Comme si la jeunesse était une pure question d’état civil, comme s’il n’y avait pas de radoteurs de vingt ans, des moins de trente ans atteints d’une ankylose intellectuelle qui n’a d’égale que leur prétention à refaire l’univers en un tournemain, en bafouant toutes les traditions, en reniant le long et douloureux effort séculaire de l’humanité ! Comme si nous ne connaissions pas tous des septuagénaires d’une magnifique verdeur intellectuelle et physique, qui ont su garder le contact avec les jeunes générations ! Comme s’il suffisait, pour résoudre les problèmes politiques et sociaux, de substituer au conflit des classes la lutte des générations ! Cette mystique gérontophobe, d’un Bertrand de Jouvenel ou d’un Drieu la Rochelle, m’apparaît d’autant plus périlleuse qu’elle a comme corollaire l’appel à l’action pour elle-même, c’est-à-dire aux forces obscures, à l’instinct, aux dépens de l’intelligence et de la claire raison.— (Édouard Depreux, Comment vaincre le fascisme ? dans les Pages Libres de La Grande Revue, mai 1934 → lire en ligne)
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin et féminin |
gérontophobe | gérontophobes |
\ʒe.ʁɔ̃.tɔ.fɔb\ |
gérontophobe \ʒe.ʁɔ̃.tɔ.fɔb\ masculin et féminin identiques
Peut-être le terme de gérontocratie, que nous avons souvent employé, est il trop fort. Il y eut aussi beaucoup d’hommes jeunes parmi les dirigeants de la Renaissance. Mais l’époque, en dépit de sa littérature gérontophobe, sut faire confiance à l’expérience des vieux.— (Jean-Pierre Bois, Georges Minois, Vieillesse et pouvoir politique à l’époque de la Renaissance dans la Revue historique, Librairie Germer Baillière et Cie, Paris, janvier 1985, page 115 → lire en ligne)
Elle est un peu gérontophobe. Ça l’énerve de les voir tout le temps croire en des choses qui n’existent plus. Les vieux font toujours un peu pitié.— (Virginie Despentes, Vernon Subutex 2, Grasset, 2015, p. 209-210, ISBN 978-2246857365, 400 p.)
En passant d’une société temporelle à une société spatiale (homme moderne a domestiqué l’espace, mais perdu toute maîtrise du temps), d’une société du temps long à une société de l’immédiateté, d’une société de transmission dans la durée à une société de communication instantanée, nous avons laissé les vieux sur le bord du chemin, à telle enseigne que notre société clairement gérontophobe, , n’est même plus en mesure de s’interroger sur la vieillesse, à fortiori, de lui donner un sens.— (José Voss, C’est à dire, Miscellanées, Publibook, Saint-Denis, 2018, page 111-112)
Singulier | Pluriel | |
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Masculin et féminin |
gérontophobe | gérontophobes |
\ʒe.ʁɔ̃.tɔ.fɔb\ |
gérontophobe \ʒe.ʁɔ̃.tɔ.fɔb\ masculin et féminin identiques
Mais ces deux mois à la Coopérative firent de lui un buveur d'eau impénitent et un gérontophobe militant.— (Yann Moix, Jubilations vers le ciel, Grasset et Fasquelle, 1996)