Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
Les personnes qui participent au Wiktionnaire forment une communauté qui partage un but commun, celui de créer un objet lexicographique qui révolutionnera la définition du dictionnaire. Voyons ce mois-ci quelques alliés, en nous focalisant sur trois communautés : Wikipédia, la Fondation Wikimédia et Wikidata.
La communauté des personnes qui contribuent à Wikipédia est peut-être la plus importante en taille. De nombreuses personnes sont aussi bien wikipédiennes que wiktionnaristes et certaines personnes font même des liens activement entre les deux projets. Mentionnons par exemple Alphabeta qui ajoute des palanquées de liens d’un côté et de l’autre, ou Noé qui ajoute des liens vers les thésaurus et informe chaque mois le Bistro de la sortie des Actualités. D’autres personnes ne contribuent plus sur Wikipédia après s’en être fait bannir ou exclure. Si la vision qu’a la communauté wikipédienne du Wiktionnaire n’a pas été étudiée dans le détail, on peut néanmoins noter que les réactions sur le Bistro ou lors de rencontres en personne sont en général positives, bienveillantes et relativement informées.
La Fondation Wikimédia, ou Wikimedia Foundation est la structure qui héberge les projets. Outre son rôle d’opérateur technique qui s’assure de la sécurité et de la pérennité du site, c’est l’organisme qui gère la récolte des fonds annuels qui permet la poursuite des projets. Bien que l’on puisse regretter le faible développement logiciel dédié au projet Wiktionary dans son ensemble durant ses premières années, on pourra noter l’investissement durant l’année écoulée pour la création d’un module gérant les liens entre les versions linguistiques des wiktionnaires.
La Fondation Wikimédia comprend également une équipe salariée appelée Soutien & Sûreté (Support & Safety) qui veille sur les personnes en examinant les plaintes pour harcèlement de manière confidentielle, pouvant bannir les personnes de l’ensemble des communautés selon une évaluation discrétionnaire. C’est cette équipe qui a banni Classiccardinal, un des administrateurs du Wiktionnaire francophone, en janvier 2018. Son rôle et son lien avec la communauté du Wiktionnaire n’a pas été défini par cette dernière qui a largement contesté son modus operandi à la suite de leur dernière décision.
Wikidata est un projet de la Fondation Wikimédia qui vise à réunir et organiser des données structurées. Dès sa création, de nombreuses personnes se sont montrées intéressées par les données lexicographiques déjà collectées, discutées et structurées dans les wiktionnaires. Les deux communautés ont cependant des difficultés à communiquer sur leurs objectifs et à se mettre d’accord sur les avantages à collaborer. Une discussion débutée le 22 février portant sur la licence à utiliser pour les données lexicographiques dans Wikidata illustre le clivage entre les deux communautés.
D’autres communautés gravitent autour du projet Wiktionary, et chaque personne identifie des connexions différentes entre les différentes communautés. La page Projet:Coopération vise à réunir les discussions et réflexions sur la place du Wiktionnaire dans ce réseau d’alliés, afin que de nouveaux projets conjoints puissent plus facilement émerger. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à aller participer aux discussions ! — une chronique par NoéLes pages de statistiques externes permettent de connaître :
Nombre de lemmes français (mots sans les flexions) définis dans le Wiktionnaire anglophone | ||
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Le premier orque qui parle s’appelle Wikie ! Elle sait dire « Hello », « one, two, three » et « bye bye » (pourtant l’expérience a été menée en France). Comme toujours les titres des journaux sont accrocheurs, et ce spécimen n’est pas plus intelligent que ses congénères : il répète les sons comme un perroquet. On aime bien donner des prénoms aux animaux qui ont un comportement anthropomorphique. Ce mois-ci, on annonce aussi la mort de Nigel, le seul fou de Bassan qui avait trouvé refuge sur l’île aménagée spécialement pour son espèce, avec 80 oiseaux en béton à son image poussant des cris grâce à l’énergie solaire. Tout espoir de recolonisation est maintenant perdu. Pour rappel, il y a quelques années un cygne noir, qui s’est amouraché d’un pédalo en forme de cygne blanc, a été nommé Peter. Certains on fait des analyses génétiques, et elle a été rebaptisée Petra. — une chronique par Romainbehar
Impulsées par le Fantastique Groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de Wiktionnaire, les LexiSessions visent à proposer des thèmes mensuels pour dynamiser l’ensemble des Wiktionnaires simultanément. Les thèmes sont suggérés en amont sur Meta et annoncés chaque mois sur la Wikidémie, l’espace principal de discussion.
La LexiSession de février était sur le thème de la radio et elle a donné naissance aux thésaurus de la radio et au thésaurus des ondes !
Pour le mois de mars, le thème proposé sera les mathématiques !
Cette rubrique vous propose de faire une revue des vidéos sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.
Ce dictionnaire est un ouvrage assez exceptionnel. Sa première version, de plus de 1 200 pages, a été écrite par un locuteur de la langue geviya, au Gabon, qui y consacra plusieurs années de sa vie. En 1988, la rencontre avec un linguiste français signa le début d’une collaboration en vue d’une publication de ce travail. Ils publièrent en 2002 l’ouvrage amélioré : un dictionnaire bilingue décrivant avec précision les mots de cette langue parlée aujourd’hui par moins de 50 personnes. En 2003, ils retournèrent ensemble dans la communauté des Eviya afin d’inaugurer ce dictionnaire. Cette étape finale a été suivie par le documentariste Laurent Maget qui produisit un documentaire d’une vingtaine de minutes sur ce moment bien particulier. Dernier chapitre en date, un article par le linguiste français a été publié dans un recueil de récits de linguistes de terrain, dont voici un extrait qui résume les difficultés à réaliser un tel dictionnaire :
« Scientifiques et locuteurs n’ont pas les mêmes préoccupations et par conséquent, les mêmes réflexes. Plusieurs problèmes se sont posés, dont voici les principaux : la transcription de certains sons et l’attachement des locuteurs à l’orthographe du français (connotations de prestige), la transcription des tons, l’ordre des entrées (problème des préfixes de classe pour les entrées nominales et verbales), l’organisation des entrées, les traductions (en français standard), l’identification de certains référents (lexiques spécialisés), les exemples illustrants les différents sens relevés pour une entrée. » — (Lolke J. Van der Veen, « "Le Dictionnaire" de la langue geviya au Gabon » dans Linguistique de terrain sur langues en danger. Locuteurs et linguistes, édité par Grinevald C. & Bert M., Numéro spécial Faits de Langues Les Cahiers n°35-36, Ophrys, 2010, page 396.)
Ce dictionnaire est d’abord destiné à la communauté au Gabon qui parle cette langue, puis plus largement aux personnes qui pourraient être intéressées par cette langue. Il a demandé des années d’effort, tant pour la collecte des mots que pour l’organisation de l’ensemble, et pourtant il demeure peu accessible, comme précisé dans l’article qui lui est dédié en 2010 (page 396). D’abord car il est relativement cher mais également car il n’existe pas de réseau de distribution de livres qui permettent d’assurer qu’il puisse toucher son public. Il n’existe pas de version numérique de l’ouvrage, mais cela ne serait pas forcément le souhait de la communauté, et ne le rendrait peut-être pas plus accessible. Comme dit dans le documentaire, cet ouvrage aura au moins permis au monde de connaître l’existence de ce peuple et de sa riche culture. D’ici quelques dizaines d’années, le contenu de ce dictionnaire passera dans le domaine public et il pourrait être intégré à des sites internets qui auraient alors à leur charge l’archivage et la préservation de son contenu. Ainsi, bien qu’il soit possible qu’il ne reste un jour plus personne pour souhaiter parler cette langue, elle pourrait être réapprise grâce à ce dictionnaire et grâce aux personnes qui le transmettront aux futures générations. Le Wiktionnaire aura peut-être alors un rôle à jouer dans cette histoire, et un savoir-faire à apporter pour la mise en commun des mots conservés. Ailleurs, le Wiktionnaire pourrait être utilisé par les locuteurs de petites langues avant qu’il soit trop tard, mais cela nécessite une diffusion et une plus grand facilité d’usage qui restent encore à développer. — une chronique par Noé