Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
Donald Trump a-t-il le pouvoir de faire disparaître la science, les personnes vulnérables ou la communauté LGBTI en bannissant certains mots de ses administrations ? En tout cas il essaye : il a décidé de supprimer 7 mots dans l’ensemble des documents de tous les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (en anglais, les CDC) : vulnerable, entitlement, diversity, transgender, fetus, evidence-based et science-based, c'est-à-dire vulnérable, droit (au sens juridique), diversité, transgenre, fœtus, fondé sur la science et fondé sur des faits. Cette agence gouvernementale dispose de 12 000 employés dans le monde entier et de 7 milliards de dollars de budget.
Parmi les premières réactions, une fois l’effet de surprise passé, certains ont noté que le mot ridicule ne faisait pas partie de cette liste. Pour éviter tout contournement évident, l’administration Trump a donné des mots et des phrases de substitution. Pour ce qui concerne les traitements éprouvés, le CDC doit dire qu’il base ses recommandations sur la science mais en tenant compte des normes et des souhaits communautaires (“CDC bases its recommendations on science in consideration with community standards and wishes”). Un concept flou qui ouvre la porte aux traitements qui n’ont pas fait leurs preuves ou même aux fausses idées véhiculées par Trump lui-même (il a dit plusieurs fois que les vaccins étaient une cause de l’autisme - voir l’article consacré à cette controverse sur Wikipédia).
Cette censure resterait en effet ridicule si elle ne menait pas directement à la mort de nombreuses personnes : le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis (HHS) a reçu la même liste mais a vivement réagi en disant qu’il continuera a utiliser toutes les connaissances disponibles pour traiter au mieux ses patients.
Pour finir sur une note plus légère, le Los Angeles Times rappelle, à titre de comparaison, que le comique George Carlin avait écrit une liste de 7 mots qu’il est impossible de dire à la télévision. — une chronique par Romainbehar
Sur Google, les 10 mots dont la définition a été la plus recherchée en 2017 sont :
Autres mots à la mode en 2017, dans la rubrique comment… : slime et hand spinner. Une liste bien différente des mots les plus recherchés dans le Wiktionnaire en 2017.
Les pages de statistiques externes permettent de connaître :
Nicolas Tournadre, linguiste spécialiste des langues tibétiques, publie dans Le Prisme des langues un discours général sur les langues, leur diversité, leur difficulté et leur intérêt. L’ouvrage se veut relativement accessible aux non-linguistes et hormis quelques passages un peu techniques du fait d’un vocabulaire et de notions propres à la linguistique, le livre se lit sans grande difficulté.
La première partie de l’ouvrage développe des notions générales sur les langues agrémentées de nombreux exemples. Il est ainsi question de la différence entre langues et dialectes, de langues écrites et de langues orales, des caractères politiques et culturels des langues. Cette partie, très didactique, est très enrichissante pour toute personne qui voudrait disposer de quelques notions de linguistique.
Dans la seconde partie, l’ouvrage s’approche plus d’un essai. L’auteur s’interroge ainsi sur la prétendue égalité des langues. Sa réflexion démarre sur une citation de Claude Hagège qui indiquait en 2009 que « se valent comme instrument de communication n’importe quelle langue peut être traduite en n’importe quelle autre langue ». L’auteur nuance ces propos par la suite en indiquant que certaines langues n’ont pas de mots pour désigner les nombres, les couleurs, etc ; les concepts d’une langue sont alors traduits par des périphrases si l’autre langue n’a pas ce concept. Nicolas Tournadre revient également sur l’hypothèse de Sapir-Whorf selon laquelle les langues véhiculent une certaine vision du monde. Il donne quelques exemples qui appuient cette hypothèse tout en en démentant d’autres comme l’exemple célèbre selon lequel les Inuits auraient de nombreux mots pour décrire la neige, qui est en fait un canular. Unsui en parlait dans le numéro 22 de janvier 2017.
Enfin, l’auteur nous livre son raisonnement sur la notion de complexité d’une langue. Il revient sur les travaux de linguistes qui ont essayé d’établir un classement des langues selon leur difficulté. Ainsi M. Parkvall a-t-il établi un classement de 155 langues ; le bourouchaski serait la langue la plus complexe, tandis que l’anglais se trouverait à la 78e position et l’hébreu à la 37e place. Il laisse le lecteur se faire un avis de ce classement. Nicolas Tournadre classe les difficultés d’apprentissage en plusieurs catégories qu’il décrit longuement : les difficultés phonologiques, morphologiques, syntaxiques, lexicales, les difficultés liées au système d’écriture. Pour évaluer la difficulté d’apprentissage d’une langue A pour un locuteur d’une langue B, il faut par ailleurs prendre en compte le degré de parenté linguistique entre les deux langues et le degré de parenté entre deux langues au sein d’une macro-famille de langues. Pour cette raison, l’apprentissage du persan pour un francophone, et plus encore pour un russophone, sera beaucoup plus simple que l’apprentissage du basque.
L’auteur développe évidemment de nombreux autres aspects de la linguistique. Les quelques exemples donnés ici sont bien plus détaillés dans le livre. À noter que l’intérêt de Wikipédia pour la survie et le développement des langues minoritaires en danger est mentionné plusieurs fois. Le Wiktionnaire, bien que non mentionné, a également un rôle à jouer à ce niveau. Sorti en 2014, une nouvelle édition revue et augmentée a été publiée en janvier 2017. — une chronique par Pamputt
Si vous deviez définir ce qu’est la paix, qu’en diriez-vous ?
Une réponse peut être de dire que la paix est l’absence de guerre. C’est à peu de choses près la première définition que proposent le Larousse en ligne et le Trésor de la langue française.
Pour autant, la paix ne pourrait-elle pas exister indépendamment de l’état de guerre ? Si oui, quels éléments la définiraient ? C’est cette réflexion politico-philosophique qu’amène Albert Jacquard dans son livre Tentatives de lucidité (2005).
« On n’en finit pas de décrire les combats mais que dire d’un peuple qui construit des maisons et des routes et qui se réjouit de contempler les couchers de soleil ? Il faut redonner valeur à la paix en lui donnant une définition plus exaltante que celle de non-guerre. ». Il propose alors sa définition de la paix, mais ce n’est pas tant ce qui m'intéresse ici : et dans les Wiktionnaires, comment décrit-on la paix ?
J’ai regardé dans plusieurs langues la définition de la « paix » politique, et non pas de la quiétude personnelle qui est souvent synonyme. Ne maîtrisant pas toutes ces langues je ne vous propose pas de traduction, mais un rapide passage sur un logiciel de traduction m’a permis de classer ces définitions en trois catégories :
Non-guerre | Entre les deux | Définition propre |
---|---|---|
espéranto
La manko de perforto aŭ milito. Stato de regno, nacio aŭ alia homgrupo, kiu ne estas militanta kontraŭ alia. |
anglais
A state of tranquility, quiet, and harmony; absence of violence. For instance, a state free from civil disturbance. |
français
Concorde, tranquillité intérieure qui règne dans les États, dans les familles, dans les sociétés. |
danois
modsat krig |
russe
состояние спокойствия, покоя, согласия; отсутствие вражды, войны |
|
néerlandais
het ontbreken van oorlog |
japonais
戦争や争いが無く、おだやかなこと。 | |
portugais
estado de não beligerância |
allemand
vertraglich gesichertes Miteinander verschiedener Staaten, das durch Abwesenheit von Gewalt (und speziell von Krieg) gekennzeichnet ist | |
grec
περίοδος απουσίας ενόπλων συρράξεων |
italien
assenza di stato di guerra nei rapporti fra stati oppure all'interno di uno stesso stato, assicurata anche dalla mancanza di ogni forma di violenza e garantita dal rispetto dei diritti dei popoli e dei singoli individui | |
polonais
stan pozbawiony kłótni, zatargów, konfliktów, sprzeczek |
roumain
stare de bună înțelegere între popoare, situație în care nu există conflicte armate sau război între state, popoare, populații | |
chinois
沒有戰爭的狀態 |
hébreu
אי־לוחמה, יחסי ידידות בין עמים. | |
turc
savaşın bittiğinin bir antlaşmayla belirtilmesinden sonraki durum |
Je n’avais aucune idée d’où me mènerait cette analyse lorsque je me suis lancée, et parmi tous les Wiktionnaires que j’ai pris en compte, seul le francophone ne définit jamais la paix par son contraire. Cocorico ? Pour la beauté de la performance peut-être ; mais c’est une réalité que le mot « paix » est utilisé dans le sens de « l’état d’un pays qui n’est pas en guerre ». Que cet usage ne soit pas mentionné, pas même dans la catégorie « antonyme » appropriée, est peut être un manque. Wiktionnaristes, à nos claviers !
— Une chronique par Dara, écrite le 20 décembre 2017
Durant les mois de novembre et décembre, la communauté des développeurs de la Wikimedia Foundation a proposé une grande consultation afin de déterminer dix projets qu’ils réaliseront pendant l’année à venir. C’est la quatrième année qu’ils organisent ce type de maelstrom d’idées qui permettent de formaliser des rêves et des besoins des participant·e·s aux projets. Sans surprise, les propositions qui concernaient le Wiktionnaire n’ont pas reçues suffisamment de votes pour atteindre le podium, mais le bilan est néanmoins positif :
Ces idées ne seront pas prises en charge par les développeurs salariés de la Wikimedia Foundation, mais pourraient être réalisées par des développeurs bénévoles, et les Actualités se feraient une joie de s’en faire écho !
Cette rubrique vous propose de faire une revue des vidéos sur la linguistique et la langue française du mois, n’hésitez pas à ajouter les vidéos que vous découvrez !
Le 12 décembre, le projet Wiktionary a fêté ses 15 ans d’existence. Katherine Maher, la directrice exécutive de la Fondation Wikimédia a souhaité un joyeux anniversaire à la communauté à cette occasion.
Le Wiktionnaire francophone date quant à lui du 22 mars 2004, et pour découvrir l’histoire du projet, nous vous invitons à jeter un œil à la présentation de Lyokoï sur l’histoire du Wiktionnaire présentée lors d’une journée dédiée à la création de dictionnaire qui s’est tenue en novembre à Lyon. Les diapositives présentées sont disponibles ici :
Impulsées par le Fantastique Groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de Wiktionnaire, les LexiSessions visent à proposer des thèmes mensuels pour dynamiser l’ensemble des Wiktionnaires simultanément. Les thèmes sont suggérés en amont sur Meta et annoncés chaque mois sur la Wikidémie, l’espace principal de discussion.
La LexiSession de décembre était sur le thème du thé et a permis la création d’un nouveau thésaurus sur le thé en français par Jpgibert et un thésaurus sur le thé en chinois par Assassas77.
Pour le mois de janvier, le thème proposé est la nouvelle année !