drôle de guerre \dʁol də ɡɛʁ\ féminin
N’empêche que cette guerre, en dehors du sens spirituel qui nous la faisait nécessaire, nous est apparue, dans l’exécution, comme une drôle de guerre. Le mot ne m’a jamais fait honte. À peine avions-nous déclaré la guerre, nous commencions d’attendre, faute d’être en mesure d’attaquer, que l’on voulût bien nous anéantir ! On nous reprochera d’appeler cette guerre une drôle de guerre ! Ceux qui appellent cette guerre « drôle de guerre », c’est nous ! Autant la trouver drôle. Nous avons le droit de plaisanter comme il nous plaît parce que, tous les sacrifices, nous les prenons à notre compte.— (Antoine de Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XVIII, 1942)
Si la drôle de guerre n’avait pas eu la fin qu’elle a eue, ils seraient arrivés à leur fin, avec le flic qu’ils avaient mis à ses trousses, et les chicanes diverses. Tout leur était bon, ils auraient fini par lui mettre dans son paquetage le portefeuille du colonel, s’il le fallait ! Puis il y a eu la déroute, et Jean n’a pas été fait prisonnier et il est revenu à Paris, s’est installé dans son appartement et a tranquillement repris son cours à la Sorbonne.— (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 301)
Notre langage adoptait des expressions telles que « drôle de guerre », « guerre larvée », et nous étions un peu, tous, comme des bêtes sans flair…— (Sidonie-Gabrielle Colette, Le Képi, Fayard, 1943 ; éd. Le Livre de Poche, 1968, page 67)
La guerre est commencée mais on ne la voit pas, elle demeure pendant des mois « la drôle de guerre ».— (Nuit blanche, no 159, été 2020, page 53)