Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
En français, les verbes ont des formes différentes selon plusieurs paramètres, plusieurs catégories grammaticales. Les principales variations sont dues à la personne sujet (je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils, elles), au temps (passé simple, imparfait, présent, futur, etc.), au mode (indicatif, subjonctif, impératif) et à la voix (actif ou passif). Dans d’autres langues, d’autres paramètres peuvent être utilisés : l’objet de la phrase, qui est marqué par un pronom indépendant en français ; des aspects verbaux qui indiquent un moment précis de l’évènement et que l’on considèrent comme périphrastiques en français (commencer à…, être en train de…, être sur le point de…, finir par…) ; la négation et d’autres encore.
L’ensemble de toutes les formes de verbes correspondent à ce que l’on appelle la conjugaison. La forme canonique, la seule a être présente dans un dictionnaire imprimé est la forme de citation et pour le français, il s’agit de l’infinitif, une forme nominale du verbe. Dans le Wiktionnaire, c’est donc sur les pages ayant pour titre les infinitifs que vous pourrez trouver le plus d’informations, notamment les définitions.
Les autres formes, les désinences, disposent également de leurs entrées ! Avoir des pages pour les autres formes a de nombreux avantages : raconter leurs histoires lorsqu’elles sont différentes, comme lors des cas de supplétion, c’est à dire quand plusieurs verbes fusionnent ; enrichir les recherches d’anagrammes ; permettre d’utiliser la base du Wiktionnaire pour concevoir des correcteurs orthographiques.
Outre les pages multiples pour chaque formes des verbes, il existe également dans le Wiktionnaire plus de 32 000 tableaux de conjugaisons ! Équivalents aux pages d’ouvrages de conjugaison comme le Bescherelle, ces tableaux offrent des vues synthétiques de toutes les formes d’un verbe, en proposant en supplément des représentations écrites des prononciations. Ces notations en alphabet phonétique internationale sont amenées à être enrichies par des fichiers audios à l’avenir, mais c’est un énorme chantier qui en est encore à ses balbutiements. Des notes sont également ajoutées pour les verbes défectifs, pour lesquelles certaines formes seulement sont utilisées, tel que sourdre.
Côté technique, ces tableaux sont créés grâce à une multitude de modèles, qui sont des représentations schématiques qui facilitent la mise en forme de l’information. Pour le français, la liste de tous les modèles de conjugaison permet d’avoir une idée du travail réalisé dans l’arrière-cour afin de proposer des tableaux aussi précis et faciles à mettre en place que possible, ce qui permet également de créer de nouveaux tableaux dès qu’un nouveau verbe entre en usage en français.
Pour les découvrir, il suffit de cliquer sur les liens présents sur chaque page définissant des formes de verbes, sur un petit lien (Conjugaison) que bien des lecteurs et lectrices doivent manquer. C’est peut-être le point faible de cet aspect du Wiktionnaire : une très faible visibilité pour ce contenu qui équivaut d’ores et déjà aux sites commerciaux proposant des informations similaires ! Si vous avez des idées pour améliorer cet aspect du Wiktionnaire, n’hésitez pas à proposer votre aide ! — une chronique par Noé
Les pages de statistiques externes permettent de connaître :
Ce mois-ci, le site a recensé plus d'une centaine de thérapies dans la catégorie Thérapies en français . Certaines appartenant à la médecine non conventionnelle.
Une petite curiosité de la langue française cette fois. Il a fallu plusieurs années d’existence au Wiktionnaire pour enfin trouver des mots avec plusieurs ligatures : œ ou æ ou les deux. Cela est dû au fait que ces caractères sont plutôt rares en français, alors les faire intégrer deux fois le même mot cela demande vraiment des conditions de construction particulière. Et de fait, tous les mots comportant deux o, e dans l’o, ou « œ », sont des mots construits par la fusion de deux mots identiques ou différents, comportant déjà le caractère susnommé. La liste est courte et la voici : sœur de cœur, cœur de bœuf, œil de bœuf / œil-de-bœuf et nœud-nœud.
Mais ce n’est pas du tout le chemin emprunté par le seul qui a été trouvé avec deux a, e dans l’a, ou « æ ». Ce fameux mot, Ææa, est d’origine grecque. Il vient du mot Αἰαία qui est un autre nom de l’île de Circé. Le caractère « æ » remplace dans ce contexte la suite de lettres αί. Présente aussi en anglais, cette graphie avec deux ligatures est pourtant un archaïsme issu d’une époque lointaine. Aujourd’hui en français, mais aussi dès 1775 dans le Dictionnaire abrégé de la Fable de Chompré, on l’écrit plutôt Éa. Simple, court et concis, mais nos amis d’outremanche préfèrent Aeaea, ce qui nous faire dire que la Marmite n’est pas quelque chose de très bon pour le cerveau.
Enfin, il y a parmi toutes ces bizarreries, la bizarrerie des bizarreries. Simplement, le mot Œniadæ . C’est le seul mot français connu comportant les deux ligatures. C’est un truc chelou, on vous l’accorde, et cela est dû au fait que la forme latine n’a pas été francisée, ce qui eût donné « Œniades ». Et oui, des fois, on ne va pas jusque au bout… J’espère néanmoins que cette petite curiosité vous aura donné envie de fouiller les archaïsmes et les délires de notre langue pour aller à la découverte de perles de cet acabit, et qui sait, peut-être prouver que les exceptions ne sont pas totalement uniques… — une chronique par Lyokoï
Impulsées par le Fantastique Groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de Wiktionnaire, les LexiSessions visent à proposer des thèmes mensuels pour dynamiser l’ensemble des Wiktionnaires simultanément. Les thèmes sont suggérés en amont sur Meta et annoncés chaque mois sur la Wikidémie, l’espace principal de discussion.
La LexiSession d’avril était sur le thème de la mine et elle a donné lieu à un thésaurus sur la mine ainsi qu’à une session de contribution en direct vidéo par Lyokoï !
Pour le mois de mai, le thème n’est pas en grève, il est la grève !
Bon, suite à l’insistance de certains, il est temps que je me livre (bonjour monsieur l’agent !)… Mon premier dictionnaire, non pas celui que j’ai eu entre les mains, mais celui que j’ai réellement acheté avec mon propre argent de poche, c’est le Dictionnaire de Géologie écrit par Alain Foucault et Jean-François Raoult. J’ai acheté le mien durant mes études de géosciences et il m’a été d’une grande aide. C’est un dictionnaire assez particulier puisqu’il ne se limite pas qu’à des notions d’une seule science. En effet, la géologie d’aujourd’hui est loin d’être un système fermé et échange autant avec l’infiniment petit, avec la chimie et la physique des particules dans la minéralogie, qu’avec l'infiniment grand, avec l’astrophysique pour la planétologie. Aussi, un dictionnaire de géologie pour être bon doit décrire des pans très larges des sciences.
Se centrant surtout sur un outil taillé pour la compréhension, le Dictionnaire de Foucault et Raoult est un indispensable pour qui découvre ou travaille dans le milieu. Il ne décrit que des mots utilisés en français, mentionne les différentes variantes orthographiques lorsqu’elles existent et ajoute régulièrement des notions encyclopédiques lorsqu’elles sont nécessaires pour comprendre le sujet. Il ajoute aussi systématiquement la traduction anglaise du mot, et parfois plusieurs lorsqu’il y a des variations et/ou des nuances de sens.
Ce dictionnaire m’a suivi pendant presque toutes mes sorties de terrain, il en a vu des vertes et des pas mûres, il a pris l’eau, s’est fait colorer le dos par un truc rose que je n’ai jamais pu identifier. Il est gondolé, corné, et serait jeté par bien des gens. Mais je crois que je le garderai longtemps. Car c’est lui qui m’a donné le goût des mots et de leur description. Et ce n’est que très récemment que j’en ai lu l’introduction (une page et demie, les auteurs font dans l’efficace) et ai compris la vision d’une description « utile » de la langue. Ce dictionnaire n’est pas fait pour les lexicographes, il est vraiment fait pour les géologues et les passionnés, pensé par eux pour eux.
L’ouvrage compile des corrections et des ajouts de beaucoup de personnes qui sont remerciées dans cette introduction, prouvant qu’un travail collaboratif est aussi à l’œuvre pour cet ouvrage. Mais c’est aussi à la fin de cette introduction, qu’on apprend que Jean-François Raoult est décédé en 1987, à la veille de la troisième édition de ce dictionnaire et que depuis, Alain Foucault continue de conserver le nom de son ami comme auteur principal pour les autres éditions. J'aimerais bien rencontrer un jour l’auteur de ce dictionnaire, parce qu'il y a peu de choses dites sur l’histoire de cet ouvrage et qu’il mérite largement quelques lignes de plus à son sujet ici… — une chronique par Lyokoï
Cette rubrique vous propose de faire une revue des vidéos sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.