fichtre

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Étymologie

(XIXe siècle)[1] De ficher pour remplacer foutre.

Interjection

fichtre \fiʃtʁ\ invariable

  1. (Par euphémisme) (Vieilli) ou (Ironique) Expression marquant la surprise, le désarroi, parfois l’admiration. → voir bigre, diable etc.
    • Le Philosophe Dumarsais, , donnait à un jeune Seigneur des leçons de Grammaire Française. Celui-ci n'entendant pas toute la fine Métaphysique de son Maître , s'impatiente & prononce avec une espèce de courroux: « Fichtre, je n'en viendrai jamais à bout ». Du Marsais lui répond du ton le plus phlegmatique: « Monsieur, ce mot n'est pas Français : on dit F .. mais il n'y a que la Canaille qui s'en sert ». — (« Traits Curieux », dans l’Almanach littéraire ou Étrennes d'Apollon, Paris, 1784, page 104)
    • La gaieté ne l’abandonnait pas pour ça. Fichtre non ! — (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907)
    • Assez, Auguste, mon cher Auguste !.. Oui, je vais y répondre, Fichtre !.. je sais que je ne peux pas faire autrement... Vous ne me quitterez pas, n'est-ce pas, mon ami? — (Jean-François Alfred Bayard, Le poltron, comédie-vaudeville en un acte, créé au Théâtre du Vaudeville, le 9 octobre 1935, scène 14, Paris ; chez J.-N. Barba, 1835, page 43)
    • Fichtre ! dit-il, tu n’es pas dans ton assiette. Veux-tu un petit verre de liqueur pour te remonter ? — (Maurice Leblanc, La Comtesse de Cagliostro, 1924)
    • Fichtre non, répéta-t-elle, en me singeant. — (Léo Malet, Les Eaux troubles de Javel, Robert Laffont, Paris, 1957)
    • Fichtre ! Te voici donc condamné à la clandestinité avant même d’avoir commencé ta libération. — (Narcisse Praz, Le Rocher de Sisyphe, 1983)

Variantes

Adverbe

fichtre \fiʃtʁ\ invariable

  1. (Par euphémisme) (Vieilli) Renforcement d’un énoncé négatif placé après le verbe.
    • Et je ne vois fichtre pas ce qui peut t’exciter en faveur des Grecs. Ils ne sont pas intéressants. — (Anatole France, Le Mannequin d’osier, Calmann Lévy, 1897, réédition Bibliothèque de la Pléiade, 1987, page 944)
    • « Si je veux qu’il ait un peu de considération pour moi, se dit-il, et fichtre, c’est exactement ce que je veux, il ne faut surtout pas dire à cet homme, coquet comme un coq, que j’ai lavé des morts. » — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 211)
    • Je ne sais fichtre pas ce qu’il aurait pu m’apprendre, et encore pour cela, aurait-il fallu qu’il ouvre la bouche. — (Léo Malet, Les Rats de Montsouris, Robert Laffont, Paris, 1955)
    • Il avait pris un soir son baluchon pour aller habiter chez une copine. Où précisément ? Peut-être du côté d’Élan ou de Villers-le-Tilleul. Il n’en savait fichtre rien. — (Bernard Totot, Le Mystère du troisième pied, Éditions Le Manuscrit, 2012, page 109)
    • Voilà, incontestablement, un livre générationnel ! Hommes ou femmes de moins de 55 ans, passez votre chemin, vous n’y comprendriez fichtre rien. — (J. Remy, « Au fil des pages : Il y a trop de tout partout », Le Bien public, site www.bienpublic.com, le 19 juillet 2013)

Traductions

Prononciation

  • La prononciation \fiʃtʁ\ rime avec les mots qui finissent en \iʃtʁ\.
  • France (Vosges) : écouter « fichtre  »
  • France (Céret) : écouter « fichtre  »
  • Lyon (France) : écouter « fichtre  »
  • Auvergne-Rhône-Alpes (France) : écouter « fichtre  »
  • Saint-Laurent-de-Cerdans (France) : écouter « fichtre  »
  • Liège (Belgique) : écouter « fichtre  »

Références

  1. Albert Dauzat, Jean Dubois et Henri Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse, collection « Les dictionnaires pratiques du langage », Paris, 1964, 4e édition, ISBN 2-03-340801-9.