Quelques explications sur l'utilisation des diacritiques en arabe: ils sont principalement utilisés pour indiquer les voyelles courtes (ou leur absence), et les redoublements de consonnes. Ils ne sont quasiment jamais écrits dans les textes (journaux, livres), mais il faut les indiquer dans les dictionnaires vu que c'est eux qui permettent de différencier certains mots entre eux quand on n'a pas de contexte.
C'est la forme la plus usuelle dans la littérature, l'équivalent d'une sténographie. Mais elle ne permet pas de différencier les mots qui deviennent homographes.
Par exemple, sans voyelles indiquées, حسن (ḥsn) pourrait être lu comme de nombreux mots différents de la même racine ح س ن :
De manière standard, tous ces mots s'écrivent en pratique حسن, sans diacritique, même s'il s'agit de mots différents.
Regrouper toutes les solutions possibles conduit rapidement à des pages illisibles, voir par exemple ربع/essai, قلب/essai, عرف/essai...
À cela il faut ajouter qu'il y a des écritures plus ou moins allégées:
Toutes ces variantes orthographiques sont automatiquement gérées par la fonction de recherche du Wiktionnaire, parce que la recherche sur une forme en arabe ignore les diacritique et ne porte que sur le squelette.
Et ajouter encore que les voyelles finales sur les noms et les adjectifs indiquent le cas (c'est pourquoi souvent elles n'apparaissent pas dans les dictionnaires) :
Ces « voyelles casuelles » restent nécessaires pour déterminer la bonne forme de déclinaison des mots.
Un même mot peut donc se retrouver plus ou moins simplifié, suivant les options prises sur les diacritiques de voyelle, d'absence de voyelle, de redoublement et de hamza :
Degré | Transcription | Perte d'information |
---|---|---|
0 | Tous diacritiques. | Information complète. Forme de référence dans les textes scolaires. |
1 | Suppression de la voyelle précédant ـة (-@), et des diacritiques sur les voyelles longues. | Ces signes sont toujours redondants. Pas d'ambiguïté sur le mot. |
2 | Suppression des voyelles casuelles. | Pas d'ambiguïté sur le mot proprement dit, mais perte d'information sur sa déclinaison (diptote ou triptote notamment). |
3 | Suppression du soukoun. | Le signe n'est redondant que si l'on est assuré que toutes les voyelles courtes sont notées. Si les voyelles courtes jugées « implicites » ne sont pas notées, l'absence de soukoun peut entraîner une confusion (par exemple, entre حَسْنٌ (Hasnũ) et حَسَنٌ (Hasanũ)). |
4 | Suppression du chadda sur les finales en ـِيٌّ (-iy²ũ) ou ـِيَّةٌ (-iy²@ũ). | Confusion possible, notamment avec un pronom possessif ـِي (-î). |
5 | Suppression des voyelles courtes. | Le mot peut être plus ou moins ambigü, suivant que l'on maintient ou pas certaines voyelles destinées à éviter des confusions probables. |
6 | Suppression du chadda | Plus de distinction possible par exemple sur les verbes de forme (ii). |
7 | Suppression du hamza diacritique. | Squelette minimaliste. |
Les autres wiktionnaires abordent la question des diacritiques de manière variée :
Il faut garder à l'esprit, comme il ressort de ce qui suit, et des sections spécifiées, qu'il y a un sens inhérent aux voyelles elles-mêmes :
On se souviendra également que les mots racines sont généralement composés de trois lettres, et que la lettre du milieu est la plus importante. Maintenant-
1) Les voyelles courtes marquent les Voix. Selon ce qui a été dit, la voyelle a devrait prédominer dans un verbe actif (transitif). La succession est vraiment de trois voyelles a, une pour chaque lettre du verbe racine. La voyelle a sur le dernier radical donne la force pronominale (§46). La voix active est indiquée par les voyelles a des deux autres radicaux, en particulier la voyelle a du radical moyen et important. Dans le verbe il a tué, nous avons une action, liée à un acteur, et résultant en une certaine condition quant à l'objet sur lequel il agit, et donc la voyelle du radical médian d'un tel verbe doit être a. Dans la formation de la voix passive, il y a simplement un changement de voyelles. Les trois voyelles sont utilisées, et en succession logique régulière. Ainsi, il a été tué montre d'abord une action simple, donc on place la voyelle u sur le premier radical; il montre ensuite que cette action dépendait ou procédait de quelqu'un, donc nous plaçons la voyelle i sous le second radical ; il montre enfin que l'action a abouti à une certaine condition de l'objet, donc nous plaçons la voyelle a sur le dernier radical : et ainsi la succession régulière et réelle de la voyelle pour la voix passive est u, i, a.
2) Les voyelles courtes marquent un verbe comme transitif ou intransitif. Avoir soif montre un verbe qui est intransitif, et une condition qui est temporaire, donc la voyelle du radical moyen ou important doit être i, ce qui est le cas. Mais le verbe être beau montre une condition continue d'un verbe intransitif, plutôt qu'une condition temporaire, et donc la voyelle du radical médian doit être u, ce qui est le cas. La racine arabe Aa-li-ma, avec la voyelle i accompagnant le deuxième radical, montre un verbe intransitif actif, et le sens est en conséquence de savoir une chose. Mais Aa-lu-ma avec la voyelle a accompagnant le deuxième radical montre un verbe transitif actif, et le sens est il a marqué quelque chose pour qu'un autre le sache.
3) Les voyelles courtes déterminent les Modes d'un verbe. Ainsi, l'indicatif inaccompli il fait ou il va faire a la voyelle u sur les deux derniers radicaux, indiquant l'action et la condition se poursuivant pendant une période donnée. Mais le subjonctif inaccompli il peut faire montre un résultat ou une condition subordonnée à, et conditionnelle à, une relation soutenue envers lui de la part de l'acteur, à savoir, le fait qu'il le fait ou l'effectue, et donc la voyelle du dernier radical est a, tandis que la voyelle du radical moyen reste u, exprimant l'action simple.
4) Les voyelles courtes effectuent des changements dans les lettres radicales d'un verbe faible, selon les lois de l'euphonie. Un verbe faible est celui qui a une lettre-voyelle ou une consonne faible pour l'une de ses lettres-racines. Si cette voyelle-lettre ou consonne faible est précédée d'une voyelle courte qui est hétérogène, la voyelle courte change la voyelle-lettre en cette voyelle-lettre ou consonne faible qui lui est analogue. Il semblerait que c'est exactement le contraire de cela qui devrait être le cas, que la consonne serait plus forte que la voyelle. Mais tel n'est pas le cas. Et la raison est apparente; parce que les voyelles courtes donnent le sens général de la forme, comme nous l'avons vu, tandis que les radicaux ne définissent que le cas particulier auquel il doit être appliqué, et donc les voyelles courtes doivent nécessairement être conservées quitte à sacrifier la consonne.
5) Les voyelles courtes marquent les Cas des Noms. Ici de même, ce qui serait naturellement inféré est ce qui a effectivement lieu. Car, de même que dans la flexion du verbe, la voyelle u est la caractéristique du mode indicatif, de même dans la flexion du nom la même voyelle désigne le cas nominatif ; et de même que la voyelle a est la caractéristique de l'humeur ou de la condition subjonctive ou subordonnée, de même dans le nom la même voyelle dénote le cas accusatif; et de même que la voyelle i dans le verbe indique une action dépendante et une connexion entre deux choses ou idées, de même dans le nom la même voyelle dénote le cas génitif ou dépendant.
6) Les voyelles courtes marquent un nom comme défini. La nunnation, ou le doublement des voyelles courtes, marque un nom comme indéfini et emphatique. Le raisonnement est évident. Lorsque le mot est indéfini, et donc prononcé sans référence à aucun autre mot, un certain allongement et une certaine accentuation seront donnés à la voyelle qui indique la déclinaison ; d'où la nunnation et son utilisation pour représenter un nom indéfini. Mais lorsque le mot est en construction, ou défini par l'article, c'est-à-dire lorsqu'il n'est mentionné que dans son rapport à un autre mot, l'accent sera mis plutôt sur le mot lui-même, et le son long de la voyelle, en conséquence, deviendra raccourcie; par conséquent, les voyelles courtes indiquent un nom défini.
7) A partir des voyelles courtes sont formés les Pluriels Réguliers. Comme le pluriel est l'extension du sens du singulier à un certain nombre d'individus ou d'objects, la forme du pluriel régulier est assurée par une extension des terminaisons de la voyelle du singulier. Ainsi muminun « un croyant », masculin singulier, se prolonge en muminuna, le masculin pluriel régulier ; et muminatun "un croyant", féminin singulier, se prolonge en muminatun, la forme régulière du fémini pluriel.
Ceux-ci, brièvement énoncés, sont quelques-uns des faits indiquant l'importance des trois voyelles courtes et la structure logique de la langue arabe. De cette manière et d'autres, et par des méthodes purement logiques, différentes formes et de nombreuses significations différentes sont dérivées. C'est un processus de raisonnement à l'égard duquel une personne peut se satisfaire et tirer le plus grand profit, tout en étudiant l'arabe comme il se doit de l'étudier, si elle prend une racine donnée et trace les liens entre les diverses formes grammaticales et significations lexicales. La conclusion du processus sera, il doit être ceci et cela, et il doit avoir telle ou telle signification. Et la conclusion est correcte.