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Aux temps de la Marine à voiles , les gendarmes étaient chargés de ramener à bord du navire en partance les matelots (en général bien avinés) qui tiraient une dernière bordée à terre avant de s’embarquer pour un dur voyage au long cours. Ils touchaient même une prime pour cela. Matelots et gendarmes étaient donc les protagonistes d’un jeu "de gendarmes et voleurs" quasiment ritualisé dans les heures précédant l’appareillage. Les gendarmes de la fin du XIXe siècle portaient le bicorne (comme le gendarme de Guignol) réglementairement tourné à 90° du sens de la marche… et les matelots les avaient facétieusement surnommés les brasse - carré, ou les brassés carrés, par analogie avec le réglage des voiles d’un trois mâts de l’époque : Au plein vent arrière, allure fastidieuse et moins rapide que le grand largue (vent trois quarts arrière), les vergues étaient brassées (orientées avec des cordages nommés bras) exactement à la perpendiculaire du sens de la marche… comme le bicorne des gendarmes. Cette étymologie est largement attestée, notamment par les écrits du Commandant Armand Hayet, ancien capitaine au long-cours, qui connut les derniers beaux jours de la marine de commerce à voile au début du XXe siècle et en recueillit le folklore, les traditions et les chansons.
Alain lui dit: — Il n'y a pas de danger, notre maître. Les brasse-carrés viennent d'arriver. Les brasse-carrés, dans la langue des marins et des Bretons de la côte, ce sont les gendarmes qui portent leurs chapeaux comme un navire filant vent arrière porte ses voiles.— (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome 2, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 225)
Désormais, les manquants ne rallieraient la Galatée qu’encadrés par les brasse carré, flanqués de deux bicornes taillés en trapèze, comme des huniers brassés carré.— (Roger Vercel, Ceux de la Galatée, Albin Michel, 1949, p. 21)