou encore brusavál hikási (« dans la ville, du capitaine » ; notez la différence dans l’ordre des termes)

Les suffixes nominaux ont été décrits auparavant. Notons simplement que s’il y a trois classes de noms au singulier (ignoble, -kh, noble, -koi, et inclassifiable), il n’y en a qu’une au pluriel (-yal). Notons aussi que le suffixe nominal pluriel subsiste en présence de préfixes locatifs ou d’attitude personnelle, à la différence des deux autres.

Le suffixe adjectival, enfin, est -n, mais aussi -an dans le cas de certaines racines, pour la plupart inclassifiables (par ex. mítlan, « dieu », donne mítlanan, « divin » ; mais on a aussi mazíkikh, « paix », mazíkan, « pacifique » ; ou encore kenéngkoi, « armée », kenéngan, « militaire »).

Formation des noms

Toute discussion des dérivations nominales en tsolyáni est compliquée par leur fréquence relativement faible, leur forme irrégulière ou imprévisible, et le petit nombre de néologismes dans la langue moderne (cf. par ex. la discussion de kolumébabàr, « empire », plus haut). Un autre exemple est kolumssánkoi, « prince », composé de kólum, « régner », et -ssánkoi, qui semble signifier « descendant mâle » mais n’est trouvé que dans peu de constructions, dont mringgussánkoi, « fils de noble » (mrínggukoi, « haut noble ») et pachussánkoi, « fils de seigneur » (pachúkoi, « seigneur », un rang inférieur à celui de mríngukoi).

On a déjà mentionné auparavant que certains préfixes et suffixes peuvent former des racines indépendantes (avec les affixes appropriés) : les démonstratifs, les quantificateurs, les préfixes d’attitude personnelle, et certains des suffixes d’attitude générale. D’un autre côté, les préfixes locatifs, le suffixe possessif et les suffixes noble, ignoble et pluriel ne sont jamais indépendants. D’autres exemples :

  • túplanikh, « amabilité, qualité d’être aimé » (notez comment l’accent tonique change de secondaire à primaire)
  • pálikh, « hier »
  • rákh, « ignobilité, féminité, méprisabilité »

D’une manière générale, le nom abstrait désignant l’action verbale est formé en ajoutant -kh au radical verbal. L’agent mâle de cette action est obtenu avec -koi, l’agent femelle avec -rakoi (si noble) ou -rakh (sinon). Par exemple :

  • dímlalikh, « le coup, la frappe » (de dímlal, « frapper, battre »)
  • dímlalkoi, « le frappeur (mâle noble) »
  • dímlalrakoi, « la frappeuse (femelle noble) »
  • dímlalrakh, « le frappeur (ignoble) »
  • rákoi, « le méprisable (noble) » (un néologisme ; rárakoi et rárakh sont possibles mais ne sont pas attestés)

Une autre construction impliquant l’acteur utilise l’infixe -mo-, dérivé de moyí, « faire », et se produit lorsqu’un préfixe locatif ou d’attitude générale empêche l’ajout de -koi ou ses variantes :

  • mikgadálmo, « de l’adorateur (mâle noble) » (mikgadál serait ambigu, pouvant aussi signifier « de l’adoration » — cette forme apparaît d’ailleurs dans certains textes plus anciens)
  • mikgadálmora, « de l’adorateur (femelle ou ignoble) » (la distinction entre la femelle noble et la personne ignoble ou chose se perd)
  • gadálmokoi, « adorateur (mâle noble) » (synonyme de gadálkoi)
  • molssáingmoyal, « à ceux qui mangent » (ssáing, « manger »)
  • thamkólummodàlisa, « par le grand et puissant noble régnant »

Le sujet de l’action est désigné par -mogu, possiblement dérivé de l’ancienne locution passive moyí guál « être fait » :

  • kólummoguyal, « sujets, ceux sur qui on règne »
  • ssáingmogukh, « ce qui est (ou a été) mangé »
  • gadálmogukoi, « le mâle noble adoré, le dieu »
  • mikdímlalmogu, « de celui qui a été frappé »
  • hipagálmogura, « de celui (femelle noble ou personne ignoble ou objet) qui a été vu » (hi- signifie l’appartenance alors que mik- indique la provenance)
  • màsunmoyímoguni-kh, « cette petite chose qui a été faite »
  • thóntemogun, « maudit » (du verbe thónte, « maudire »)

Une liste exhaustive des affixes de dérivation nominale n’est pas possible, aussi se contentera-t-on des plus fréquents : -lu, instrumental, la chose ou l’outil servant à accomplir l’action ; -to, professionnel, l’acteur qui fait carrière de l’action ; -kán, l’endroit où l’action est accomplie ; -gáshu, le vendeur de l’objet ; -gashén, l’endroit où l’objet est vendu.

Les gentilés sont compliqués par l’existence de formes étymologiquement figées. En tsolyáni classique, une tribu ou nation était indiquée par le suffixe -hiyánu, et ses membres par . Ainsi Tsól, un nom-lieu mythique, donnait-il tsól-hiyánu et tsól-hiyánu-è. Ces formes sont devenues Tsolyánu et tsolyáni. Similairement, salárv-hiyánu (de Salárvu, un lieu sur les rives du lac Mrissútl) a-t-il donné Salarvyá (notez la disparition du -nu final) et salarvyáni. Dans le cas de Yán Kór, le -yánu final est entièrement omis, bien que ses habitants soient des yán koryáni. Mu’ugalavyá provient à son tour du nom du lac Mu’ugállu. Dans le langage affecté, on entend parfois mu’ugalavyánggi (préservant la forme mu’ugalavyánie de -yáni) et mu’ugalavyánggish (préservant la finale masculine mu’ugalavyánie -sh).

Adjectifs

Il y a deux classes d’adjectifs en tsolyáni :

Dans le tsolyáni parlé et les écrits informels, l’adjectif précède normalement le nom qu’il modifie. Dans l’écriture formelle ou le langage recherché de la cour impériale, l’adjectif suit ce nom plus fréquemment qu’il ne le précède. Les deux séquences sont utilisées en poésie et en littérature. Par exemple :

  • dháli-n náti-kh : « la belle pièce, la belle chambre » (parlé, informel)
  • náti-kh dháli-n : « la pièce belle, la chambre belle » (formel)

Les adjectifs ne s’accordent pas, même lorsque utilisés comme substantifs. Ainsi :

  • gadálin básrimkoi : « l’homme en adoration »
  • gadálin básrimyal : « les hommes en adoration »
  • gadálin molbásrim : « à l’homme en adoration »
  • gadálin molbásrimyal : « aux hommes en adoration »
  • básrimkoi dáli-n guál : « l’homme (cet homme) est grand »
  • básrimyal dáli-n guál : « les hommes (ces hommes) sont grands »
  • básrimkoi moyí másun dáli-n : « l’homme (cet homme) en fait grand cas (rend cela important) »
  • básrimyal moyí mssúran dáli-n : « les hommes (ces hommes) en font grand cas (rendent cela important) »

Les adjectifs peuvent servir de racine nominale et peuvent s’affubler de tous les affixes habituels :

  • dálikoi : « le grand (homme noble) »
  • dálirakoi : « la grande (femme noble) »
  • dálirakh : « le grand (homme ignoble) » ou encore « la grande (femme) »
  • moltúplannira : « au petit aimé (homme ignoble, garçon) » ou encore « à la petite aimée (femme, fille) »

Enfin, les adjectifs peuvent être concaténés ou répétés pour augmenter leur effet. Seule la racine finale prend le suffixe adjectival :

  • dàlidáli-n : « très grand »
  • sasán : « très puissant »
  • mikdàlidálisa : « du très grand et puissant (homme noble ou objet inanimé) »

Pronoms

Pronoms personnels

Le système pronominal de la famille khíshane, dont est issu le tsolyáni, semble avoir distingué entre neuf formes de personne et de nombre : « je », « tu », « il (mâle, noble) », « elle/ça (femelle, ignoble) », « nous (inclusif) », « nous (exclusif) », « vous (pluriel) », « ils/eux (mâles, nobles) » et « elles (femelles, ignobles) ». Aucune des langues khíshanes modernes n’utilise le système complet ou sans modification. Le mu’ugalavyáni, par exemple, n’utilise plus les pronoms personnels, se contentant des démonstratifs : « je » est exprimé par « celui-ci », « tu » par « celui en face », « il » par « celui-là », et ainsi de suite. Le salarvyáni a quatre genres de pronoms personnels : masculin, féminin, neutre, et divin (utilisé en référence aux dieux). Le livyáni a des pronoms masculins et féminins, mais a également ajouté des affixes classificateurs selon le rang social et la forme physique. Le yán koryáni ne fait pas de distinction entre le masculin et le féminin, mais possède des formes neutres spéciales pour la troisième personne.

C’est toutefois le tsolyáni qui a le plus diversifié le système pronominal khíshan. Les première et deuxième personnes fléchissent selon le rang et le statut social, tandis que la troisième personne a été entièrement supplantée par les démonstratifs.

Première personne du singulier

Il existe six formes de « je » :

L’utilisation correcte de ces pronoms implique la reconnaissance du rang social du locuteur. Ceci est facilité par l’abondance de signes de rang, de clan, de richesse et de position sociale. Les esclaves, les paysannes, les enfants et certaines castes de travailleurs libres (p. ex., les videurs de latrines) utilisent lín. Les esclaves de rang supérieur, les paysans, les ouvriers et d’autres encore utilisent . La forme la plus répandue est lúm, approprié aux marchands, soldats, prêtres, bureaucrates mineurs, artisans, riches paysans, etc. Lukán est utilisé par les riches : chefs de clans, marchands d’expérience, prêtres de haut rang, officiers militaires, nobles mineurs, etc. Salúm est utilisé par les grands prêtres, la haute noblesse, les officiers généraux, les chefs héréditaires de clans importants, les bureaucrates impériaux de haut rang, la famille impériale, etc. Kosalúm ne peut être utilisé que par l’empereur ou l’impératrice : son utilisation par qui que ce soit d’autre est passible d’une peine sévère.

Le locuteur peut choisir d’honorer ou de flatter son interlocuteur en « rétrogradant » son pronom personnel. Par exemple, parmi un groupe où lúm est approprié, le locuteur pourrait utiliser par humilité. Similairement, une personne de classe moyenne pourrait choisir d’utiliser lorsqu’elle s’adresse à un noble mineur. L’étiquette exige que tous utilisent lín lorsqu’ils s’adressent à l’empereur. L’usage inverse est inconnu : personne ne tente de gonfler son importance en promouvant son pronom, car cela est universellement perçu comme une marque de stupidité et de manque de perspicacité.

Les étrangers visitant le Tsolyánu devraient utiliser lúm la plupart du temps, mais ils devraient utiliser ou lín en présence de personnages importants. Les femmes utilisent la même échelle de pronoms entre elles, mais rétrogradent automatiquement d’un rang en présence d’hommes. Les seules exceptions sont l’impératrice, qui utilise kosalúm, et les femmes aridánies (qui se sont déclarées légalement égales aux hommes en abandonnant tout lien familial ou clanique), qui parlent comme des hommes.

Certains dialectes du Sud-Est du Tsolyánu, comme ceux des alentours de Thráya et Jaikalór, ont ajouté des pronoms supplémentaires, peut-être sous l’influence du salarvyáni. Ces pronoms sont des formes féminines de leurs équivalents masculins :

Lín, et kosalúm restent inchangés.

Première personne du pluriel

Il n’y a que deux formes de « nous » en tsolyáni : lúmi et lúmama. Lúmi est inclusif, en ce sens qu’il inclut la personne à laquelle on parle dans l’action, tandis que lúmama est exclusif, excluant l’interlocuteur de l’action. Par exemple, lúmi múle, « nous (inclusif) partons », signifie que la personne à laquelle on s’adresse part avec le locuteur, tandis que lúmama múle, « nous (exclusif) partons », signifie que cette personne reste derrière.

Les flexions de classe sociale présentes au singulier sont absentes du pluriel, probablement parce que le nombre de permutations qui seraient autrement nécessaires est astronomique.

Deuxième personne

Comme mentionné auparavant, les langues khíshanes n’avaient que deux formes à la deuxième personne : une au singulier et une au pluriel. Lorsque le tsolyáni commença à apparaître sous la forme d’un dialecte de l’engsvanyáli ancien, diverses formes honorifiques étaient déjà apparues, et leur multiplication se poursuivit jusqu’à l’ère moderne, qui compte quelque trente-quatre formes en usage, plus un certain nombre de formes désuètes ou rares qui sont toutefois mentionnées par les grammairiens.

Ordinaires

Il faut distinguer les formes « ordinaires » des pronoms de la deuxième personne des formes « spéciales » de ces mêmes pronoms. Les premières sont en usage courant :

  • tsám « tu (singulier, classe inférieure) »
  • tlúmi « vous (pluriel, classe inférieure) »
  • túsmi « tu (singulier, classe moyenne) »
  • tlúmiyel « vous (pluriel, classe moyenne) »
  • túsmidàli « tu/vous (singulier ou pluriel, classe supérieure) »
  • mìsritúsmidàli « tu/vous (singulier ou pluriel, classe noble) »

Ces formes ne changent pas selon les statuts sociaux relatifs (ni même le sexe) des interlocuteurs : elles sont « absolues ». Un homme ou une femme des castes inférieures (qui se désigne par lín ou ) s’adresse à ses égaux avec tsám ou tlúmi, à ses supérieurs avec túsmi, túsmidàli, ou mìsritúsmidàli. Un homme ou une femme des castes moyennes (qui se désigne par lúm) s’adresse à ses inférieurs avec tsám ou tlúmi, à ses égaux avec túsmi ou tlúmiyel, et à ses supérieurs avec túsmidàli, ou mìsritúsmidàli. Et ainsi de suite.

Il existe également une dimension de familiarité. Dans l’intimité de leur chambre à coucher, même un noble utilisera tsám envers son épouse, et celle-ci fera de même. Devant leurs proches ou le personnel familial, l’homme et la femme utiliseront túsmi ou túsmidàli au lieu de mìsritúsmidàli. Il est fréquent que des amis de longue date utilisent tsám ou túsmi entre eux indépendamment de leur rang social commun. Cependant, on ne se permet jamais un tel manque de respect envers un supérieur : on ne « dégrade » le pronom à des fins de familiarité qu’envers les égaux ou les inférieurs.

Spéciaux

Les pronoms « spéciaux », bien que formés à partir des formes singulières tsám et túsmi, peuvent être pluriels lorsque le contexte l’exige. Certains considèrent le sexe de la personne interpelée. Leur fonction est surtout stylistique, et les utiliser correctement est une marque d’éducation :

  • ìluntsám « tu de délices plaisants », utilisé lorsqu’on s’adresse à une courtisane ou à une concubine
  • kèshitsám « tu d’indifférence placide », utilisé lorsqu’on s’adresse à un inférieur qui se comporte au-dessus de son rang
  • tlòshuntsám « tu de mépris avisé », utilisé envers ceux qui, peu importe leur rang, ont mérité le mépris ou la haine du locuteur
  • tsámmeri « tu du cœur », utilisé lorsqu’on s’adresse à un amant ou à une personne aimée
  • tsamungá « tu d’infériorité ultime », utilisé envers les esclaves et les castes inférieures comme marque d’aversion extrême
  • dlakántùsmi « tu d’obéissance pacifique », utilisé lorsqu’on s’adresse à la noblesse mineure, les chefs de clan, ou encore les bureaucrates de rang moyen
  • dlànotúsmi « tu du service immédiat », utilisé par un serviteur qui s’adresse à son maître ou à sa maîtresse
  • eyúltùsmi « tu de dissipation de solitude », utilisé lorsqu’on s’adresse à son épouse ou sa concubine
  • jagéltùsmi « tu de révérence divine », utilisé lorsqu’on s’adresse à un grand prêtre ou une grande prêtresse
  • mìtlutúsmi « tu de supplication divine », utilisé lorsqu’on s’adresse à un dieu, à un démon, ou à une autre entité surnaturelle majeure
  • qàlotúsmi « tu de splendeur éminente », utilisé lorsqu’on s’adresse à un membre de la famille impériale
  • srelétùsmi « tu d’admiration correcte », utilisé lorsqu’on s’adresse à l’épouse ou à la concubine d’une personne de classe supérieure
  • tsinéntùsmi « tu de respect continu », utilisé lorsqu’on s’adresse à un parent ou à un aîné
  • tùsmichán « tu de douce remontrance », utilisé lorsqu’on cherche à ridiculiser, tancer ou amoindrir son interlocuteur
  • tùsmikáng « tu de victoire martiale », utilisé lorsqu’on s’adresse à un soldat ou à un officier
  • tùsmiketlán « tu d’anonymat poli », utilisé lorsqu’on s’adresse à une personne de rang inconnu
  • tùsmikrú « tu d’étrangeté courtoise », utilisé lorsqu’on s’adresse à un non-humain
  • tùsmingáru « tu de jeunesse honorable », utilisé lorsqu’on s’adresse à une jeune personne de qualité
  • tùsmiré « tu du discours public », utilisé lorsqu’on s’adresse à une personne non spécifiée dans un discours, une proclamation, etc.
  • tùsmishán « tu de piété parfaite », utilisé lorsqu’on s’adresse à un prêtre ou à une prêtresse
  • tùsmisímu « tu des grands voyages », utilisé lorsqu’on s’adresse à un étranger respecté
  • tùsmiténga « tu des affaires plaisantes », utilisé lorsqu’on s’adresse à un marchand de rang élevé
  • tùsmitlakomélu « tu de soumission profonde », utilisé lorsqu’on s’adresse à un haut noble, un général, un gouverneur, etc.
  • tùsmitléshu « tu de douce gloire », utilisé lorsqu’on s’adresse à une dame noble, l’épouse ou concubine d’un haut noble, ou une femme aridánie
  • tùsmitlévu « tu de loyauté du nombre », utilisé lorsqu’on s’adresse à un confrère ou à une consœur de clan
  • tùsmiyálu « tu de quête spirituelle », utilisé lorsqu’on s’adresse à un savant
  • toqùntúsmidàlisa « tu d’émerveillement respectueux », utilisé lorsqu’on s’adresse à un prince ou à une princesse
  • srǜnosantúsmidàlidàlisa « tu d’omnipotence exaltée », utilisé lorsqu’on s’adresse à l’empereur ou à l’impératrice

Certains de ces pronoms « spéciaux » furent formés à partir de racines engsvanyálies, salarvyánies, ou bednálljanes archaïques qui sont autrement absentes du tsolyáni moderne.

Pronoms démonstratifs

Les pronoms démonstratifs (« ça, ce, ceci, cela, celui, ceux, celle, celles ») ont entièrement supplanté la troisième personne, jouant le rôle de « il, elle, on, ils, elles ». Deux de ces formes servent de préfixes (màsun- et mssùran-), mais les pronoms démonstratifs isolés sont plus nombreux :

  • másun « ceci, il, elle, le, la, ça, ce, cet, cette » (ignoble ou féminin)
  • mssúran « ceux-ci, ils, elles, les, ces » (ignoble ou féminin)
  • máisur « ceci, il, le, ce, cet » (noble masculin)
  • mssúri « ceux-ci, ils, les, ces » (noble masculin)
  • komáisur « ceci, il, elle, le, la, ce, cet, cette » (haute noblesse, masculin ou féminin)
  • komssúri « ceux-ci, ils, elles, les, ces » (haute noblesse, masculin ou féminin)
  • srǜnosanmáisurdàlidàlisa « il, elle, ce, cet, cette » (impérial)

L’ajout de -ònul- (avec un y euphonique dans le cas de mssúri et komssúri) ou de -jàga- (voir les préfixes démonstratifs) « éloigne » le sujet pour former des pronoms comme « cela, ceux-là » (le français n’a pas de correspondant direct pour la forme plus éloignée, qui doit se traduire par des locutions du genre de « celui-là, là-bas »). Dans le registre familier, -ònul- se contracte en -o-, et -jàga- en -ja- (dans le Tsolyánu occidental) ou -je- (dans le Tsolyánu oriental) :

La forme impériale ne reçoit jamais les infixes -ònul- ou -jàga-.

Dans le langage affecté des courtiers impériaux, les préfixes et suffixes honorifiques servant à former les pronoms personnels spéciaux de la deuxième personne (voir ci-dessus) sont également utilisés avec les démonstratifs. Ainsi diront-ils komàisurtléshu d’une dame noble, jagélmàisur d’un grand prêtre, et ainsi de suite.

Affixes utilisés avec les pronoms

Les noms, pronoms, démonstratifs, adjectifs, etc. sont tous en fait des sous-classes d’une classe majeure que l’on pourrait nommer les substantifs. Ainsi, pronoms et démonstratifs sont utilisés avec les mêmes affixes mentionnés plus haut. Les quantificateurs sont utilisés de façon restreinte ; les locatifs sont communs ; les préfixes d’attitude personnelle ou générale sont parfois utilisés ; et le suffixe possessif est fréquemment utilisé pour faire un adjectif possessif d’un pronom en plus d’être souvent utilisé avec les démonstratifs.

Les quantificateurs sont utilisés avec les pronoms et démonstratifs pluriels afin de signifier « tous les … », « certains des … », etc. Ces mêmes significations peuvent être obtenues par des constructions utilisant les affixes possessifs -mra et hi-. Par exemple :

  • qùrutlúmi : « vous tous (classe inférieure) » ; tlúmimra qúruyal, « votre totalité » ; ou qúruyal hitlúmi, « tout de vous ».
  • bùrulúmi : « nombre d’entre nous (inclusif) » ; ou lúmimra búruyal, « notre totalité ». búruyal hilúmi est possible mais considéré inélégant parce que hi- est rarement utilisé avec les pronoms de la première personne.
  • hàlolúmama : « cinquante d’entre nous (exclusif) » ; ou lúmamamra halóyal, « notre cinquantaine ». halóyal hilúmama est exclu comme dans l’exemple précédent.
  • yàlümssúri : « aucun d’eux, de ceux-ci (mâle noble) » ; mssúrimra yálükoi, « leur absence » ; ou yálükoi himssúri, « aucun (mâle noble) d’eux, de ceux-ci ».
  • hlònkomssúri : « n’importe quel d’entre eux, de ceux-ci (haut noble) » ; komssúrimra hlónkoi ; ou hlónkoi himssúri.
  • prùmssúran : « l’un d’entre eux, de ceux-ci (ignoble) » ; mssúranmra prúkh ; ou prúkh himssúran.
  • gabìtlèmssúranònul : « seize d’entre eux, de ceux-là (ignoble) » ; mssúranònulmra gabìtléyal ; ou gabìtléyal himssúranònul.

Pronoms et démonstratifs utilisent les affixes mentionnés précédemment tout comme les noms le font. Les suffixes d’attitude sont infréquents, par contre. En particulier, les suffixes -dàli (« grand ») et -sa (« puissant ») n’apparaissent jamais avec les pronoms et démonstratifs qui les contiennent déjà, comme túsmidàli, par exemple :

  • mollúm : « à moi (classe moyenne) »
  • tlalúm : « moi (classe moyenne ; objet direct d’un verbe transitif) »
  • lúmmra : « mon, ma, mes (classe moyenne) »
  • thamtúsmi : « par toi (classe moyenne) »
  • pagmásun : « avec ceci, avec elle, avec lui (ignoble) »
  • pagmáisurdàli : « avec lui (noble) »
  • mikkomáisursa : « de lui, d’elle (haute noblesse) »
  • chalutsám : « pour toi (classe inférieure) »
  • qùrubrumssúrike : « parmi tous ces braves (nobles) »
  • moltùplanmssúrandhàlidhàli : « à elles, les adorées et très belles » ou « à eux, les adorés et très beaux (ignoble) »
  • ssyìsrǜnosantúsmidàlidàlisa : « comme lui (l’empereur), comme elle (l’impératrice) »

Adverbes

Cette classe regroupe diverses petites classes qui servent de modificateurs pour les adjectifs et propositions. Deux adverbes adjectivaux fréquents sont burí, « très » (cf. le quantificateur bùru-, « beaucoup, plusieurs »), et nailí, « plutôt, à peu près, environ » :

  • burí dáli-n : « très grand », à peu près équivalent à dàlidáli-n
  • nailí dáli-n : « plutôt grand »

Les adverbes de négation précèdent les radicaux verbaux. Ils comprennent , « non, pas » (dans le Tsolyánu oriental, on utilise yála), qui nie une proposition portant sur le présent ou le passé. Thá nie le futur, l’impératif et le conditionnel. Il y a trois formes de « jamais » : yálün (passé), thálün (futur), et yáthalün (passé et futur, temps universel) :

  • lúmmúle (lúm yála múle dans l’Est) : « je ne pars pas »
  • lúm yá múle muní : « je ne suis pas parti »
  • lúm yá múle dopál : « je ne pars pas (en ce moment), je ne suis pas en train de partir » ; dopál est un indicateur d’aspect verbal représentant le temps présent continu
  • lúm mál úl guál thá múle : « je ne partirai pas »
  • thá múleli! : « ne pars pas ! (à un sujet singulier) »
  • lúm yálün múle muní : « je ne suis jamais parti »
  • lúm mál úl guál thálün múle : « je ne partirai jamais »
  • lúm yáthalün múle : « je ne suis jamais parti et ne partirai jamais » ; yáthalün nie le passé, le présent, et l’avenir
  • lúm thá múle bapál : « je pourrais ne pas partir » (bapál est un indicateur d’aspect verbal représentant le conditionnel)

Divers adverbes de lieu et de temps ne requièrent aucun affixe particulier. Certains se produisent avec les préfixes locatifs :

  • dáhlte : « ici »
  • onótl : « là »
  • jagétl : « là-bas »
  • erú : « maintenant »
  • orǘ : « alors, en ce temps là »
  • ngerú : « parfois » ; ngerú ngerú : « de temps en temps »
  • etlú : « encore, une autre fois »
  • mikdáhlte : « à partir d’ici »
  • kenerú : « jusqu’à maintenant »
  • tu’orǘ : « après alors » ; notez le coup de glotte explicite séparant les radicaux
  • bru’onótl : « là-dedans »

D’autres adverbes utilisent le suffixe adjectival -n, -an. Parmi ceux-ci on trouve certains radicaux uniques, certains termes temporels communs, ainsi que des termes tirés des préfixes locatifs. Certains termes temporels sont considérés des noms et perdent le suffixe adverbial lorsque précédés d’un préfixe locatif, ce qui n’est pas le cas des termes eux-mêmes tirés des préfixes locatifs :

  • tatlán : « aussi, en plus » ; un radical unique : tatlá n’existe pas
  • tsín : « de retour, encore », dans le sens de « rendre, retourner » ; aussi un radical unique
  • pazhán : « toujours » ; un autre radical unique, qui partage une origine commune avec prazhúrikh, « éternité »
  • parshén : « initialement, au début » ; a la même racine que l’ordinal parshélin, « premier »
  • dhún : « en bas, au-dessous » (cf. le préfixe locatif dhu-)
  • sómin : « en haut, au-dessus » (cf. som-)
  • págin : « de conserve, qui accompagne » (cf. pag-)
  • tún : « par la suite, plus tard » (cf. tu-)
  • chén : « auparavant, précédemment » (cf. che-)
  • brún : « dans, à l’intérieur » (cf. bru-)
  • tsíren : « hors, à l’extérieur » (cf. tsìre-)
  • zhúlin : « demain » (zhùl- est un préfixe d’attitude personnelle ; zhúlikh est la forme nominale)
  • pálin : « hier » (pàl-, pálikh)
  • tsomún : « à l’aube » (tsomù- ; tsomúkh)
  • hági-n : « journellement, chaque jour » (hàgi-- est rare ; hági-kh, « jour », est par contre fort commun)

Quelques exemples avec des préfixes locatifs :

  • kenpazhán : « jusqu’à jamais, pour toujours » ; ce radical conserve le -n final
  • mikdhún : « d’en bas » ; le -n final reste car dhún est lui-même dérivé d’un préfixe locatif
  • mikbrún : « de l’intérieur, d’en dedans »
  • moltsíren : « vers l’extérieur, pour dehors »
  • kenzhúl : « jusqu’à demain » ; ce radical est traité comme un nom et perd donc le -n final
  • tupál : « après hier, depuis hier »
  • bruhági : « pendant le jour »

Le radical jabí représente le temps, l’occurrence (le temps en tant que concept abstrait est tlaqól) ; avec les préfixes quantificateurs et le suffixe adjectival, on obtient « une fois, deux fois, plusieurs fois », etc. :

  • prùjabí-n : « une fois »
  • gàjabí-n : « deux fois »
  • tlèjabí-n : « dix fois »
  • bùrujabí-n : « plusieurs fois, souvent »
  • qùrujabí-n : « toujours, chaque fois » ; mais on a aussi hruván, « toujours »
  • yàlüjabí-n : « jamais, aucune fois »

Un radical qui ne se produit qu’avec les adverbes est -mon, « à la façon », tiré de mu’ónikh, « façon, manière, méthode ». On le retrouve avec certains quantificateurs et pronoms démonstratifs modifiés :

  • másmon : « de cette façon-ci, ainsi » (contraction de màsunmu’ónin)
  • omón : « de cette façon-là, ainsi » (contraction de màsunònulmu’ónin)
  • jamón : « de cette autre façon (plus éloignée) » (contraction de màsunjàgamu’ónin)
  • ssúmon : « de quelle façon ? » (cf. ssúmim, « comment ? »)
  • hlónmon : « de toute façon, de n’importe quelle façon » (cf. hlòn-)
  • prúmon : « d’une façon » (cf. prù-)
  • qúrumon : « de toutes les façons, par tous les moyens » (cf. qùru-)

Le préfixe dérivatif ne- est utilisé pour former toutes sortes d’adverbes à partir de radicaux nominaux, verbaux ou adjectivaux ; c’est l’équivalent du suffixe français -ment :

Il reste quelques constructions irrégulières :

  • marashán : « tristement, péniblement » (cf. marásh, « pleurer », maráshin, « triste, chagriné »)
  • yapralé : « n’importe comment »
  •  : « tellement, si » (par ex. dháli-n, « tellement beau, si beau »)

Interrogatifs

Les interrogatifs sont un groupe hétéroclite en tsolyáni. Certains sont des adverbes, alors que d’autres sont plutôt une sous-classe nominale. Les seuls affixes utilisés sont les préfixes locatifs et le suffixe adjectival.

  1. dépu, « pourquoi ? » est un adverbe. Aucun affixe n’est utilisé.
    • tsám dépu múle? : « pourquoi est-tu parti ? »
  2. ssúmim, « comment ? » est un adverbe. Avec le suffixe adjectival (ssúmimin), il signifie « quelle sorte ».
    • tsám ssúmim múle? : « comment pars-tu ? »
    • ssúmimin básrimkoi? : « quelle sorte d’homme ? »
    • mssúri ssúmimin básrimyal guál? : « quelle sorte d’hommes sont-ils ? »
  3. fénul, « où ? » accommode les préfixes locatifs.
    • tsám fénul múle? : « où vas-tu ? »
    • mikfénul? : « d’où ? »
  4. marakál, « quand ? » accommode les préfixes locatifs.
    • tsám marakál múle? : « quand pars-tu ? »
    • kenmarakál? : « jusqu’à quand ? »
  5. ssúmon, « de quelle façon ? » accommode aussi les préfixes locatifs.
    • thamssúmon? : « par quels moyens ? par quelle méthode ? »

D’autres interrogatifs sont nominaux, servant de sujet à la phrase et accommodant les préfixes locatifs, le suffixe adjectival, etc. Ils ne sont jamais pluriels, cependant, et n’acceptent pas les affixes d’attitude.

  1. hárri, « qui ? »
    • hárri múle? : « qui part ? »
    • molhárri? : « pour qui ? » (dans le sens de destinataire)
    • Langue de l’exemple manquante !
    • hárri-n básrimkoi? : « quel homme ? »
  2. zhúr, « quoi ? »
    • zhúr dlára? : « qu’est-ce qui en sort ? » ; dlára : « émerger, sortir »
    • bruzhúr? : « dans quoi ? »
    • thamzhúr? : « avec quoi ? à l’aide de quoi ? »
    • zhúrin chénukh? : « quelle chose ? »
  3. chángil, « lequel ? » (pour les sujets ignobles)
    • chángil pál? : « qui vient ? qu’est-ce qui vient ? »
    • Langue de l’exemple manquante !
    • chángilin brukardéne ? : « de quel endroit ? »
  4. déste, « combien ? »
    • déste múle? : « combien partent ? » ; notez l’absence de marque du pluriel, lequel est implicite
    • brudéste? : « de combien ? parmi combien ? »
    • désten bruhasú? : « de combien d’argent ? » (« à quel prix ? »)
    • désten mikbásrimyal? : « de combien d’hommes ? »

Déste est lié étymologiquement à deux autres radicaux non-interrogatifs : les adverbes héste, « telle quantité », et méste, « autant ».

  • héste mál úl guál pál ? : « tant viendront »
  • lúm panjáng mssúri, hésten tlabásrimyal : « je veux tant d’hommes, je veux ce nombre d’hommes »
  • mésten básrimyal pál, lúm panjáng qùrutlamssúri : « autant il viendra d’hommes, je les veux tous »

Héste et méste sont liés aux démonstratifs, car « cette quantité » et « autant que » sont exprimés par héstònul, héstejàga, méstònul et méstejàga, qui deviennent hésto, héstja (ou hésje), mésto et mésja (ou mésje) dans le langage informel. Déste, cependant, ne se produit pas avec -ònul- ou -jàga-.

Les interrogatifs peuvent être dupliqués dans certains composés, ce qui ajoute un sens distributif à l’expression. Ainsi, hárri?, « qui ? », mais hàrrihárri?, « qui (diverses personnes) ? ». D’autres exemples :

  • mssúri marakàlmarakál mál úl guál pál? : « à quels moments (littéralement quand-quand) viendront-ils (hommes nobles) ? »
  • túsmi pagál muní mssúri, tlahàrrihárri? : « quelles personnes avez-vous vues ? »
  • mssúran molfènulfénul múle muní? : « à quels endroits sont-ils/elles allé(e)s ? » (hommes ignobles ou femmes)

Verbes

Dans son expression la plus simple, un verbe tsolyáni consiste en une simple racine ; il s’agit alors d’un indicatif présent général. Il n’y a pas de flexions pour la personne ou le nombre, et la morphologie se résume à :

  1. une série de préfixes exprimant la réflexion, la réciprocité, etc., ainsi que la façon dont l’action est accomplie ;
  2. les suffixes impératifs ; et
  3. divers suffixes dérivationnels.

Les indicateurs d’aspect temporel sont ajoutés sous la forme de mots distincts.

Il y a deux classes de verbes : transitifs et intransitifs. Les seconds se passent d’objet direct (dormir, venir, se lever, etc.), tandis que les premiers peuvent avoir un tel objet sémantique direct (frapper quelqu’un ou quelque chose, voir quelqu’un ou quelque chose, couper quelqu’un ou quelque chose, etc.).

Un verbe intransitif isolé peut être un proposition complète. Par exemple, lúm pál, « je viens » ; máisur múle, « il va » ; mssúran zurné, « ils dorment ». Les verbes transitifs, par contre, sont généralement considérés incomplets sans leur objet. En fait, les grammairiens tsolyánis insistent sur la présence d’un objet pronominal ou démonstratif, même quand un autre objet nominal est présent. Ainsi, il faut dire lúm pagál máisur, tlabásrim, littéralement « je le vois, l’homme », ou encore lúm ssáing másun, tlamáni, « je la mange, la nourriture ». Mais l’usage est bien plus libéral que cela : il y a de nombreux cas où un verbe transitif est suivi d’un objet nominal, sans intervention d’objet démonstratif ou pronominal. Il reste cependant rare de voir un verbe transitif sans objet explicite. Les propositions centrales au propos du locuteur suivront la règle, tandis que les propositions périphériques, secondaires, ou moins emphatiques relâcheront cette restriction. Le parler populaire, particulièrement dans le Tsolyánu occidental (sous l’influence du mu’ugalavyáni), aura tendance à relâcher cette règle d’autant plus.

Lorsque l’objet est un pronom (c.-à-d. « moi, toi, nous » dans toutes leurs diverses formes), le préfixe locatif tla- sera généralement utilisé. Lorsque l’objet est un démonstratif (c.-à-d. « eux, lui, elle », etc.) et qu’aucun objet nominal ne suit, tla- est généralement aussi présent, mais peut parfois être omis (dans une proposition secondaire, comme mentionné auparavant). Lorsque les deux sont présents (démonstratif et objet nominal), tla- n’accompagne jamais le premier, toujours le second. S’il y a plus d’un objet nominal, ou si ces objets sont en apposition (se réfèrent à la même chose), tla- accompagne chacun d’eux.

  • lúm pagál, « je vois »
  • lúm pagál tlamásun, « je la vois, je vois ça » (tla- peut être omis pour une proposition secondaire)
  • lúm pagál tlamáisur, « je le vois »
  • lúm pagál tlabásrim, « je vois l’homme » (proposition secondaire)
  • lúm pagál máisur, tlabásrim, « je le vois, l’homme » (forme déclarative normale)
  • lúm pagál tlatúsmi, « je vous vois » (tla- est normal avec les pronoms des première et deuxième personnes)
  • lúm pagál tladlakántùsmi, « je vous vois » (à une personne de haut rang : noblesse mineure, chef de clan, bureaucrate de rang moyen)
  • máisur pagál tlalúm, « il me voit »
  • lúm pagál mssúran, tlabünúyal, « je vois les enfants » (littéralement « je les vois, les enfants » ; l’objet pronominal s’accorde en nombre et en nobilité avec l’objet nominal)
  • lúm pagál mssúri, tlabásrim lél tlabünú, « je vois l’homme et l’enfant » (la noblesse l’emporte dans l’accord de l’objet pronominal)
  • lúm pagál máisur, tlaKagésh tlakási, « je vois le capitaine Kagesh » (les objets nominaux sont en apposition)
  • lúm pagál másun, dáli-n tlasavál, « je vois la grande ville » (tla- ne s’applique pas à l’adjectif, bien entendu)
  • túsmi tlahárri pagál máisur ou encore túsmi pagál máisur, tlahárri, , « qui voyez-vous ? » (littéralement « vous voyez lui, qui ? » dans le second cas ; les interrogatifs précèdent souvent le verbe, et dans ce cas l’objet démonstratif peut être omis : túsmi tlahárri pagál ; la forme túsmi pagál tlahárri ne se produit que dans le parler populaire)

Préfixes verbaux

Il y a six classes de préfixes pouvant s’attacher à une racine verbale. En théorie, un préfixe de chacune de ces classes pourrait être présent, formant ainsi une longue construction au sens complexe, mais dans la pratique ils sont tous plutôt rares. Les grammairiens sont les seuls à trouver amusantes des monstruosités comme hesvunokudonkhotsokó (« faire en sorte que (certaines personnes) se forcent à s’asseoir mutuellement pour son bénéfice de façon noble »). Les occurrences simultanées de plus de trois tels préfixes sont extrêmement rares, même dans les poèmes épiques comme la Lamentation à la roue de noir (nornékh molkartúmukoi himikárun) ou le Cantique de la chanson du vent (mnurúnkoi hi’íssasiunèl).

Réflexif et réciproque

Ces deux préfixes représentent l’action sur soi (se-) ou mutuelle (hes-). Parce que l’objet sémantique est fourni par ces préfixes, ils sont intrinsèquement intransitifs et ne requièrent donc pas de pronom ou de démonstratif objet. Pour donner de l’emphase, cependant, on peut utiliser l’enclitique shé avec le sujet d’un verbe réflexif. Similairement, l’adjectif bubrásin (« l’un l’autre ») peut être utilisé adverbialement avec le verbe réciproque.

Exemples :

  • sedímlal (se- + dímlal) : se frapper soi-même
  • sepagál : se voir soi-même (→ voir sepagállukh, « miroir »)
  • hesdímlal : se frapper l’un l’autre
  • hespagál : se voir l’un l’autre, se rencontrer
  • lúm shé sedímlal : je me suis frappé(e)
    On peut donner une emphase diminuée en laissant tomber l’accent tonique (lúm she sedímlal). La forme lúm sedímlal est complète en soi, cependant.
  • lúmi bubrásin thá hespúrdal bapál : nous ne devrions pas (ne pouvons pas) nous entre-combattre, nous pourrions ne pas nous entre-combattre

Causatif

Cet unique préfixe, vu-, indique que l’agent fait en sorte que l’action soit accomplie par une tierce personne ou sur un tiers, pour un tiers. Lorsque ce tiers est indiqué, il utilise le préfixe tham- (« par, avec »).

Exemples :

  • vudímlal (vu- + dímlal) : faire qu’on soit battu, faire en sorte que quelqu’un batte quelqu’un d’autre
  • vupagál : faire en sorte qu’on soit vu, montrer quelque chose à quelqu’un
  • vufa’ár : faire en sorte qu’on se rencontre, présenter quelqu’un à quelqu’un d’autre
  • bafaí : couler, s’écouler ; vubafaí : pomper (un fluide)
  • lúm thamvísum vudímlal máisur, tlabásrim : j’ai fait battre l’homme (básrim) par le serviteur (vísum)
  • lúm vupagál tlatúsmi, tlakorún : je vous (túsmi) montre le livre (korún)
    Dans un cas à double objet direct comme celui-ci, le pronom démonstratif du second objet peut être omis. Cependant, on aurait aussi pu dire lúm vupagál tlatúsmi másun, tlakorún (« je vous le montre, le livre »)
  • lúm vufa’ár tlatúsmi másun, lúmmra tla’ánu : je vous présente ma mère (ánu) ; littéralement « je fais en sorte que vous la rencontriez, ma mère »
    Lorsque le second objet est une personne comme dans ce cas-ci, le pronom démonstratif a plus de chances d’être présent
  • lúm thambalutsányal vuhrichái mssúran, tlajemáruyal : je fais bâtir (hrichái) les édifices (jemáru) par les ouvriers (balutsán)

Transitif et intransitif

Ces deux préfixes servent à transformer une racine transitive en intransitive et vice-versa. Le préfixe transitivant est plus fréquent que l’intransitivant, mais il faut aussi noter que dans de nombreux cas les formes transitive et intransitive d’un même verbe ont des racines distinctes.

Exemples :

Contre-exemples :

Intensif

Cet unique préfixe, ku-, indique que l’action est intense, violente, ou emphatique. On le retrouve également dans de nombreuses formations nominales (par ex. bidlánikh (triangle) ; kubidlánikh (triangle équilatéral) ; délbekh (outil, instrument) ; kudélbekh (machine) ; yádhikh (main) kuyádhikh (poing) ; jishírikh (accident) ; kujishírikh (catastrophe, désastre) ; husúmikh (source) ; kuhusúmikh (fontaine).

Exemples :

Bénéfactifs

Ces préfixes sont quasi-désuets en tsolyáni moderne, et ne se trouvent presque plus que dans les textes archaïques. Ils sont néanmoins parfois utilisés, afin de souligner l’intention de l’acteur (du point de vue de celui qui parle).

  • don- : agir dans son propre intérêt.
  • lün- : agir dans l’intérêt d’un autre, ou éloignée de soi

Exemples :

  • donmoyí : faire pour soi
  • lünmoyí : faire pour autrui
  • vudonpagál : montrer (dans son propre intérêt ; vu- est le préfixe causatif mentionné plus haut)
  • lüntlakátl : donner, faire cadeau à autrui
  • máisur selünhurudái : il se martyrise, se sacrifie pour autrui (se- est le préfixe réflexif mentionné plus haut)
  • lúm lünvayún másun, tlatsón : j’ouvre la porte (pour quelqu’un d’autre)

Préfixes d’attitude

Outre les deux préfixes bénéfactifs déjà mentionnés, cette classe regroupe près d’une trentaine de membres. Ils indiquent la façon dont l’action est accomplie, dans l’opinion de celui qui parle. Plusieurs de ces préfixes sont clairement dérivés des préfixes d’attitude personnelle ou générale (q.v., ci-haut). Ils sont d’usage plutôt rare, et sont en grande partie confinés aux documents formels, à la poésie et au style soutenu. Voici la liste des principaux :

  • pai- : agir amoureusement, érotiquement
  • bash- : agir avec loyauté
  • mi- : agir comme le font les dieux
  • mige- : agir vicieusement
  • tup- : agir affectueusement
  • dhu- : agir avec grâce, ou de façon coquette (notez le préfixe locatif homonyme)
  • chi- : agir malhabilement, disgracieusement, gauchement
  • ke- : agir avec bravoure, héroïquement
  • kol- : agir de façon régale, impérieuse
  • ge- : agir avec haine, de façon méprisable
  • kho- : agir noblement
  • qü- : agir de façon dédaigneuse, arrogante, imbue de soi-même
  • qar- : agir sous l’effet de la colère, de la rage
  • tlu- : agir fanatiquement
  • ra- : agir de façon méprisable, sans noblesse ni honneur
  • lüch- : agir comme un couard, sans générosité, petitement
  • hlau- : agir de façon inattendue, surprenante

Suffixes verbaux

Il y a trois classes de suffixes verbaux en tsolyáni :

  • les impératifs ;
  • les nominaux-adjectivaux ; et
  • les temporaux absolutifs.

Leur présence empêche un indicateur d’aspect temporel de suivre.

Impératifs

L’impératif sert à donner un ordre ou un commandement. Il s’adresse toujours à la seconde personne (« tu, vous ») et est, par conséquent, le seul suffixe verbal de la langue à comprendre une référence personnelle. Il y a trois types d’impératifs.

Une racine verbale isolée peut servir d’impératif à condition que le contour intonatif emphatique soit utilisé. Ce contour consiste en un accent fort et d’un ton élevé sur la voyelle accentuée du radical du verbe, suivi d’une chute immédiate à un ton plus bas. Cette forme impérative ne s’utilise que pour les ordres inférieurs de la société : esclaves, animaux, enfants, etc. Son utilisation envers qui que ce soit d’autre est très impoli. Exemples :

  • tsokó! « Assis ! »
  • múle! « Allez ! », « Va ! »
  • ssáing másun! « Mange-le ! »
  • thá múle! « Ne pars pas ! »

Deux formes spéciales doivent être mentionnées ici. míri! « viens ici ! » et churé! « va-t’en ! ». Ce ne sont pas de vrais verbes parce qu’ils ne peuvent pas s’appliquer à d’autres personnes ni recevoir d’indicateurs d’aspect temporel. On pourrait les considérer des interjections.

Le suffixe verbal impératif s’adressant à des personnes de classe moyenne ou inférieure (c.-à-d. ceux désignés par tsám ou túsmi) est -li. Il n’y a pas de formes plurielles, sauf dans le nord-ouest de Tsolyánu, dans la région de Khirgár, où le suffixe « pluriel » -yal suit -li. Lorsque le radical du verbe se termine en hl, -li devient -hli ou -i, tandis que s’il se termine en tl, il devient -i. Ce suffixe pourrait provenir de l’engsvanyáli láivü, « tu peux le faire, vous pouvez le faire », bien que certains savants pensent plutôt qu’il provient du suffixe impératif salarvyáni bednálljan -no par substitution du l au n et un changement (plutôt inattendu) de voyelle de o à i. Exemples :

  • tsám múleli! « toi, pars !» (classe inférieure ; tsám peut être omis, ce qui adouci un peu la phrase ; s’il est placé après (múleli tsám!), la phrase est au contraire durcie : « TOI, pars ! »)
  • tlúmi múleli! « vous, partez ! » (en khirgári : múleliyal!)
  • túsmi múleli! « toi, pars ! » (classe moyenne)
  • tlúmiyel múleli! « vous, partez ! » (classe moyenne ; en khirgári : múleliyal!)
  • nozramáhlhli mssúran! « dispersez-les ! » (de no-, préfixe transitivant, zramáhl, disperser, étaler (intransitif))
  • tlakátli masún! « donne-le ! » (exemple de tl + -li devenant tli)
  • thá múleli! « ne pars pas ! »
  • thá ssáingli masún, tlamáni! « ne mange pas la nourriture ! »

Le suffixe verbal impératif s’adressant à des personnes de classe supérieure ou noble est formé de -li et tùsmi. Là encore il n’y a pas de formes plurielles sauf en dialecte khirgári. Dans le langage familier, -litùsmi devient -litu, qui à Penóm devient -lichu ou -lichü. Exemples :

  • túsmidàli múlelitùsmi! « vous, veuillez partir ! » (singulier en voussoiement ou pluriel, classe supérieure ; comme dans le cas de classe inférieure, túsmidàli peut être omis ou placé après le verbe)
  • mìsritúsmidàli pállitùsmi! « vous, veuillez venir ! » (singulier en voussoiement ou pluriel, classe supérieure ; chegúkh, « s’il vous plaît », peut être ajouté pour encore plus de déférence)
  • thá tlakátlitùsmi másun! « veuillez ne pas le donner ! »
  • múlelitu! « allez ! » (familier ; à Penóm, múlelichu ou múlelichü)

Selon le rapport social pertinent, les diverses formes du pronom de la seconde personne donnent l’impératif correspondant. Par contre, les formes impériales sont inexistantes car on ne saurait commander l’empereur ou sa famille !

  • tsamungá múle! « toi, pars ! » (à un esclave ou personne de rang très inférieur)
  • ìluntsám tsokóli! « assieds-toi ! » (à une concubine ou une courtisane)
  • tsámmeri paglúm ssáingli másun! « mangez avec moi » (à un intime)
  • tùsmisímu ssáinglitùsmi másun! « veuillez manger » (à un étranger respectable)
  • tùsmitlakomélu hlyéthulitùsmi másun, tlangálu! « veuillez boire de ce vin ! » (à une personne de haute noblesse)

Nominaux-adjectivaux

(à compléter)

Temporaux absolutifs

(à compléter)

Indicateurs d’aspect temporel

(à compléter)

Futur et hortatif

(à compléter)

Aspectifs

(à compléter)

Indicateurs de temps

(à compléter)

Formations verbales composées

(à compléter)

Conjonctions

(à remplir)

Classes mineures

Particules initiales

Enclitiques

Particules finales

Interjections

Syntaxe

La phrase-nom

Phrases

Impersonnelles

Impératives

Intransitives

Copulatives

Transitives

Locutions-phrases

En tsolyáni, on ne dit pas « Je t’aime » sans savoir à qui cela s’adresse. Si cela s’adresse à un amant ou un proche, ce sera « Lúm tupmér tsámmeri ». Si cela s’adresse à son père ou à sa mère, ce sera « Lúm tupmér tsinéntùsmi ». Si cela s’adresse à sa concubine, ce sera « Lúm tupmér ìluntsám ». Si cela s’adresse à un époux ou une épouse, ce sera « Lúm tupmér eyúltùsmi ».

Référence

M. A. R. Barker, The Tsolyáni Language, Adventure Games, St. Paul (MN), 1981, 2e édition en deux tomes