Actualités du Wiktionnaire
Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
+ 15 040 entrées et 99 langues modifiées pour atteindre 4 496 826 entrées et 1 278 langues avec au moins cinq entrées.
+ 1 915 entrées en français pour atteindre 399 045 lemmes et 614 699 définitions.
Les cinq langues qui ont le plus avancé, outre le français, sont le same du Nord (+ 6 261 entrées), l’allemand (+ 2 308 entrées), le sicilien (+ 585 entrées), le polonais (+ 556 entrées) et le breton (+ 507 entrées).
Les nouvelles langues sont : le sehwi (+11), l’ahanta (+9), l’inuttitut (+2), le westphalien (+1).
+ 3 810 citations ou exemples en français pour atteindre 510 938.
+ 975 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les pages principales du Wiktionnaire, pour atteindre 59 528.
+ 3 268 sections de langue contenant au moins une prononciation audio (dont 569 pour le français) pour atteindre 314 751 sections de langue contenant au moins une prononciation audio pour 139 langues (dont 134 645 pour le français).
+ 1 nouveau thésaurus ce mois-ci, pour un total de 1 102 thésaurus dans 67 langues dont 805 thésaurus en langue française. Le nouveau thésaurus est sur les minorités sexuelles et de genre par Léna.
Wikiscan et Wikistats donnent chaque mois accès à beaucoup de mesures, dont la liste des pages les plus consultées et des pages modifiées par le plus de personnes.
+ 16 mots créés sur les 28 proposés dans les Mots du jour !
+ 1 lexique thématique en français ce mois-ci, celui des cours d’eau d’Amérique du Sud.
Quelques émissions audio ou vidéo sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.
Les dictionnaires ont d’abord fait florès comme ouvrages imprimés avant de devenir des objets numériques. Les livres de poche ou massifs, contenant un nombre variable d’entrées et de définitions, mais avec un souci constant, au-delà de la mission de l’objet d’être correct et proche du réel, celui d’être concis. Les définitions se devaient d’être ciselées au plus court, directes autant que claires, et faciles à comprendre. Les exemples eux aussi doivent prendre une place raisonnable afin de limiter le coût de l’impression et de permettre une plus grande diffusion du dictionnaire.
On va surtout retrouver les traces de ce souci de place dans les abréviations, présentes partout : étymologie (du l., du gr., de l’ar.), marques d’usage (vx., fam., anat., mar.) ou des indications de relations (SYN., ANT., cf., ◆). Tout un code à acquérir, qui s’est harmonisé entre les dictionnaires selon les langues et cultures éditoriales. Des termes techniques très spécialisés sont ainsi devenus habituels pour les consommateurs de dictionnaires, qui ont ainsi appris la langue du dictionnaire.
Anecdote au passage : le choix du dictionnaire d’espéranto Plena Ilustrato Vortaro qui opte pour une sélection de symboles pour les domaines, gagnant en place mais pas forcément en facilité d’accès. Et surtout, plusieurs de ces signes sont marqués d’une culture en particulier (l’architecture à la française, l’astrologie occidentale, le ski comme représentation du sport) qui vont à l’encontre du projet universel et transculturel de la langue. Cela laisse dubitatif sur la possibilité d’utiliser de nos jours des émojis à cette intention, même pour un lectorat qui serait plus uniforme culturellement.
Dans les dictionnaires numériques, la concision reste un enjeu important. Il faut que le lectorat accède rapidement à l’information, qu’il ne soit pas nécessaire de défiler trop longuement sur la page ou même que ça tienne dans un écran de téléphone portable. Les stratégies de l’imprimé ont été celles des premières années du Wiktionnaire qui a adopté les mêmes abréviations pour les marques d’usages en début de définition notamment. Dans le texte affiché d’abord, puis dans les noms des modèles utilisés à la place du texte. Ces modèles affichent un texte régulier avec une mise en forme spécifique, de manière systématique pour plusieurs pages. Les indications dans l’étymologie ont encore des traces de cette optimisation au plus économique, de ce gain de place à tout prix, pour afficher le moins de caractères possibles et économiser du stockage de données tout comme on économisait l’encre.
Mais le lectorat des dictionnaires d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier et les abréviations ne sont plus toujours comprises. Les personnes qui apprennent la langue, jeunes comme adultes, ont déjà des difficultés avec tant d’aspects de la langue qu’il paraît incongru de leur imposer encore des codes supplémentaires. La langue du dictionnaire va-t-elle alors disparaître progressivement des écrans ? De nouvelles habitudes vont-elles naître, avec des stratégies originales telles que des pictogrammes, indications colorées ou sonores ?
Ce souci de faire court va-t-il donner lieu à des mises en page permettant d’escamoter certaines informations pour proposer une vue dense et une vue développée ? L’équilibre entre des définitions synthétiques et des définitions rédigées évolue selon les habitudes des personnes qui contribuent au Wiktionnaire, et peut-être que cela ira vers des définitions plus longues ? Tellement de questions, que je laisse ouvertes, cette chronique étant déjà fort peu concise !L’espéranto est une langue construite décrite pour la première fois en 1887 par Louis-Lazare Zamenhof, son initiateur. Il s’agit d’une langue se voulant simple, régulière et internationale. Les règles de la langue sont synthétisées en 1905 dans le Fundamento de Esperanto. 16 règles sur une page A4, c’est de l’argument choc pour sa simplicité ! (Les grammaires de l’espéranto ne sont pas aussi courtes. La grammaire de référence actuelle, le PMEG, fait 750 pages.)
Quelques précisions sur la grammaire sont nécessaires pour comprendre la suite : l’espéranto note les classes grammaticales de ses mots avec une lettre finale. -o pour les noms, -a pour les adjectifs, -e pour les adverbes et -i pour les verbes à l’infinitif. Ainsi, pour une même racine (disons san), on a sano (la santé), sana (sain), sane (sainement) et sani (être en bonne santé). L’espéranto marque le pluriel en ajoutant un -j après le mot et l’accusatif avec un -n. Ainsi, kato (le chat) donne katoj (les chats), katon (le chat, à l’accusatif) et katojn (les chats, à l’accusatif).
Toujours est-il qu’avant d’arriver à la rédaction du Fundamento, l’espéranto a connu plusieurs projets de réforme (et il en connaitra d’autres après 1905). L’un des plus marquants est le projet de 1894, parce qu’il a été proposé par Zamenhof lui-même ! Et ce projet avait pour but de changer drastiquement l’espéranto. Zamenhof a proposé ses réformes dans six articles qu’il a publiés pendant six mois dans La Esperantisto, premier journal de l’espéranto. De quoi s’agissait-il en substance ? Et bien, de nombreuses et profondes modifications de la langue :
Bref, la langue réformée et l’espéranto ne se ressemblent plus du tout. Mais pourquoi donc Zamenhof a-t-il proposé ça ? Et comment l’histoire s’est-elle finie ? – On veut en savoir plus ! – Je sais que c’est une histoire passionnante, mais je vais manquer de place pour tout raconter, donc je vous donne rendez-vous le mois prochain. – Ooooooooh… – Bon, ça va, je vais vous donner des infos. Ça s’est fini dans le sang et les larmes ! Mouhahaha ! – Diantre, qu’ils sont violents ces espérantistes ! – Ça va, je déconne. On parlera d’argent (#LaMoulaga), de vote, et du manque d’argent (#PlusDeMoula).
Ces suggestions, affichées sur la page d’accueil, ont été proposées par Noé et Sebleouf. Merci de leurs contributions aux personnes qui ont créé ces nouvelles entrées : Pamputt, Bercours, Herljevic, Poslovitch, Papypierre1 !
Connaissez-vous les plus grands lacs du monde ? Dans le haut du classement des noms de lacs en français : lac Supérieur, Balkhach, Ladoga, Lagoa dos Patos, Eyre, Yssyk Koul.
Les mots du bitume, de Rabelais aux rappeurs, petit dictionnaire de la langue de la rue, Aurore Vincenti, 2017, éditions Le Robert.
Les dictionnaires des innovations de la langue populaire sont nombreux, avec des noms évoluant au gré de la mode, filoutant l’argot, jactant la langue verte, celle des banlieues, des jeunes, de la zone et maintenant du bitume. Tant d’ouvrages qui décrivent des réalités parfois éphémères, parfois durables, des mots de la langue vivante.
La linguiste Aurore Vicenti reprend et enrichit des chroniques écrites pour la radio et diffusées sur France Inter sous le titre « Qu’est-ce que tu m’jactes ? ». Elle avait déjà présenté son propos principal dans une courte interview animée. Dans ce petit livre coloré, ce sont près de cent entrées dédiées chacune à un mot, avec des exemples d’usage pris dans le rap et des explications nombreuses et encyclopédiques, présentant l’étymologie, une analyse morphologique de la construction du mot ou le contexte dans lequel il est apparu ou s’est répandu. Le ton est léger, amusant ou érudit dans les nombreux encarts qui mettent en avant des anecdotes sur la langue ou d’autres mots que celui étudié. Environ 75 mots supplémentaires sont proposés en fin d’ouvrage, plus brièvement définis, et suivis d’un petit glossaire des termes techniques du dictionnaire.
L’ouvrage est très grand public, très aéré, avec des pleines pages dédiées à des punchlines flashy, en orange sur fond noir ou noir sur fond orange. Les pages sont agrémentées de formes et de traits libérés, montrant la fluidité de la langue, sa créativité hors des marges.
La préface d’Alain Rey vient asseoir la légitimité des mots et de la collecte, qui est bien celle d’une partie de la langue française, concrète et chaude.