défaire \de.fɛʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se défaire)
« Ce que j’ai fait, je le déferai ! » me dit-elle, un jour, dans un accès de fier défi poussé jusqu’à la folie.— (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 175)
N’était-il pas équitable que vous défissiez ce que vous aviez fait ?— (Maurice-Charles Renard, L’Inconnu des îles, Librairie des Champs-Élysées, 1954, chapitre XII)
Les phases de climat froid auraient alterné avec des périodes moins favorables au lessivage et permettant même la remontée vers la surface de certains éléments, défaisant ainsi l'œuvre des podzolisations précédentes.— (Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, volumes 24-25, Éditions E. Privat, 1953)
Pénélope défaisait, la nuit, l’ouvrage qu’elle avait fait le jour.
Ce que l’un fait, l’autre le défait.
Une couture qui se défait.
C’est le propre de la jeunesse de vouloir, pour reprendre la célèbre formule d’Albert Camus, défaire le monde en pensant le refaire.— (Richard Martineau, Mais les tiennes, où sont-elles ?, Le Journal de Québec, 21 février 2021)
Défaire une malle, un paquet, une valise.
Il défit son faux col, ouvrit sa vareuse et sa chemise.— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 397 de l’édition de 1921)
Ils avaient à défaire tout le chemin qu’ils avaient fait.— (Charles-Louis Philippe, Dans la petite ville, 1910, réédition Plein Chant, page 37)
Défaire l’ennemi. — Son armée fut complètement défaite.
— Ah ! si l’on me donnait seulement une pertuisane, dit une voix enrouée (c’était le vieux Grandchamp, qui s’était glissé dans la chambre, et dont les yeux étaient rouges de fureur), je déferais bien monseigneur de tous ces hommes noirs ! disait-il.— (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, chapitre XXV, 1826)
La réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale, jeudi 18 juillet, donne une étrange coloration à la législature qui s’est ouverte, dans la foulée de la dissolution prononcée, le 9 juin, par le président de la République : au lieu du changement attendu, la continuité prévaut alors que le camp présidentiel a été lourdement défait lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.— (Le Monde, Législatives : gare au déni de défaite, Le Monde. Mis en ligne le 19 juillet 2024)
Défaire un mariage, un marché.
se défaire
"Tiens! mais c'est une idée! Toi qui cherche une belle fille, sans la trouver!...Elle va se défaire. Défaits-toi, ma chérie, défaits-toi un peu, pour qu'il voie."— (Emile Zola, L'Œuvre, 1886, page 132.)
Du dehors, à la clarté brutale de l’électricité, je pus apercevoir des couples se désunir et plusieurs individus se défaire, avec un geste brusque, de couteaux ou de revolvers.— (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
Se défaire d’une mauvaise habitude, d’un vice, d’une passion.
Se défaire d’un mauvais employé.
Se défaire d’un assaillant, d’un témoin gênant, etc.
M. Robert Francheville, dans le Mirliton du Romantisme (Delpeuch, 1927), remplit son recueil de citations d’un comique discutable, mais se trompe parfois carrément. C’est ainsi qu’il relève, page 102, cette phrase de Boirie et Lemaire : « Frédéric porte un pistolet à sa bouche pour se défaire. » — Étant donné la brièveté de ce texte, l’expression visée ne peut être que : se défaire. Or elle appartient au plus pur français classique. On la trouve dans Voltaire, et Paul-Louis Courier recommandait de l’employer de préférence à se suicider, qui lui semblait un pléonasme.— (Régis Messac, « Le style du roman-feuilleton », la Grande revue, no 12, décembre 1928, pages 221-234)
Un marchand qui se défait avantageusement de sa marchandise.
Se défaire d’un cheval, d’une propriété.
Il cherche, sans y réussir, à se défaire de son domaine.
« Je m’y vois comme si j’y étais. Repense-moi ça, hein, se pousser du ventre dans de la femelle à Maloret... j’aurai pourtant manqué ce train-là, moi. On va, on pousse sa charrue, on trime, les jours se défont et on n’a pensé à rien... »— (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 163)
Une dépêche, le dimanche, m’annonça la mort de grand-père ; décidément, mon passé se défaisait.— (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 450)
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