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Cette annexe contient une liste d'expressions de la ville de Marseille en France.
Cette ville s’est trouvée aux confluents de routes commerciales en provenance de l’ensemble du bassin méditerranéen. Ainsi la culture de Marseille a été enrichie, et notamment son langage.
Jusqu’au XIXe siècle, à Marseille on parlait le provençal. Vers la fin du XIXe siècle, le français, qui n’était parlé que par quelques élites, est imposé par l’État français. Les Marseillais (et les Provençaux) ont assimilé cette langue, en gardant des mots, des tournures, voire une partie de la grammaire et de la phonétique du provençal. De plus, ce port cosmopolite subit l’influence des pays du bassin méditerranéen, et a intégré des expressions italiennes, corses, arabes, etc.
Ville portuaire, ville commerçante, industrielle puis désindustrialisée... Marseille est aussi riche de ses cultures. Elle est le berceau d’écrivains comme Antonin Artaud, Edmond Rostand, André Roussin... Le genre « polar marseillais » fut initié par le journaliste Claude Barsotti qui écrit en occitan (provençal), quand paru son livre : Un papier sensa importància[1].
Voici quelques expressions récentes ou anciennes toujours en usage avec leurs significations respectives.Nous n’avons mis que les expressions typiquement marseillaises, les termes provençaux qui sont employés à l’identique dans les autres villes de Provence n’y figurent pas. Pour la petite histoire nous avons mis quelques expressions qui étaient considérées comme fautives autrefois mais qui sont pourtant passées dans le parler national, comme se bonifier, ébouillanter. Les termes provençaux employés dans cet article sont issus du Trésor du Félibrige dictionnaire provençal-français de Frédéric Mistral Tome 1 et 2 (1878), ainsi que du Parler marseillais de Robert Bouvier aux éditions de Jeanne Laffitte. Il faut noter, cependant, que peu de jeunes Marseillais emploient ni même connaissent toutes ces expressions.
Parmi les marques les plus connues de pastis, on trouve le pastis 51. Ce nom commercial a donné lieu à une boutade qui consiste à commander un 102 pour une double dose de pastis 51. Cette plaisanterie amusait beaucoup le chanteur Serge Gainsbourg qui l’a reprise à son compte.
Lorsqu’on côtoie un Marseillais in situ ou à l’extérieur de ses frontières on peut être surpris de l’entendre dire : J’avais pas très faim j’ai mangé deux pâtes. L’absence d’appétit justifie qu’on mange peu, mais deux pâtes seulement semble un peu exagéré. C’est évidemment parce l’adjectif numéral signifie quelques ou un peu. De même pour 4 qui a, disons, valeur d’euphémisme pour évoquer une quantité énorme cette fois. Exemple : Dimanche, à midi, on s’est mangé quatre moules, ce qui peut signifier une bourriche chacun.
S’emploie par antiphrase, pour signifier à quelqu’un son manque d’intérêt pour une proposition de sortie, un objet ou à peu près tout et n’importe quoi.
- Tu veux aller voir le dernier Klapisch ?
- Ouais, deux fois !
- Tu aimes les escargots à la Bourguignonne ?
- Deux fois !
Plus 15 est une quantité numérique qu’on ajoute, dans le parler populaire marseillais, à une quantité littérale déjà importante pour accentuer son énormité. Pourquoi 15 ? Mystère ! Exemples : J’en ai déjà une palanquée (voir ce mot) plus 15, ou bien Il lui en a mis un cabanon (voir ce mot) plus 15 et comme à Marseille on n’est pas chauvin on emprunte aux autres régions : Ils sont venus, ils étaient une tapée plus 15 et encore une chiée plus 15. Tout ça pour dire : C’est vraiment beaucoup trop !
Expression mystérieuse, tirée d’une légende (cf. ci-après) ou d’un jeu de casino, le Trente et quarante. Cette expression qui se maintient encore chez les plus anciens est en voie de disparition, elle s’emploie le plus souvent lorsqu’il faut se décider à engager une action coûte que coûte, bon gré mal gré, on peut la rapprocher des expressions : Quand faut y aller faut y aller ! ou tant qu’on y est ! ou encore perdu pour perdu !, à Dieu vat !.
Une légende raconte que les bergers d’autrefois se devaient de posséder trente moutons, le diable ayant décidé de prélever la dernière bête comptée, les bergers, pour le tromper, comptaient une puis deux bêtes supplémentaires fictives. Trente, trente-et-un, trente-deux ! et le diable partait avec ses moutons de pacotille. L’expression viendrait de cette légende.
L’expression vient des numéros des bus qui desservent la Belle de Mai : le 31 et le 32 qui ont donc une fonction similaire. Quand c’est pas l’un c’est l’autre
Une autre expression sans explication étymologique, les deux numéros utilisés font bien penser au jeu du trente et quarante où, pour gagner, le total des points des cartes étalés doit être supérieur à trente sans dépasser quarante mais...! Être plus près de trente que de quarante c’est être plus près de la porte que de l’avancement pour reprendre une expression nationale plus moderne, lorsqu’on est au plus bas de ses possibilités aussi, en gros, lorsqu’on touche le fond. À noter que cette expression à laquelle on n’a toujours pas trouvé d’explication a fini par dériver vers une autre expression qui, elle, a une explication par défaut. Être plus près de vingt que de trente qui signifierait être ivre à cause de l'assonance entre vingt et vin. Cette dernière expression est une création récente.
Un acrobate est un escroc à la petite semaine ou un baratineur, mais pas très adroit et qui ne parvient à tromper que des victimes très naïves. Un charlot en argot français.
Prononcée adeyche à Marseille, cette expression provençale est réservée généralement aux amis et aux proches pour dire au-revoir, et signifie littéralement « que tu sois à Dieu » (a Dièu sias), en français « Dieu te garde ».
À Marseille on dit adieu à quelqu’un qui arrive. Comprendre "à Dieu" Il s'agit de la contaction de l'expression provençale "A Dieù sias" littéralement traduisible par "sois à Dieu" ou "Dieu soit avec toi (te protège)". Expression pour saluer l'arrivant et souhaiter un bon départ.
Voilà une expression imagée ! On l’emploie lorsque tout est perdu comme dans la fable de La Fontaine Adieu veaux, vaches, cochons ! Habituellement on utilise la forme réduite Adieu la valise ! ou tout simplement Adieu.
1.) En provençal l’agachoun est une cabane en branchages qu’on utilise pour se dissimuler des oiseaux lorsqu’on chasse. À Marseille être à l’agachon signifie donc être à l’affût, on en a étendu le sens pour désigner l’attitude des personnes qui se tiennent à proximité d’un groupe de discussion, l’air de rien, pour écouter les conversations ou qui épient derrière leurs carreaux pour faire des commérages. On peut aussi être à l’agachon lorsqu’on attend le moment pour intervenir, les policiers en embuscade par exemple.
Du wallon agasse : agacin, cor au pied. Par extension s’applique aux pieds en général, surtout dans la locution : marcher sur les agassins.
Avoir l’air, ressembler à quelqu’un. Il donne d’air à son grand-père depuis qu’il porte la moustache.
La figue est un fruit bien connu, très présent dans les régions méditerranéennes, qui est très mou lorsqu’il est mûr à point. Essayez donc de tuer un âne à coups de figues, pour voir le temps que ça va prendre ! D’où cette expression pour évoquer une fort longue durée. Exemple : Avant qu’elle se bouge cette feignasse, on a le temps de tuer un âne à coups de figues molles !
Endurer quelque chose ou quelqu’un, les maladies, la douleur, la famille, les collègues de travail. Exemples : Ta tante Zize, il faut se l’appuyer, c’est une vraie croix ! ou Cet hiver j’ai chopé la crève, je me suis appuyé huit jours de fièvre.
Prononciation marseillaise de avec. Exemple : Une pizza aque des champignons et de la mozzarella = Une pizza avec des champignons et de la mozzarella.
Une expression provençale très utilisée encore qui se traduit littéralement par celle-là elle encolle ! expression de stupéfaction qui marque une grande surprise et qu’on peut rapprocher des expressions françaises elle est bien bonne !, je suis scié ! ou plus simplement ça alors !. Le mot "péguer" signifie coller et donc empéguer signifie enduire de colle mais à Marseille, être empégué c’est être saoul au point d’en avoir la langue qui colle "aux narines", et se faire empéguer c’est se faire attraper, par exemple avoir une contravention. Dans César de Marcel Pagnol : Aquelo empego, maintenant Césariot est journaliste.
Dans Les Cris de Marseille (Imprimerie du Port, 1885, p.41) Nandyfer fait remonter cette expression à l’installation de gazomètres à Marseille vers 1840 : une bugadière (buandière) avait pris l’habitude d’étendre son linge à sécher pendant la nuit sur les armatures de l’un d’eux. Or un matin elle ne put le reprendre parce qu’on avait passé le gazomètre au goudron. C’est son cri de stupéfaction qui aurait été repris pour marquer une surprise indignée.
Nom provençal de la patelle, petit mollusque comestible dont les Marseillais sont friands, qui s’accroche aux rochers d’où il est difficile de le décoller. Une arapède est donc une personne extrêmement collante. Arapède de comptoir : pilier de bar.
Du provençal arpiouns = les griffes des mammifères, des oiseaux, les ergots. Ce terme désignait plutôt les mains à l’origine, arpionner signifiait escroquer, puis l’évolution du langage l’a fait descendre plus bas dans l’anatomie pour désigner les pieds, c’est le sens qu’on lui donne depuis le XIXe et qui s’est transposé dans le langage courant, largement au-delà de Marseille.
Verbe français employé à Marseille sous une forme pronominale n’ayant pas le même sens qu’en français. On dira à un enfant de s’arranger pour qu’il ajuste son vêtement : Arrange-toi un peu, sinon le maître il va te crier.
Terme francisé emprunté à une expression populaire italienne "faccia di" ("face de") ou à l'identique corse qui (en usage toujours courant de nos jours), francisé se prononce "fatche de". Se prononce fatcheudeu, et indique l’étonnement, la stupéfaction. Exemple : fatcheudeu con !, soit putain de merde !
Du provençal attissaïre par l’italien addissare qui signifie aussi bien persécuter, prendre en grippe que molester, rouer de coups, s’acharner. C’était sa signification première dans l’argot ancien. La sonorité du mot a fait évoluer son sens actuel vers attiser, jeter de l’huile sur le feu, exagérer, abuser. Ce mot est passé quelque temps dans le langage national[2]. On ne l’utilise plus aujourd’hui que dans les formules humoristiques, amicalement moqueuses. Exemple : Cissou ! tu attiges là, quand même !
Adverbe français employé dans la formule : Et autrement, comment ça va ? = Et à part ça ?
Un provençalisme qui irritait les puristes d’autrefois, il signifie s’apprêter à ou se mettre en train ou encore se dépêcher.
Exemple : Je vais m’avancer maintenant, parce que Marcel doit m’attendre.
Se dit de quelqu’un qui est malade, ou qui se plaint de l’être. "Ta grand-mère, elle a toujours l’œuf !"
Du provençal bau-bau = ouah-ouah, l’aboiement. Un babaou est un fanfaron, une grande gueule. Le babaou est également à Marseille le nom de l’ogre qui punit les petits enfants récalcitrants.
Du provençal babarato = vert luisant .Babarotte est l’équivalent du mot français loupiotte c’est-à-dire une lumière pauvre, une lampe qui éclaire chichement. Ou encore le nom du cafard "Il a la babarotte" autrement dit des idées noires ou obsessionnelle.
Du provençal babi = crapaud. Les babis étaient le nom désobligeant qu’on donnait aux Italiens autrefois, en particulieraux piémontais qui cherchaient du travail en Provence.
C’était le nom d’un port de l’île portugaise de Terra Nova do Bacalhau, dans l’archipel de Terre-Neuve, où l’on préparait la morue séchée pour la conserve, aussi appelée stockfish qu’on prononce estoquefiche. À Marseille on appelle bacala une personne maigre et efflanquée, ou une personne qui travaille salement et sans aucune connaissance. Similitudes : "bacalao" veut également dire morue en espagnol et "bacallà" veut également dire morue en catalan.
Métonymie pour la casquette octogonale en tweed et de forme particulière dite marseillaise.Mettre la bâche ou bâcher = se coiffer de cette casquette... ou de n’importe quelle casquette. Par extension, se bâcher à Marseille, signifie se couvrir par temps froid ou lorsque souffle le Mistral.
Le bada c’est le supplément, le rab, ce qu’on regarde avec envie (voir bader ci-dessous).
Du provençal badaù = nigaud, niais accentué par le suffixe péjoratif asse. Exemple : Regardez moi cette grande badasse !, mais on l’emploie plus volontiers pour un état de stupidité transitoire : Hè bê ! tu es propre badasse aujourd’hui = Hé ben ! tu es sacrément étourdi aujourd’hui ! ce qui laisse entendre que demain peut être... Mot féminin y compris pour les hommes.
Verbe francisé à partir du provençal : bada, béer. Bader, c’est regarder stupidement, la bouche ouverte, mais c’est aussi admirer avec amour.
De l’italien baffi qui signifie moustaches, mais plutôt pour des moustaches imposantes à Marseille.
Littéralement on est dans le bain (et on n’a plus rien à perdre) correspond à perdu pour perdu.
Ayant fait l’impasse sur le sujet de philo qui est tombé au bac, bagna, bagna j’ai rempli trois feuilles doubles.
Du provençal balès qui désigne une forme grotesque, Frédéric Mistral l’indique comme étant une façon de s’apostropher à Marseille : Comment ça va balès ? qu’on peut traduire par Comment vas tu mon gros ? Les dictionnaires d’argot ont repéré que ce sont les auteurs Albert Simonin et Auguste Le Breton qui ont fait passer cette expression dans l’argot national. Le sens du mot balès aujourd’hui serait plutôt costaud ou dur en parlant de quelqu’un mais aussi d’un objet ou une situation, un problème difficile, auquel on est confronté.
Du provençal baloto = bal masqué. Nom masculin typiquement marseillais servant à désigner les petits bals populaires, quand il en existait encore. Mais les càcous, lorsqu’ils vont en discothèque, n’hésitent pas à employer encore ce mot désuet : On va au ballètti demain ?
Nom masculin français, synonyme marseillais de football et de stade. Exemple : Le petit, il est en pleine forme depuis qu’il fait du ballon . Ou bien encore : Tè, dimanche, s’il fait beau, on va au ballon.
On trouve aussi deux autres acceptions :
Ce mot est encore utilisé par les plus anciens pour désigner le comptoir des commerçants.
Du provençal barja = broyé. Un barjas (prononcer le S final) c’est un grand coup de poing dans le nez, équivalent du bourre-pif dans le film les tontons flingueurs.
Du provençal barjavello = le larynx, la gorge. Un barjavelle c’est quelqu’un qui parle beaucoup, en général pour proférer des menaces ou se vanter de commettre des actions spectaculaires avec la particularité de se monter la tête tout seul et de mettre ses propos en actes quand il ne peut plus reculer, un psychopathe en quelque sorte. Exemple : Ton cousin Jeannot je lui réponds même plus, parce qu’il est complètement barjavelle.
À ne pas confondre avec baraque qui est un mot provençal qui désigne une petite construction en bois ou une échoppe. Faire barraque vient de l'espagnol barraco, faire barraco au jeu de carte signifie faire un coup nul. À Marseille on l’utilise pour dire qu’on ne va pas travailler, les commerçants lorsqu’ils laissent le rideau tiré font barraque.
Nom féminin : oiseau ressemblant à la perdrix. Mot utilisé pour désigner une personne au bavardage incessant : Celle-là, qué bartavelle, je te jure ! Peut-être confondue avec : Vé celle-la c’est une vraie bazarette.
Autre hypothèse : cet oiseau est cité dans le film La Gloire de mon Père, tiré du roman éponyme de Marcel Pagnol, très marqué par la culture marseillaise. Quand le père de Marcel se rend au village après son exploit, les volatiles à la ceinture, le curé lui apprend que l’origine du nom "bartavelle" vient du vieux provençal "bartavelo", qui signifie "serrure grossière", en rapport au cri de l’animal qui est peu harmonieux. L’analogie avec un moulin à paroles harassant est facile à faire.
De l’espagnol bazofia = les restes, les débris, synonyme de nigaud, imbécile.
Verbe français tiré du substantif provençal bastoun, bâton. En français classique, signifie : donner des coups de bâton, châtiment réservé à la roture d’ancien régime. A survécu localement dans une acception argotique, donner une raclée : Elle te l’a bastonné, c’était pas triste. Pronominalement, le verbe indique un affrontement : Les jeunes du quartier, hier soir, ils se sont bastonnés comme des chiffonniers. Dans le même sens, on trouve le substantif bastonnade.
Intransitivement, bastonner, c’est mettre le paquet : Les joueurs, ils ont bastonné au stade, què merveille !
Le bâti-bâti constitue l’ensemble des battements désordonnés et incohérents du cœur,consécutifs à une grosse frayeur ou une grosse émotion, l’équivalent usuel est : battre la breloque ou les palpitations. Le bâti-bâti est une des composantes de ce syndrome appelé les fonfonis (voir ce mot) qui donne lieu à de grandes manifestations théâtrales chez celui qui en est frappé et permet aux témoins de lui ajuster quelques claques médicinales sur le visage, compresses inondées sur le crâne voire absorption de potions et breuvages au goût douteux mais censés calmer la frénésie. Exemple : Cet espèce d’ensuqué (voir ce mot)! Il s’est mis à me crier (voir ce mot) qu’il m’est venu le bâti-bâti, on a été obligé d’appeler le docteur.
De l’italien bazzo = menton en galoche, à Marseille le (certains disent la) batse c’est le menton tout court. Un coup de batse c’est le coup de menton que donnent les gens plus ou moins provocateurs lorsqu’il veulent marquer leur autorité ou leur suprématie lors d’une altercation. Un batse c’est aussi un va-de-la-gueule, un fanfaron, les portraits officiels de Benito Mussolini donnent une idée de ce qu’est un batse.
Du nom du maréchal François Achille Bazaine qui, en pleine guerre franco-allemande de 1870, le 27 octobre, capitula en rase campagne et livra Metz aux Allemands. L’expression faire bazaine n’est plus utilisée que par les anciens qui la tiennent eux-mêmes de leurs anciens, nombreux à avoir connu la guerre de 70 et la défaite de Sedan, mais on l’entend encore quelquefois par des jeunes qui la répètent sans savoir qui était le maréchal Bazaine. Elle signifie évidemment, pour ceux qui connaissent l’histoire, faire défection, trahir, abandonner, rendre l’âme, tomber en rade. Exemple : Ma bagnole elle a fait bazaine hier soir, elle avait quand même vingt ans.
Nom féminin formé à partir du verbe provençal basaruta, jacasser, parler d’abondance. S’applique surtout aux femmes au bavardage incessant et souvent malveillant : La cousine à Zè, c’est une bazarette pas possible ! Se dit d’une pipelette, une commère.
Interjection provençale, transcription de bien !, qui peut s’employer dans plusieurs situations. Pour exprimer une certitude : Bè, bien sûr qu’il travaille bien à l’école, le petit. Ou l’étonnement : Bè... qu’est-ce que tu fais ? Tu te prépares pas ?. Enfin l’hésitation : Bè, tu sais, je sais pas trop si ça va marcher.
Précédé de Hè, il traduit le français eh bien ! mais souvent avec une nuance de lassitude : Hè bè, il est encore là ? ou de déception : Hè bè, il a osé te parler comme ça ?.Ou simplement pour poser une question lors d'une incompréhension : " Hè bè ?"
« Mon beau » est réservé à l’usage amical pour « mon ami » ou plus condescendant « mon cher », « Comment ça va, mon beau ? ». À Marseille, l’adjectif « beau » ne désigne pas forcément le physique, on peut aussi le traduire par « exemplaire ». Lorsqu’on s’est fait arnaquer on dira : « Il m’a vu beau comme un soleil », c’est-à-dire il m’a repéré comme la victime idéale. De quelqu’un qui cherche à rouler les autres mais de façon très ostentatoire on dira : « Il est pas beau avec ses airs de pas-y-toucher ? » La forme provençale bèu, mon bèu reste encore également usitée dans la ville. À noter qu’en provençal, bèu signifie tout autant grand que beau.
À Marseille, ce mot français s’emploie quelquefois abusivement de la même façon que très : "Il est beaucoup beau". À noter que le mot tarpin (voir ci-après) s’emploie exactement de la même manière.
Du provençal bèbo = moue. En français, faire la bèbe, c’est plus que faire la moue, c’est franchement faire la gueule. Ex: Qu’est-ce qu’il a ton cousin, à toujours faire la bèbe ?.
Nom masculin d’origine provençale, peut-être budeù = les boyaux, qui désigne la panse. Quand on a un peu trop bien mangé, on peut s’en tirer, pour faire plaisir à son hôte, par un généreux : J’ai mangé à m’en faire péter le bédélet.
Un rire excessif peut avoir la même conséquence. L’expression se crever le bédélet indique qu’on a fait des efforts surhumains : Et dire que je me suis crevé le bédélet pour te payer des études !
Prononcer beulins. En argot marseillais c’est le pognon, l’argent. Exemple : Et où tu vas les prendre les belins pour acheter la Mercédès ?
Cette interjection signifie à Marseille : super !, génial ! – Pour de bon tu as été embauché ? Belle !
Elle peut au besoin se redoubler ou se tripler pour en augmenter le sens.
Cette expression signifie que l’on arrive chez les gens les mains vides. En effet, devant la cathédrale de la Major, à Marseille, une statue de Mgr Belsunce accueille les passants les bras grands ouverts avec les paumes vers le haut, qui font ressembler Belsunce à quelqu’un qui a les mains vides. – Toks ! et les bières alors ? tu déconnes, t’arrives comme Belsunce !
– Mon patron, c’est pas qu’il est pas brave, peuchère, mais il arrive toujours comme Belsunce.
Nom masculin, prononcer bindéou. Normalement c’est une baffe, mais ceux qui manient la litote diront aussi un bendèu pour un coup de poing à assommer un bœuf.
Bertrand est le prénom d’un personnage de fantaisie inventé pour les besoins d’un dicton populaire qu’on énonce ainsi à Marseille : Fais du bien à Bertrand, il te le rend en caguant (caguer signifie chier en provençal), qui doit se comprendre par Fais du bien aux gens et ils te le rendent en te faisant du tort. Cet énoncé est une déformation d’un dicton provençal Fa de bèn à Bertrand, te lou rend en cargant, c’est-à-dire Fais du bien à Bertrand, il te le rend en médisant de toi, en disant par exemple que si tu lui as rendu service, c’est parce que tu attends quelque chose en retour. Le prénom Bertrand se retrouve aussi dans l’expression humoristique l’os Bertrand qui désigne le coccyx.
En provençal, une bestiasso est une bête féroce. Une bestiasse à Marseille, c’est devenu un gros costaud, un hercule.
On l’utilise, quelquefois aussi, par déformation du mot provençal bestiassoun = petit bêta ou niais.
Avoir une aventure sexuelle qu’elle soit romantique, transitoire ou tarifée, en bref la gaudriole.
Nom masculin d’origine provençale qui a perdu sa prononciation spécifique au profit du français. Il signifie façon, manière dans la pratique : Ta sœur, sas ! elle a le biais pour virer la tête des hommes. En clair, elle sait y faire, elle connaît tous les artifices de la séduction. On peut avoir le biais pour faire la cuisine, pour parler aux gens, mais avec une notion ironique qui veut dire qu’on les vexe : Y a pas à dire, tu as le biais, toi, pour dire des choses aimables !
La Biberine était autrefois le nom commercial d’une confiserie locale crée dans les années 1920,constituée par une poudre de sucre aromatisée à la menthe, au citron ou à l’orange. Fabriquée à partir des années 1950 par la confiserie Le Mistral[3] située dans le quartier de Saint-Menet elle était conditionnée dans un sachet de quelques grammes et vendue avec un chalumeau en réglisse à travers lequel on aspirait la poudre. À l’origine elle était contenue dans une sorte de cornet de papier dont on coupait la pointe pour en aspirer la poudre comme un biberon, d’où son nom, mais le papier mouillé par la salive se décomposait rapidement et laissait échapper la poudre sur le visage et les vêtements des enfants. Ce désagrément a donné naissance à l’expression tomber ou partir en biberine, qui signifie réduit en poudre et par extension tomber en déconfiture. On peut le voir comme l’équivalent marseillais de partir en sucette dans d’autres régions.
Un sobriquet très employé à Marseille. À l’origine le bicou désignait en provençal le robinet d’où coulait l’eau de la fontaine, ou le pénis. On a appelé ensuite petit bicou un petit garçon, ce qui rapproche ce mot d’autres mots français tels que zizi, kiki, zigouigoui, bitonio et comme eux il a suivi la même évolution pour désigner un petit objet qui fait saillie ou qui dépasse (comme les petits boutons qui permettent l’ouverture des portes de voitures), en général. Pour l’anecdote, un bicou-fréjo ou un bicou froid désigne un homme impuissant.
Dans le même temps, il désignait aussi un bonhomme sympathique et rieur, ce qu’on pourrait traduire par luron, et il est devenu un surnom affectueux qu’on donne à un ami ou un enfant. C’est le plus souvent une marque de sympathie, mais, Marseille oblige, on l’emploie aussi par antiphrase envers quelqu’un qu’on n’aime pas, par exemple lors d’une invective dans les embouteillages. – Ô bicou ! si tu dors de bon matin il te restera plus rien pour la sieste !
Plus gentil encore, on trouve le diminutif bicouli.
Emmanuel Vitria, une icône marseillaise, un des premiers transplantés cardiaques longtemps détenteur du record de longévité dans la "spécialité" était surnommé bicou.
Ou pitchounet ou" bichon". Le petit de la biche, le faon, surnom affectueux qu’on donne aux enfants en général, mais peut aussi être utilisé ironiquement d'une personne proche lorsque celle-ci se fait plaindre. Exemple: " oh mon bichon"
La bicyclette à mazout est le surnom farfelu du cyclomoteur, en particulier le vélosolex.
De l’italien bidone = escroc, aigrefin, quelqu’un à qui on ne peut se fier, avec le suffixe péjoratif as. Le bidonas est un fantoche, un beau parleur, qui n’a pas le début des qualités dont il se vante, inadapté aux fonctions auxquelles il aspire et qui n’arrive à ses fins que grâce à son baratin ou ses amitiés.
Du provençal bigourèlo = coutures ou reprises rapides que les marins faisaient aux voiles déchirées. Ce terme s’est étendu à toutes les réparations de fortune et bricolages qu’on fait pour parer au plus pressé. Exemple : La portière de ma voiture est tombée, je lui ai fait des bigourelles pour pouvoir revenir mais ça va pas tenir longtemps.
La bigue était autrefois sur le port ou sur les chantiers, une longue poutre de bois de forte section qui servait de mât pour soulever de lourdes charges et même des bateaux. Aujourd’hui on dit une bigue pour désigner quelqu’un de très grand.
Mot importé directement d'Italie par les Italiens et employé tel que, à Marseille il signifie bébé. C’est un surnom amical et affectueux, une façon de s’interpeller qu’on utilise envers les enfants bien sûr mais aussi entre amis adultes. Exemple : Adieu (voir ce mot),bimbo ! = Salut mon petit !
Du provençal bescanta = chanter faux, discordant. Pour un Marseillais, quelque chose qui est de biscanti est de travers, tordu ou mal foutu, même une personne qui ne se sent pas dans son assiette dira : Je ne sais pas ce que j’ai je suis tout de biscanti aujourd’hui !
Proverbe marseillais qui signifie qu’à fréquenter des gens de mauvaise vie on ne s’attire que des ennuis.
Verbe de structure française à partir du provençal : biscaïre, qui éprouve du dépit. Le terme francisé a gardé son sens étymologique : Tè, on va le faire bisquer, ça lui apprendra. Signifie aussi mettre légèrement en colère, faire râler : Quand j’étais petit, je faisais bisquer ma grand-mère.
En plus de sa signification originelle, plaisanter ou se moquer gentiment de quelqu’un, blaguer signifie à Marseille discuter de tout et de rien, parler de la pluie et du beau temps. Exemple: " Ils n'ont fait que blaguer toute la soirée "
Prononcer blanquinass. Forme péjorative pour évoquer la couleur blanche mais d’un aspect effrayant, par exemple chez quelqu’un qui est malade, ou dégoûtante à propos d’un plat ou d’un aliment. Exemple : Mon pauvre bicou, tu es tout blanquinas.
Prendre un bock ou bocker c’est piquer un fard, avoir honte, souvent à cause d’une mauvaise plaisanterie en société. Origine et orthographe inconnues, certains l’écrivent boque.
Nom masculin provençal très proche de la transcription française : bouffi. Ne s’emploie qu’à l’adresse des humains : Ton frère, qu’est-ce qu’il a grossi, ces temps-ci, c’est le vrai bôfi !
Les bofis les enflures, les boursouflures en provençal, sont les attributs virils. Ce mot est utilisé le plus souvent dans la construction un casse-boffis, c’est-à-dire un casse... pieds.
La bogue ou Boops est un poisson commun des eaux méditerranéennes d’une trentaine de centimètres de long. Il a la particularité d’avoir des yeux relativement gros, ce qui lui a valu d’être cité en référence pour désigner quelqu’un qui écarquille les yeux à la vue d’un spectacle qui le fascine.
Exemple : Qu’est ce qu’il a à me regarder avec des yeux de bogue celui-là ?
Au XIXe siècle le grammairien J.B Reynier voyait dans ce mot un barbarisme fondé sur faire des bonds ou rebondir[4]. C’est le sens qu’on lui donnait et donne toujours à Marseille, et on l’utilise aussi pour signifier rouler à vive allure. On le retrouve avec le sens de frapper : "S'il continue celui là à me regarder mal, je vais le bomber "
Nom masculin provençal désignant la vomissure. On l’entend souvent de la part d’une personne se plaignant de quelque chose qui la gêne : J’ai vu un accident, tu aurais vu ça, ça m’a donné le bômi.
Un de ces provençalismes qui faisaient enrager les grammairiens du XIXe siècle[4]. Exemples : Pour de bon ? = sérieusement ?, C’est un bon, lui = c’est quelqu’un de bien, lui.
Les paysans des zones rurales autour de Marseille disaient même le bon du jour pour parler du milieu de la journée. Malgré les mises en garde des gens de lettre, l’expression se bonifier, en parlant du vin, est passée dans l’usage chez les meilleurs auteurs, au lieu de s’abonnir qui était préconisée.
La bonasse c’est une grosse masse de nuages blancs joufflus, très lumineux, caractéristiques de la mer Méditerranée, qui s’amoncellent sur la mer. La bonasse est annonciatrice de beau temps. C'est aussi une jeune femme particulièrement attirante. Exemple: Vé moi ça là bas! Qué bonasse celle là! Une vraie bombasse!
Une expression tombée en désuétude qui sent bon le terroir et les temps anciens. Exemple : C’est une cambrousse où même le bon Dieu y a oublié son pantalon. On dit aussi le bon Dieu y a passé que de nuit dans le même sens.
Du provençal bourdiho = les ordures, les balayures. S’emploie au sens premier pour désigner les immondices mais aussi comme injure pour désigner quelqu’un de peu de valeur. Un chien bordille désigne un bâtard, un sans race.
Mot utilisé pour parler d'un bruit fort en continu très désagréable. Exemple: "il y avait un boucan dans la salle !" En plus de ses différentes significations, boucan est un terme désagréable ou carrément injurieux qu’on emploie le plus souvent à propos d’une femme particulièrement difficile à vivre, synonyme de virago, pimbêche, sorcière etc. Exemple : La femme de Raymond c’est un vrai boucan, un remède contre l’amour !
Une bouche c’est quelqu’un qui parle beaucoup mais qui n’agit guère. Peut s'amplifier (est même souvent amplifié) en ajoutant "grande" devant. Exemple: C'est vraiment un grande bouche celui-là ! Il parle dans le vent et il fait jamais ce qu'il dit!
Dans l’argot marseillais, signifie voler : Ils m’ont bougé la voiture = ils ont volé ma voiture.
Forme de menace qu’on emploie pour prévenir quelqu’un que le moindre manquement de sa part lui attirera les pires ennuis. Exemple : Si tu te tiens tranquille ça ira, mais mèfi (voir ce mot) si tu bouges ! = Si tu te tiens correctement ça ira, mais gare à toi si tu prends des initiatives malheureuses ! ou si tu fais n’importe quoi !
Un boufarik c’est un gros cigare du calibre de ceux que fumait Winston Churchill. On trouve deux origines possibles.
C’est aussi le pénis en argot marseillais.
Du provençal boufega = se goinfrer, s’empiffrer. Ce mot s’est répandu dans toute la France et signifie maintenant simplement manger. Noter que la racine de ce mot provençal boufe = gonflé d’air a donné aussi le mot français bouffant qui désigne le gonflant d’une robe par exemple.
Du provençal bouï = le bouillon. Lorsque l’eau prend le bou c’est qu’elle commence à frémir, qu’elle arrive à ébullition. Certains cuisiniers marseillais continuent à l’employer, mais il s’emploie aussi dans les périodes de grand énervement lorsqu’on commence à monter en pression juste avant qu’arrivent les fonfonis (voir ce mot). Exemple : Je commence à prendre le bou là, tu vois ! = Je commence à bouillir là, tu vois !
Du provençal braïo = culotte, pantalon avec le suffixe péjoratif asse. Un braillasse est quelqu’un à la mise négligée, dont la chemise froissée sort d’un pantalon dont le bas est en tire-bouchon. Ce sont souvent les adolescents qui héritent de ce surnom.
Déformation moderne de Brancassi qui est la traduction provençale du prénom Pancrace. Selon Frédéric Mistral, Brancassi est le personnage-type du nigaud bohème et je-m’en-foutiste qui se nourrit d’air pur et d’eau fraîche, un paresseux dans toute sa splendeur. Selon un proverbe, il n’aurait pas trouvé sa place aux galères. L’acteur Fernand Charpin dirait de lui qu’il n’est pas bon à rien mais mauvais en tout. Suivant les générations on emploie Brancassi ou bras-cassé. Il est possible aussi qu’il y ait eu confusion de sens avec une autre expression venue d’autres régions, un bras-croisé, c’est-à-dire un fainéant.
Le mot brave pour un Marseillais peut accessoirement désigner quelqu’un de courageux mais il peut désigner aussi quelqu’un d’infiniment bon et affable, incapable de dire ou de faire le mal. Il peut être utilisé aussi comme adjectif avec le sens de sacré.
Exemple : Il a un brave culot! = Il a un sacré culot!.
Dans un sens plus péjoratif, bien brave se dit aussi de quelqu’un d’un peu trop naïf ou d’un peu simple.
Mot féminin de l’argot militaire à partir d’un mot arabe bral qui signifie mulet. Une brêle c’est un nul, un incapable, le terme s’étend aux objets qui fonctionnent mal, en dessous de leurs possibilités ou de mauvaise qualité. Les jeunes appellent brêle une mobylette.
En provençal les brigues sont les lèvres, faire les brigues signifie faire la moue pour marquer son mécontentement. Manger la soupe de brigues ou manger la soupe à la grimace = exprimer sa mauvaise humeur, surtout dans les rapports conjugaux.
Du provençal broumet = appât qu’on jette à la mer pour attirer les poissons. Broméger c’est donc appâter, mais on l’emploie aussi pour quelqu’un qui envoie des fions (voir ce mot) pour provoquer, pour énerver, quelqu’un qui cherche en quelque sorte, soit pour plaisanter soit pour se disputer.
Mot féminin du provençal broco = un emplâtre, un cornichon, un nigaud. Une broque est quelqu’un de vraiment stupide, qui se distingue par le fait qu’il n’est pas soigneux, tant dans sa tenue vestimentaire que dans son comportement et surtout sa façon de travailler.
Les brousses sont des fromages frais de chèvres qui sont fabriqués aux alentours de Marseille dans les collines de L’Estaque et du Rove. Les vendeurs de brousses descendaient à Marseille au matin pour vendre la journée leurs fromages dans les quartiers et rentraient tard dans les fermes du Rove. L’heure des brousses est donc une heure tardive pour rentrer : nous sommes rentrés à l’heure des brousses signifie que nous sommes rentrés tard.
Du provençal cabano = cahute. La cabane est un mot passé dans le langage national pour désigner une petite construction assez fragile qui sert à entreposer divers objets et quelquefois d’habitation. Un cabanon est donc une petite cabane, à Marseille ce mot désigne les cabanes du bord de mer qui, à l’origine, servaient aux pêcheurs pour ranger leur matériel, et qui avec les années ont fini par servir de résidence secondaire où on vient le dimanche profiter des beaux jours, comme l’attestent certaines chansons du temps des opérettes marseillaises[5], on invitait au cabanon non seulement la famille mais aussi tous les amis pour se livrer à des agapes dominicales, si bien que le mot cabanon est devenu synonyme de régiment à cause de la foule. De là l’utilisation de ce mot pour souligner l’exagération dans une quantité. Exemple : Je lui ai demandé quelques sardines, il m’en a mis un cabanon ! = Je lui ai demandé quelques sardines, il m’en a mis pour un régiment !
On l’emploie aussi dans le parler populaire pour désigner l’asile psychiatrique.
Du provençal cabestran = cabestan. Les matelots avaient autrefois un juron cabestran de boun dièu ! qui s’adressait plutôt à quelqu’un qui avait fait une grosse bêtise par incompétence. De nos jours un cabestron pour un homme c’est un cave, un pauvre bougre, pour une femme c’est une mocheté, un laideron.
Désigne aussi la tête mais surtout dans les mouvements de colère comme dans la phrase Tu n’as rien dans le cabestron ! ou alors Mets-toi bien ça dans le cabestron !
Du provençal cabiscou qui était un dignitaire ecclésiastique appelé en français chef de chœur, et qui présidait à l’organisation chantée de l’office. À Marseille le cabiscou est l’ancêtre, le patriarche de la famille.
Du provençal cacalucho ou coucouluchoun qui désignait le sommet d’une montagne ou le comble d’un toit, s’emploie aussi pour tout ce qui surmonte la tête ou un objet quelconque, un capuchon, un chignon, la capsule d’une bouteille, un abat-jour ou même un chapeau un peu bizarre et le reste à l’avenant. Ce terme serait à l’origine du mot coqueluche.
La coccinelle. Au sens figuré les cacarinettes sont des fables, des histoires vraiment incroyables. De quelqu’un un peu fou, un peu poète, on dit qu’il a des cacarinettes dans la tête.
Du provençal cascavèu = grelot, sonnettes, ce terme désigne à Marseille non seulement les grelots et les clochettes mais aussi tous les objets qui font du bruit quand on les agite, ainsi que bracelets multiples autour des bras ou tous les rangs de chaînes que les gens exubérants portent sur eux. Au sens moderne se rapprocherait plutôt du terme populaire la quincaillerie.
La tirelire. Tout endroit où on met les petites pièces de monnaie, la cagnotte constituée par les pourboires dans certains métiers.
Frimeur, fanfaron. Un càcou est soit un petit voyou, soit un frimeur (le mot porte l’accent tonique sur la première syllabe). En voilà une voiture de càcou. Selon Victor Gelu, le mot viendrait du diminutif génois du prénom Francesco soit càcu. Le Trésor de la langue française fait de càcou une variante de cagou, dérivant de l’ancien français cacor, lépreux.
Du provençal cafèli ou cafèlo, le pou. C’est le nom qu’on donnait autrefois aux petits joueurs dans les jeux d’argent, aux pigeons qui jouaient les durs et se laissaient facilement plumer, aux cavets comme on dit en argot national. De nos jours, un cafalo est un pauvre bougre qui parle beaucoup, se donne l’air d’être ce qu’il n’est pas et ne trompe personne.
Les cafards sont les olives noires qu’on sert à l’apéritif.
Du provençal cafoucho par le français cahute, il désigne un placard, un réduit ou débarras en général mal rangé, puisqu’on appelle aussi cafouche une chambre en désordre.
Une cagade est une grosse mais vraiment grosse bêtise, un ratage complet, un fiasco.
La diarrhée, la tourista.
Du provençal cago-nis = le dernier-né[5]. A Marseille, on a étendu le sens jusqu’au benjamin, le plus jeune d’une équipe, de la classe, etc.
Comme pour le caganis, c’est le dernier né, mais aussi avec référence à la cagasse : l’emmerdeur, le chieur.
Le cagnard est un mot provençal qui désigne un endroit exposé au soleil et abrité du vent appelé ainsi parce qu’il rendait cagnard c’est-à-dire paresseux, engourdi, somnolent. Le cagnard était aussi la cabane en tôle exposée en plein soleil, qu’on utilisait dans les régiments disciplinaires de la Légion et des régiments d’Afrique, pour enfermer les punis et les prisonniers. Le cagnard désigne aujourd’hui le soleil lorsqu’il tape fort.
Du sens masculin de càcou. Fille, jeune fille aux mœurs légères ou d’un comportement vulgaire, qui se fait remarquer par son comportement et ses allures familières. La cagole peut se définir comme une pétasse, ou une fille s’habillant vulgairement. Exemples : Elle fait trop sa cagole, mais c’est une cagole !
À l’origine les prostituées de Marseille s’habillaient simplement d’une chemise de nuit blanche et longue, appelée "caguolette", qui permettait ainsi d’aller au pot en pleine nuit, ou bien de révéler ses atouts en la relevant.
L’auteur marseillais Jean-Marc Valladier en donne une définition quelque peu délirante dans Le Parler gras, glossaire marseillais iconoclaste :
« | Hétaïre du trivial maintes fois mythifiée, quintessence d’un stéréotype qui confine au sublime, disséquée, glorifiée, célébrée à l’envie par les chantres de l’ethnologie locale, icône d’une féminité idéalisée aux quatre coins de la Galaxie mais jalousée par ses ersatz, magnifiée pour les esthètes par ses talons compensés, son rouge à lèvres bon marché et son chewing-gum baveux, la cagole et ses avatars, voire ses isomorphes sémantiques que sont la cagoline, la cagolette et la cagolasse, reste et restera pour l’éternité la pierre angulaire, l’alpha et l’oméga de l’univers fantasmatique du mâle marseillais en rut, la seule qui pourra étancher de sa seule présence son inextinguible soif d’absolu | » |
Du provençal cagar qui signifie « chier ». En provençal il veut dire aussi qu’une fusée, un pétard ou une balle de fusil a fait long-feu. À Marseille lorsque quelqu’un dit j’ai cagué, ça veut dire j’ai merdé j’ai raté mon coup, j’ai fait une grosse bêtise ; d’ailleurs les objets aussi peuvent caguer lorsqu’ils ne fonctionnent pas ou se détraquent, à l’interlocuteur de comprendre.
L’emploi transitif du verbe prend le sens de « faire peur » : Tu m’as cagué ! = Tu m’as fais peur !
Une caguette est quelqu’un de peureux, que l’on effraye facilement : Oh pour de bon, ti’es une vrai caguette !
De caguer (voir ce mot) et du provençal braïo = culotte, pantalon. Sobriquet d’abord synonyme de petit merdeux, petit con, mais aussi de mal attifé, mal fagoté pour désigner des gens qui ne sont pas soigneux de leur présentation, parce que leurs pantalons effondrés, souvent trop grands avec un large repli aux fesses donnent l’impression qu’ils ont déféqué dans leur culotte.
Ce nom d’oiseau est fréquemment utilisé à Marseille pour s’interpeller entre amis, souvent entre hommes d’ailleurs.
Exemple : Comment ça va, ma caille ? = comment ça va, ma chérie !
Du provençal caire par le latin quarre, pierre de taille. Le cairon est un parpaing le plus souvent en ciment aggloméré moulé. Les lendemains de beuverie on entend souvent Ô fatcheudeu ! (voir ce mot) J’ai un cairon sur le teston (voir ce mot) ! pour évoquer la migraine consécutive, équivalent de la casquette de plomb dans d’autres régions. De quelqu’un qui est petit, ou court sur pattes, on dira que c’est parce qu’il s’est pris une palanquée (voir ce mot) de cairons sur le cabestron (voir ce mot).
Surnom amical tombé en désuétude qu’on n’entend plus que par quelques vieux dinosaures dans certains quartiers encore préservés de Marseille. Dérivé d’une expression provençale Amis de la caïsso = Amis de la caisse (de mort ou cercueil), c’est-à-dire amis à la vie à la mort. C’était le plus souvent les mauvais garçons, les voyous et ceux qui les imitaient, qui s’interpellaient de cette façon avant le fameux Mia = ami en verlan, chanté par le groupe IAM dans Je danse le Mia.
Exemple : Adieu (voir ce mot) caïsse ! = Bonjour mon ami !
Cette expression marseillaise qui est passée dans le français courant ressemble par l’orthographe et un peu par le sens au verbe français caler, qui signifie qu’un moteur s’est arrêté de tourner. Elle vient du provençal faïre calèti = mettre les pouces, se rendre, abandonner la partie, reculer devant un défi. Les enfants d’autrefois l’employaient en criant calèti !, calèti ! lorsque l’équipe adverse s’avouait vaincue, ou déclarait forfait.
On cale devant un repas trop abondant, un problème récalcitrant, devant un effort trop grand. Noter que cette acception a été une fois de plus rejetée par l'Académie française parce que le grand François de Malherbe la trouvait burlesque. Les dictionnaires usuels continuent aujourd’hui à la considérer comme faisant partie du langage familier.
Déformation du mot ancien calembredaines = propos absurdes, idioties, arguments fantaisistes. Les calimbres sont donc des propos mais aussi et surtout des objets sans valeurs, des rogatons. Exemple : Tu me racontes des calimbres à moi ?! = Tu veux me faire avaler des couleuvres ?! ou Tu essaies de me raconter des cracks ?! Autre exemple : Il a gardé le meilleur et il m’a laissé les calimbres.
Aujourd’hui ce sont le plus souvent les joueurs de cartes qui utilisent cette expression. Lorsqu’après la donne un joueur se retrouve avec des cartes de faible valeur on l’entend s’écrier Il m’a filé que des calimbres cette chouette ! = Il ne m’a donné que des mauvaises cartes cet oiseau de malheur !
Jusque dans un passé récent calotte n’était utilisé qu’à Marseille pour désigner des claques, il est passé maintenant dans le parler national où il fait bon ménage avec taloche.
Du provençal calu = myope, désigne à Marseille quelqu’un de fou. Exemple : Et lui, il est pas un peu calu !
En provençal le cambalou c’est le bâton que les pèlerins portent sur l’épaule et auquel ils accrochent leur balluchon, c’est aussi la perche que les portefaix mettent en travers de leurs épaules pour porter des seaux à chaque extrémité. Cambaler quelque chose signifie porter cette chose. À Marseille, se faire cambaler veut dire se faire porter mais surtout au sens figuré ; dans l’argot marseillais se faire cambaler signifie être emmené au commissariat par les policiers, être arrêté.
Mot oublié, qui vient du provençal capoun par l'italien cappone = un coquin, un vaurien et même un couard. On a retenu seulement l’expression capon de sort = coquin de sort.
Cet aphorisme sentencieux inventé certainement par un joueur de cartes philosophe est une variante de la morale de Jean de La Fontaine rien ne sert de courir, il faut partir à point. Être capot dans certains jeux de cartes c’est perdre la mêne sans avoir fait un seul pli, ce qui donne le plus de points à celui qui réussit le capot et un avantage certain, dès le départ, pour gagner la partie. Dans les jeux de bistro, celui qui perd cette partie paie la tournée au comptoir mais c’est sans compter notre philosophe qui après de longues années d’observations s’est aperçu que la chance délaissait rapidement celui qu’elle avait trop rapidement épousé et lui faisait perdre inexorablement les mênes suivantes jusqu’à la défaite finale. Ces vers de mirliton ont dû plaire puisqu’on les retrouve dans d’autres jeux comme le tennis, lorsqu’un joueur gagne rapidement les premiers sets, ou les premiers points.
Du provençal cardelino = chardonneret, surnom affectueux qu’on donne aux petites filles.
Être vêtu de façon ridicule : le Caramentran ou Carême entrant était le mannequin ridiculement vêtu que l’on faisait brûler pendant le Carnaval.
Argot marseillais . Se faire carrer = être écarté, être mis à l’index, être tricard, subir une cabale. Exemple : Je pensais être sélectionné pour la prochaine saison mais les dirigeants m’ont carré.
Du provençal tarralha signifiant vaisselle en terre cuite. Une tarraillette est une poterie d’argile miniature avec laquelle les enfants jouent à la dînette. Ainsi, casser les tarraillettes signifie que l’on casse les assiettes et les relations amoureuses, et quelqu’un qui a cassé ses taraillettes est mort, il a cassé sa pipe en quelque sorte.
Les Marseillais, qui ont un certain sens de la démesure, ont inventé pour déterminer une action qui va durer un bon moment, une unité de mesure du temps : l’année de dimanches. L’année de dimanches vaut une année civile mais en ne comptant que les dimanches, cent ans de dimanches valent donc 1 898 000 jours ! (Il y a 52 dimanche dans une année. 1 an de ce seul jour dure donc 52 fois plus; soit 52 ans. 10 ans de dimanche font 520 ans. Et 100 ans correspondent dès lors à 5200 ans. 5200x365j= 1898000 jours. CQFD !) Pour un long travail, on dira en français il va me falloir 107 ans pour faire ça !, et en marseillais il va me falloir cent ans de dimanches ! ce qui est éminemment beaucoup, beaucoup plus long... Exagération marseillaise oblige.
Sobriquet qu’on donne à quelqu’un qui se plaint constamment de douleurs réelles ou imaginaires, homologue marseillais de M. Tamalou (t’as mal où ?), qui a toujours mal partout.
Exemple : Celui-là il est comme M. Cerfeuil, quand il a pas mal au cul il a mal à l’œil.
Autrefois à Marseille comme ailleurs, les jeux de société, en particulier les jeux de cartes, étaient de véritables institutions populaires auxquelles on se rendait quotidiennement pour des parties acharnées. Dans les bistros marseillais, une superstition était très répandue qui consistait à penser que, si lors de périodes de déveine on perdait plusieurs mènes ou parties d’affilées, c’était parce que la chaise sur laquelle on était assis était hantée. Pour conjurer ce mauvais sort, la parade consistait alors à tourner la chaise sur elle-même pour faire un tour complet, cette pratique existe toujours chez les joueurs acharnés, ce qui évidemment déclenchait l’hilarité chez l’adversaire d’abord et dans l’assistance, jamais avare de railleries et de quolibets. L’évocation de cette pratique comique est restée pour être évoquée chaque fois que quelqu’un subit un coup de malchance, avec ou sans chaise, substitut à toucher une patte de lapin ou un talisman quelconque. Exemple : Tourne la chaise ! qu’il t’a emmasqué (voir ce mot) cette chouette ! = Fais-toi exorciser ! parce qu’il t’a ensorcelé cet oiseau de malheur !, dit avec une pointe de raillerie tout de même.
À l’origine ce verbe signifiait remorquer. Il a la même origine que le chalut, par la suite chaler quelqu’un signifiait l’entretenir puis le transporter sur son vélo, et plus tard sur sa mobylette. En gros, le prendre en charge et faire tout le travail à sa place.
Il y a une préparation gastronomique très appréciée dans tous les pays méditerranéens qu’on appelle les olives cassées. Ce sont des olives qu’on casse d’abord d’un coup de maillet ou de battoir et qu’on laisse ensuite mariner dans une saumure aromatisée avec des plantes locales. Avant de baigner les olives dans cette saumure il faut d’abord les laisser tremper 15 jours au moins dans de l’eau claire afin d’ôter leur amertume, en prenant soin de changer l’eau tous les jours, d’où cette expression toute en allusion : aller changer l’eau aux olives pour dire aller pisser, il n’en faut pas plus pour donner du corps à un langage.
Mot arabe qui signifie garde. Sur le port de Marseille les dockers appellent chaouche le douanier.
Du provençal chapla = action de hacher, de mettre en pièces, un carnage. Un chaple c’est un travail mal fait, une pièce mise en désordre volontairement, originellement un hâchis.
Mot désignant un objet inutile. Peut s’appliquer à une personne et signifiera bon à rien.
Du provençal chaca qui signifie aussi bien manger gloutonnement que quereller. Charcler signifie faire bombance ou se battre. Sur un stade lorsque ça joue viril, on dit que ça charcle. Une charclade est une bagarre violente et souvent générale.
La chavane ou une chavane est un gros orage : Il tombe la (une) chavane = Il pleut des cordes.
Du provençal chècho. Le chèchou c’est un petit morceau de n’importe quoi qui dépasse, d’un vêtement par exemple, et qui n’a pas d’utilité. Ce mot a un usage extensif, c’est la phrase entière qui déterminera le sens.
Dans une première acception, c’est le petit morceau qui reste lorsqu’on a coupé des tranches, dans le saucisson par exemple, le talon qui reste à la fin et qu’on donnera au dernier servi, ou ce morceau du rôti qu’on appelle la souris, en bref tous ces petits morceaux qui restent lorsqu’on détaille et qui ne pourront pas être servis, la dernière quantité d’une bouteille.
Une chèvre à Marseille est quelqu’un qui est considéré comme incapable dans sa fonction, et par extension dans toutes les fonctions. Ce sont le plus souvent les footballeurs qui héritent de ce sobriquet. On utilise aussi souvent le mot provençal, un cabrin. L’origine de ce mot est à chercher non pas dans le nom de l’animal mais dans le nom d’un outil appelé aussi chèvre constitué par un chevalet de grosses poutres qui servait à porter de lourdes charges. Par assimilation, une chèvre sur les chantiers ou sur le port était quelqu’un qui ne pouvait servir qu’à porter des charges ou à les tenir, quelqu’un à qui on ne pouvait pas confier des tâches très compliquées. Il y avait aussi une expression provençale, on l’a envoyé garder les chèvres, qu’on employait envers quelqu’un qui avait été chassé de la maison familiale parce qu’il ne voulait pas travailler. Un cabrot était quelqu’un dont les revenus étaient d’origine suspecte.
D’après Frédéric Mistral, le chichi est un mot enfantin pour petit oiseau. Le chichi-frégi signifiait petit oiseau frit, quelqu’un qui mangeait des chichi-frégi était quelqu’un qui mangeait petitement, soit par manque d’argent, soit par avarice, ou encore parce qu’il était de faible constitution ; à Marseille dans le quartier de l’Estaque on a donné ce nom à un gros beignet, qui a fait la réputation du quartier.
Par métaphore, le mot désigne aussi le pénis.
Autrefois les enfants marseillais avaient un jeu qui consistait à accrocher des petits morceaux de chiffons au dos des passants, à leur insu, le but du jeu étant d’en accrocher un maximum au dos de la même personne. Ces morceaux de chiffons étaient appelés chichibèlis. Le jeu a depuis disparu, mais le mot est resté pour désigner le morceau de chemise qui dépasse lorsqu’on oublie de fermer la braguette.
Ce dicton marseillais qui s’énonce ainsi chiens, chats et loup, trois mois moins trois semaines moins trois jours est un moyen mnémotechnique pour mémoriser les périodes de gestation ou durée de la grossesse de ces différents animaux, environ 63 jours.
Prononciation marseillaise d’un terme ancien de l’argot des marins, chibre, passé dans l’argot national. Le chibre était la partie proéminente de l’étrave sur laquelle venait se fixer le mât de beaupré, sculptée le plus souvent en forme de serpent, d’où son nom qui viendrait de guivre. Ce terme désignait d’abord le nez, puis conséquemment le pénis, suivant la croyance qui dit que sa longueur est déterminée par la longueur du nez. À Marseille, ce terme s’est éloigné de son aspect sexuel pour devenir synonyme de colombin ou boudin, et désigne tous les objets ayant cette forme. Le chimbre de mer est un des noms locaux de l'holothurie.
Du provençal chima = chopine. Chimer à Marseille, signifie boire de l'alcool, normalement ou beaucoup. Synonyme de lamper.
Du provençal chin = chien, qui a donné chinarié = cynique. Le terme désignait autrefois une forme de libertinage, de plaisanteries burlesques. Aujourd’hui ce mot est l’équivalent du terme d’argot vanner lorsqu’on plaisante amicalement, mais pas toujours, aux dépens de quelqu’un.
Du provençal lou chouquet = le hoquet. Un Choucatoun est un buveur invétéré, un boit-sans-soif, un suce-litre.
Du provençal chouras = vaurien, chapardeur. Chourer signifie voler mais plutôt pour le vol à l’étalage, ou le vol à la tire qui a donné le synonyme en argot français tirer. Ce terme est passé dans le parler argotique national.
Selon Mistral, coucagno est le nom provençal de la botte de pastel des teinturiers, plante qu’on trouvait en grande quantité dans le Sud-Ouest ou du côté de Nîmes et qui a été autrefois la source de l’enrichissement de ces régions, ce qui leur a valu d’être appelées pays de Cocagne par leurs voisins qui pensaient que dans ces régions on gagnait facilement de l’argent. À Marseille, lorsqu’une situation entraine des dommages superficiels on s’écrie cocagne ! pour dire c’est pas grave !, mais à l’usage on a fini par l’utiliser aussi lorsque la situation est grave mais qu’on s’en moque.
Mot qui a pratiquement disparu, sauf peut-être dans le langage enfantin, il signifie coquetier.
En marseillais, le collègue (du provençal coulègo) est un ami, un copain, un camarade. Ce n’est pas spécialement une relation professionnelle.
Un juron qui était très en vogue il y a encore quelques années, en perte de vitesse aujourd’hui mais qui se maintient chez les gens qui tiennent à ne pas parler comme tout le monde, même lorsqu’ils sont grossiers. On l’emploie chaque fois qu’on veut traiter quelqu’un de con, mais de façon agrémentée. L’écrivain André Remacle pense qu’il s’agit de la récupération d’une expression de marins italiens, con la vela = avec la voile. La voile en question étant une fine allusion au préservatif qu’il fallait utiliser avec certaines filles du port. L’homonymie entre con qui signifie avec en italien et con en français a entériné l’usage de cette injure.
Inutile d’expliquer le sens du mot con très employé, les prénoms Manon ou Madon ne semblent être là que pour la rime. Cette expression de mécontentement ou même de colère est utilisée dans une foule de situation, comme beaucoup de phrases de ce genre elle a pour seule fonction d’évacuer la tension et le sens ne prévaut pas sur l’usage, mais le plus souvent elle est employée comme équivalent de et tout le saint Frusquin. Exemple : J’en ai marre des taxes, des impôts, des factures et de tout le con de Manon !
Utilisé pour comment, comme est un provençalisme resté dans le parler marseillais : Comme tu me parles ? Comme tu t’appelles?
Une expression d’origine inconnue qu’on adresse, en général sur un ton goguenard, à quelqu’un qui se plaint d’être le seul à subir les coups du sort, surtout s’il s’agit d’une misère qui est à l’évidence partagée par tout le monde : payer des impôts, avoir la grippe en hiver, etc.
– Moi je gagne jamais à la loterie. – Ah mais ! c’est que la compagnie est longue! La compagnie étant l’ensemble des gens, mis les uns derrière les autres, qui ne gagnent jamais à la loterie.
Nous citerons aussi une autre expression tout aussi mystérieuse qui a le même sens : le chien de Philippe, très employée à Marseille mais dont il est très difficile de connaitre l’origine.
– Je trouve que je paie trop d’impôts. – Y a que toi et le chien de Philippe !, sous-entendu : à part vous deux, les autres sont satisfaits du montant de leur impôt ou vous êtes les seuls à penser ça, sur un ton ironique, bien entendu.
Une expression terriblement cynique pour désigner un endroit âpre, aride et miséreux qui s’énonce ainsi : Là bas c’est tellement pauvre que les corbeaux volent sur le dos pour pas voir la misère.
Les corbeaux sont mis à contribution dans une autre expression qui évoque cette fois un endroit, un village par exemple, perché à flanc de colline où à son sommet, comme il en existe beaucoup en Provence. Exemple : Saint-Véran c’est tellement haut que même les corbeaux y vont à pieds.
Du provençal coucourde = la courge, le potiron. Ce vénérable légume est très sollicité dans le langage marseillais. Sa taille imposante sert d’abord d’étalon dans les dimensions des attributs virils. On l’emploie aussi, évidemment, pour désigner les personnes un peu sottes, un peu niaises. La coucourde c’est aussi la tête. Exemple : Tu n’as rien dans la coucourde ! Mais son emploi le plus fréquent est peut être le remplacement de glandes dans l’expression avoir les glandes. Exemple : Je le supporte plus, il me fait venir les coucourdes ! = Je ne le supporte plus, il me fout les boules.
Du provençal couifa = calotte, taloche, soit une claque. L’expression habituelle est Si tu continues... je te tire une coufe.
Il y a une deuxième acception qui vient d’un autre mot provençal, coufo, qui s’emploie pour désigner une grosse bêtise. Exemple : Mon minot il m’a encore fait une belle coufe.
De l’italien colare = filtrer. Partout ailleurs on dit égoutter les pâtes, mais à Marseille on dit couler les pâtes. Exemple : Je vais vite couler les pâtes sinon elles vont péguer ! (voir ce mot)
Prononcer le s final. Dérivé du mot provençal coun = un con dont il diminue la portée, terme réservé aux amis lorsqu’ils ont dit ou fait des bêtises : Tu es un counas = tu es un vrai con
Buisson en forme de coussin d’environ un mètre de diamètre dont les feuilles deviennent piquantes en été.
Un crachat d’esquimau est un glaçon.
À Marseille, un crapuleux est l’équivalent du parisien racaille, et désigne généralement un mauvais garçon aux manières inélégantes.
Il est né avec la crépine = il est né coiffé, il est chanceux. La crépine étant le résidu de placenta qui n’est pas complètement déchiré lors de l’accouchement et dont les débris restent sur la tête de l’enfant. Dans les temps anciens on voyait ces morceaux de chair comme un porte-bonheur qu’on gardait dans un petit sac pour que l’heureux élu puisse prouver sa bonne fortune à l’âge adulte.
Se faire gronder, se faire disputer.
Il y avait autrefois, dans les environs de Marseille d’importantes carrières de craie, croio en provençal, qui ont certainement enrichi leurs propriétaires parce qu’on disait alors orgueilleux comme un marchand de craie, en provençal bien entendu, pour désigner quelqu’un de vaniteux et prétentieux. Depuis l’expression s’est un peu délitée, et on dit de quelqu’un qu’il a de la croille pour dire qu’il est arrogant.
Quelqu’un qui s’en croit est quelqu’un qui se prend trop au sérieux, qui est sûr de lui, prétentieux. Aujourd’hui on dirait qu’il se la pète.
Une expression que nous n’indiquons ici que parce qu’elle est encore très utilisée mais à laquelle il serait vain de chercher une étymologie ou même une origine quelconque. Elle signifie avoir une chance inouïe, incroyable, comme dans le langage courant avoir du cul mais au paroxysme, prononcée en général sur un ton de profonde exaspération lorsqu’il s’agit d’un interlocuteur, au jeu de cartes par exemple. Exemple : Ô Bonne Mère ! Mais tu as le cul bordé de nouilles ! Parce que soi-même, évidemment, on est toujours le plus malheureux.
On peut rajouter une autre expression : avoir le cul comme la Porte d’Aix. La porte d’Aix est un arc de triomphe situé sur la Place Jules-Guesde à Marseille. Cette expression peut signifier suivant le locuteur avoir une chance insolente ou avoir un gros derrière.
Construction provençale dont la traduction littérale je me le fous au cul parle d’elle-même, autrement dit j’en ai rien à faire de ton cadeau, de ce que tu me dis etc. On peut l’utiliser aussi lorsqu’on abandonne une action dont on n’arrive pas à venir à bout, en bref quand on en a marre.
Encore une tournure provençale qui se maintient dans le langage, elle signifie littéralement au cul je l’ai, qu’on peut légitimement traduire par je m’assieds dessus, des lois, des règles, des convenances, en bref de tout ce qui me dérange.
Il y a à Marseille une grande avenue, appelée Avenue du Prado, autrefois très célèbre et qui se termine à la plage du Roucas blanc par un rond-point au milieu duquel on a élevé une statue, réplique exacte de la statue de David de Michel Ange dont l’original se trouve à . Cette statue représente donc le roi David complètement nu, et tourne le dos à la mer d’où cette facétie marseillaise de l’appeler Monsieur Cuvermer c’est-à-dire Monsieur Cul-vers-mer. Il est plus connu sous le nom de Cuverlo (cul vers l’eau).
Notons qu’à Toulon, la statue du Génie de la Navigation qui se trouve sur le quai de la Vieille Darse est dans la position inverse, et s’appelle Monsieur de Cuverville.
Une autre expression très utilisée de nos jours, envoyer quelqu’un à dache, c’est l’envoyer au diable ou se faire voir ailleurs. Les spécialistes de la langue sont partagés sur l’origine de cette expression qu’on n’entend pourtant qu’à Marseille. Certains affirment qu’elle vient de diache, qui dans les dialectes du Nord de la France signifie diable, un bon nombre de Marseillais disent que Dache était le nom propre d’un magasin très excentré de Marseille dans les temps anciens et qui était très difficile d’accès, d’autres enfin affirment qu’elle vient d’un mot arabe haddache qui signifie aussi diable ou enfer. Tout ça reste à vérifier, mais saura-t-on jamais ?
Prononcer darnagass. Nom masculin provençal de la pie-grièche. Sobriquet dont on affublait les personnes méchantes et acariâtre ou mal-embouchées, à Marseille on le réservait aux vieux garçons aigris.
On connait le bœuf en daube ce mot vient de l’italien dobbo pour une viande marinée et braisée, la daube provençale est bien connue des gastronomes. Une autre explication étymologique peut provenir du provençal adoubar (ou adouba, en graphie mistralienne), qui signifie couper, et qui désigne un plat de morceaux de viande mijotés après avoir été coupés. À Marseille, les mots daube et daubé ont un autre sens qui vient du provençal daubacièu, un euphémisme pour danacioun = damnation qui désigne quelqu’un qui est maudit ou disgracié. Une daube à Marseille, c’est quelque chose qui est mal-foutu, de la merde en quelque sorte ; si cette chose est devenue pourrie, à tous les sens du terme, par l’usage ou les méfaits du temps on dira elle est complètement daubée. Quand on est vraiment méchant, une daube c’est aussi un laideron, une mocheté.
Expression populaire pour inviter un visiteur à ôter son manteau, son imperméable pour se mettre à l’aise, même les médecins demandent à leurs patients de se déshabiller avec cette expression.
Ce substantif français relatif à l’allure d’une personne s’emploie volontiers à Marseille comme adjectif, et a trait tout à la fois à l’allure, l’apparence, le ressenti d’une personne, d’un objet, ou d’une situation donnée. Il est dégaine signifie Il a une belle allure. Aller à la plage, c’est trop dégaine = Aller, à la plage, c’est trop bien.
Mot marseillais qui signifie personne. Exemple : Y’a dégun ici fada ! (Il n’y a personne ici !) Du latin nec unus via le bas-latin negus, le roman degun puis l’occitan degun. L’étymon latin donne ninguno en espagnol, nessuno en italien, ningú en catalan, ninguém en portugais, etc. Le changement du /n-/ en /d-/ a lieu par dissimilation en occitan et en léonais, et s’observe en vieil espagnol probablement sous l’influence des prépositions ou négations nen nengun, sin nengun.
Demander de quelqu’un c’est demander des nouvelles de quelqu’un.
Déparler a plusieurs significations qui se sont superposées avec les âges :
Du provençal destrucioun = destruction. Un destrussi c’est un destructeur qui casse tout ce qu’il touche, souvent les enfants héritent de ce sobriquet, mais aussi les maris bricoleurs.
Dans les régions du Nord, détroncher signifie dévisager regarder quelqu’un avec insistance, à Marseille on le réserve plutôt à une ivresse carabinée. Exemple : Hier soir j’étais en boîte, je me suis détronché.
Voici une liste de diminutifs de prénoms couramment employés à Marseille ou en Provence. Véritable institution autrefois, ces diminutifs tendent à disparaître en même temps que les prénoms auxquels ils se rattachent, de plus l’habitude de donner des diminutifs pour les prénoms d’aujourd’hui est, elle aussi, tombée en désuétude. L’orthographe est purement phonétique. Généralement, l’usage marseillais forme les diminutifs soit par ajout d’un suffixe (Gastounet pour Gaston), soit par aphérèse (Zè pour Joseph), quelquefois en combinant les deux procédés (Tonin pour Antoine).
Les Marseillais ont donné une signification supplémentaire à ce mot, ils l’utilisent pour appeler ou nommer. Marcel Pagnol dans La Gloire de mon père : …des fois on lui dit le Taoumè et des fois on lui dit Le Tubé…
Une dormiasse c’est un gros mais vraiment gros, gros dormeur. Au figuré, s’emploie aussi pour quelqu’un qui n’est pas trop à ce qu’il fait.
Expression tombée en désuétude, c’est un avertissement, que par exemple les mères donnaient à leurs enfants trop turbulents et qui signifie fais attention de ne pas tomber, expression typiquement provençale que les Marseillais ont accommodée à bien des sauces : Doucement comme tu me parles !, Doucement de me menacer !, Doucement de me toucher !
Voilà encore une expression qui faisait rugir autrefois les tenants du beau langage, qui la considéraient comme un provençalisme[6] et un barbarisme. Ils lui préféraient échauder, mais l’usage en a décidé autrement, puisque s’ébouillanter est passé dans la langue française pour signifier se brûler avec de l’eau ou de l’huile bouillante.
Sentir mauvais comme partout en France mais aussi maudire porter la poisse. Quand on perd au jeu on s’écrit : Je suis emboucané ! (maudit). S’emboucaner avec quelqu’un signifie aussi se prendre la tête, s’engueuler avec cette personne. Emboucaner quelqu’un peut signifier rouler une personne en l’embobinant avec des paroles, ou réussir à persuader une personne en lui faisant adopter son propre point de vue.
Du provençal emboulígo qui désigne le nombril. En parler marseillais, l’embouligue c’est le ventre en général, bien qu’on ne l’utilise plus que dans l’expression je vais me l’empéguer sur l’embouligue, qu’on peut traduire par : je vais me le coller sur les bras, ou sur le dos. Toutefois si la phrase s’adresse à un tiers, le sens est sensiblement différent : tu peux te l’empéguer sur l’embouligue se traduit plutôt par tu peux te le mettre dans le cul.
Du provençal embraiar = culotter. Le contraire de débraillé. Embrailler n’est semble-t-il utilisé qu’en Provence et à Marseille, pour dire se rhabiller ou arranger ses effets. On dit même de quelqu’un qui est mal habillé, sans goût, qu’il est mal embraillé.
Du provençal s’embroncar= trébucher. Heurter quelque chose du pied, se prendre les pieds dans un tapis, le bord du trottoir. Par extension, heurter quelque chose en général.
Du provençal masqueto = une petite sorcière qui rôde la nuit. Être emmasqué, c’est être ensorcelé par un génie malfaisant qui s’acharne sur soi quoi qu’on fasse, et s’emploie le plus souvent lors de parties de cartes ou de boules qu’on arrive pas à gagner. Les problèmes répétitifs de voitures peuvent amener au même constat.
Du provençal empaffa = se gorger, s’enfler d’orgueil. Un empaffé est un personnage particulièrement répugnant, d’ailleurs cette injure pour un Marseillais est gravissime, c’est un personnage qui cumule les défauts les plus vils : vaniteux, mesquin, fourbe, traître... la liste est longue. Quelquefois il les a tous, souvent il en a plusieurs.
Du provençal empégar qui signifie engluer, engourdir, attraper, escroquer ou se saouler et même appliquer une gifle. À Marseille on lui a ajouté l’acception verbaliser : je me suis fait empéguer par ce condé = je me suis fait verbaliser par cet agent, et celle d'emboutir : je lui ai empégué sa voiture.
Du provençal s’encana = s’obstiner, s’entêter de façon rageuse, mais aussi se mettre en colère de façon virulente contre quelqu’un ou quelque chose.
Selon Mistral, ce mot signifie s’affoler ou rendre fou dans le langage provençal. À l’origine c’était les esprits malins ou les fées qui rendaient fous (enfader' a la même origine que fada), de nos jours on s’enfade avec un automobiliste ou le voisin de palier lorsqu’on se dispute violemment avec lui.
Expression encore très usitée de nos jours, elle vient du provençal s’encapo que = il arrive que ou coumo aco s’encapo = ça tombe bien. Se disait autrefois lorsqu’un évènement qu’on désirait arrivait au bon moment comme par enchantement. Exemple : Je venais juste de rater le bus et comme j’étais sur le trottoir, j’ai encapé un ami qui m’a pris en voiture.
Du provençal encatana = enrager de dépit,trépigner. L’encatané ! est un cri de rage que l’on pousse lorsque le sort s’acharne sur soi comme une malédiction, l’équivalent moderne serait Oh la rage ! Exemple : Oh l’encatané ! Chez moi plus rien ne marche = Oh les boules ! Chez moi plus rien ne fonctionne.
Du provençal encrasouïre qui signifie encrasser mais aussi épaissir, empâter. Les Marseillais ont étendu le sens à exagérer, abuser, en rajouter et même quelquefois jeter de l’huile sur le feu.
Ces deux mots anciens désignent la même maladie, la chaude-pisse, que les Italiens appelaient eux le mal français. Le mot enganis vient du provençal engano qui désigne la tromperie et la fourberie dans les relations amoureuses. L’expression attraper l’enganis et le mal milanais revient à dire attraper la peste et le choléra, lorsqu’on mange, boit ou touche une chose avariée, ou lorsqu’on se baigne dans des endroits douteux.
Du provençal gambi qui signifie tordu, boiteux, de travers. À Marseille un engambi désigne un problème quelconque, un coup tordu, un sac de nœuds, un coup-fourré, lorsqu’il y a anguille sous roche. Exemple : N’y va pas, je sens un engambi.
De l’italien incazzarsi = s’énerver, s’emporter, insister. Équivalent de se prendre la tête ou bien énerver les autres. Exemple : T’engatse pas, on va te le retrouver ton portable !
Une engatse est une querelle, un différend, une prise de tête.
Du provençal rago, terme de marine qui signifie usé par frottement, lorsque les cordages frottent sur une surface quelconque et se meuvent difficilement. De nos jours enraguer est surtout utilisé par les pêcheurs lorsque la ligne s’est prise dans les algues ou est coincée par les rochers. On l’utilise aussi lorsqu’on est pris dans une situation inextricable dont on a du mal à se sortir, synonyme d'empêtré. L’automobiliste enfoncé dans le sable qui utilise la marche arrière puis la marche avant sans succès est une bonne illustration d’enragué. Exemple : Je me suis enragué dans un engambi (voir ce mot) = Je suis empêtré dans un sac de nœuds.
Du provençal ensuca = endormi, étourdi. Un ensuqué est donc un étourdi mais qu’on ne s’y trompe pas ! À Marseille ce mot est fortement connoté, si bien que dans la bouche de quelqu’un ordinairement poli, ce mot devient une injure grave (voir les Euphémismes marseillais plus bas), surtout s’il s’adresse à quelqu’un qui a une certaine prestance ou qui représente une autorité quelconque. On a vu des gens se fâcher tout rouge suite à cette insulte alors qu’ils ne réagissaient pas à des épithètes beaucoup plus grossiers.
Envoyer balader, envoyer au diable. Exemple : Je me suis engatsé, j’ai tout envoyé en cul.
De l’italien sbagliare = se tromper. Exemple : Je me suis esbaillé = Je me suis trompé.
Du provençal escana = étrangler, étouffer, qui a donné escanadou = coupe-gorge, endroit mal famé où on fait payer un prix exorbitant. De nos jours signifie voler et surtout voler par ruse, escroquer.
De l’occitan escagassar = abîmer, écraser. Au sens propre, escagasser signifie esquinter quelque chose, et au sens figuré, démoraliser quelqu’un. Exemple : Arrête avec tes histoires, tu m’escagasses !
Du provençal escoula = vidé, tari, mis à sec. Si quelqu’un cherche une place à l’ombre en été pour faire une sieste réparatrice, on pourra l’entendre dire : Ô Bonne Mère, je suis tout escouladé de ce cagnard! (voir ce mot) = Ô Sainte Vierge, ce soleil me tue !
On le dit aussi de quelqu’un qui est sous le coup d’une grosse émotion, commotionné. Exemple : Peuchère (voir ce mot) ! Il a pris une estoumagade (voir ce mot), il est tout escouladé !
Du provençal esquiche = écrase et anchois. Synonyme de pauvre bougre, c’est un sobriquet qui s’applique à quelqu’un vraiment pauvre qui écrase longuement un (et un seul) anchois sur son pain pour l’étaler sur toute la longueur. On l’employe aussi pour désigner les avaricieux qui se privent de nourriture pour économiser.
Du provençal esquiche = écrase et du français merde. Traduction provençale de l’expression populaire française écrase-merde pour désigner des chaussures de pointure imposante, de forme grotesque ou mal conçues. Équivalent français : grolles, pompes, tatanes.
Nom marseillais de l' araignée de mer. On appelle esquinade les gens osseux aux articulations saillantes.
Du provençal estanca, qui signifie en provençal arrêter, mais qui à Marseille a pris le sens d’arnaquer.
Plat ou aliment dur à mâcher ou difficile à avaler : Ce gâteau il est estouffe belle-mère ! = Ce gâteau est sec !, Quel estouffe-gari ce sandwich !
Une estoumagade est une grosse frayeur, qui noue l’estomac.
De l’occitan estorbir (variante : estorbar) « assommer », depuis le verbe latin exturbare.
Désigne un non-Marseillais. La limite de Marseillais/non-Marseillais est définie géographiquement, celle-ci s’arrêtant aux alentours de Marseille. Un habitant d’Aubagne n’est pas un "estranger", un Aixois en est un... Dans le temps, l’étranger hors frontières nationales était "l’estranger du dehors"
En provençal, una estrassa est un morceau de tissu estrassat (déchiré), une vieille pièce de tissu. Utilisé pour désigner un objet ou une personne en piteux état : Regarde moi cette estrasse, il a tellement bu qu’il tient plus debout. Également utilisé pour désigner le chiffon de nettoyage : Tu passes l’estrasse ? S’estrasser la flaquine, du provençal chiffoner sa veste, signifie se tordre de rire.
Mot provençal pour étron. À Marseille désigne un petit morveux, un pèse-peu, un nabot.
Comme il est dit un peu plus loin, la faconde méditerranéenne cache souvent une grande pudeur et c’est précisément dans les moments de colère que se manifeste le plus cette pudeur. Les jurons sont la forme la plus explicite de la colère et pourtant on retrouve, dans bon nombre de jurons marseillais et dans la façon de construire ces jurons, l’aveu même de cette pudeur. Cette façon de procéder remonte au Moyen Âge, où on transformait le juron par Dieu ! en parbleu ! pour éviter le blasphème ; idem pour palsambleu et morbleu ou, plus tard, Scrogneugneu !.
Beaucoup de non-Marseillais (en tous cas en France métropolitaine) ont entendu l’expression Fant de chichourle ! (qui laisse les étymologistes perplexes), construite à partir de enfant, qui s’écrit en provençal comme en français, et abrégée en fant ou fan. En toute logique, ce mot devrait être suivi de putain pour faire enfant de putain mais, apparemment, cette image choquait même les utilisateurs, qui ont décidé de l’adoucir, en remplaçant putain par chichourle, qui est le nom provençal du jujube, ce qui est déjà plus amusant et moins vexatoire. À noter toutefois que chichourle, en provençal, est aussi le surnom des femmes de mauvaise vie ou des hommes acariâtres, des gueules d’empeignes. Fan de chichourle apparaît donc comme une façon de s’excuser d’être en colère en faisant rire son interlocuteur. À l’évidence, ce système a dû plaire, puisqu’il est passé à la postérité et qu’il a fait des émules : on entend encore aujourd’hui Fan de pétard ou Fan des pieds. Cette façon de faire s’est érigée en système d’auto-dérision qui s’est appliqué à d’autres jurons : ainsi, l’énorme blasphème Putain de la Bonne-Mère ! est transformé en Putain de la Bonne-Manière ! par des blasphémateurs repentants ; dans la foulée, et dans le même état d’esprit, ont été créés Putain d’Adèle et Putain de la Caroline.
On trouvera, un peu plus loin, l’expression fatche de ! à partir de l’expression italienne Alla faccia de...! qu’on traduit, par équivalence, par Merde alors !. En italien, la phrase n’est pas terminée, pour éviter la grossièreté ; à Marseille, on n’a pas hésité à la terminer par Fatche de con ! d’abord, puis par Fatche de carton !, pour finir par des onomatopées (Fatche de bouuuh ! ou Fatche de puuhh !). Ce rapide survol pour informer le lecteur que lorsqu’on entend une phrase vraiment incompréhensible à Marseille il y a de grandes chances pour que ce soit une injure... surtout si elle provoque l’hilarité chez la victime.
Un mot d’origine inconnue, certainement du latin fatum = le destin , qui est employé lorsqu’un coup du sort survient.
Heureux. Ex: Je me suis fadé le tiercé dans l’ordre pour j’ai gagné au tiercé.
Ou malheureux. Ex: J’ai rencontré cette viole (voir ce mot) de Raymond, j’ai été obligé de me le fader toute l’après-midi c’est-à-dire le supporter comme une fatalité.
De l’italien vaffanculo qui préconise à son interlocuteur d’aller se faire sodomiser, en devenant marseillaise l’expression s’est quelque peu adoucie et délitée, elle n’est plus utilisée que dans le sens j’en ai rien à foutre ou lorsqu’on veut éviter de la dire en français. On appelle fangoule quelqu’un de particulièrement désinvolte que rien ne touche, sans souci, peut-être pour des raisons de quotient intellectuel.
Certainement une récupération marseillaise d’une ancienne expression en usage au jeu de billard baiser le cul de la vieille lorsqu’un joueur ne marque pas un seul point [7], issue elle-même d’une moquerie du Moyen Âge lorsqu’un combattant était battu à plate-couture d’où, peut être, l’expression française du langage populaire prendre une déculottée pour évoquer une défaite sévère.
La légende marseillaise raconte qu’à la fin des années 1930 dans le quartier de la Belle de mai à Marseille, une femme prénommée Françoise (diminutif Fanny) n’avait plus toute sa tête et montrait ses fesses aux passants dans ses moments de « crises ». Des joueurs de boules facétieux ont alors décidé que ceux qui perdraient la partie sans marquer un seul point auraient pour gage de déposer un baiser sur les fesses de Fanny, cette tradition s’est étendue à tout Marseille, si bien qu’on pouvait voir dans chaque quartier au moins un bar qui exhibait, soit une statue, soit une caricature de femme les fesses nues que les perdants devaient embrasser. L’expression baiser Fanny est restée et s’est même étendue à tous les jeux où on perd sans avoir marqué un point.
D’autres sources comme le fabricant de boules La Boule Bleue affirment que cette jeune femme serait originaire de Savoie où elle était serveuse dans un café.
Prononcer Qué fass, se traduit par Qu’est ce que tu fais ? mais s’utilise au sens de Comment vas tu ? ou Qu’est ce que tu deviens ? lors d’une rencontre. Ex:Adieu Raymond, alors qué fas ?
Voilà une interjection marseillaise qu’on entend dès les premières minutes où on arrive à Marseille, si ce n’est avant même d’arriver, dans le train ou l’avion. On peut l’entendre seule ou agrémentée d’autres termes qui ne sont là que par la fantaisie du locuteur, elle sert à exprimer toute la gamme des émotions méditerranéennes et il serait vain de lui chercher une signification précise, seul le sens de la phrase entière permettra de comprendre.
Quant à son origine il faut la chercher dans le fait que, sur le littoral de Marseille s’est développé, comme dans tous les ports de la Méditerranée, un langage commun que les linguistes désignent sous le nom de Lingua franca, une langue véhiculaire faite de mots de différentes nationalités, qui permettait aux marins de la Méditerranée de se comprendre pour travailler ensemble. L’origine de l’expression marseillaise fatche de… ou fatche vient certainement d’une expression populaire italienne, Alla faccia de , qu’on peut comprendre par Merde alors ! ou Nom d’un chien ![8].
À Marseille on n’est jamais malade...on est fatigué. Lorsque quelqu’un est mort on dit Bê... il était bien fatigué (très malade).
Encore un mélange entre le provençal fadoule = idiot, grand fou et l'italien fagiolo= haricots mais aussi débutant, le bleu, à Marseille on s’en sert comme d’un sobriquet amical à l’endroit de quelqu’un qui, de manière permanente ou occasionnelle, a commis des bêtises légères (ou considérées comme telles) ou tenu des propos vraiment farfelus. On lui attribue le plus souvent le genre féminin…
- Tu es retourné avec cette femme ?, tu es une vraie fazzoule !
...ou comme un sobriquet
-Ô fazzoule! mais qu’est ce qui t’a pris de faire ça ?.
Mot provençal. Un fion c’est une vanne acerbe, une plaisanterie désobligeante, une allusion déplacée. Il peut aussi avoir pour signification "l’anus".
Le fignedé c’est le cul, le derche.
Ex: On s’est fait sortir à grands coups de pied dans le fignedé .
Quelqu’un qui n’a pas de figure est quelqu’un qui n’a pas de parole, pas d’honneur. Perdre la figure être mort de honte.
A Marseille, se filer signifie se bagarrer. Par extension, une filade est une bagarre. L’introduction de la chanson d’IAM, Je danse le Mia commence d’ailleurs ainsi : "Viens avec moi, on va se filer".
Expression indéterminée. Terminer une tâche. J' ai fini campagne: j' ai terminé travail.
Pastis (boisson anisée). Du mot anglais fly, avec la prononciation locale. On signale aussi que ce terme serait une déformation du mot "flan" qui désigne également un pastis chargé. Ce mot est utilisé dans l’expression "One again a fly", qui, à part de sonner bien anglo-saxon, ne veut pas dire grand-chose.
Une pathologie typique de la "médecine" populaire marseillaise, que les médecins pourraient décrire comme une hypertension paroxystique associant un érythème facial géant avec des tremblements spasmodiques de tout le corps, les symptômes faisant évoquer une Maladie de Bouveret. Cet état survenant en général à la faveur d’une forte commotion, mais que le lecteur se rassure, les éminents médecins sont tous d’accord, cet état ne dure pas (quoique) et ne présente aucun caractère de gravité, on s’en remet en général très bien.
Ex: Ce fada de Marcel ! quand il a reçu la facture il lui est venu les fonfonis qu’on a été obligé d’appeler les pompiers pour l’amener aux urgences !.
Notez qu’on peut aussi se faire venir les fonfonis lors d’une grosse colère ou d’un emportement, ce qui évidemment n’arrive que très rarement à Marseille, on peut enfin vous les faire venir quand on vous contrarie lors d’une discussion ou vous étiez en train d’expliquer calmement les derniers résultats de l'Olympique de Marseille.
En général, à Marseille, lorsqu’on est très en colère après quelqu’un et qu’on se dispute avec lui on utilise l’expression s’enfader (voir ce mot) avec cette personne, mais dans une situation où ça tourne vraiment mal et qu’on est prêt aux pires exactions on utilise la traduction française faire le fou. Ex: S’il touche à ma minotte alors là je fais le fou ! = S’il touche à ma fille (à ma petite) alors là je le tue !
Les fiòlis à Marseille, sont les enfants de bonne famille, désignés ainsi de manière péjorative. De l’italien figlioli, de même sens.
Ce mot basé sur l'onomatopée du papier qu’on froisse signifie froisser, du papier ou du tissu. Ex : Il a frifoté le papier avant de le mettre à la poubelle ou Ta veste est toute frifotée dans le dos .
Frit Confit signifie être ivre, avoir trop bu. Ex: Ô Fada! je suis frit confit = oh lala! j’ai vraiment trop bu.
Est un terme vieilli qui signifie flirter, autrefois on allait au bal pour frotter, les frotadous les (jeunes) gens qui s’embrassent en permanence.
Mot tombé en désuétude s’utilisait pour draguer les filles ou pour flirter.Avoir de la fure = Avoir du charme, avoir du succès, plaire. Signifie aujourd’hui plutôt embrasser quelqu’un avec la langue.
En provençal, le gabian est le Goéland leucophée. Le gros gabian est le puffin ou pétrel cendré. Son nom vient de gabié = la cage, qui a donné gabier en français, mot employé dans toute la marine pour désigner la plateforme en haut du grand mât sur les voiliers d’où on surveillait l’horizon et sur laquelle se perchaient ces oiseaux. À Marseille on appelait gabians les douaniers qui gardaient le bord de mer autrefois. On appelle aussi gabian un goinfre. Les marins ont une expression, Triste comme un gabian sur la panne.
Ce mot a une ancienne origine néerlandaise wasschen qui signifiait détremper; les italiens l’auraient récupéré et transformé en guazzo qui désigne un terrain détrempé; il serait arrivé enfin en Provence où on le prononce gacha et où il signifie nettoyer le poisson mais aussi le mortier et par extension salier, "en mettre partout". Sur les anciens chantiers marseillais où l’activité était importante, on embauchait des journaliers y compris des artisans déchus uniquement à ces tâches si simples, que même des ouvriers non qualifiés pouvaient les accomplir, pour faire une gache en échange d’un salaire médiocre.
De travail mal payé, le terme est devenu synonyme de travail mal fait surtout après la seconde guerre mondiale, celle ci ayant amorcé le déclin commercial de la ville. Avec le developpement du système des charges sociales, surgit le phénomène du travail au noir. "Travailler à la gacha empèga" devient un expression au double sens dont les marseillais ont le secret: le travail non déclaré se voit sanctionné d'amende (se faire "empéguer") et dans le même temps le travail fait par des gens dont ce n’était pas le métier, étant potentiellement de mauvaise qualité, le mot gâcher est devenu synonyme de travail mal fait, qu'il faut payer deux fois puisqu'il est à refaire et (faisant) perdre de l'argent (tant à l'ouvrier, sanctionné voire renvoyé qu'à l'employeur obligé de faire réitérer la tâche). En devenant français le mot a pris un accent circonflexe sur le A pour rappeler ses origines nordiques.
La gale est une maladie de la peau causée par un acarien le sarcopte qui creuse des galeries sous la peau pour y pondre ses œufs. Toute cette activité cause des démangeaisons épouvantables chez les pauvres gens qui sont touchés par cette maladie. Pour les gens qu’ils ont en aversion les Marseillais ont inventé un supplice, c’est d’attraper la gale et en même temps d’avoir des bras très courts ce qui leur interdirait de se gratter, on fait difficilement plus ignoble. Ex: Après ce qu’il m’a fait je voudrais qu’il lui vienne la gale et les bras court !
Du provençal gamato qui désigne l’auge du maçon, par extension on appelle gamate la gamelle du chien (ou du soldat)puis les boîtes de conserves et pots de peintures usagés enfin la vaisselle de quelqu’un peu soigneux mais au pluriel.Après toutes ces pérégrinations ce terme désigne aujourd’hui tous les objets métalliques hors d’usages ou en très mauvais état, voitures, avions, bateaux même les montres quelquefois. La gamate est également l’ustensile favori du maçon marseillais qui doit gâcher du plâtre.
Du provençal gambo qui signifie jambe et dont le diminutif est gambetto. Faire une gambette c’est faire un croc-en-jambe.
Du provençal ganta = Saisir.Le gantchou, à l’époque où les dockers, les livreurs portaient les sacs de farine, de blé ou de charbon sur le dos, était un gros crochet de fer très acéré et muni d’une poignée perpendiculaire, qu’on plantait dans la gorge du sac pour le saisir et le soulever, le gantchou était porté en permanence dans la large ceinture de flanelle que les travailleurs de force enroulaient autour de la taille pour protéger les vertèbres lombaires qu’on appelait taïolle, il servait souvent d’arme en cas de bagarre ou d’agression.De nos jour on appelle gantchou toutes sortes de crochets y compris ceux formés par les dents des instruments de jardinage, mais son utilisation la plus fréquente sert à désigner un couteau, en général de forte taille.Ex: Il lui a mis le gantchou sous la gorge. Sur un bateau, on utilise ce terme pour désigner la gaffe.
Du provençal Garri = Rat.Très utilisé à Marseille pour désigner évidemment le rat mais aussi tous les rongeurs et animaux de petite taille ou les petits animaux qu’on ne peut nommer parce qu’on ne les a pas bien vus, ou qu’on ne les connait pas.
C’est aussi un nom affectueux qu’on donne aux enfants et aux personnes qu’on aime bien.Par extension on utilise ce terme par condescendance lorsqu’on veut rabaisser quelqu’un.Ex:Ô garri, ton costard tu l’as acheté comptant ou tu payes que le ticket modérateur ?
De gache = tremper le mortier et empègue = Coller...le mortier sur le mur. Un gatchempègue est quelqu’un qui est collant. " qu'il est gatchempègue ce minot "
Ou qui se contente de faire le minimum lorsqu’il travaille sans aucun soin ni finesse, il travaille comme un salaud.
Un gaté signifie un calin. Ex : Viens faire un gaté à tonton Christian.
Prononcer gaoude.Du provençal gautos = les bajoues, qui ont tendance à gonfler sous l’effet de la contraction de la mâchoire lors des effort violents qu’on fait en raison d’une grosse colère ou de l’énervement. On peut aisément remplacer ce mot par le terme français glandes comme dans l’expression familière j’ai les glandes.Ex: Dès qu’il ouvre la bouche il me fait venir (voir ce mot) les gaudes = Dès qu’il parle il me fait choper les glandes.
Dicton marseillais équivalent à Où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir.
Couvert chaudement, c’est-à-dire emmitouflé dans plusieurs couches de vêtements de la tête aux pieds de manière à ne vraiment pas craindre le froid.Il s’agit d’une allusion au Saint Georges de la légende qui aurait terrassé, bien à l’abri dans son armure étincelante, un dragon à qui on aurait livré une vierge.
Expression méprisante pour désigner les gens qui ne vivent que pour l’apparence et le tape-à-l’œil sans en avoir les moyens ou en dépassant largement leurs possibilités ce qui les pousse à se priver de l’essentiel pour se procurer le superflu.
Dicton qui laisse entendre que les gens gentils n’ont qu’un œil au milieu du front, ce dont on peut déduire qu’ils ne sont pas nombreux, mais c’est parce que cette répartie s’emploie seulement lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est gentil alors qu’en réalité c’est un hypocrite.
Autre explication : « Gentil n'a qu'un œil » car il a donné l'autre, donc il est trop gentil.
Du provençal gisclet = un petit filet d’eau. Un gisclet c’est quelqu’un qui est chétif et malingre.
Du latin gobio = le goujon ou du gaulois *gobbo- = le bec, la bouche. Le gobi est un nom générique qu’on donne, en provençal à plusieurs petits poissons gloutons, de rivière ou de mer, de type goujon. Faire le gobi c’est attendre la bouche ouverte comme les bébés, par exemple, qui attendent qu’on leur donne la becquée mais on l’emploie aussi pour les plus grands lorsqu’il reste bouche bée à cause de la stupéfaction, du rhume.... ou des problèmes de quotient intellectuel. Un gobi c’est aussi quelqu’un qui croit tout ce qu’on lui raconte.
Dicton marseillais qu’on entend encore très souvent même chez les plus jeunes, la prononciation donne à penser qu’on est, une fois de plus, en présence d’un mélange entre provençal et italien.Un goÏ en provençal c’est un boiteux, embroï vient aussi du provençal embrouï ou de l’italien imbroglio et signifie embrouille on traduit donc ce dicton par:Où il y a des boiteux, il y a des embrouilles.On peut alors se demander pourquoi les boiteux subiraient l’avanie d’être accusés formellement de provoquer des embrouilles, c’est parce qu’en fait ce n’est pas l’interlocuteur qui est boiteux mais son discours ou son raisonnement qui semble douteux et n’apparait pas clairement dans son propos, ce dont on peut conclure qu’il est destiné à nous embrouiller.
Surnom méchant qu’on donnait autrefois aux habitants des Alpes. Le manque d’iode dans la nourriture et même dans l’air, dans cette région, occasionnait souvent une maladie terrible le Crétinisme qui a donné le nom crétin des Alpes. Cette maladie outre un retard mental important et des problèmes physiques graves présentait un Goitre caractéristique. Ce mot a disparu du langage même vulgaire et c’est tant mieux.
S’emploie généralement à la place de gonflé. J’ai les pieds gonfle , J’ai le ventre gonfle . Mais s’emploie aussi pour évoquer l’état d’esprit de quelqu’un en proie à une grosse émotion qui a du mal à s’exprimer, ce qui fait monter la pression. Ex: Le petit est gonfle = Le petit a un gros chagrin ou encore Le Cissou, ça fait un moment qu’il est gonfle = Le Cissou ça fait un moment qu’il en a marre, dans ce cas c’est l’habitude et la pratique qui font comprendre le sens de la phrase.
Un gonfle-bouffigue est quelqu’un de particulièrement ennuyeux au sens fort du terme, et ce quel que soit son comportement, ce qui amène l’entourage à pousser de gros soupirs, à noter que l’expression est constituée par le mot français gonfle et le mot provençal bouffigue qui signifie souffle ou dégonfle.
Tu me gonfles = tu me saoules, ou tu me fatigues.
Graffigner = Griffer ou égratigner, le visage par exemple.
Du provençal grato-simello = gratte-semelles qui désigne les petits cailloux acérés qu’on trouve dans les chemins de campagne mais aussi les endroits rocailleux.Le graton c’est le petit gravier qui vient se loger dans la chaussure et qui empêche de marcher ou pire celui qui vient arrêter la boule qui filait vers le bouchon pour marquer un point magnifique.
Du provençal grùpi = Un gros mangeur. Les Marseillais l’utilisent dans la formule Aller à la grupi qu’on peut rapprocher de la formule française Aller à la soupe. Se dit des gens qui se précipitent lorsqu’il y a quelque chose à gagner (à gratter). On appelle grupis les gens qui se comportent de cette manière.
Du provençal quichet = targette. À Marseille ne désigne pas la petite lucarne qui permet de voir qui est à la porte ni le bureau auquel on s’adresse dans une administration (poste, SNCF, etc.) mais le verrou. Ex:Met le guichet à la porte = Tire le verrou
Faire le guintchou c’est surveiller, en général pour prévenir des complices qui sont en train de faire un coup.Probablement une collusion de deux termes provençaux guincha = Lorgner, guigner, loucher et gacho = Sentinelle .
Les seigneurs de Les Baux-de-Provence prétendaient descendre du roi mage Balthazar leur devise était Au hasard Balthazar ! en provençal A l’asard Bautezar! ! qui signifiait le sort est jeté Balthazar en effet partir au hasard avait le sens, à l’époque, de prendre tous les risques. La rime comique a permis à cette phrase de durer jusqu’à nos jours, on l’emploie lorsqu’on se lance dans une aventure dont on ne connait pas les conséquences. Lors d’une partie de cartes il n’est pas rare de l’entendre lorsqu’on fait un jeté de carte un peu risqué, ce qui permet de tricher un peu en signifiant à son partenaire que le coup n’est pas sur.
Synonyme de fiòli ou de paillot (voir par ailleurs). Il peut également avoir le sens de bon à rien dans l’expression "prendre quelqu’un pour un jambon".
Le jaune c’est la boisson marseillaise par excellence le pastis. Certains prétendent même que quelquefois il tire sur le beige mais uniquement dans les soirées privées.
Du provençal jobi = jobard, battre lou jobi = battre la campagne. Un jobastre ou un jobi au choix, c’est un fou et même un fou furieux en tous cas quelqu’un d’ingérable.
De langasto nom provençal de la tique qui vit sur le dos des animaux pour leur sucer le sang, on l’emploie pour désigner les gens qui vivent aux crochets des autres, ou qui par leur fonction demandent de l’argent, comme le percepteur par exemple, synonyme de vampire.
Mot venu d’on ne sait où employé dans le langage courant comme synonyme d’affaire.Ex: Bonne (mauvaise)limonade! = Bonne (mauvaise)affaire ! ou bien C’est pas la même limonade = C’est pas même affaire,(la même histoire,la même chose).
Constamment, en permanence:Ex: De longue il me demande des sous!. Reprise exacte du provençal De longo, de même sens.
À partir du verbe français louper= rater, ne pas exécuter correctement. Faire un loup c’est faire un loupé ou un manquement à une règle quelconque, c’est dans ce dernier sens qu’on l’emploie le plus souvent de nos jours.Ex: Tu m’as fait un loup, là, minot (voir ce mot) ! = Tu n’as pas été correct avec moi, là, petit!. Au jeu de pétanque aussi, lorsque le tireur rate la boule qu’il visait.
Du provençal enlucar, enlucado= avoir les yeux pochés. Se dit de quelqu’un qui ne voit pas ce qui est sous ses yeux.Ex: Tu es lucre ? tu n’as pas vu mon clignotant ?.
Mac' est l’abréviation de maquereau qui, dans l'argot courant, est un proxénète, un souteneur. Dans l’argot marseillais faire le mac' c’est fanfaronner mais de façon vraiment outrancière et surtout pour des raisons futiles et ridicules, par exemple exhiber des bijoux de pacotilles, conduire une belle voiture mais de location ou qui a été prêtée, arborer un costume de prêt-à-porter ou pire jouer les durs avec les plus faibles. Mais le plus souvent on fait le mac' par auto-dérision pour se moquer d’un adversaire qu’on a battu à grand peine, ou de quelqu’un qui se retrouve dans une situation inconfortable alors qu’on s’en est sorti soi-même de justesse. À noter que ce sont plutôt les hommes qui font les macs. Depuis quelques années on a inventé un sobriquet loufoque vaguement italianisant, le Facciomaco ou fachomaco si on préfère le français, qu’on peut traduire très librement par je fais le mac, un fachomaco c’est donc quelqu’un...qui fait le mac mais à un point tel qu’il en a gagné officiellement le titre.
Difficile de donner une définition précise de cet état mental particulier, les plus grands savants y ont renoncé, certains parlent d'hystérie gravissime, d’autres encore proposent un état transitoire de schizophrénie pseudonévrotique bref c’est un état de frénésie théâtrale qui s’empare de vous lorsque vous êtes en proie à cette agitation particulière consécutive à un traumatisme mental suite à une nouvelle qui vous a bouleversé et qui fait penser à l’agitation des singes dans les cages au zoo.
Ex: Le pôvre Raymond quand il a appris que sa fille voulait se marier avec un homme qui a trente ans de plus qu’elle, il lui a pris le mal des macaques .
Aucune inquiétude, tous ceux qui l’ont eu, et ils sont nombreux à Marseille, ont survécu.
Ou Macary. L’écrivain André Remacle affirme que Macari était le nom du propriétaire d’un grand restaurant du côté de Sausset-les-Pins, réputé pour la qualité de son service ou tout respirait le luxe et où se pressait tout le beau monde marseillais. L’expression faire Macari s’emploie au sens premier, à savoir, imiter Macari lors d’une réception ou d’un diner mais aussi au sens ironique lors d’un repas un peu chiche, s’étend aussi à tous les travaux qu’on fait avec plus ou moins de talent et d’efforts.
Terme et expression d’origine mystérieuse, lorsqu’on dit je me suis levé le maffre ça signifie qu’on s’est épuisé qu’on a travaillé dur, l’équivalent de je me suis crevé la paillasse ou de je me suis cassé le cul en langage populaire.
A Marseille, l’expression ma foi est une interjection très répandue dont le sens diffère complètement suivant qu’elle est prononcée de façon interrogative ou exclamative. Dans le premier cas, elle est synonyme de "C’est à voir, aucune idée", dans le second, elle est l’équivalent de "Bien entendu, évidemment"
- Tu aimes l’OM ? - Et ma foi ! (sous entendu, évidemment)
- Tu aimes l’OM ? - Ma foi ? (sous entendu, aucune idée). Nota : Dans ce cas, l’expression est fortement accentué sur le possessif initial.
Expression dérivée d’une autre expression des paysans provençaux Tenguen-tenguen qu’on peut traduire approximativement par donnant-donnant au sens strict, on ne lâche pas l’argent d’une main tant qu’on ne tient pas la marchandise de l’autre. Les enfants sont les seuls (et encore !) aujourd’hui à pratiquer le main pour main dans la cour de récréation lorsqu’ils font des échanges.
Les pauvres gauchers qu’on accable de toutes sortes de défauts imaginaires !. Quelqu’un qui a deux mains gauches est un gros maladroit.
Envoyer les mains = Prendre une affaire en charge ou s’occuper de quelque chose.Ex: Si j’envoie les mains là dedans (dans cette histoire), ça va bastonner ! (voir ce mot) = Si je m’y mets il va y avoir du grabuge !
Il y a une deuxième acception envoyer les mains pour évoquer quelqu’un qui excelle dans un métier qui n’est pas le sien, un bricoleur de haut niveau.Ex: En mécanique il envoie les mains ! = En mécanique c’est un crack ! Il touche comme on dirait aujourd’hui.
Expression imagée typique du marseillais. En gros : dépouillé, autant dire tout nu, sans rien à part ses mains vides. Expression souvent imagée d’une cueillette sauvage dans les bois.
Si Léa te dis qu’elle va à la cueillette des champignons, alors elle reviendra une main devant, une main derrière
Quand je l’ai rencontré, il avait une main devant, une main derrière. ou Après la faillite, il s’est retrouvé une main devant, une main derrière.
En marseillais être malade signifie être fou, jobard, fada. Il est malade celui-là, il veut jouer aux boules sous la pluie !
Du provençal maloun = les carreaux de sol.Les malons sont les carreaux de sol, le carrelage.
Dans tous les pays méditerranéens où le langage gestuel est tout aussi important et éloquent que le langage verbal, il y a une mimique qui est très répandue et utilisée, qui consiste pour marquer sa colère, son énervement et les efforts violents qu’on fait pour se retenir de les laisser exploser, à mordre son poing avec plus ou moins d’ardeur selon le degré d’émotion. D’où la phrase Mange ton poing et garde l’autre pour demain utilisée lorsque quelqu’un se plaint d’une situation, d’un évènement et qu’on veut lui faire savoir que malgré ses plaintes les choses vont continuer.
N’est plus guère utilisée de nos jours par les mamans qui se moquent ainsi gentiment de leurs enfants lorsqu’ils sont difficiles à table, qui râlent pour aller à l’école etc. Un facétieux a ajouté une suite pour en faire une sorte de comptine Mange ton pied et garde l’autre pour aller danser.
Manger à toute vitesse et gloutonnement avec le risque de s’étrangler, valable aussi pour boire.Ex:Pour arriver les premiers au cinéma on a été obligé de manger à l’étranglée, le repas m’est resté sur l’estomac.
Dans le langage enfantin ce sont les mains.
Prononcer mantchinn. Mantchin vient de l'italien mancino qui signifie gaucher, les Marseillais (ou les Italiens de Marseille ) l’ont assimilé abusivement à gaucherie, maladresse qui se traduisent différemment en italien. Un mantchin c’est un maladroit, cette expression était surtout employée dans les vieux quartiers de Marseille et sur le port où il y avait une forte proportion de Napolitains.
Encore une expression passée à la postérité grâce aux écrivains et journalistes qui ont séjourné à Marseille et ce malgré les accusations de solécisme des "vrais auteurs" qui essayaient d’imposer il s’en faut comme seule expression autorisée[6].
- Il s’en est manqué de peu que je sois renversé par une voiture.
Le verbe manquer a d’autres significations à Marseille.
Voilà une expression encore très utilisée mais sur laquelle nous ne nous étendrons pas, il semble qu’elle a été créée à une époque où les affaires de la ville n’allaient pas très fort et laissaient à désirer. Lorsqu’un objet quel qu’il soit ne fonctionne pas ou très mal ou fonctionne de façon aléatoire on dit Cet engin ! Il marche comme les affaires de la ville !. Tout est dit.
Dans un passé récent, à Marseille comme ailleurs toutes les femmes portaient les cheveux longs, ce qui avait pour désavantage, les jours de mistral, de leur ébouriffer la chevelure au point de les faire ressembler à des épouvantails ou à des possédées. Pour se moquer de cette allure, les Marseillais ont inventé un personnage, Marie-la-folle. Depuis lorsqu’une femme a la chevelure en désordre ou même vaguement décoiffée, on lui dit " Tu ressembles à Marie-la-folle ", il y a aussi un personnage subsidiaire, tout aussi fictif que le premier, Marthe-la-désolée qui remplit la même fonction.
Expression équivalente au français ça la fout mal, on utilise aussi son contraire ça marque bien mais plus rarement ou de façon ironique.Marque-mal est devenu un sobriquet désignant les gens qui ont une tenue négligée, qu’elle soit simplement excentrique ou carrément vulgaire, tant au plan vestimentaire que comportemental.Ex: Tu veux que je te dise ? Tu es un gros marque-mal !
Le mot provençal mourre = museau a donné l’expression faïre de mourre qui signifie faire le museau ou la gueule et plus tard le verbe mourrouneja qu’on peut traduire par le verbe français bouder transformé en marrouna qui signifie maugréer et qui a peut être donné le verbe français marmonner, par Rabelais. À Marseille Faire marroner " signifie faire enrager. Ex : Vé, ils ont perdu, donc ils marronent.
Synonyme de marseillais à 100% ou marseillais pur-jus. Le 45° étant une référence à une liqueur anisée très prisée à Marseille appelée pastis. Être né à Mazargues c’est marseillais 45° !. Jouer au foot aux Caillols c’est marseillais 45° !. Se manger 4 panisses à l’Estaque c’est marseillais 45°. Se souvenir du temps où on pêchait la clovisse aux pierres-plates c’est marseillais 45°. Etc, etc.
Du provençal Massa = Assommer et can = chien.Un massacan est à l’origne un caillou de forte taille du même genre que le ballast qui garnit les voies ferrées et qui sert aussi à rempierrer avant de couler une chape de ciment, travail qu’on réserve en général au manœuvre, à l’apprenti.A Marseille un massacan est quelqu’un qui travaille mal, qui salope le travail.
Du provençal mastrouia (ou plus spécifiquement mastreja à Marseille) qui signifie manier maladroitement ou malproprement se dit de quelqu’un peu habile et peu dégourdi, un empoté. ex : vé moi cette bande de mastres
Encore une expression qui se maintient grâce à son humour et son côté résolument surréaliste dont les Marseillais, qui méprisent la concision, sont friands. Mathusalem est un personnage biblique bien connu pour avoir vécu il y a très-très longtemps et très-très vieux. Lorsque quelqu’un ramène à la surface, des événements très anciens et oubliés, son interlocuteur, après avoir réalisé de quoi il s’agit, s’exclame Ah ! mais ça, ça remonte au temps où Mathusalem était facteur aux Aygalades ! Les Aygalades est un quartier de Marseille situé à une extrémité de la ville, pourquoi ce quartier ? Peut-être que l’inventeur de cette saillie se situait dans un quartier diamétralement opposé. Quant au facteur c’est le personnage familier et ami de tout le quartier qu’on interpelle dans la rue et qui est le sujet de toutes sortes de plaisanteries.
Mèfi est l’abréviation de méfiance !, dans le langage courant c’est une exhortation à faire attention, à prendre garde, à la surveillance.Ex: Mèfi ! à la voiture sur ta droite. = Fais attention à la voiture sur ta droite !
Ça ne te regarde pas.
C’est le surnom poétique et affectueux qu’on donne sur les rives de la Méditerranée à la Vierge Marie. A Marseille c’est devenu une interjection quasi permanente et pas toujours très pieuse, surtout dans les moments de colère ou de désespoir, toujours invoquée avec beaucoup de théatralisme : Ô Bonne Mère ! Par assimilation c’est devenu aussi le deuxième nom de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde qui surplombe le Vieux-Port de Marseille quoique les anciens Marseillais dans ce cas, préfèrent dire la Vierge de la Garde.
Se mêler d’une affaire.Ex:Si ça continue, je vais me mettre au milieu ça mettra tout le monde d’accord ! = Si ça continue je vais m’en mêler et régler le problème ! Variante plus typique : se mettre au mitan
Son contraire:Se lever du milieu = laisser tomber, se retirer des affaires, se ranger des voitures.Ex: J’en ai marre je me lève du milieu, ils se débrouilleront sans moi. De même, "se lever du mitan"...
Par on ne sait quelle contorsion sémantique dont les Marseillais ont le secret, cette bizarre injonction signifie je te parie tout ce que tu veux.
Ex:Tu me donnes un milliard que cette année on est champion d’Europe ?.
Peut-être que le parieur est tellement sûr de lui qu’il estime que ce n’est même pas la peine de parier, il vaut mieux lui donner son gain tout de suite pour aller plus vite.... Évidemment on passera sur le montant de la demande.
Vient certainement du latin minor, (us), qui désigne les personnes de moins de trente ans, ou la descendance, le minot, minote pour les filles c’est le (la) gamin(e), le(la) petit(e), on l’emploie aussi quelquefois pour évoquer la taille .
-Mon cousin François me ressemble pas, il est tout minot (tout petit).
De l'italien minchia = le pénis qui a donné minchione = couillon, remplace le con qui ponctue souvent les phrases méridionales. Interjection amicale, fourre-tout, qu’on emploie à tous propos envers un ami, mais aussi pour exprimer une forte émotion, peur, joie, stupéfaction, dans une phrase. S’écrier minchia ! à la vue d’un spectacle quelconque peut se traduire par Ô putain...! ou Ô con...! ..
Encore une tournure fautive marseillaise qui a fait son chemin, l’Académie française imposait Cette femme est bien mise, mais les Marseillais préféraient Cette femme a une mise élégante et ils ont eu raison.
Du provençal, littéralement : le milieu. A une époque, "le mitan marseillais" désignait le milieu des voyous marseillais. Expression encore entendue : "Lève toi du mitan!" (Enlève toi de là...)
L’expression exacte est il faut aller chercher Molinari . Dans la légende de la Sartine, ce bateau qui a sombré à l’entrée du port et l’a bouché, racontée un peu plus loin, on dit que personne n’arrivait à le renflouer pour dégager l’entrée du port. Comme le temps passait, les badauds s’écriaient il faut aller chercher Molinari ! Il faut aller chercher Molinari !. Molinari étant, toujours selon la légende, un modeste charpentier de marine habitant une petite ville proche, La Ciotat, qui avait la réputation d’être très habile. Celui-ci aurait demandé qu’on tue cinq mille porcs, qu’on récupère les boyaux ainsi que les vessies et qu’on les installe dans la cale de la Sartine. Ensuite au moyen de longs roseaux tous les Marseillais présents furent invités à gonfler les viscères installés dans les cales qui firent ainsi office de ballons et remontèrent le bateau à la surface. Ce brave Molinari fut évidemment grassement récompensé.
Depuis à Marseille, lorsqu’un problème apparaît insoluble, il se trouve toujours quelqu’un pour dire il faut aller chercher Molinari ...., sous une forme ou sous une autre.
Prononcer le S final. De morve = l’écoulement nasal qui a donné morvelle à Marseille. Un morvellous c’est un morveux. Un morvellous peut être aussi un champignon ,reconnaissable au mucus situé sur son chapeau .
Il y avait : un petit mot ou un billet, les Marseillais qui n’ont pas peur de la redondance ont inventé le mot de billet, Même les instituteurs réclamaient des parents un mot de billet pour excuser les absences ou les retards des élèves. Évidemment ce terme est tombé en désuétude.
Un moulinari est un moulin à paroles, un parleur intarissable mais du genre casse-pieds, qui répète les mêmes choses interminablement.
Du provençal Mouloun = un tas, un amas. Signifie au sens premier un tas en forme de pyramide qu’on utilise pour les fruits par exemple, ou des feuilles mortes; s’emploie aussi pour dire beaucoup : Il y avait un moulon de gens à l’entrée signifie Il y avait un tas de monde à l’entrée. Dans les cours de récréations marseillaises, le moulon est une bagarre générale.
Du provençal moungeto = haricot blanc. Dans le langage populaire marseillais s’utilise dans les mêmes occasions que dans le langage populaire national pour évoquer un gain sans grande valeur. Ex: J’ai travaillé pour des mounguis = J’ai travaillé pour des haricots, ou des clopinettes.
Du provençal Mouniflo = Parties génitales féminines dans le langage populaire, synonyme de foufoune.
Du provençal mouninado = Faire des grimaces, des singeries, des caprices.Exclamation à l’encontre de quelqu’un qui commence à vous gonfler(voir ce mot) par ses manières, soit par des hésitations permanentes au moment de prendre une décision, un refus obstiné sans en donner la raison, des récriminations à tous propos, des incartades. Ex: Oh ! mouni-mouni maintenant ! = Oh ! Ça commence à bien faire maintenant !
Du provençal mouscaïo = Toutes les boues, les produits décomposés qui attirent les mouches. La mouscaille c’est la merde, être dans la mouscaille = être dans la merde, la mouise.
Autre nom du Mulet (poisson) désigne le pénis dans le langage populaire marseillais.
Du provençal narru = qui a du flair.Expression du langage courant qu’on emploie par antiphrase lorsque justement on s’est trompé dans une estimation, sur la distance par exemple, au jeu de pétanque lorsque la boule va trop loin du bouchon (cochonnet), lorsque sur la route on s’est égaré ou qu’on a raté un embranchement, en bref dans toutes les situations où on a manqué de flair dans l’appréciation. Sur la même base on trouve aussi l’expression faire un narri. Autre explication : "Aï fa un arri" : j’ai fait une erreur. Un arri, est devenu un narri...
Du provençal nasc = ivresse. Quelqu’un qui est nasqué est ivre mort. Se prendre une niasque = se prendre une biture, une soulerie.
Du provençal nas = le nez. La nazole c’est le nez mais évoqué dans un but offensant ou moqueur, soit à cause de la grosseur de l’appendice ou sa difformité, soit pour impressionner un adversaire lors d’une dispute. Ex : Je vais te mettre un barjas (voir ce mot) dans la nazole.
Du provençal niflo = morve, crottes de nez et, par extension renifler
Nifles à Marseille s’emploie pour désigner des choses de peu d’importances, des rogatons : Chercher des nifles à quelqu’un signifie lui chercher des poux dans la tête mais aussi chercher des noises c’est-à-dire multiplier les griefs insignifiants pour justifier une dispute.On l’emploie aussi dans l’expression Être payé des nifles. pour Avoir un maigre salaire
En provençal le sens s’est étendu à faire la grimace, une moue de dédain à Marseille on l’a réajusté pour en faire se nifler = s’ennuyer, dans une réception, un spectacle, une conférence... ou devant la télé, à quelqu’un de particulièrement gonflant on dira: Tu me nifles.
Terme dont l’emploi se perd un peu. Vient du provençal nitoun qui signifie bambin, mioche. Mes nistons évoque la descendance en général, sans référence au sexe, dans de très rares exceptions on dit ma nistonne pour ma fille. Peut aussi s’employer au sens figuré, un entraîneur de football pourra dire les nistons pour parler des jeunes qu’il entraine parce qu’il les considère comme ses enfants.
Du provençal nervi= nerfs en l’occurrence les nerfs de bœufs tressés puis séchés pour obtenir une cravache qui devient une arme redoutable dans des mains expertes. Nervi est le surnom des voyous et souteneurs d’autrefois qui arboraient ces nerfs de bœufs tressés à la ceinture, pour faire état de leur fonction car ils étaient souvent utilisés comme homme de main pour toutes sortes de mauvais coup, saccage d’établissements commerciaux pour le compte d’un concurrent, briseurs de grèves, gardes du corps de politiciens véreux, extorsions de fonds. Ce terme est employé, encore de nos jours, dans le langage national, parce que ce genre de personnage existe toujours et partout, même s’ils ne portent plus le nerf de bœuf à la ceinture.
Faire dodo pour les enfants... mais pour les adultes aussi.
Mettre une pagaille monstre, semer une brave merde : Elle m’a foutu un de ces oaï dans mes papiers Mot venant du napolitain guaio qui a le même sens dans ce dialecte italien.
Expression marseillaise tirée de l’anglais. S’emploie pour désigner un aspect ou un comportement excentrique. Son orthographe est très largement fluctuante. Se combine parfois avec le simili anglais zguenemore ou pipoyé ("People yeah") : "Il a mis la veste à la ouanéguenne zguenemore pipoyé" signifie que quelqu’un s’est habillé de façon particulièrement ostentatoire.
Dans tous les pays autour de la Méditerranée il y a une coutume commune, amicale et même affectueuse, qui consiste à appeler l’oncle un homme un peu plus âgé que soi, même sans aucun rapport de parenté, pourvu qu’on le connaisse un tant soi peu. Il n’y a pas de règle précise pour l’emploi de cette expression mais en général on évite de l’employer envers quelqu’un qui a moins de quarante ans.
L’avoir dans l’os = L’avoir dans le baba, l’avoir dans le cul.
Expression encore très utilisée de nos jours, quelque chose qu’on a eu à ouf a été obtenu gratuitement ou en tous cas sans payer, à Marseille comme ailleurs ce qui est gratuit n’est pas forcément donné, comprenne qui peut. Il semble qu’il y ait eu au cours du temps confusion de sens entre l’expression provençale a pouffe = gratuitement et une expression arabe ahouf qui signifie a satiété ... mais la confusion à Marseille on la pratique avec un art consommé, presque une science.
L'expression vient de la locution latin "ad usum fabricae operis". Les Lettres AUFO étaient inscrites sur les pièces de construction de la cathédrale de la Major. Indiquant qu'il s'agissait de pièces de construction pour l'église permettait de s'affranchir des droits de douane. les pièces arrivaient ainsi "aoufo" qui a donné "à ouf"[9].
C’est-à-dire du cuivre ou du laiton. Une réprimande qu’on adresse aux vendeurs à la sauvette sur les marchés, ou à n’importe quel autre faussaire, qui proposent des bagues en or imité ou au mieux en plaqué or.
-Ta bague elle est en or pour faire les clairons !
Ou dans le porte-monnaie. Des gens qui hésitent à envoyer la main à la poche ou au porte-monnaie pour payer, on dit que c’est parce qu’ils ont des oursins dans les poches ou dans le porte-monnaie.
La pachole est un filet de pêche en forme de poche pour attraper les petits poissons. Dans le langage populaire ce mot désigne le vagin.
Du latin pagus qui signifie champs ou agraire, transformé en pagalen = paysan. Le pagalenti ou pacoulin est l’appellation péjorative et méprisante du paysan, dans son comportement, sa façon de s’habiller, de parler mais.... vu par les gens de la ville. La pacoule est un endroit perdu au milieu de nulle part, le bled, la zone .
Le mot provençal pagaïo a donné en français le mot pagaille qui signifie désordre, il a une deuxième signification qui n’est plus utilisée qu’à Marseille qui est paquet dont l’extension populaire a donnée par paquets.
Il y a en pagaille de touristes = Il y a des paquets ou Il y a beaucoup de touristes . Des touristes, il y en a "en pagaille" = Il y en a en grande quantité
Du provençal Paga a dégun signifie Qui ne paye personne un pagadégun est un mauvais payeur, un pique-assiette, généralement quelqu’un qui se fait payer à boire au bistro sans payer la sienne, synonyme aussi de radin.
Le pain à chanter est une expression tombée dans l’oubli parce qu’elle n’a plus de raison d’être, c’était le nom donné jusqu’au XIXe à l’hostie non encore consacrée, son nom vient peut être du fait que les religieuses le préparaient en chantant des cantiques, il est aussi fort possible que ce soit un sobriquet blasphématoire sur l’hostie elle-même.
De "parpaillot" (étymologie : du provençal "parpaillo" : "papillon" ou bien de Jean-Pierre Parpaille, chef protestant). Expression de mépris et d'intolérance datant des guerres de religion. Par extension, vise une personne supposée extérieure à Marseille, étrangère à ses mœurs, puis plus récemment une personne supposée extérieure à une communauté donnée et dont le faciès, le style vestimentaire, les manières suscitent le rejet (équivalant de "cave", "bouffon", "blanchard", "gadjo", "toubab").
Dans le langage maritime, une palanquée est l’ensemble d’une charge soulevée par un palan. Dans le parler marseillais une palanquée signifie une quantité importante quelle qu’en soit la nature.
Exemple : De l’autocar il est descendu une palanquée de touristes.
Du provençal pantaï = rêve, songe ou même cauchemar, chimère. À Marseille quelqu’un qui pantaille c’est quelqu’un qui dit des choses vraiment étranges et même inquiétantes en gros des propos de fou quelle qu’en soit la cause alcool, drogue, maladie, colère... ou l’âge souvent.
Nom familier du pastis.
Se dit lorsqu’un groupe quelconque de personnes contient beaucoup d’individus.
-Des profiteurs ? Il y en a plus que ce que le pape peut en bénir !
Expression qui signifiait, quand les mœurs étaient plus rigides, qu’un couple avait eu un enfant avant d’être marié.
Lever le parler (lever = enlever) ou Lever la parole à quelqu’un c’est ne plus lui adresser la parole, le plus souvent à cause d’une mauvaise manière.
Encore une construction étrange. Cette expression un peu fourre-tout peut être considérée comme équivalente à l’expression je dis ça, je dis rien ou Je dis ça mais c’est une façon de parler, lorsque dans une discussion on évoque comme dirait Michel Audiard, lorsqu’on cite un exemple qui n’est pas tout à fait adapté, lorsqu’on laisse échapper une allusion qui pourrait déranger. Ex:
Avec un peu d’expérience on arrive très bien à comprendre les différentes utilisation de cette expression.
Le parler gras est l’équivalent, pour l’argot marseillais, de la langue verte pour l’argot parisien.Le parler gras comme son homologue parisien use largement de grossièretés mais pas systématiquement, préférant, chaque fois que c’est possible, l'antiphrase, le synonyme ou la métonymie et surtout l’ironie, son origine méridionale préfèrera aussi les longues phrases imagées plutôt que la concision percutante.On retrouve dans le parler gras des expressions anciennes qui font curieusement penser au style du dialoguiste de cinéma Michel Audiard, comme par exemple : Le jour ou ta connerie te tombera sur les pieds t’as pas fini d’avoir des cors ! (dans le parler gras ) et Le jour où on mettra les cons sur orbite t’as pas fini de tourner ! (chez Audiard)ainsi que les longues digressions pour engueuler quelqu’un.Les écrivains Albert Simonin et Auguste Le Breton font usage dans leurs romans de mots empruntés à l’argot marseillais.Déjà Eugène-François Vidocq dans son lexique d’argot avait remarqué que certains termes d’argot parisien avaient été importé par d’anciens forçats qui avaient fait leur temps au bagne de Marseille ou même ceux de Toulon qui avaient passé, à leur libération, quelques temps dans la cité phocéenne, les légionnaires aussi qui étaient basés au fort Saint Nicolas, ou à Aubagne, les marins, sans parler des mauvais garçons qui sont allés exercer leurs talents à Paris ont emmené avec eux des expressions telles que la pétoche, bagarre, chourer, rébéca ou nervi qui sont passées dans le langage national.
Du provençal parpello = paupière. Parpelles est le surnom plus ou moins amical qu’on donne aux femmes qui ont les yeux bien (ou trop) maquillés, on l’emploie aussi pour les femmes qui ont de beaux yeux. Quelqu’un qui a les yeux qui parpelègent a un tic qui lui fait cligner constamment les yeux. Certaines femmes, paraît-il, parpelègent, pour faire du charme.
Passer la serpillère, la pièce étant le morceau de tissu. J’ai rangé la pièce sous la pile !
Du provençal Pastis = Pâté,bouillie épaisse.Le sens de ce mot s’est étendu aux situations embrouillées,confuses lorsqu’on est dans la mélasse.Ex: Nous sommes dans un brave (voir ce mot) pastis ! = On est dans un beau merdier ![10].
Ce mot est depuis longtemps le nom d’une liqueur anisée très prisée à Marseille,(voir pastis).Ce nom lui est venu à cause de l’opacité lactescente que prend la boisson lorsqu’on mélange la liqueur,déjà colorée,avec de l’eau,peut être un peu aussi à cause de l’impression d’épaisseur que donne le breuvage lorsqu’il contient très peu d’eau.
Du provençal pastissa = Brouillon, surchargé de couleur ou d’ornements, et pastissar = patauger dans la boue.
Se dit quand on a salit quelque chose, exemple : les enfants ont fait un pastisson avec la peinture ! .
Ne me pastisse pas la table avec la sauce .
Ce terme désigne aussi un gâteau. "On les a eu à dîner (à midi c’est dîner) ils avait apporté le pastisson".
Désigne aussi une grosse claque dans la figure : "Il lui a viré un pastisson, le mur lui en a rendu quatre!"
Du provençal patacoun, patacuelo. La phrase en provençal Anen beùre patacuelo signifie Allons boire un petit coup. Pour un Marseillais le pataclet c’est le pastis. Le pataclet désigne aussi un sar (poisson de roche, au corps argenté et plat) de petite taille
Du provençal patacado = grêle de coups. Le mot patacaisse désigne un échange de coups rapide et court mais violent, par un groupe de gens qui se disputent. Ce mot qui s’était étendu à toute la France est tombé en désuétude. Synonyme français empoignade. À ne pas confondre avec pataquès qui désigne une faute de Français.
Sont les traces de pas qu’on laisse sur le carrelage lorsqu’on a marché dans une flaque d’eau ou de boue.
Le pâti = les toilettes, les WC et par extension la merde.Il y a aussi l’expression: Mains de pâti sobriquet dont on affuble les personnes vraiment maladroites qui cassent tout ce qu’elle touchent.
Du provençal patin-coufin (avec un seul "F") = ceci-cela. Expression très utilisée encore de nos jours à la fin d’une énumération. Ex: Le chien, le chat, la belle-mère et patin-coufin. synonyme de: Et tout le tremblement.
à Marseille le mot pauvre a un sens supplémentaire, il veut dire aussi feu au sens de défunt, Le pauvre Monsieur Bistagne = Feu monsieur Bistagne
Une expression qui signifie se retrouver À poil au sens figuré, c’est-à-dire sans le sou, faire faillite, perdre tout son argent au jeu, décavé. Vient du provençal paiolo, qui signifie tas de paille.
L’origine de cette expression vient de la marine. La payolle désignait l’ensemble de la paille qu’on mettait au fond de la cale d’un navire sur les planches en bois, pour isoler les marchandises de l’humidité. Quand un navire est à payolle, c’est qu’il n’y a plus rien dedans, plus de marchandises.
Ce mot est utilisé par tous les Marseillais au quotidien, il fait complétement parti du vocabulaire courant
ex:
-on va au resto ce soir?
- Et non les gars je suis a payolle ce mois ci
Un événement qui remonte à l’an pèbre est un événement qui remonte à une époque très très lointaine.
Interjection signifiant "le pauvre !" ; le mot provençal pecaire désigne le pécheur.
Dans le "Provençal Mistralien" c’est surtout le mot "pescaïre" qui désigne le pêcheur (Français/Provençal de Jules Coupier). En ce sens l’occitan suit la différenciation liée à l’étymologie latine piscatorem / pecatorem qu’a perdue le français.
Le marquis de Pescaire participa aux environs de 1524 au siège de Marseille qui dut être levé sans résultat. Il est possible que désignant un assiégeant malheureux son nom soit devenu synonyme de quelqu’un à plaindre. Cette interprétation n’engage évidemment que son auteur.
Du provençal pecolo, c’est le terme qu’employaient les bergers pour désigner le crottin qui restait collé au derrière des moutons et formait une grosse touffe de poils qu’il fallait couper pour s’en débarrasser.Ce terme est encore utilisé de nos jours pour parler de tout ce qui présente un aspect mal-foutu et peu engageant, le plus souvent les plats cuisinés, un rôti mal cuit, un soufflé qui s’effondre, ça peut aussi bien être quelqu’un miné par une maladie, ou qui en sort, un chien au poil terne et rare.Ex: Je sais pas ce que tu lui a fait à ton chien mais on dirait qu’il a la pécole. Cette expression s’est maintenue parce qu’on a tous été enfant et que dans les cours de récréation, il y a une phrase qui a fait florès et que les petits anges utilisent envers leurs camarades encore aujourd’hui, il a la pécole, il a la peau du cul qui se décolle ! Chantée sur tous les tons.
Du provençal pégaù = pichet.Le PÈGAL était le nom propre, dans les temps anciens, d’un bar, d’un bordel à deux sous des quartiers chauds du port de Marseille où se rendaient les marins et les gens peu fortunés, en manque d’affection. Les "filles" n’étant plus toutes jeunes ou n’ayant pas vraiment les qualités requises pour la profession, on pouvait payer en nature. Depuis on envoie "au PÉGAL" quelqu’un qui n’a pas assez d’argent pour payer ce qu’il désire ou qui propose une affaire foireuse, ainsi que les "tapeurs" et même les commerçants qui vendent trop cher. À Paris il y a une expression similaire aller chez PLUMEAU qui était un restaurant à Montmartre (il existe toujours)[11] où le patron acceptait d’être payé d’un tableau par des peintres sans le sou. Avec le temps le sens originel de cette expression s’est un peu perdu, aujourd’hui on l’assimile plutôt à l’expression envoyer au diable ou envoyer très loin.
Du provençal péga qui signifie coller, péguer est utilisé dans les jeux d’enfants pour désigner à Colin-Maillard par exemple, celui qui aura les yeux bandés ou à cache-cache, celui qui devra retrouver les autres joueurs, l’équivalent francais de celui qui pègue est celui " qui s’y colle ".
Du provençal pélandroun = un pendard. Un pélandron est un incapable comme on en voit peu.
Du provençal péla = Éplucher,écorcher.Se ramasser une pèle ou un pélon signifie tomber,s’étaler de tout son long à pieds,à cheval ou à bicyclette.On peut rapprocher ces mots d’autres termes de l’argot national comme, se prendre un gadin,se vautrer.
Du provençal pendeloto = pendeloques ou pendentifs. Les pendelottes sont les tomates de formes allongées que les cuisiniers appellent olivettes.
Un pénible c’est un anxieux, un inquiet toujours contrit.Ex:Ton cousin Tchoa c’est un gros pénible.
Sieste. Notez que Pénéquet est masculin.
Mot provençal qui signifie pincer. S’emploie généralement à la forme passive, je me suis fait pessuguer signifie je me suis fais avoir ou je me suis fait pincer dans toutes les acceptions du terme, aussi bien après une escroquerie, qu’attraper par la police, tomber amoureux, être piqué par un insecte, mordu par un chien et le reste à l’avenant. Un pessuguet un ou une pessuguette désignera un homme ou une femme qui minaude, en pinçant un peu les lèvres...
Mot très employé de nos jours dans toute la France qui vient du provençal pétas qui signifie littéralement pécore pour désigner une femme sotte et prétentieuse.
Terme ancien mais encore employé pour désigner la baguette de pain, la grosse étant l’équivalent du pain parisien de 400 grammes. A noter qu’à Marseille la baguette de pain fait 200 grammes parce qu’à l’époque ou le poids s’exprimait en livre, la livre marseillaise faisait 400 grammes, un linguiste de l’époque, Etienne Molard, raconte qu’il demandait un jour à un commerçant marseillais pourquoi à Marseille la livre faisait 400 grammes et pas 500, le commerçant lui répondit Parce que pour 500 grammes on dit déjà un demi-kilo.
Forme francisée du provençal pétacho c’est la peur, la poltronnerie. Ce mot est passé dans le langage populaire dans toute la France.
Du provençal pétoun = crotte. Un péton c’est une très petite quantité de n’importe quoi mais toutes proportions gardées, un péton de moutarde ou un péton de ciment etc.Par assimilation on a créé le mot pétoulet qui dérive de péton et qui désigne un petit cul, un diminutif égrillard qu’on emploie à propos des fesses d’une femme.Ex: Elle a le pétoulet qui chante ! = Elle a un petit cul charmant !
Construction syntaxique un peu étrange qui avait peut être à son origine le sens de peu à peu ou petit à petit .Depuis, son usage s’est étendu à bon an mal an ou l’un dans l’autre et tant bien que mal un commerçant dira: Peu que peu j’arrive à faire ma recette. Cette expression n’est plus utilisée que par les anciens.
Encore une expression toute empreinte du lyrisme marseillais. Pauvre à Marseille signifie défunt ou feu, Casse-Couilles et son synonyme provençal Casse-Bofis sont des sobriquets bien connus qui s’adressent aux gens particulièrement pénibles à supporter. Lorsqu’un de ces enquiquineurs se retrouve dans une compagnie il y a toujours quelqu’un pour lui demander sur un ton faussement perplexe Tu serais pas un peu le petit fils au pauvre Casse-Couilles toi ? Pour lui signifier de façon à peine aimable que ça commence à bien faire.
Du provençal pïa = Piller et campi = les champs.Un piacampi c’est un petit voyou qui se contente de petits coups qui rapportent peu et où il n’y a aucun risque et par extension un minable, quelqu’un sans honneur, sans dignité.
Du provençal piado qui désigne une empreinte de pied que l’on laisse, par exemple, sur un sol fraîchement lavé et encore humide, ou dans la neige... "Ne marche pas en plein mitan, tu vas faire des piades, je viens juste de passer la pièce!" Par extension, ce mot désigne aussi habituellement les petits crabes avec lesquels on appâte pour la pêche (on dit aussi piadons...)
Pichauris est une localité des environs de Marseille dans un massif montagneux. Autrefois elle était considérée comme loin de Marseille, lorsqu’on envoyait quelqu’un à Pichauris, on l’envoyait paître. Ex:" Ton pognon ?... tu peux aller le chercher à Pichauris "
Cette création récente s’applique en général aux footballeurs qui jouent mal, mais son succès l’a étendue aux autres sports où on se sert de ses pieds, et même aux actes de la vie courante lorsqu’on trébuche.
Il y avait autrefois, à Marseille, l’expression c’est un auteur de tante Pigno pour désigner un mauvais écrivain, un journaliste trop imaginatif. Depuis, cette expression a évolué pour s’attacher à des propos sans queue ni tête généralement pour faire rire la galerie.
Une pignole= une branlette.
Normalement le pignon est la graine que l’on trouve entre les écailles de la pomme de pin appelée pigne dans tout le sud, à Marseille on a étendu le sens au noyau de l’olive et même très souvent à la cerise ou à d’autres petits fruits.
La Pie Jaune était une marque d'eau de Javel très utilisée à Marseille jusque dans les années 1950 à tel point que ce produit commercial est resté attaché à l’idée de propreté absolue chez les Marseillais.Ce nom propre est devenu un nom commun qui fait office,encore de nos jours,de métaphore pour évoquer un nettoyage intensif.Ex:Tu vas me passer ta chambre à la Pie Jaune ! = Tu vas me nettoyer ta chambre de fond en comble !. Dans d’autres régions c’est le savon noir qui remplit ce rôle.
Du provençalpilo = cuve, bassin. La pile désigne l’évier de cuisine : Poser la vaisselle sur la pile = Poser la vaisselle sur l’évier. Une pile est généralement un évier en pierre de Cassis.
La chichourle est le nom provençal du jujube un fruit très prisé autrefois pour ses vertus médicinales supposées, bien entendu il ne pousse pas sur le pin mais sur le jujubier. Ce dicton peut se rapprocher du dicton national un chien ne fait pas des chats ou tel père tel fils, pour des enfants qui ont le même comportement que leurs parents.
Traduction marseillaise et littérale de harpagon = qui a les doigts crochus. Un pince-vitres est un vieil avare qui a les doigts tellement crochus qu’il pourrait pincer une vitre. Ex: Celui là c’est un pince-vitres ; si tu l’envoie au plafond il reste accroché ! ou bien, Si tu l’envoies au plafond il redescend avec le lustre !
Du provençal pinta = Qui a bu un coup de trop, pinté mortel s’explique par lui-même.
Directement du provençal. Au début c’était le pot de chambre, puis les urinoirs publics et lorsque ces deux moyens d’aisance ont disparu on a transféré le nom aux endroits publics ou privés, discrets, où tout le monde s’arrête pour uriner en l’absence de lieux plus appropriés, en particulier les endroits où les promeneurs indélicats arrêtent leurs chiens pour les laisser faire leurs besoins. Dans le même ordre d’idées on trouve le mot cagadou à partir du verbe caguer (voir ce mot).
Du provençal pito qui était dans les temps anciens une petite pièce de monnaie en cuivre, de faible valeur, frappée à Poitiers, a donné son nom aux minuscules tâches qu’on fait lorsque la peinture dégouline du pinceau sur le sol ou la sauce sur la chemise et même les miettes de pain quelquefois. Les pites de rousseur sont les tâches de son ou tâches de rousseur qu’on voit sur le visage de certaines personnes.
Du provençal pitassa = becqueter, manger par petits coups de bec qui laissent des marques caractéristiques sur les fruits.S’emploie d’abord pour désigner les petites marques faites par la rouille ou encore les érosions due au sable sur les chromes d’une voiture par exemple, ou les cloques dues à l’humidité sur les murs.Ex:Pité de rouille . Un glissement sémantique s’est opéré pour dire qu’on mange très peu, par manque d’appétit ou de temps Ex: Comme j’étais à la bourre j’ai eu juste le temps de piter à midi .Lorsque le poisson grignote l’appât sans vraiment mordre à l’hameçon on dit qu’il pite .On l’emploie enfin comme équivalent à picorer lorsqu’à l’apéritif on prend différents amuses-gueules dans plusieurs plats, lors d’un buffet, d’un brunch aussi.Comme toujours à Marseille on l’emploie aussi par antiphrase lorsque quelqu’un au régime par exemple, mange beaucoup mais en prenant de petites quantités à chaque fois, on dit qu’il (elle) n’arrête pas de piter, les enfants aussi qui pour éviter de se faire remarquer reprennent souvent de petites quantités de friandises.
s’emploie aussi pour dire; tu y a cru? t’as pité? t’as mordu à l’hamecon?
Petit fauteuil, pliable, fait d’une toile tendue entre deux jambages en forme de "X", très léger, ce qui permet de le transporter où l’on veut. Le pliant était, à une époque où les Marseillais passaient de longues heures à discuter sur le pas de la porte, l’accessoire indispensable des vieilles dames qui tenaient concile le soir quelquefois tard dans les chaudes nuits d’été, et discutaient du monde comme il va.
Faire le bon poids pour les marchandises vendues au poids consiste,lorsque la pesée dépasse de peu le poids requis,à arrondir au poids demandé ainsi pour 1,05&nbs;kg le commerçant ne fera payer que 1 Kg,la tolérance varie en fonction de la fidélité du client.Ex:Au primeur de la La Capelette le commerçant te fais le bon poids = le marchand de légume de La Capelette te fais une ristourne sur le poids.Évidemment cette expression s’est étendue aux autres marchandises qui ne sont pas vendues au poids on peut,alors,l’assimiler à une autre expression,treize à la douzaine,qui est elle même imprécise,puisque certain commerçant,à titre publicitaire,n’attendent pas qu’il y ait douze pièces pour en rajouter une.
Comme toujours dans le parler populaire cette expression a dérivé pour signifier son contraire lorsqu’on évoque une valeur minimale.Ex: Tu vas en avoir pour huit jours, bon poids! à faire ce travail. = Tu vas en avoir pour huit jours, et certainement plus ! à faire ce travail.
Se voir refuser l’entrée d’une boite de nuit. Ex: On est allé au Bazar hier soir mais on s’est fait pointer.
Le grand cimetière de Marseille appelé cimetière Saint-Pierre est situé entre le quartier de La Pomme et celui de Saint-Marcel mais il est plus près de La Pomme que de Saint Marcel d’où cette expression.Lorsque quelqu’un est plus près de La Pomme que de Saint-Marcel c’est qu’il est très vieux ou très malade, plus exactement fatigué comme on dit à Marseille et que ses jours sont comptés ou qu’il est mort.
Nom populaire de l'Aïoli.
Du provençal pougno = le poing, la paluche. S’emploie au féminin.Ex: Je vais te mettre une pougne ! = Je vais t’en coller une ! .Il y a un autre sens : Se faire une pougne = Se masturber, se palucher.
Pays (ou ville) imaginaire, tellement loin qu’on peut difficilement l’atteindre, synonyme de Pétaouchnok, dans d’autres régions ou Au diable Vauvert pour les parisiens. Se prononce : Poutsoule. Le boulanger était fermé, j’ai été obligé d’aller chercher le pain à Pouzzoule . Noter que l’orthographe de ce nom est incertaine. Viens aussi d un quartier éloigné du centre de Naples pozzuolli et ramené par les premiers immigres napolitain à marseille qui veut dire loin de ... ex : laisse tomber c est trop loin c est à pouzzoule se prononce pezzoule 😉
S’en prendre à quelqu’un, se prendre de bec avec quelqu’un, lui adresser des reproches, des réprimandes etc.Ex: Te la prends pas avec moi, j’ai rien à voir la dedans !
À la fin d’une affirmation signifie " hein ?" ou " n’est-ce-pas ?" "Il fait chaud , qué?". Comme interjection signifie "quel" Mon Dieu qué malheur!, Qué fanfaron celui-là !, ou encore, employé seul, pour marquer la dénégation lorsqu’on refuse de reconnaitre un fait
-Je te dis que j’ai vu des soucoupes volantes..!
-Hè, qué toi!
Une première acception qui bien qu’utilisée dans le reste de la France à une origine marseillaise.
La deuxième acception n’est utilisée qu’à Marseille.
Du provençal rababeù ou rabablou qui est l’onomatopée du tambour ran-tan-plan.Un rababéou c’est quelqu’un qui radote, qui maugrée en permanence.
En plus de sa signification première répéter inlassablement les mêmes choses. Rabâcher à Marseille veut dire divulguer, cafter ou même dénoncer quelqu’un, utilisé surtout par les enfants.Ex: Il est allé rabâcher à la maîtresse.
Rabaia signifie ramasser en occitan. À la pétanque, jeter à la rasbaille, c'est jouer au ras du sol. La technique est considérée comme peu noble et destinée au joueur peu doué. Par extension, jeter quelque chose à la rasbaille, c’est l’envoyer en l’air au hasard.
Du provençal racun par l' italien raca = Les matières vomies. Les racanures est un terme générique qui désigne toutes les déjections qu’on peut trouver dans la rue.
Rattraper : rattraper.
Battre à plates coutures. « Tu viens jouer au ballon ? Je vais te radaguer !" »
Etre radagué = Etre épuisé (en français on dirait "être moulu")
La radasse était à l’origine un vieux filet de pêche accroché à un cadre qu’on laissait traîner au fond de la mer pour ramasser les oursins, cette méthode était dévastatrice pour les fonds marins, elle a rapidement été interdite.Depuis on a traité de radasse d’abord les gens (hommes ou femmes) paresseux qui traînaient d’un endroit à l’autre pour distraire leur désœuvrement. De nos jours ce mot s’est étendu à toute la France pour désigner une femme légère mais surtout stupide et vulgaire.
Du provençal raï = le troupeau, la multitude.La raille à l’origine c’était une bande de voyou, c’est devenu un nom générique pour la pègre.
Du provençal rambaïo qui signifie embrouillé, confus, querelles.L’expression chercher des rambins s’emploie à l’encontre de quelqu’un qui cherche à semer la zizanie, à créer des problèmes ou qui cherche de mauvais prétextes pour se quereller.
Nom provençal qui désigne les herbes dont les fruits s’accrochent fortement aux vêtements ou aux poils des animaux, le nom français est gratterons comme la bardane ou le gaillet gratteron. À Marseille on appelle de façon plus ou moins amicale rapègues les gens qui s’incrustent, les pots-de-colle, les pique-assiettes ou les enfants qui sont toujours dans les jambes de leurs parents.
Du provençal rasquillo = sciure et loube = Une grosse scie. Rasquelube est un sobriquet qui s’adresse aux avortons qui se donnent des airs de caïd, qui jouent les durs. On l’emploie aussi pour les gens qui sont petits et menus. Synonyme français demi-sel, demi-portion.
Du provençal raste qui signifie aride, sans herbe. À Marseille quelqu’un qui est rastègue est une personne maigre, efflanquée, le terme prend aussi le sens de pauvre, peu abondant, un repas rastègue est un repas ou il n’y a presque rien à manger. Désigne aussi le comportement de quelqu’un un peu chiche, avaricieux, un "rétracté".
Du provençal rata = rongé. Les ratamards sont les restes de ce qui a déjà été mangé ou entamé, par extension tous les objets qui ont déjà servi et qui sont même à bout. On peut même l’employer envers des gens qui ont fait leur temps, des has been.
Sur la même racine on trouve également les rataillons qui ne s’emploie qu’en parlant de la nourriture. Les rataillons de pain.
De nos jours, un ratamards désigne à Marseille un jeune bon à rien, l’équivalent du français général racaille.
Mot masculin.Un mégot, un clope. Un ratchou est celui qui a des oursins dans les poches = un avare
Du provençal ravan qui signifie fretin, rebut. Un ravan est un objet ou engin mécanique en fin de vie ou tellement mal conçu qu’il en est inutilisable dès sa mise en route.C’est les soldes, les vendeurs ont ressorti tous les ravans ! À Marseille on l’emploie aussi pour les personnes.
Remettez vous est l’invitation que l’on adresse à quelqu’un qui arrive et qui signifie asseyez vous, mettez vous à votre aise
Faire du rebéca, du provençal rebécar qui signifie répondre avec insolence ou arrogance, se rebiffer, a donné en français ancien se rebéquer[13]. Cette expression a été reprise par le milieu proxénète marseillais lorsque "les filles" se rebellaient, elle désigne aussi les disputes interminables pendant lesquelles les gens vident leurs sacs, l’équivalent en quelque sorte de prise de bec ou faire du foin. Cette expression n’est plus connue que des amateurs de phrases originales mais on peut la trouver dans certains livres de Leo Malet [14]
Du verbe français regarder . Manger des regardelles signifie manger en regardant son assiette... vide.
Se blesser ou détraquer un objet. Ex: Je me suis relégué le pied en descendant l’escalier, Je lui ai prêté ma voiture, il me l’a reléguée . Son origine vient peut être du mot français Reléguer = Rejeter à une condition inférieure.
Expression tirant son origine des anciennes cannes à pêche en bambou qui se redressaient violemment quand la ligne venait à casser. Ces mots sont maintenant utilisés pour décrire une personne en colère qui se lève brusquement et campe sur ses positions.
Du provençal rénéjar signifie pleurnicher sans qu’on puisse vraiment connaitre le motif de la plainte, s’applique le plus souvent aux enfants.
Une des plus grosse expressions de marseille " tu es réné" c’est qu’un réné" ce mot signifie comme un âne un abruti. Il semble que l'origine de l'expression soit l'utilisation de la forme participielle du verbe "Tu es à plaindre".
Du provençal repapia = Radoter.Ce verbe connait un regain d’utilisation depuis l’avènement des chaînes d’informations en continu (et même les autres) qui reviennent en permanence sur la même information toute la journée, plusieurs jours de suite.
Sursauter.Ex : "Cet imbécile il a donné un coup de klaxon,il m’a fait ressauter que ça m’a donné le bâti-bâti (voir ce mot).
Cette expression n’est plus employée que par les "vieux" pour dire habiter, demeurer:Ex: Je reste rue de l’Arbre.
Ces mots signifient en provençal "glisser,glisseur" ou "patiner,patineur". Marcel Pagnol suivant l’analyse de Mistral, les a fait entrer au dictionnaire de l’Académie française en 1955 avec l’histoire suivante. En 1880 l’opéra municipal de Marseille donnait une représentation du "prophète" de Meyerbeer. Dans une scène importante de cet opéra on voyait un lac gelé sur lequel évoluaient des patineurs mais à Marseille au mois de juin, impossible de trouver de la glace, on a donc demandé à un club sportif "le skating marseillais" de prêter des patineurs à roulette pour faire de la figuration en échange de places gratuites à l’opéra, l’illusion était parfaite. Les patineurs en question arrivaient une heure avant la représentation passaient par l’entrée des artistes très fiers de leur prestation en criant à la loge, " resquilleurs ! " mais, évidemment des petits malins qui n’étaient pas patineurs, ont repris ce système à leur compte pour entrer gratuitement, les patineurs qui étaient 7 au départ se sont trouvés plus de 20 quelques jours plus tard, le manège s’arrêta mais le mot est resté pour désigner les aigrefins[15].
Expression qui décrit tous les actes péremptoires tels que:
Exemple : Il m’a vendu les chaussures et de rifle il m’a rajouté les chaussettes et le cirage = Il m’a vendu les chaussures et d’autorité il m’a rajouté les chaussettes et le cirage.
Du verbe rire.Une risade c’est un moment de franche rigolade, une grosse marrade, en bref un moment où on s’amuse bien, quelquefois aux dépens de quelqu’un lorsqu’on le fait tourner en bourrique par des plaisanteries qui durent.Ex Samedi soir on s’est fait une bonne risade.
Du provençal Roubin = mouton.Les roubignoles désignaient à l’origine les rognons de mouton, par la suite le langage populaire a fait dériver le sens vers testicules parce que suivant la légende certains bouchers peu scrupuleux faisaient passer les testicules de mouton pour des rognons.Aujourd’hui on continue de dire roubignoles pour testicules.
Une roulade c’est un frimeur.
Construction provençale à partir d’un terme de vieux français lui-même issu d’un mot italien Saccomanno = Homme de sac, spadassin puis brigand, voleur c’est-à-dire quelqu’un qui mettait ses bras et sa force au service de ceux qui payaient bien pour faire toutes sortes de mauvais coups, ou qui travaillait à son compte quand il n’avait pas de contrat.Mettre à sac signifiait piller, ravager, mettre en pièces, agresser.La sacagne était l’arme que portaient ces spadassins, et pouvait être une épée, un couteau ou prendre une forme discrète comme une canne, un petit sac rempli de cailloux, une petite bouteille remplie de plâtre solidifié, dissimulés sous le manteau, qui servaient de matraque.La sacagne dans l’argot marseillais désignait d’abord une arme quelle qu’elle soit, puis essentiellement un couteau de forte taille.
Un saquèti en provençal c’est un petit sac du format de ceux qu’on donnait dans les grandes surfaces avant l’interdiction. Les Marseillais l’utilisaient, comme dans l’argot national pour parler du franc quand il existait encore en France Dix saquètis = Dix sacs = Un billet de cent francs. On l’emploie encore de temps à autre pour parler de l’argent en général.
On donne, par dérision, le surnom de l' archevêque d' Antioche Jean Chrysostome à des gens beaux-parleurs qui pensent tout savoir et avoir toujours raison.
Il en est des expressions anciennes comme des herbes folles qui arrivent à se faufiler à travers le goudron ou les failles des chapes de béton pour retrouver la lumière. On entend encore quelquefois chez les plus jeunes des expressions très anciennes qu’ils ont peut-être entendu par leurs grands-parents ou quelqu’un de très âgé, qui les ont fait rire et qu’ils contribuent à maintenir. Tu me fais venir le Saint Suffren ! est une de celles là, elle s’emploie lorsqu’on sent monter une colère terrible, proche de l’agitation ou de la démence. Son origine remonte au XVIIIe, à cette époque une chapelle dédiée à Saint Suffren (très vénéré à Marseille), située au bout d’un petit chemin de pierre, proche de l’actuelle place Castellane, faisait l’objet d’un pèlerinage important parce que ce saint avait la particularité de calmer les crises d’agitation, de démence et de transport au cerveau, les pèlerins ramassaient donc des branches épineuses sur le chemin de la chapelle et en faisaient une couronne qu’ils portaient sur la tête lorsque venait la crise, cette couronne s’appelait bien entendu le Saint Suffren. Pendant longtemps on a utilisé cette expression, lorsque quelqu’un avait le sang échauffé ou lorsqu’une maladie frénétique le minait. Ex: Mon Dieu ! J’en peux plus de lui ! Il me fait venir le Saint Suffren.
Le salabre c’est l’épuisette du pêcheur qu’on utilise lorsque le poisson gigote trop au bout de la ligne, c’est en général un aide qui le tend pour recueillir le poisson. Lorsque quelqu’un se débat aux prises avec un travail qu’il n’arrive pas à terminer on lui dit sur un ton goguenard Tu y arrives ? ou je t"envoies un salabre ? surtout si le travail en question est simple. Autre expression connue : "Les tours de con, il les choppe avec un salabre..." : Il enchaîne les bêtise à tours de bras...
Difficile de trouver une origine à cette histoire, dont l’énoncé au moins est bien connu des français, un ouvrage recense les plus plausibles[16].
Celle qui semble avoir le plus de succès dans le public est l’histoire du Le Sartine, c’était le nom du ministre de la marine, une Frégate (navire) qui, partie de Pondichéry en 1780, fut attaquée suite à une erreur de pavillons par un navire anglais au large du Portugal, elle parvint tant bien que mal à gagner le port de Cadiz en Espagne où, après quelques réparations de fortune, elle put reprendre la mer jusqu’à Marseille où elle finit par sombrer dans l’entrée du port bloquant ainsi le passage aux autres bateaux. Les Marseillais, dont on dit qu’ils sont facétieux, avaient remarqué que sur les armes de monsieur de Sartine figuraient trois sardines, et auraient fait des plaisanteries sur la sardine qui a bouché le port de Marseille cette légende aurait permis d’introduire le personnage de Molinari dont il est question plus haut.
Différents documents historiques attestent de la réalité de l’histoire de la Sartine, mais on est en droit de se demander, alors, pourquoi la plaisanterie n’est devenue qu’une légende dont on ne connait pas l’origine exacte ? et surtout pourquoi les Marseillais qui sont des gens de mer se sont moqué d’une telle tragédie ?
Du provençal satouna = rosser, frapper violemment. Ce mot est maintenant employé dans toute la France, pour désigner une expédition punitive lorsqu’une bande agresse un membre isolé d’une bande rivale.
De l’italien schiaffo = une beigne, une torgnole.Ex: Il lui a mis une schiaffe il lui a viré la tête.
De l’italien scomunicato qui signifie excommunication autant dire maudit pour un méditerranéen. La scoumoune c’est la poisse, on appelle aussi la scoumoune celui qui porte la poisse aux autres, c’était le surnom d’un gangster marseillais célèbre dans les années trente.
Ceux qui ont vu le film de Marcel Pagnol[17] savent que ce sobriquet est attribué aux personnes un peu niaises qui se laissent facilement abuser et à qui on fait un tas de blagues plus ou moins sympathiques, c’était aussi le surnom des allemands pendant la guerre et quelquefois encore aujourd’hui.
Sèbe selon Frédéric Mistral est une interjection provençale sèbou qui viendrait de l’arabe et qui signifie merci au sens de je me rends. À Marseille on a fait crier sèbe à une vis ou un clou récalcitrant qu’on est parvenu à extraire, une souche qu’on a arrachée, à tout travail qu’on est arrivé à terminer après une rude bataille, ou à toute personne qu’on a amené à composition.
La masturbation. Va te faire une sègue ! Va te séguer ! = Va te faire voir !, va au diable !
Le sequin est une ancienne monnaie d’or qui avait cours à Venise.Les sequins qu’on prononce seuquins en argot marseillais c’est les sous, le fric. Ex: C’est pas tout d’avoir le beau costard il te faut aussi les sequins sinon tu aura l’air d’un pélandron !
Apophtegme terrible et terriblement marseillais, qu’on profère en général envers une personne vraiment malchanceuse, toujours dans la débine à qui il manque toujours 19 sous pour faire vingt ronds pour reprendre une autre expression de l’argot national. On peut aussi l’appliquer à quelqu’un particulièrement empoté qui accumule les gaffes et les bévues.
De l’italien schifoso = répugnant, lamentable.Un skiffouze c’est un gros dégueulasse, c’est aussi quelqu’un qui ne sait pas se tenir en société un marque-mal (voir ce mot).Ex: Regarde moi ce skiffouze avec son pantalon débraillé et ses esquiche-merde (voir ce mot) aux pieds !
Du provençal toupin = Pot. Sourd comme un toupin = Sourd comme un pot
Lorsque le son perçu est troublé ou qu'il n'est pas franchement audible. Ex: On ne comprends pas ce qu'il dit à la télé, c'est sourne
De l’expression italienne spina dorsale = l’épine dorsale équivalent de l’expression française le nerf de la guerre c’est-à-dire les capitaux pour se lancer dans une opération, avec un effet augmentatif pour préciser que non seulement il faut des capitaux mais qu’il en faut beaucoup.Ex:Pour monter un garage il faut avoir de la spina! = Pour monter un garage il faut avoir les reins solides !
A Marseille, choper le squinfus ou avoir le squinfus, c’est avoir une maladie indéterminée mais potentiellement grave.
Un straou, déformation du provençal trauc avec un s prosthétique, désigne un trou. - "Je me suis fais un putain qué straou qu’on y voit à travers"
Prononciation marseillaise de coup de strap.Strap est un mot anglais qui signifie lanière, en l’occurrence la lanière de cuir qui servait autrefois a fouetter les punis en prison à l’armée ou même dans certains internats, il y a un équivalent allemand la schlague qui est une baguette qui servait à la même chose dans les mêmes endroits. À Marseille l’expression un coup de strappe est utilisée dans le sens de un coup de fusil ou coup de bambou dans un restaurant où on a payé trop cher, puis le sens s’est étendu à arnaque, elle est presque exclusivement employée dans ce sens actuellement. Ex:Il m’a fait un coup de strappe = Il m’a fait une entourloupe
La seiche et la petite seiche. Origine inconnue, peut être de l'italien seppia ou du grec soupia.
La Teigne (maladie) est une affection du cuir chevelu particulièrement inesthétique et peu ragoutante qui donne de violentes démangeaisons, elle est causée par un champignon. À Marseille lorsqu’on est gourmand d’un plat ou d’une friandise quelconque on dit qu’on en mangerait même sur la tête d’un teigneux.
Le tafanàri désigne à Marseille le postérieur, l’os bertrand (voir plus haut). Abrégé parfois en taf, il peut semer la confusion lorsque quelqu’un dira d’une demoiselle qu’elle a un bon taf, ne faisant pas forcément référence à son travail, selon l’expression récente qui a cours en France.
Du provençal tanca = Planté, campé. S’emploie pour parler d’une jolie femme. Ex. : Elle est bien tanquée = Elle est bien fichue. Elle est tanquée = C’est un canon.
Le mot pétanque, de l’occitan petanca, contraction de pè (« pied ») et tanca (« attache »), c’est-à-dire « pieds joints », fait allusion à la position fixe que doivent adopter les joueurs pour lancer les boules contrairement à son ancêtre le Jeu provençal.
Un aphorisme qui engage à continuer une action lorsqu’elle donne des résultats bénéfiques. On peut le comprendre comme Tant que ça marche, on continue ! ou On ne change pas une équipe qui gagne !. On peut encore entendre la forme provençale originelle "Tant que viro fa de tour".
Du provençal Taravello = Claquet.A l’origine une latte de bois qui se fixait sur la meule du moulin et tournait avec elle, puis cylindre de bois de la dimension d’un manche d’outil qu’on enclenchait dans une roue pour la faire tourner, cette pièce étant amovible on pouvait la retirer pour s’en servir d’arme en cas de bagarre, comme le tonfa japonais.Ce mot désigne, tout objet contondant pouvant servir de matraque.Pendant longtemps à Marseille sur les stades c’était le piquet de corner qui servait de taravelle entre supporteurs adverses, lors de contestation sur l’attribution d’un but, ou d’un pénalty.Ex Il lui a dit 2 fois de s’arrêter, à la troisième il lui a mis un coup de taravelle sur le cabestron! (voir ce mot )
Mot d’origine possiblement gitane. Signifie "beaucoup" ou "très" et est très largement employé aujourd’hui, notamment par les jeunes générations. "Il fait tarpin beau", "Y’a tarpin de monde", soit "Il fait très beau", "Il y a beaucoup de monde".
Le taquet était, au temps de la marine à voiles, une latte de bois percée d’un trou à chaque extrémité sur laquelle s’enroulaient les cordages pour réduire la voilure, cet objet servait souvent d’arme lors de bagarres entre marins, pour les punitions aussi on administrait quelques coups de taquet .Depuis ce nom est devenu synonyme de coups de quelque nature que ce soit.Ex: Je vais te mettre un taquet dans les dents = Je vais te mettre une baffe dans la gueule ou plus célèbre: Moi, j’allais le relever. Mais il m’a donné des coups de pieds de par terre. Alors je lui ai donné un coup de genou et deux taquets. (Albert Camus, l’Étranger, 1942)
Orthographe phonétique. Vient de l'italien acchiappare et can qui signifie attraper les chiens, les différentes prononciations patoisantes des italiens qui venaient à Marseille ont donné cette prononciation approximative qu’on retrouve à Marseille. Le tchapacan c’est littéralement l’attrapeur de chiens celui qu’on appelait pour attraper les chiens dangereux ou malades ou tout simplement pour les tondre et enlever les tiques. Bien évidemment c’était un travail exécuté par des gens qu’on ne voulait pas dans d’autres emplois, de plus étant payés à la tâche il travaillaient vite et bâclaient le travail. Depuis on appelle tchapacan quelqu’un qui travaille mal, les premiers à avoir droit à ce sobriquet étant bien entendu les coiffeurs.
D’après Frédéric Mistral, la tchatche c’est le chant de la cigale, à Marseille c’est devenu un discours volubile et interminable.
De l’italien accecato, aveugle, mal voyant : il n’y voit pas, il est tcheugade !
Encore un rapprochement avec des mots italiens à savoir ciuccio et ciuco qui désignent les ânes, les bourricots, les bêtes de somme. Un tchouche est quelqu’un qui a vraiment du mal avec les apprentissages quels qu’ils soient, on ne peut rien lui faire entrer dans la tête, ni l’apprentissage scolaire ni l’apprentissage professionnel ni l’apprentissage de la vie...un boulet comme on dit aujourd’hui. Ce mot peut également prendre une valeur affective pour désigner un bambin.
Vraiment et définitivement fini. Au supermarché, les promos, c’est terminarès !.
Du provençal tèsta = la tête, teston est un diminutif tandis que testard est un augmentatif plutôt péjoratif. Le teston est avant tout la tête ("J’ai mal au teston" pour "j’ai mal à la tête"). Par analogie et antiphrase, quelqu’un qui est un teston est à Marseille quelqu’un qui a la tête bien remplie. Le mot testard est l’équivalent du français têtu.
Du provençal ges ou gis suivant les régions et qui signifient rien.
-Je n’y comprends que ti = Je n’y comprends goutte, je n’y comprends rien.
La quête. Faire la tinche c’est collecter de l’argent, pour le départ d’un collègue à la retraite par exemple, le curé fait aussi la tinche à la fin de la messe. On l’emploie aussi pour désigner le "pot" la cagnotte qu’on constitue pour payer le café entre collègues de travail ou pour alimenter les paris dans certains jeux aux cartes ou aux boules. Ce mot vient peut être du provençal tencho qui désignait le seau contenant la peinture qui servait à marquer les barriques ou les planches de bois.
Du provençal Faï tira! = En avant..! ou Continue...!. Se dit à soi-même ou à un tiers pour se mettre à l’œuvre ou pour encourager à poursuivre l’effort à persévérer.
À Marseille ce verbe prend le sens de donner comme dans les expressions : Je vais te tirer une gifle pour Je vais te donner une gifle; Il m’a tiré une pince pour Il m’a pincé ou même Je vais me tirer un coup de peigne= Je vais me donner un coup de peigne.
Un toc c’est un morceau de n’importe quoi.Ex:File moi un toc de fromage que je finisse mon pain.
En Provence on dit plus volontiers Tomber du figuier mais comme à Marseille on trouvait, avant qu’une maladie venue d’outre-Atlantique[18] ne les décime, plus de platanes que de figuiers, on a inventé l’expression tombé du platane pour définir quelqu’un qui a un air hébété, un peu stupide, équivalente à tombé des nues.
Se dit d’un vêtement qui est trop grand : prends une taille au-dessous, cette veste, elle te tombe d’un cinquième !
La totène est le nom marseillais de l' encornet.
Emprunter de l’argent à son entourage, taper les amis
Du provençal toupin = pot et caburcello = couvercle. Chaque toupin trouve sa cabecelle est l’équivalent du proverbe français Chacun trouve chaussure à son pied.
Encore une redondance,tourner et virer évoquent la même action et les deux ensemble sont utilisé pour désigner quelqu’un qui tourne en rond toute la journée à cause du désœuvrement.Ainsi on peut dire il fait le tourne-vire toute la journée ou bien J’ai tourné-viré toute la journée.
On l’emploie aussi comme équivalent à d’une chose à l’autre lorsqu’on passe à diverses petites activités qui mises bout-à-bout font passer la journée sans qu’on s’en aperçoive.Ex:On est parti à 14 Heure,on a fait les courses,puis on est allé chez des amis,en sortant on a rencontré mon frère avec qui on a discuté et tourne-vire il était 20 heure !
Il y a très longtemps le tourne-vire était aussi le nom du manège de chevaux de bois.
se dit en parlant de quelqu’un qui prend les autres pour des imbéciles : "Evidemment qu’il fait des économies, il mange toujours chez les uns ou chez les autres, c’est sûr que comme ça tous les couillons vont à la ville ! "
Précisons tout de suite que la ville de Toulon et les femmes qui y habitent ne sont mentionnées ici que pour la rime d’une maxime marseillaise qui s’énonce ainsi Il travaille comme les femmes de Toulon, il fait le mitan et laisse les cantons.Ce qui se traduit par Il travaille comme les femmes de Toulon, il fait le milieu et laisse les coins.A propos de quelqu’un qui n’est pas très travailleur et ne fait que le travail qui se voit en négligeant la finition et le travail qu’on ne voit pas tout de suite.Pas complètement fainéant mais bien paresseux tout de même.
À l’origine on laissait échapper cette exclamation en présence de quelqu’un qui se tenait bien à table, qui mangeait tout ce qu’on lui présentait, de bon appétit sans aucune aversion pour aucun aliment.On l’a étendu par la suite aux gens qui font feu de tous bois, qui arrivent à faire usage d’objets qui sont devenus inutiles aux autres.
Une vieille voiture, une guimbarde, un tacot. Ce mot vient du provençal trapanèla qui signifie piège, embûche.
Tricot à Marseille est devenu un terme générique qui désigne toutes les pièces de vêtements qui habillent le haut du corps à l’exception des chemises à boutons, quel que soit le tissu utilisé et quel que soit son mode de confection, ainsi le mot tricot remplace les mots pull-over, chandail et même maillot, tee-shirt, sweat-shirt. Ex : Tricot de peau = Maillot de corps.
Dans le langage français populaire troquet désigne un bar, les linguistes les plus savants n’ont pas pu établir l’origine de ce mot, pourtant il existe dans la langue provençale le mot trauquet qui signifie petit trou, Frédéric Mistral nous indique l’expression faïre trauquet pour passer la nuit à se divertir ou passer la nuit au jeu dans un cabaret.
Pour ramasser les petits oignons, les cèbes, on positionne généralement ses pieds en canard . Ainsi, cette expression signifie que l’on marche en canard et à reculons. On dit aussi marcher comme ceux de Saint Cannat ville qui s’est fait une spécialité dans la culture des cèbes ou cébettes.
Du provençal tubà = Fumer. Ce mot n’est plus utilisé, il désignait autrefois la cigarette.
Ça me contrarie, ça m’énerve. On emploie cette expression lorsqu’on a du mal à digérer une situation, lorsqu’on rumine une mauvaise action qui nous a été faite. Ex: Ça me va et ça me vient qu’on m’ait changé de poste !
À Marseille comme certainement dans beaucoup de villes où il fait chaud, on vit dehors au contact les uns des autres ce qui oblige souvent à avoir une "discrétion ostentatoire" ou une "faconde mesurée", voici un exemple entendu d’un monsieur à qui sa femme demandait de se calmer le mari répondit "Je m’énerve peut-être mais je garde mon sang froid....je m’énerve calmement !". On dit des Marseillais que leur exubérance cache une grande pudeur, on le voit dans des disputes qui peuvent difficilement passer inaperçues tant on vit en public, le Marseillais rechignera à employer une injure explicite, parce que son sens du contact lui rappellera en permanence qu’il y a dans l’assistance des gens qui, en raison de leur âge ou de leurs convictions, ne doivent pas entendre de grossièretés, ce réflexe atavique le poussera naturellement à trouver des tournures de phrases qui, tout en gardant leur pouvoir évocateur, resteront audibles aux oreilles chastes. Dans tous les peuples du monde l’injure la plus répandue consiste à proposer à son interlocuteur d’aller subir les derniers outrages, d’aller se faire introduire. À Marseille on garde la proposition de base mais on modifie par un euphémisme l’indication, les femmes d’ailleurs passent carrément la fin sous silence "va te faire !" ou mieux " Va...va...va !".
Les hommes qui tiennent quand même à ce que les choses soient dites, proposeront à leur interlocuteur une activité dont l’originalité n’est limitée que par l’imagination de celui qui est en colère, la seule condition est le caractère saugrenu de l’invitation qui doit compenser l’absence de grossièreté et mettre les rieurs de son côté. Par exemple:
Dans les années soixante-dix une expression était en vogue, dans les embouteillages on entendait souvent "Va te faire dire scapouline (chkapouline)...! tronche plate !" inutile de chercher l’étymologie ni l’orthographe de "scapouline" dans un dictionnaire, à ce niveau de lyrisme c’est presque une amabilité, il faut aussi apprécier le nappage chocolat sur ce gâteau linguistique, c’est-à-dire la petite amabilité terminale concernant la particularité physique supposée de la victime, là aussi il est hors de question de traiter quelqu’un de "boiteux" ou autre.... on a sa pudeur, les difformités doivent être de pure invention, en voici une courte liste:
De quoi rivaliser avec le capitaine Haddock.
De l’impératif du verbe provencal veire, Vé signifie « regarde, vois ». Vé le l’autre, avec son pantalon tout estramassé!
Prononcer vengaièou du provençal venga a ièu qui signifie viens à moi, l’expression complète est venga a iéù qué te porte à l’oustau = Viens à moi que je t’emmène à la maison. Un vengaièu est un radin qui récupère tout ce qu’il trouve pour le vendre ou le réutiliser, qui se fait inviter partout où il peut pour garder son argent.
À Marseille l’utilisation de ce verbe se fait, en plus de la signification française, par imitation de la langue italienne, dans le sens de:attraper ou donner en parlant des maladies ou de certains états d’âme.Ex:
À partir de ces quelques exemples le lecteur devrait pouvoir comprendre toutes les autres et elles sont nombreuses.
Ventre, à Marseille, est utilisé à la place de ventrée lorsqu’on a beaucoup mangé d’un plat.Ex: Je me suis fait un ventre de coquillage. = J’ai mangé beaucoup de coquillage. Mais on l’emploie aussi dans l’expression je me suis fais un ventre de rire = J’ai ri à me faire péter les boutonnières.
Du provençal vié = le pénis.Mot très utilisé dans les manifestations de colère. L’expression Faire des viés peut s’appliquer aussi bien à quelqu’un qui fait des manières, qu’à quelqu’un qui fait du baratin, qui cherche des prétextes, des faux-fuyants. Une expression fantaisiste connaît un grand succès depuis très longtemps. Lors de colères réelles ou feintes, pendant une partie de pétanque par exemple, lorsque la boule suit une trajectoire surréaliste on s’écrie :
Ces vers de rimailleurs n’ont bien entendu aucun rapport avec la situation ni même de signification observable mais ils font toujours rire la galerie et ils décontractent... ce qui est le but recherché.
Le vié de mer, ou le Vié marin est le nom marseillais de l'holothurie ou concombre de mer.
Il y a, à Marseille sur le rond-point du Prado une réplique de la Statue de David tout nu dont l’original a été sculpté par Michel-Ange, cette statue qui tourne le dos à la mer fait donc face à la ville ce qui lui a valu d’être surnommée monsieur Viéverville, comprendre monsieur vié-vers-ville, par les Marseillais.
Expression sibylline s’il en est, d’une situation qui n’en finit plus, qui s’éternise on dit qu’elle dure la vie des rats... mais pourquoi les rats qui ne vivent guère plus de trois ans ? On peut penser que c’est leur prolifération et la difficulté à s’en débarrasser lorsqu’ils ont colonisé un endroit qui sont à l’origine de cette expression. L’expression la vie des morts s’emploie dans le même sens, peut être parce que les morts sont poétiquement promis à l’éternité ?
C’est l’autre nom de la vièle à roue, instrument de musique folklorique qu’on remarque parce qu’il répète souvent le même motif inlassablement, une viole à Marseille c’est quelqu’un qui parle beaucoup en répétant les mêmes choses.... comme le moulinari cité plus haut. On l’emploie aussi pour évoquer les gens facétieux qui parlent beaucoup mais pour faire rire la galerie ou faire des blagues, en particulier ces personnages typiques des bistros marseillais qui balancent des vannes complètement fantaisistes et loufoques à des gens susceptibles pour les mettre en colère et provoquer l’hilarité générale. Le terme français histrion est un bon synonyme de viole.
Ex: Qué viole celui là ! !
Un virage sur la route, mais la sonorité bon-enfant du mot est trompeuse car cette litote marseillaise désigne en réalité un virage dangereux ou on risque la mort.
Expression certainement inventée un jour de grande colère, c’est une baffe appliquée du revers de la main.
Signifie déclencher une tornade destructrice dans un moment de fureur, tout casser.Ex: S’il continue à me gonfler (voir ce mot) je vais faire virer il va y avoir du sang sur les murs et de la viande accrochée au plafond ! Encore une expression qu’on pourrait rapprocher d’une répartie de Michel Audiard dans Les tontons flingueurs Moi quand on m’en fait trop j’correctionne plus, j’dynamite... j’disperse... et j’ventile...Au 4 coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts façon puzzle...
Il y a une extension raffinée à cette expression : Les couilles elles m’ont virées j’y ai mis une pougne dans la nazole ! (voir ces mots) = Il me les a brisées menu (encore Audiard !) je lui en ai collée une !
De virer. Le vire-vire est le manège de chevaux de bois pour les enfants. Ce mot désigne aussi les joutes nautiques qui se déroulent sur un plan d’eau calme au moyen d’embarcations assez longues mues par des rameurs et munies à l’avant d’une plateforme surélevée sur laquelle se tient le jouteur armé d’une lance de tournoi médiéval, terminée par une boule de chiffon. Le jeu consiste à faire chuter l’adversaire en le percutant avec la lance. Désigne aussi un Rond-point.
Va te faire voir ! est une expression sinon injurieuse du moins désagréable utilisée dans toute la France. Elle a une origine provençale et utilisée comme mouvement d’humeur à Marseille. Se faire voir en Provence signifie se faire ausculter par le médecin, il n’est pas rare de nos jours, lorsque quelqu’un présente les symptômes d’une maladie quelconque, de l’entendre dire Je vais aller me faire voir au médecin même s’il n’y a rien d’apparent extérieurement. Va te faire voir est comparable à l’expression moderne tu devrais aller consulter ! ou Faut consulter, mon vieux !.
Sobriquet vraisemblablement construit sur Zig-Zag.Un Ziguenague c’est littéralement un tordu, un fouille-merde, un inclassable quel que soit le degré de torsion de son esprit, depuis le farfelu qui tient des propos incohérents ou fait des choses comiques, jusqu’au grand pervers qui prémédite ou fait délibérément des mauvais coups pour faire le mal, dépassement dangereux sur la route, calomnies savamment élaborées, orchestration de querelles entre amis ou dans un couple et toutes ces sortes de choses.
Normalement Zize est le diminutif de Louise, c’est aussi une façon amicale d’interpeller une femme qu’on connait bien.
Ex: Ô Zize combien tu me le fais le kilo de moules ?
Du latin sursum qui signifie sus . Zou peut-être traduit par en avant ou allons-y, courage[19]. Il est aussi utilisé pour désigner quelque chose qu’on veut faire rapidement ou bâcler.
De Zou (voir plus haut) et du mot provençal maï qui signifie d’avantage.L’expression zou maï ! se rapproche des expressions nous y revoilà ! ou Et voila que ça recommence !Au bistro c’est une façon de dire au patron remets nous ça !
Des écrivains marseillais, souvent dans la tendance polar, remettent au goût du jour la langue de Marseille. Citons :
Des écrivains marseillais, souvent dans la tendance polar, remettent au goût du jour la langue de Marseille. Citons :