Actualités du Wiktionnaire
Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
+ 8 997 entrées et 99 langues modifiées pour atteindre 4 370 818 entrées et 1 218 langues avec au moins cinq entrées.
+ 975 entrées en français pour atteindre 395 409 lemmes et 605 545 définitions.
Les cinq langues qui ont le plus avancé, outre le français, sont le same du Nord (+ 5 183 entrées), le polonais (+ 842 entrées), l’italien (+ 320 entrées), le danois (+ 218 entrées) et l’allemand (+ 203 entrées).
Les nouvelles langues sont : l’omagua (+1), le sakizaya (+1), le vieux danois (+1).
+ 2 082 citations ou exemples en français pour atteindre 487 558.
+ 283 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les articles du Wiktionnaire, pour atteindre 54 746.
+ 4 111 entrées contenant au moins une prononciation (dont 2 719 pour le français) pour atteindre 261 180 pages contenant au moins une prononciation audio pour 134 langues (dont 128 116 pour le français).
+ 4 nouveau thésaurus soit un total de 1 090 thésaurus dans 67 langues dont 795 thésaurus en langue française ! Les nouveaux thésaurus sont sur l’embryologie en chinois par Popolon, le mot composé en français par Seb16120 et deux créations collectives durant le Wikicamp, sur le karst et sur le cocktail !
Wikiscan et Wikistats donnent chaque mois accès à beaucoup de mesures, dont la liste des pages les plus consultées et des pages modifiées par le plus de personnes.
+ 34 mots créés sur les 39 proposés dans les Mots du jour !
+ 1 nouveau domaine sémantique ce mois-ci, celui de la spéléologie.
Pierre Chompré, Dictionnaire abrégé de la fable, 1727
Le dictionnaire qui nous intéresse ce mois-ci concerne un best-seller ancien, un petit dictionnaire qui a été réédité plus de 100 ans après sa première édition. Pierre Chompré était un spécialiste de la littérature antique et dirigeait une pension d’où il donnait un enseignement classique à bien des jeunes gens qui se destinaient à en faire usage dans des carrières d’artistes ou d’orateurs. Réputé pour son enseignement, il n’a eut de cesse de transmettre ses connaissances à travers un grand nombre d’ouvrages pédagogiques qu’il écrivit au cours de sa vie.
Le Dictionnaire de la fable fut le premier d’entre eux et servit de base à son enseignement. En effet, il y rassembla dans un format très pratique (in-12) toute la matière des mythologies grécoromaines et celtiques, la « fable » comme on l’appelait à l’époque. En faisant attention à y enregistrer toutes les variations orthographiques (par exemple : Ææa, Æa, Ééa, Éa…) afin que les différentes traductions ne posent problèmes, il publia cet ouvrage dans l’idée primaire d’y soutenir ses cours. Mais le succès fut au rendez-vous.
Ainsi on trouve maintes rééditions jusqu’en 1850 environ, soit plus de 100 ans après la première édition et 90 ans après la mort de l’auteur. Un aspect intéressant de ce succès fut que bien qu’initialement dévolu à la compréhension des textes antiques afin de s’en détacher et de glorifier la religion catholique, les usages post-Révolution seront dû aux courants artistiques de cette période qui au contraire chercheront à se rapprocher de cette Antiquité de nouveau glorifiée, donnant ainsi naissance au romantisme, notamment.
Sans aller jusqu’à affirmer que ce petit dictionnaire joua un rôle quelconque dans la diffusion artistique de la mythologie antique, il est sûrement un des outils pas mal utilisés durant cette grand période pour comprendre cette fable. En preuve, l’abondance de cet ouvrage que l’on peut encore trouver d’occasion chez pas mal de libraires. Vous pourrez trouver également l’édition de 1775, la douzième, sur Gallica. En vous souhaitant bonne lecture et bonne découverte de l’Antiquité à travers les yeux de nos ancêtres.
Quelques émissions audio ou vidéo sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.
Parmi les ressources que l’on peut rencontrer sur les langues, parlons aujourd’hui des dictionnaires et des lexiques qui sont produits par des linguistes ou des missionnaires qui ne sont pas de la société dans laquelle la langue est parlée mais sont formés à l’étude des langues. Leurs productions découlent de leurs travaux d’analyse et peuvent s’inscrire dans une démarche de documentation, mais ne forment pas forcément des dictionnaires de définitions similaires à ceux rédigés pour des langues ayant de longues traditions de production de dictionnaires.
Un biais couramment rencontré est que l’existence des mots est documentée mais pas leurs sens. Il est important pour l’étude d’une langue de savoir si les mots fonctionnent comme des noms ou comme des verbes, moins souvent de quelle variété de plante il s’agit ou si des contraintes culturelles existent à l’usage d’un verbe. Les linguistes étudient les mots au sein du système de la langue, et le vocabulaire est alors une matière molle sous le cadre de la morphologie (étude de la forme) et de la syntaxe (étude des structures). Ce vocabulaire découle de la phonologie (étude des sons) et en offre de beaux exemples, mais il est souvent trop ambitieux pour des linguistes d’appréhender complètement le contexte de la langue, le contexte de la situation d’énonciation et le contexte culturel. Ce sont beaucoup d’informations à analyser, alors que la parole s’envole.
Même avec une formation pluridisciplinaire et des outils modernes pour capter le son et l’image, les subtilités des langues sont nombreuses, et les dictionnaires issus du terrain ne sont souvent que des sous-produits des analyses, qui permettent de distinguer le sens des mots mais pas de le comprendre, car le sens n’a pas été étudié de la manière dont des locuteurs et locutrices natifs pourraient l’étudier. Et même dans des travaux rédigés avec les communautés, il est difficile de présenter suffisamment d’exemples d’usage et d’indications culturelles pour que les documents produits soient utilisables dans la vie courantes.
Ces dictionnaires sont néanmoins des ouvrages utiles, qui réunissent des informations jusque-là inconnues, mais ils demeurent largement améliorables. Et dans certains cas, une édition augmentée voit le jour, des années après le début de l’étude de la langue, qui présente de plus riches informations, utiles pour la communauté et au-delà, pour comprendre les mots et permettre leurs réemplois.
Est-ce qu’un outil numérique collaboratif tel que le Wiktionnaire permettrait d’accélérer ce processus et d’intégrer une part plus large d’une communauté linguistique ? C’est une possibilité, même si l’outil devra être utilisable par une communauté simplement, ce que n’est pas vraiment le Wiktionnaire, et qu’un accompagnement à la préparation d’un dictionnaire paraît nécessaire afin que la démarche puisse aboutir en réunissant des informations riches et proches de l’usage.Ces propositions, affichées sur la page d’accueil, ont été proposées par Sebleouf, Noé et Lepticed7. Merci de leurs contributions aux personnes qui ont créé les mots et notamment à Destraak qui a été particulièrement inspiré !