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Le tsolyáni s’écrit avec l’alphabet engsvanyáli, qui est en de nombreux points semblable à l’alphabet arabe. C’est une écriture cursive, allant de droite à gauche, où les lettres ont jusqu’à quatre formes : isolée, initiale, médiale et finale. Les voyelles existent sous deux formes : isolée et diacritique. Par exemple, l’interjection tlá ! s’écrit avec un « tl » isolé (le « tl » étant une consonne à part entière), accompagné d’un signe diacritique représentant la voyelle « a ». Le mot izhúkh, « bouteille », débute avec un « i » isolé, suivi d’un « zh » initial accompagné d’un « u » diacritique, et se termine par un « kh » final. Les voyelles isolées ne sont possibles qu’au début du mot. Un mot comme dhu’ónikh, « or (métal) », s’écrit avec un « dh » initial accompagné d’un « u » diacritique, suivi d’un coup de glotte (« ’ ») médial accompagné d’un « o » diacritique, suivi d’un « n » médial accompagné d’un « i » diacritique, et se termine par un « kh » final. Les anagrammes tsolyánis ne considèrent les voyelles que lorsqu’elles apparaissent sous leur forme isolée (donc au début du mot). Ainsi, le quatuor khólsa (« être vierge »), láisakh (« nouveauté, jeunesse »), lásikh (« tisane de feuilles de l’arbre tíukh ») et suálokh (« platine (métal) ») ou la paire dha’álan (« aigu, aiguisé »), nodha’ála (« aiguiser ») sont considérés des anagrammes les uns des autres.
L’engsvanyáli n’a pas encore de plage Unicode allouée, bien qu’une proposition existe depuis 2001 ; les polices de caractères pouvant le représenter sont peu nombreuses et, pour le moment, déficientes. Aussi le Wiktionnaire utilise-t-il la transcription latine du tsolyáni. Cette dernière a l’avantage d’indiquer les accents toniques propres au tsolyáni, ce que l’écriture engsvanyálie ne fait pas. Ces accents toniques sont indiqués par les accents aigu et grave : l’accent aigu marque l’accent primaire (ˈ) ; l’accent grave marque l’accent secondaire (ˌ) (il peut y en avoir jusqu’à trois). Ces accents ne modifient pas la prononciation : chaque lettre est toujours prononcée de la même façon, et il n’y a pas de lettres muettes ou d’élisions (sauf peut-être le coup de glotte initial, qui est implicite). Les paires de voyelles et les voyelles diphtongues ont généralement l’accent tonique sur la première voyelle, mais il y a toutefois des exceptions (par ex. muíl, « quand » ; faózikh, « bière de riz » ; thiálakh, « jeune fille » ; tiúni-kh, « chat » ; guál, « être » ; nuín, « obtenir, recevoir, acquérir »). Pour ce qui est de la prononciation du tsolyáni, voir l’annexe dédiée.
Les 32 consonnes et les six voyelles de l’écriture engsvanyálie sont transcrites comme suit (la séquence des lettres — de haut en bas, puis de gauche à droite — correspond à celle des glyphes tsolyánis établie par Kersónan hiTánkolel pendant le règne de Hejjéka IV, le 45e empereur) :
Consonne | Voyelle | (avec accent tonique) | |||
---|---|---|---|---|---|
(primaire) | (secondaire) | ||||
p | ch | ts | i | í | ì |
b | j | tl | a | á | à |
m | y | s | o | ó | ò |
f | k | sh | u | ú | ù |
v | g | z | ü | ǘ | ǜ |
w | kh | zh | e | é | è |
t | gh | ss | au | áu/aú | àu/aù |
d | q | r | ai | ái/aí | ài/aì |
n | ng | l | oi | ói/oí | òi/oì |
th | h | hl | |||
dh | ’ |
Les mots débutant par deux voyelles sont rares et sont généralement des emprunts étrangers (par exemple, aomǘzikh, « tatouage corporel intégral », emprunté au livyáni) ; dans ce cas, les voyelles sont écrites une au-dessus de l’autre et lues de haut en bas. Il n’existe pas de mot tsolyáni utilisant plus de deux voyelles à la fois dans une même syllabe ; les voyelles ne sont jamais redoublées, et la voyelle « ü » est toujours seule. Les diphtongues « au, ai, oi » ont droit à un signe diacritique distinct, sans que la prononciation des voyelles qui les composent en soit affectée. Les voyelles diacritiques « i, a, o » sont écrites au-dessus des consonnes, les autres (« u, ü, e, au, ai, oi ») sont écrites au-dessous des consonnes. À cause de ce positionnement, certaines paires sont homographes en écriture engsvanyálie : « ae/ea, ao/oa, ei/ie, eo/oe, eu/ue, iu/ui, ou/uo ». Par exemple, siunél, « chanter », et ssyùhuitsánkoi, « unité d’épéistes », pourraient être lus suinél et ssyùhiutsánkoi, respectivement, par un novice. Les cas où les voyelles sont toutes deux au-dessus ou au-dessous (par ex. aomǘzikh, précédemment cité ; zhíokh, « velours » ; thiálakh, « jeune fille » ; nimuél, « grimper, monter ») sont relativement rares. Notons enfin que le coup de glotte (« ’ », /ʔ/) est implicite devant tout mot débutant par une voyelle, et qu’il devient explicite lorsqu’un préfixe est ajouté (par ex. le verbe itláng, « être inconscient » donne vu’itláng, « assommer » par ajout du préfixe causatif vu- ; le nom izhúkh, « bouteille », donne bru’izhú, « dans la bouteille » par ajout du préfixe locatif bru- ; et ainsi de suite).
L’écriture engsvanyálie dispose aussi d’un diacritique pour le redoublement de consonne (« rr », par exemple), ainsi que d’un signe spécial pour le « ll », bien qu’il n’ait pas de prononciation distincte. On trouve des signes pour les nombres (qui sont écrits de gauche à droite à la façon des chiffres arabes) de zéro à neuf, ainsi que des indicateurs de dizaine, centaine, millier, dix-millier et million (ces signes ne sont utilisés qu’en écriture archaïque, le tsolyáni moderne utilisant une notation positionnelle pure). Enfin, il y a quelques signes de ponctuation (point, virgule, point d’interrogation, guillemet et barre de fraction).
La transcription utilise occasionnellement le trait d’union (-). En position initiale ou finale, il sert à marquer les suffixes, infixes et préfixes, et n’apparaît pas dans l’écriture engsvanyálie. En position médiale, il correspond à l’anti-liant sans chasse d’Unicode : l’engsvanyáli correspondant forme deux mots distincts sans espace entre eux. Par exemple, à partir des racines sán (« dessus ») et sáni (« vérité »), on peut former, avec le suffixe nominal -kh les noms sánikh (« surface du dessus ») et sáni-kh (« vérité »). Sans l’anti-liant sans chasse du second, ces deux noms auraient la même écriture engsvanyálie. Sánikh se termine avec un « n » médial et un « kh » final, alors que sáni-kh se termine avec un « n » final et un « kh » isolé. Ceci n’empêche pas d’autres homographes d’exister, comme par exemple hmákh, « dent » mais aussi un « animal donnant de la laine », hrúkh, « petit vaisseau marchand » mais aussi « septette, groupe de sept », ou encore gákh, « couple, paire » mais aussi « dédain, mépris ».
Similairement, la transcription utilise le signe « + » pour représenter le liant sans chasse, lorsqu’il s’agit de deux consonnes consécutives et non de la consonne représentée par le digramme transcrit équivalent : ainsi, s+hahád, « esclave de rang inférieur » (mot emprunté au salarvyáni) représente l’écriture s·ha·ha·d et non sha·ha·d. Un autre exemple est donné par la paire de quasi-homophones khatúnikh, qui vaut kha·tu·ni·kh (« nom ») et k+hatúnikh, qui vaut k·ha·tu·ni·kh (« sorte de fruit mu’ugalavyáni »). On peut aussi l’utiliser pour lever l’ambigüité de certaines séquences : par exemple, ngis+shantsúr, « en échange du coffre », s’écrit ngi·s·sha·n·tsu·r et non ngi·ss·ha·n·tsu·r.
Il y a quatre classes de noms en tsolyáni.
Ces noms désignent les choses nobles, comme les hommes, les rangs, les noms de clans, les ouvrages impériaux, etc. Ces noms se reconnaissent à la finale en -koi. Notons cependant qu’en présence de préfixes locatifs ou d’attitude personnelle, le suffixe noble est élidé.
Les objets sont rarement nobles ; outre ce qui touche à l’empereur (par ex. mǘnikoi, « palais administratif » ; méntukoi, « couronne, diadème » ; tánkolunkoi, « forteresse impériale ») ou aux dieux et à leur culte (par ex. vrúnkoi, « idole » ; tunkúlkoi, « grand gong des temples »), il y a certaines armes (par ex. ssyúkoi, « épée » ; hlézakoi, « poignard » ; hapajélkoi, « arbalète », su’íshkoi, « arc turquois » ; pá’dakoi, « hache de guerre » ; cháingkoi, « fléau » — certaines varient entre nobles et ignobles selon les auteurs ou le contexte : khákh, khákoi, « épée courte semblable au kouttar » ; pajélikh, pajélkoi, « arc » ; tirítlukh, tirítlukoi, « hallebarde ») et divers autres cas isolés (káingkoi, « bâton de commandement, aigle d’une légion » ; korúnkoi, « livre »).
Ces noms désignent les choses ignobles (perçues comme étant sans noblesse), comme les femmes (la société tsolyánie est misogyne d’une certaine façon), les enfants, les animaux, les objets inanimés, les abstractions, etc. Ces noms se reconnaissent à la finale en -(i)kh. Notons cependant qu’en présence de préfixes locatifs ou d’attitude personnelle, le suffixe ignoble est élidé. Certaines racines existent sous les deux formes, nobles et ignobles : par exemple, mrabán, « envahir », donne mrabánikh (« envahisseur », du point de vue de l’envahi) et mrabánkoi (« envahisseur », du point de vue de ce dernier).
À la différence de la plupart des autres langues, le tsolyáni considère les pluriels comme une classe grammaticale à part entière, et non comme une simple flexion. Les noms pluriels se reconnaissent à la finale en -yal.
Cette catégorie, relativement petite, regroupe les noms qui n’appartiennent à aucune des trois catégories précédentes. Ce sont les noms de lieux (par ex. Tsolyánu) et de personnes (Kagésh), ainsi que les noms considérés « trop nobles » (kólumel, « empereur ») ou « trop ignobles » (tlékku, « chien »).
Il y a quatre classes de préfixes en tsolyáni :
Ils sont ajoutés au radical dans cet ordre. Par exemple, mssùranònulqùrutizhavùsavályal, « à travers toutes ces villes craintes » :
Il y a quatre classes de suffixes en tsolyáni :
Les deux premières classes apparaissent dans cet ordre, et ceux d’attitude générale peuvent être plusieurs ou répétés. Les deux dernières sont mutuellement exclusives, et il ne peut en apparaître qu’un tout au plus.
Le possessif est -mra. En tsolyáni moderne, il se confond de plus en plus avec le préfixe locatif hi- :
Les suffixes nominaux ont été décrits auparavant. Notons simplement que s’il y a trois classes de noms au singulier (ignoble, -kh, noble, -koi, et inclassifiable), il n’y en a qu’une au pluriel (-yal). Notons aussi que le suffixe nominal pluriel subsiste en présence de préfixes locatifs ou d’attitude personnelle, à la différence des deux autres.
Le suffixe adjectival, enfin, est -n, mais aussi -an dans le cas de certaines racines, pour la plupart inclassifiables (par ex. mítlan, « dieu », donne mítlanan, « divin » ; mais on a aussi mazíkikh, « paix », mazíkan, « pacifique » ; ou encore kenéngkoi, « armée », kenéngan, « militaire »).
Toute discussion des dérivations nominales en tsolyáni est compliquée par leur fréquence relativement faible, leur forme irrégulière ou imprévisible, et le petit nombre de néologismes dans la langue moderne (cf. par ex. la discussion de kolumébabàr, « empire », plus haut). Un autre exemple est kolumssánkoi, « prince », composé de kólum, « régner », et -ssánkoi, qui semble signifier « descendant mâle » mais n’est trouvé que dans peu de constructions, dont mringgussánkoi, « fils de noble » (mrínggukoi, « haut noble ») et pachussánkoi, « fils de seigneur » (pachúkoi, « seigneur », un rang inférieur à celui de mríngukoi).
On a déjà mentionné auparavant que certains préfixes et suffixes peuvent former des racines indépendantes (avec les affixes appropriés) : les démonstratifs, les quantificateurs, les préfixes d’attitude personnelle, et certains des suffixes d’attitude générale. D’un autre côté, les préfixes locatifs, le suffixe possessif et les suffixes noble, ignoble et pluriel ne sont jamais indépendants. D’autres exemples :
D’une manière générale, le nom abstrait désignant l’action verbale est formé en ajoutant -kh au radical verbal. L’agent mâle de cette action est obtenu avec -koi, l’agent femelle avec -rakoi (si noble) ou -rakh (sinon). Par exemple :
Une autre construction impliquant l’acteur utilise l’infixe -mo-, dérivé de moyí, « faire », et se produit lorsqu’un préfixe locatif ou d’attitude générale empêche l’ajout de -koi ou ses variantes :
Le sujet de l’action est désigné par -mogu, possiblement dérivé de l’ancienne locution passive moyí guál « être fait » :
Une liste exhaustive des affixes de dérivation nominale n’est pas possible, aussi se contentera-t-on des plus fréquents : -lu, instrumental, la chose ou l’outil servant à accomplir l’action ; -to, professionnel, l’acteur qui fait carrière de l’action ; -kán, l’endroit où l’action est accomplie ; -gáshu, le vendeur de l’objet ; -gashén, l’endroit où l’objet est vendu.
Les gentilés sont compliqués par l’existence de formes étymologiquement figées. En tsolyáni classique, une tribu ou nation était indiquée par le suffixe -hiyánu, et ses membres par -è. Ainsi Tsól, un nom-lieu mythique, donnait-il tsól-hiyánu et tsól-hiyánu-è. Ces formes sont devenues Tsolyánu et tsolyáni. Similairement, salárv-hiyánu (de Salárvu, un lieu sur les rives du lac Mrissútl) a-t-il donné Salarvyá (notez la disparition du -nu final) et salarvyáni. Dans le cas de Yán Kór, le -yánu final est entièrement omis, bien que ses habitants soient des yán koryáni. Mu’ugalavyá provient à son tour du nom du lac Mu’ugállu. Dans le langage affecté, on entend parfois mu’ugalavyánggi (préservant la forme mu’ugalavyánie de -yáni) et mu’ugalavyánggish (préservant la finale masculine mu’ugalavyánie -sh).
Il y a deux classes d’adjectifs en tsolyáni :
Dans le tsolyáni parlé et les écrits informels, l’adjectif précède normalement le nom qu’il modifie. Dans l’écriture formelle ou le langage recherché de la cour impériale, l’adjectif suit ce nom plus fréquemment qu’il ne le précède. Les deux séquences sont utilisées en poésie et en littérature. Par exemple :
Les adjectifs ne s’accordent pas, même lorsque utilisés comme substantifs. Ainsi :
Les adjectifs peuvent servir de racine nominale et peuvent s’affubler de tous les affixes habituels :
Enfin, les adjectifs peuvent être concaténés ou répétés pour augmenter leur effet. Seule la racine finale prend le suffixe adjectival :
Le système pronominal de la famille khíshane, dont est issu le tsolyáni, semble avoir distingué entre neuf formes de personne et de nombre : « je », « tu », « il (mâle, noble) », « elle/ça (femelle, ignoble) », « nous (inclusif) », « nous (exclusif) », « vous (pluriel) », « ils/eux (mâles, nobles) » et « elles (femelles, ignobles) ». Aucune des langues khíshanes modernes n’utilise le système complet ou sans modification. Le mu’ugalavyáni, par exemple, n’utilise plus les pronoms personnels, se contentant des démonstratifs : « je » est exprimé par « celui-ci », « tu » par « celui en face », « il » par « celui-là », et ainsi de suite. Le salarvyáni a quatre genres de pronoms personnels : masculin, féminin, neutre, et divin (utilisé en référence aux dieux). Le livyáni a des pronoms masculins et féminins, mais a également ajouté des affixes classificateurs selon le rang social et la forme physique. Le yán koryáni ne fait pas de distinction entre le masculin et le féminin, mais possède des formes neutres spéciales pour la troisième personne.
C’est toutefois le tsolyáni qui a le plus diversifié le système pronominal khíshan. Les première et deuxième personnes fléchissent selon le rang et le statut social, tandis que la troisième personne a été entièrement supplantée par les démonstratifs.
Il existe six formes de « je » :
L’utilisation correcte de ces pronoms implique la reconnaissance du rang social du locuteur. Ceci est facilité par l’abondance de signes de rang, de clan, de richesse et de position sociale. Les esclaves, les paysannes, les enfants et certaines castes de travailleurs libres (p. ex., les videurs de latrines) utilisent lín. Les esclaves de rang supérieur, les paysans, les ouvriers et d’autres encore utilisent lú. La forme la plus répandue est lúm, approprié aux marchands, soldats, prêtres, bureaucrates mineurs, artisans, riches paysans, etc. Lukán est utilisé par les riches : chefs de clans, marchands d’expérience, prêtres de haut rang, officiers militaires, nobles mineurs, etc. Salúm est utilisé par les grands prêtres, la haute noblesse, les officiers généraux, les chefs héréditaires de clans importants, les bureaucrates impériaux de haut rang, la famille impériale, etc. Kosalúm ne peut être utilisé que par l’empereur ou l’impératrice : son utilisation par qui que ce soit d’autre est passible d’une peine sévère.
Le locuteur peut choisir d’honorer ou de flatter son interlocuteur en « rétrogradant » son pronom personnel. Par exemple, parmi un groupe où lúm est approprié, le locuteur pourrait utiliser lú par humilité. Similairement, une personne de classe moyenne pourrait choisir d’utiliser lú lorsqu’elle s’adresse à un noble mineur. L’étiquette exige que tous utilisent lín lorsqu’ils s’adressent à l’empereur. L’usage inverse est inconnu : personne ne tente de gonfler son importance en promouvant son pronom, car cela est universellement perçu comme une marque de stupidité et de manque de perspicacité.
Les étrangers visitant le Tsolyánu devraient utiliser lúm la plupart du temps, mais ils devraient utiliser lú ou lín en présence de personnages importants. Les femmes utilisent la même échelle de pronoms entre elles, mais rétrogradent automatiquement d’un rang en présence d’hommes. Les seules exceptions sont l’impératrice, qui utilise kosalúm, et les femmes aridánies (qui se sont déclarées légalement égales aux hommes en abandonnant tout lien familial ou clanique), qui parlent comme des hommes.
Certains dialectes du Sud-Est du Tsolyánu, comme ceux des alentours de Thráya et Jaikalór, ont ajouté des pronoms supplémentaires, peut-être sous l’influence du salarvyáni. Ces pronoms sont des formes féminines de leurs équivalents masculins :
Lín, lú et kosalúm restent inchangés.
Il n’y a que deux formes de « nous » en tsolyáni : lúmi et lúmama. Lúmi est inclusif, en ce sens qu’il inclut la personne à laquelle on parle dans l’action, tandis que lúmama est exclusif, excluant l’interlocuteur de l’action. Par exemple, lúmi múle, « nous (inclusif) partons », signifie que la personne à laquelle on s’adresse part avec le locuteur, tandis que lúmama múle, « nous (exclusif) partons », signifie que cette personne reste derrière.
Les flexions de classe sociale présentes au singulier sont absentes du pluriel, probablement parce que le nombre de permutations qui seraient autrement nécessaires est astronomique.
Comme mentionné auparavant, les langues khíshanes n’avaient que deux formes à la deuxième personne : une au singulier et une au pluriel. Lorsque le tsolyáni commença à apparaître sous la forme d’un dialecte de l’engsvanyáli ancien, diverses formes honorifiques étaient déjà apparues, et leur multiplication se poursuivit jusqu’à l’ère moderne, qui compte quelque trente-quatre formes en usage, plus un certain nombre de formes désuètes ou rares qui sont toutefois mentionnées par les grammairiens.
Il faut distinguer les formes « ordinaires » des pronoms de la deuxième personne des formes « spéciales » de ces mêmes pronoms. Les premières sont en usage courant :
Ces formes ne changent pas selon les statuts sociaux relatifs (ni même le sexe) des interlocuteurs : elles sont « absolues ». Un homme ou une femme des castes inférieures (qui se désigne par lín ou lú) s’adresse à ses égaux avec tsám ou tlúmi, à ses supérieurs avec túsmi, túsmidàli, ou mìsritúsmidàli. Un homme ou une femme des castes moyennes (qui se désigne par lúm) s’adresse à ses inférieurs avec tsám ou tlúmi, à ses égaux avec túsmi ou tlúmiyel, et à ses supérieurs avec túsmidàli, ou mìsritúsmidàli. Et ainsi de suite.
Il existe également une dimension de familiarité. Dans l’intimité de leur chambre à coucher, même un noble utilisera tsám envers son épouse, et celle-ci fera de même. Devant leurs proches ou le personnel familial, l’homme et la femme utiliseront túsmi ou túsmidàli au lieu de mìsritúsmidàli. Il est fréquent que des amis de longue date utilisent tsám ou túsmi entre eux indépendamment de leur rang social commun. Cependant, on ne se permet jamais un tel manque de respect envers un supérieur : on ne « dégrade » le pronom à des fins de familiarité qu’envers les égaux ou les inférieurs.
Les pronoms « spéciaux », bien que formés à partir des formes singulières tsám et túsmi, peuvent être pluriels lorsque le contexte l’exige. Certains considèrent le sexe de la personne interpelée. Leur fonction est surtout stylistique, et les utiliser correctement est une marque d’éducation :
Certains de ces pronoms « spéciaux » furent formés à partir de racines engsvanyálies, salarvyánies, ou bednálljanes archaïques qui sont autrement absentes du tsolyáni moderne.
Les pronoms démonstratifs (« ça, ce, ceci, cela, celui, ceux, celle, celles ») ont entièrement supplanté la troisième personne, jouant le rôle de « il, elle, on, ils, elles ». Deux de ces formes servent de préfixes (màsun- et mssùran-), mais les pronoms démonstratifs isolés sont plus nombreux :
L’ajout de -ònul- (avec un y euphonique dans le cas de mssúri et komssúri) ou de -jàga- (voir les préfixes démonstratifs) « éloigne » le sujet pour former des pronoms comme « cela, ceux-là » (le français n’a pas de correspondant direct pour la forme plus éloignée, qui doit se traduire par des locutions du genre de « celui-là, là-bas »). Dans le registre familier, -ònul- se contracte en -o-, et -jàga- en -ja- (dans le Tsolyánu occidental) ou -je- (dans le Tsolyánu oriental) :
La forme impériale ne reçoit jamais les infixes -ònul- ou -jàga-.
Dans le langage affecté des courtiers impériaux, les préfixes et suffixes honorifiques servant à former les pronoms personnels spéciaux de la deuxième personne (voir ci-dessus) sont également utilisés avec les démonstratifs. Ainsi diront-ils komàisurtléshu d’une dame noble, jagélmàisur d’un grand prêtre, et ainsi de suite.
Les noms, pronoms, démonstratifs, adjectifs, etc. sont tous en fait des sous-classes d’une classe majeure que l’on pourrait nommer les substantifs. Ainsi, pronoms et démonstratifs sont utilisés avec les mêmes affixes mentionnés plus haut. Les quantificateurs sont utilisés de façon restreinte ; les locatifs sont communs ; les préfixes d’attitude personnelle ou générale sont parfois utilisés ; et le suffixe possessif est fréquemment utilisé pour faire un adjectif possessif d’un pronom en plus d’être souvent utilisé avec les démonstratifs.
Les quantificateurs sont utilisés avec les pronoms et démonstratifs pluriels afin de signifier « tous les … », « certains des … », etc. Ces mêmes significations peuvent être obtenues par des constructions utilisant les affixes possessifs -mra et hi-. Par exemple :
Pronoms et démonstratifs utilisent les affixes mentionnés précédemment tout comme les noms le font. Les suffixes d’attitude sont infréquents, par contre. En particulier, les suffixes -dàli (« grand ») et -sa (« puissant ») n’apparaissent jamais avec les pronoms et démonstratifs qui les contiennent déjà, comme túsmidàli, par exemple :
Cette classe regroupe diverses petites classes qui servent de modificateurs pour les adjectifs et propositions. Deux adverbes adjectivaux fréquents sont burí, « très » (cf. le quantificateur bùru-, « beaucoup, plusieurs »), et nailí, « plutôt, à peu près, environ » :
Les adverbes de négation précèdent les radicaux verbaux. Ils comprennent yá, « non, pas » (dans le Tsolyánu oriental, on utilise yála), qui nie une proposition portant sur le présent ou le passé. Thá nie le futur, l’impératif et le conditionnel. Il y a trois formes de « jamais » : yálün (passé), thálün (futur), et yáthalün (passé et futur, temps universel) :
Divers adverbes de lieu et de temps ne requièrent aucun affixe particulier. Certains se produisent avec les préfixes locatifs :
D’autres adverbes utilisent le suffixe adjectival -n, -an. Parmi ceux-ci on trouve certains radicaux uniques, certains termes temporels communs, ainsi que des termes tirés des préfixes locatifs. Certains termes temporels sont considérés des noms et perdent le suffixe adverbial lorsque précédés d’un préfixe locatif, ce qui n’est pas le cas des termes eux-mêmes tirés des préfixes locatifs :
Quelques exemples avec des préfixes locatifs :
Le radical jabí représente le temps, l’occurrence (le temps en tant que concept abstrait est tlaqól) ; avec les préfixes quantificateurs et le suffixe adjectival, on obtient « une fois, deux fois, plusieurs fois », etc. :
Un radical qui ne se produit qu’avec les adverbes est -mon, « à la façon », tiré de mu’ónikh, « façon, manière, méthode ». On le retrouve avec certains quantificateurs et pronoms démonstratifs modifiés :
Le préfixe dérivatif ne- est utilisé pour former toutes sortes d’adverbes à partir de radicaux nominaux, verbaux ou adjectivaux ; c’est l’équivalent du suffixe français -ment :
Il reste quelques constructions irrégulières :
Les interrogatifs sont un groupe hétéroclite en tsolyáni. Certains sont des adverbes, alors que d’autres sont plutôt une sous-classe nominale. Les seuls affixes utilisés sont les préfixes locatifs et le suffixe adjectival.
D’autres interrogatifs sont nominaux, servant de sujet à la phrase et accommodant les préfixes locatifs, le suffixe adjectival, etc. Ils ne sont jamais pluriels, cependant, et n’acceptent pas les affixes d’attitude.
Déste est lié étymologiquement à deux autres radicaux non-interrogatifs : les adverbes héste, « telle quantité », et méste, « autant ».
Héste et méste sont liés aux démonstratifs, car « cette quantité » et « autant que » sont exprimés par héstònul, héstejàga, méstònul et méstejàga, qui deviennent hésto, héstja (ou hésje), mésto et mésja (ou mésje) dans le langage informel. Déste, cependant, ne se produit pas avec -ònul- ou -jàga-.
Les interrogatifs peuvent être dupliqués dans certains composés, ce qui ajoute un sens distributif à l’expression. Ainsi, hárri?, « qui ? », mais hàrrihárri?, « qui (diverses personnes) ? ». D’autres exemples :
Dans son expression la plus simple, un verbe tsolyáni consiste en une simple racine ; il s’agit alors d’un indicatif présent général. Il n’y a pas de flexions pour la personne ou le nombre, et la morphologie se résume à :
Les indicateurs d’aspect temporel sont ajoutés sous la forme de mots distincts.
Il y a deux classes de verbes : transitifs et intransitifs. Les seconds se passent d’objet direct (dormir, venir, se lever, etc.), tandis que les premiers peuvent avoir un tel objet sémantique direct (frapper quelqu’un ou quelque chose, voir quelqu’un ou quelque chose, couper quelqu’un ou quelque chose, etc.).
Un verbe intransitif isolé peut être un proposition complète. Par exemple, lúm pál, « je viens » ; máisur múle, « il va » ; mssúran zurné, « ils dorment ». Les verbes transitifs, par contre, sont généralement considérés incomplets sans leur objet. En fait, les grammairiens tsolyánis insistent sur la présence d’un objet pronominal ou démonstratif, même quand un autre objet nominal est présent. Ainsi, il faut dire lúm pagál máisur, tlabásrim, littéralement « je le vois, l’homme », ou encore lúm ssáing másun, tlamáni, « je la mange, la nourriture ». Mais l’usage est bien plus libéral que cela : il y a de nombreux cas où un verbe transitif est suivi d’un objet nominal, sans intervention d’objet démonstratif ou pronominal. Il reste cependant rare de voir un verbe transitif sans objet explicite. Les propositions centrales au propos du locuteur suivront la règle, tandis que les propositions périphériques, secondaires, ou moins emphatiques relâcheront cette restriction. Le parler populaire, particulièrement dans le Tsolyánu occidental (sous l’influence du mu’ugalavyáni), aura tendance à relâcher cette règle d’autant plus.
Lorsque l’objet est un pronom (c.-à-d. « moi, toi, nous » dans toutes leurs diverses formes), le préfixe locatif tla- sera généralement utilisé. Lorsque l’objet est un démonstratif (c.-à-d. « eux, lui, elle », etc.) et qu’aucun objet nominal ne suit, tla- est généralement aussi présent, mais peut parfois être omis (dans une proposition secondaire, comme mentionné auparavant). Lorsque les deux sont présents (démonstratif et objet nominal), tla- n’accompagne jamais le premier, toujours le second. S’il y a plus d’un objet nominal, ou si ces objets sont en apposition (se réfèrent à la même chose), tla- accompagne chacun d’eux.
Il y a six classes de préfixes pouvant s’attacher à une racine verbale. En théorie, un préfixe de chacune de ces classes pourrait être présent, formant ainsi une longue construction au sens complexe, mais dans la pratique ils sont tous plutôt rares. Les grammairiens sont les seuls à trouver amusantes des monstruosités comme hesvunokudonkhotsokó (« faire en sorte que (certaines personnes) se forcent à s’asseoir mutuellement pour son bénéfice de façon noble »). Les occurrences simultanées de plus de trois tels préfixes sont extrêmement rares, même dans les poèmes épiques comme la Lamentation à la roue de noir (nornékh molkartúmukoi himikárun) ou le Cantique de la chanson du vent (mnurúnkoi hi’íssasiunèl).
Ces deux préfixes représentent l’action sur soi (se-) ou mutuelle (hes-). Parce que l’objet sémantique est fourni par ces préfixes, ils sont intrinsèquement intransitifs et ne requièrent donc pas de pronom ou de démonstratif objet. Pour donner de l’emphase, cependant, on peut utiliser l’enclitique shé avec le sujet d’un verbe réflexif. Similairement, l’adjectif bubrásin (« l’un l’autre ») peut être utilisé adverbialement avec le verbe réciproque.
Exemples :
Cet unique préfixe, vu-, indique que l’agent fait en sorte que l’action soit accomplie par une tierce personne ou sur un tiers, pour un tiers. Lorsque ce tiers est indiqué, il utilise le préfixe tham- (« par, avec »).
Exemples :
Ces deux préfixes servent à transformer une racine transitive en intransitive et vice-versa. Le préfixe transitivant est plus fréquent que l’intransitivant, mais il faut aussi noter que dans de nombreux cas les formes transitive et intransitive d’un même verbe ont des racines distinctes.
Exemples :
Contre-exemples :
Cet unique préfixe, ku-, indique que l’action est intense, violente, ou emphatique. On le retrouve également dans de nombreuses formations nominales (par ex. bidlánikh (triangle) ; kubidlánikh (triangle équilatéral) ; délbekh (outil, instrument) ; kudélbekh (machine) ; yádhikh (main) kuyádhikh (poing) ; jishírikh (accident) ; kujishírikh (catastrophe, désastre) ; husúmikh (source) ; kuhusúmikh (fontaine).
Exemples :
Ces préfixes sont quasi-désuets en tsolyáni moderne, et ne se trouvent presque plus que dans les textes archaïques. Ils sont néanmoins parfois utilisés, afin de souligner l’intention de l’acteur (du point de vue de celui qui parle).
Exemples :
Outre les deux préfixes bénéfactifs déjà mentionnés, cette classe regroupe près d’une trentaine de membres. Ils indiquent la façon dont l’action est accomplie, dans l’opinion de celui qui parle. Plusieurs de ces préfixes sont clairement dérivés des préfixes d’attitude personnelle ou générale (q.v., ci-haut). Ils sont d’usage plutôt rare, et sont en grande partie confinés aux documents formels, à la poésie et au style soutenu. Voici la liste des principaux :
Il y a trois classes de suffixes verbaux en tsolyáni :
Leur présence empêche un indicateur d’aspect temporel de suivre.
L’impératif sert à donner un ordre ou un commandement. Il s’adresse toujours à la seconde personne (« tu, vous ») et est, par conséquent, le seul suffixe verbal de la langue à comprendre une référence personnelle. Il y a trois types d’impératifs.
Une racine verbale isolée peut servir d’impératif à condition que le contour intonatif emphatique soit utilisé. Ce contour consiste en un accent fort et d’un ton élevé sur la voyelle accentuée du radical du verbe, suivi d’une chute immédiate à un ton plus bas. Cette forme impérative ne s’utilise que pour les ordres inférieurs de la société : esclaves, animaux, enfants, etc. Son utilisation envers qui que ce soit d’autre est très impoli. Exemples :
Deux formes spéciales doivent être mentionnées ici. míri! « viens ici ! » et churé! « va-t’en ! ». Ce ne sont pas de vrais verbes parce qu’ils ne peuvent pas s’appliquer à d’autres personnes ni recevoir d’indicateurs d’aspect temporel. On pourrait les considérer des interjections.
Le suffixe verbal impératif s’adressant à des personnes de classe moyenne ou inférieure (c.-à-d. ceux désignés par tsám ou túsmi) est -li. Il n’y a pas de formes plurielles, sauf dans le nord-ouest de Tsolyánu, dans la région de Khirgár, où le suffixe « pluriel » -yal suit -li. Lorsque le radical du verbe se termine en hl, -li devient -hli ou -i, tandis que s’il se termine en tl, il devient -i. Ce suffixe pourrait provenir de l’engsvanyáli láivü, « tu peux le faire, vous pouvez le faire », bien que certains savants pensent plutôt qu’il provient du suffixe impératif salarvyáni bednálljan -no par substitution du l au n et un changement (plutôt inattendu) de voyelle de o à i. Exemples :
Le suffixe verbal impératif s’adressant à des personnes de classe supérieure ou noble est formé de -li et tùsmi. Là encore il n’y a pas de formes plurielles sauf en dialecte khirgári. Dans le langage familier, -litùsmi devient -litu, qui à Penóm devient -lichu ou -lichü. Exemples :
Selon le rapport social pertinent, les diverses formes du pronom de la seconde personne donnent l’impératif correspondant. Par contre, les formes impériales sont inexistantes car on ne saurait commander l’empereur ou sa famille !
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En tsolyáni, on ne dit pas « Je t’aime » sans savoir à qui cela s’adresse. Si cela s’adresse à un amant ou un proche, ce sera « Lúm tupmér tsámmeri ». Si cela s’adresse à son père ou à sa mère, ce sera « Lúm tupmér tsinéntùsmi ». Si cela s’adresse à sa concubine, ce sera « Lúm tupmér ìluntsám ». Si cela s’adresse à un époux ou une épouse, ce sera « Lúm tupmér eyúltùsmi ».
M. A. R. Barker, The Tsolyáni Language, Adventure Games, St. Paul (MN), 1981, 2e édition en deux tomes