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Nom propre |
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Incréé \Prononciation ?\ |
Incréé \ɛ̃.kʁe.e\ masculin
Oh, quelle merveille, mais ce qu’il dit aussitôt après, Muezzin, je serais capable de te donner mes yeux pour que tu puisses voir ce que je vois, la flotte des croisés descendant le fleuve, l’eau lisse et brillante comme elle seule peut l’être, et toute bleue, de la couleur du ciel qui la couvre, les rames s’élèvent et s’abaissent en cadence, les embarcations ressemblent à un essaim d’oiseaux qui s’abreuvent en volant au ras de l’eau, deux cents oiseaux migrateurs qui ont comme nom galères, galéasses, galiotes et je ne sais quoi d’autre encore car je suis un homme de terre et non de mer, comme elles avancent vite, les rames et la marée les emportent, à cause de la marée ils se sont levés de bon matin et ils partent, ceux qui naviguent en tête ont dû sentir le vent, ils hissent les voiles, ah, quelle autre merveille ce serait si elles étaient blanches, c’est jour de fête, muezzin, là-bas sur l’autre rive, nos frères d’Almada nos font signe, aussi joyeux que nous, eux aussi sains et saufs par la volonté d’Allah, Lui, le Plus Haut, Le Miséricordieux, l’Incréé, le Vivant, le Consolateur, le Clément, par la grâce de Qui nous voici délivrés de la menace effroyable de ces chiens qui franchissent la barre, ces maudits croisés avec qui peut mourir et tomber dans l’oubli la beauté de leur départ, et que Malik, le gardien de l’enfer, les retienne à tout jamais et les punisse.— (José Saramago, Histoire du siège de Lisbonne, 1989 ; traduit du portugais par Geneviève Leibrich, 1992, pages 174-175)