Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
Focus ce mois-ci sur les différents statuts que peuvent avoir les personnes contribuant au Wiktionnaire. Précisons d’abord bien que les différents statuts ne sont en rien différents quant à l’autorité éditoriale sur le contenu du projet ou sur sa structure. Les différences sont dans les outils mis à disposition pour le contrôle par les pairs des modifications. Il ne s’agit donc pas d’échelons hiérarchiques ni d’une course à la reconnaissance ou au mérite, mais d’un partage de la confiance qu’ont les contributeurs entre-eux.
Voilà pour un petit tour des différents statuts des utilisateurs contributeurs. Pour en savoir plus, vous pouvez aller voir la page d’Aide sur les statuts des utilisateurs.
Ce mois-ci, pas de résumé des statistiques sur les mots, car les pages de statistiques sont claires et que les commentaires apportent peu de choses en plus. Vous pouvez donc consulter les listes suivantes :
Le dictionnaire de ce mois-ci est intéressant pour la démarche qui a amené à sa publication, tout autant que pour son contenu. Il a été réalisé par deux linguistes, Swintha Danielsen et Lena Sell, et financé par The Endangered Language Fund, un organisme d’aide à la production de matériel pour les langues peu dotées. En effet, le guarasu ou pauserna est une langue parlée à la frontière entre la Bolivie et le Brésil, par une petite dizaine de personnes. Les deux linguistes étaient intéressées pour étudier cette langue, car il existe très peu de données la concernant, et que l’histoire du peuple qui la parle est mal connue. Ainsi, on ne sait pas s’ils doivent être rattachés à un autre peuple voisin, ni d’où ils venaient précisément. Cependant, les chefs politiques n’acceptaient pas leurs présences dans la communauté, car elles risquaient de révéler leurs méconnaissances de leur propre langue et de menacer leur autorité et ainsi leur droit de contrôle sur la déforestation du territoire que le gouvernement leur reconnait.
Loin de s’avouer vaincues, elles ont alors compilé les données disponibles et différentes listes de mots rassemblées par des anthropologues afin de produire un dictionnaire de la langue contenant 300 noms de plantes et 250 noms d’animaux. Ce petit ouvrage leur sert à montrer patte blanche, à convaincre qu’elles ne souhaitent pas menacer la culture traditionnelle mais bien étudier la langue, et produire du matériel qui pourra même servir aux politiciens pour légitimer la spécificité de leur langue et donc de leur culture.
Ce dictionnaire est disponible à la vente en Bolivie, pour 50 bolivianos, soit moins de 6 euros. Il sert à la patrimonialisation d’une langue qui risque de disparaître bientôt, malgré un investissement admirable de la part de ces deux linguistes. C’est le lot de nombreuses langues, et les outils collaboratifs pourraient participer à ces efforts de conservation de la diversité, voire devenir des outils pour la revitalisation des langues, en suscitant l’intérêt des nouvelles générations pour des langues qui vivent même sur internet ! — une chronique de Noé
Comme annoncé le mois passé, le Wiktionnaire a été présenté au musée des langues et de la linguistique Mundolingua à Paris le 16 février. Grâce à l’entremise de la contributrice 13okouran, les deux rédacteurs principaux des Actualités, Lyokoï et Noé ont été invités dans le cadre des conférences mensuelles du musée. Durant près d’une heure et demi, ils ont pu présenter les différents contenus présents dans le Wiktionnaire à un public attentif et curieux, qui posa des questions précises et intéressantes. Des salariés de l’association de promotion des projets Wikimédia France étaient présents et Jules Xénard a rédigé un chouette récit de la conférence dès son retour chez lui. Les discussions successives ont également permis de mettre en lien la structure avec le KoToPo, le lieu associatif où se tiennent à Lyon des rencontres mensuelles Wiktionnaire, gratuites et ouvertes à tous, tous les premiers jeudis de chaque mois.
Impulsé par le Fantastique Groupe d’utilisateur de Wiktionnaire, les LexiSessions visent à proposer des thèmes mensuels pour dynamiser l’ensemble des Wiktionnaires simultanément.
La septième LexiSession portait sur le thème de la fièvre et a permis la création du thésaurus sur la fièvre en français, enrichi par quatre contributeurs : Lyokoï, Rapaloux, Lmaltier et Cbyd !
Les participations sur les autres Wiktionnaires sont difficiles à mesurer car les communautés sont très diverses et les retours peu nombreux. La LexiSession de mars portera sur les mots français voyageurs, ces mots que l’on retrouve dans d’autres langues, avec des sens parfois très éloignés de leurs sens d’origine !
Cette rubrique vous propose de faire une revue des vidéos sur la linguistique et la langue française du mois, n’hésitez pas à ajouter les vidéos et les chaînes que vous trouvez !
Jeux
Un petit jeu développé par une lyonnaise de la sphère locale du logiciel libre s’intitule Bonjour le mot. Deux modes de jeu sont proposés :
Les mots utilisés proviennent essentiellement du TLFi (à tort crédité CNRTL) et parfois du Larousse. La possible rencontre de cette personne aux prochaine JDLL ou bien à une permanence mensuelle du Wiktionnaire au KoToPo pourrait booster le contenu de cette chouette plateforme !
Les contributeurs au Wiktionnaire anglophone organisent en ce moment une partie endiablée de Scrabble multilingue ! Chaque jour, un nouveau tirage. Les propositions sont à envoyer par courriel et seule la meilleure est inscrite dans la grille. Mots dans toutes les langues acceptés, tant qu’ils sont dans le Wiktionnaire anglophone !
Bouche cousue est un jeu inspiré de l'émission télévisée Motus. Dans notre version, il existe deux modes : mot aléatoire et mot de la semaine. Dans les deux cas, le mot à trouver doit être deviné après des propositions successives d'autres mots de même longueur, pour lesquels vous connaîtrez le nombre de lettres communes avec le mot à trouver. Dans le cas du mot de la semaine, le nombre de propositions qu'il vous a fallu pour trouver le mot est enregistré. Voici un petit palmarès des mots de ce mois ! |
CuriositéSaviez-vous que de nombreuses langues n’avaient pas de mots pour les numéraux ? Impossible de compter jusqu’à dix ! Si l’histoire du zéro est intéressante, celle des langues n’ayant pas de mots pour désigner les quantités est plus éloignée de l’histoire des mathématiques. Les constructions lexicales et grammaticales naissent pour répondre à des besoins expressifs, à la nécessité de désigner une réalité importante dans une culture. Et lorsque les cultures ne nécessitent pas d’échanger des valeurs numériques, alors elles ne créent tout simplement pas de chiffres ! Parfois il existe une manière de distinguer un grand groupe d’un plus petit, ou de séparer une unité unique d’une pair, de remarquer que c’est impair, donc presque trois, mais ces mots ne sont pas des numéraux, ce sont tout au plus des quantifieurs. Cette catégorie grammaticale a été établie pour de telles langues, mais on trouve également des quantifieurs en grand nombre en français : tas, groupe, meute, troupe, collection, palanquée, volée (de marches surtout), foule, brassée, chiée, flopée, tripotée, ribambelle, etc. Et si vous voulez des exemples dans des langues étrangères, ça tombe bien ! Il existe un grand projet de collecte de tous les numéraux du monde, orchestré en ce moment par Eugène Chan, qui propose une impressionnante collection de systèmes de numéraux (plus de 4 000 !). Et si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à le contacter ! — chronique par Noé |