Les verbes assimilés en arabe sont ceux dont la première radicale est une lettre faible, ya ou (le plus souvent) wâw. Ils sont dits assimilés, parce que le wâw initial, même s'il fait partie de la racine, disparaît souvent au présent, supprimé ou « assimilé » au préfixe de conjugaison.
Lorsqu'une semi-consonne porte un sukûn ـْ derrière un kesra ـِ ou un damma ـُ, elle est une lettre de prolongation et doit s'accorder en conséquence avec la voyelle précédente. On accorde donc :
Les formes dérivées des verbes assimilés n’ont aucune irrégularité, excepté la huitième forme verbale, normalement de forme إِزْتَرَزَ, où la première radicale faible, alors sans voyelle, peut être remplacée par un redoublement du ت, qui se confond par un teschdid ـّ avec le ta caractéristique de cette forme. Le schème de conjugaison prend alors la forme إِتَّرَزَ.
(Wright148) Certains grammairiens désapprouvent cependant cette assimilation, et maintiennent la radicale faible sous forme de lettre de prolongation, après permutation suivant la voyelle qui précède.
On dit donc, pour وَصَلَ (waSala) (atteindre) :
Et pour يَسَرَ (yasara) (jouer à un jeu de hasard) :
Pour وَعَدَ (wa3ada) (promettre) :
Autrement dit, sur le plan rythmique, la première syllabe de cette forme verbale est normalement longue, et fermée par la première consonne. Quand cette première consonne est faible, la première syllabe reste longue, et tend à être fermée par une consonne : elle devrait après permutation être prolongée par l'homologue de la voyelle ; mais elle devient usuellement fermée par le ta qui la suit (consonne qui devient donc redoublé).
(Wright148) Ses formes assimilées conduisent à des radicaux secondaires dont la première radicale est un ت remplaçant un و.
Les verbes assimilés en Y (Y**) sont rares et pratiquement toujours réguliers.
Les verbes qui ont un ya ي pour première radicale, ne diffèrent du verbe régulier dans leur conjugaison que par le changement orthographique du ya ي (y) radical en waw و (w) lorsqu’il est quiescent (ــْـ) après un dhamma (ــُـ ; c’est-à-dire que la séquence ـُيْـ (-uy°-) se transforme graphiquement en ـُو (-û).
Ainsi, يَسَرَ (yasara) (être facile) fait يُوسِرُ (yûsiru) à l’inaccompli de la quatrième forme (de schème ) au lieu de * يُيْسِرُ (yuysiru).
Il n’est pas de mot usité dans le style familier auquel ce cas soit applicable. Citons يَئِسَ (yaʾisa, a/i, perdre espoir) ; يَسُرَ (yasura, être facile) ; يَقِظَ (yaqiZa, être réveillé).
Aucun verbe ne présente tous ces verbes dérivés, la plupart de ces formes constituent une construction théorique.
L'irrégularité de tous ces verbes n'a lieu qu'à la voix subjective de la forme (i). Ils conservent le waw و (w) radical à la voix passive de cette même forme, et à toutes les formes dérivées sauf la huitième forme.
À l'inaccompli et à l'impératif de la première forme verbale, la première radicale ne porte pas de voyelle, et est donc la finale d'une syllabe longue. Lorsque cette première radicale est une lettre faible, elle se transforme normalement en prolongation de la voyelle précédente (règle de permutation) si la diphtongue est interdite. Cependant cette transformation peut être irrégulière suivant la voyelle portée par la seconde radicale (voyelle de l'inaccompli).
A/ Lorsque la voyelle du radical est un kesra ـِ (-i), le radical de l'inaccompli (normalement de la forme يـَفْعَُِلـُ) perd sa première radicale et prend la forme يـَعِلـُ.
inaccompli | singulier | duel | pluriel |
---|---|---|---|
1re personne | أَلِدُ (ʔa.li.du) je vais continuer à avoir un enfant |
نَلِدُ (na.li.du) nous allons continuer à avoir un enfant | |
2e personne du masculin | تَلِدُ (ta.li.du) tu (masculin) vas continuer à avoir un enfant |
تَلِدَانِ (ta.li.daː.ni) vous deux allez continuer à avoir un enfant |
تَلِدُونَ (ta.li.duː.na) vous allez tous continuer à avoir un enfant |
2e personne du féminin | تَلِدِينَ (ta.li.diː.na) tu (féminin) vas continuer à avoir un enfant |
تَلِدْنَ (ta.lid.na) vous allez toutes continuer à avoir un enfant | |
3e personne du masculin | يَلِدُ (ja.li.du) il va continuer à avoir un enfant |
يَلِدَانِ (ja.li.daː.ni) eux deux vont continuer à avoir un enfant |
يَلِدُونَ (ja.li.duː.na) ils vont tous continuer à avoir un enfant |
3e personne du féminin | تَلِدُ (ta.li.du) elle va continuer à avoir un enfant |
تَلِدَانِ (ta.li.daː.ni) elles deux vont continuer à avoir un enfant |
يَلِدْنَ (ja.lid.na) elles vont toutes continuer à avoir un enfant |
Toutefois, les verbes assimilés et sourds (dont la deuxième et troisième radicale sont identiques), comme وَدَّ (wadda), conservent le waw.
B/ Lorsque la voyelle du radical n'est pas un kesra, le verbe conserve normalement son waw. Toutefois, dans quelques verbes où cette voyelle est un fatha ـَ (-a), le radical de l'inaccompli perd également sa première radicale, et prend la forme يـَعَلـُ. Les plus courants sont:
Cette assimilation est probablement liée à la présence de gutturale ou semi-gutturale en deuxième ou troisième radicale.
C/ (Wright143) À l'inaccompli, lorsque la voyelle du radical est un fatha, et que les deux autres radicales ne sont pas déficientes, quelques dialectes changent le و en ـَا ou ـيـ :
(W145) À la voix passive des verbes à première radicale و, ce waw est parfois changé irrégulièrement en أُ du fait d'une certaine répugnance des arabes à la syllabe وُ. On aura ainsi :
Le waw de ces verbes peut également tomber dans le nom verbal, mais celui-ci gagne alors inversement un ta marbuta ــة, comme :
Accompli | Inaccompli | Impératif | Nom verbal (principe) | Participe actif (agent) | |
1 act. | (Wa*?*)a | Ya (*i*)u | (*a*) | (*i*)at | (WÂ*i*) |
1 pass | (Wu*i*)a | Yu (W*a*)u | – | – | Ma (W*Û*) |
2 | (Wa*²a*)a | Yu (Wa*²i*)u | (Wa*²i*) | Ta (W*Î*) Ta (W*i*)at |
Mu (Wa*²i*) |
3 | (WÂ*a*)a | Yu (WÂ*i*)u | (WÂ*i*) | (Wi*Â*) Mu (WÂ*a*)at |
Mu (WÂ*i*) |
4 | ‘a (W*a*)a | Yu (W*i*)u | ‘a (W*i*) | ‘i (W*Â)* | Mu (W*i*) |
5 | Ta (Wa*²a*)a | YaTa (Wa*²a*)u | Ta (Wa*²a*) | Ta (Wa*²u*) | MuTa (Wa*²i*) |
6 | Ta (WÂ*a*)a | YaTa (WÂ*a*)u | Ta (WÂ*a*) | Ta (WÂ*u*) | MuTa (WÂ*i*) |
7 | ‘iN (Wa*a*)a | yaN (Wa*i*)u | ‘iN (Wa*i*) | ‘iN (Wi*Â*) | MuN (Wa*i*) |
8 | ‘i (TTa*a*)a | Ya (TTa*i*)u | ‘i (TTa*i*) | ‘i (TTi*Â*) | Mu (TTa*i*) |
9 | ‘i (W*a*²)a | Ya (W*i*²)u | ‘i (W*i*²) | ‘i (W*i*Â*) | Mu (W*i*²) |
10 | iSTa (W*a*)a | YaSTa (W*i*)u | ‘iSTa (W*i*) | ‘isTi (W*Â*) | MusTa (W*i*) |
(Belmare) Du reste, il arrive le plus souvent que les Arabes ne font pas attention à l’oral à la règle de conjugaison de l'aoriste des verbes assimilés. Cette dérogation aux règles de la grammaire se rencontre moins fréquemment dans l'écriture, et la raison en est toute simple : c'est que ceux qui savent écrire, connaissent toujours, plus ou moins bien, les principes réguliers de leur langue. (Caussin 118) Dans le langage vulgaire, pour وصل (WSsL, unir, combiner), on dit indifféremment à l’inaccompli يَصِلُ (yasilu) et يُوصِلُ, (yusilu) ou plus souvent encore yasalu et youssalu, en sorte qu’on conjugue quelquefois ces verbes comme s’ils étaient réguliers. Il est néanmoins certains verbes dans la prononciation desquels on ne fait jamais sentir le و à l’inaccompli, comme وسع (WS3, être spacieux, contenir) ou ودع (WD3, laisser, abandonner).
Un verbe peut être à la fois assimilé et sourd, comme وَدَّ (wadda, aimer) ; assimilé défectueux et hamzé comme وَعَى (waʿâ, être conscient de).