Singulier | Pluriel |
---|---|
grâce | grâces |
\ɡʁɑs\ ou \ɡʁas\ |
grâce \ɡʁɑs\ ou \ɡʁas\ féminin
On a généralement traité Aucassin comme un conte populaire, dont il fallait mettre en lumière la grâce un peu simplette et la naïveté.— (Albert Pauphilet, note préliminaire des Contes du jongleur, Paris : L’Édition d'Art H. Piazza, 1931, p.VI)
Il avait une telle grâce sur elle, que, si son ennemie l’eût vue avec cet habit, elle lui en aurait donné un de déesse en la place.— (Jean de la Fontaine, Psyché, t. II, p. 154)
Vous n'êtes pas une femme, vous êtes la femme ! Et, comme suprême parangon de grâces et de beauté, vous vous devez à l’admiration de tous.— (Émile Colombey, Ninon de Lenclos et sa cour, Paris : Adolphe Delahays, 1858, page 117)
Parler, avec grâce.
Les grâces de la diction, soit en éloquence, soit en poésie, dépendent du choix des mots, de l’harmonie des phrases, et encore plus de la délicatesse des idées et des descriptions riantes.— (Voltaire, Dictionnaire philosophique : Grâce)
Je demande la mort pour grâce ou pour supplice.— (Pierre Corneille, Horace, IV, 7)
On lui dit qu’au Japon La fortune pour lors distribuait ses grâces.— (Jean de la Fontaine, Fables, VII, 12)
Pour les grâces du roi, il faut toujours les espérer quand on les mérite toujours comme M. de Grignan.— (Marquise de Sévigné, 312)
Donnez des grâces aux familles qui augmentent la culture.— (François de Salignac de La Mothe-Fénelon, Les Aventures de Télémaque, XII, 1699)
Du grec charis, proche de chara, qui signifie « joie », le mot grâce peut être associé à ce qui est gratuit, à un cadeau. Le bonheur est une grâce qui nous est accordée si nous en cultivons les sources nommées plus haut.— (Christine Michaud et Thomas De Koninck, Le Petit Prince est toujours vivant, Gallimard/Édito, 2020, page 68)
Ainsi les cœurs sont saisis d’une joie soudaine par la grâce inespérée d’un beau jour d’hiver, qui, après un temps pluvieux, vient réjouir tout d’un coup la face du monde.— (Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne, reine de France et de Navarre, prononcée à Saint-Denis, le 1er de septembre 1683)
Le Prince ne peut naturellement vous recevoir en ce moment, mais il juge que votre venue est providentielle. Une dernière grâce du ciel, un heureux présage.— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 137 de l’édition de 1921)
Je puis croire pourtant, Sans trop de vanité, que je suis en sa grâce.— (Molière, Le Dépit amoureux, I, 3)
En effet, la façon dont le Sauveur s’y prend pour divulguer les grâces réservées à Lourdes est stupéfiante. Afin de les épandre, il ne se borne plus à faire célébrer ses miracles par une propagande toute orale ; non, Il en vient aussitôt aux grands moyens.— (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
Mais auparavant, par une pieuse coutume, nous disons quotidiennement notre prière en commun. D’abord parce que cela nous vaut des grâces particulières et ensuite parce qu’il fait moins froid ici qu’au premier étage…— (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 25.)
Il est toujours tout juste et tout bon ; mais sa grâce ne descend pas toujours avec même efficace ; Après certains moments que perdent nos longueurs, Elle quitte ces traits qui pénètrent nos cœurs.— (Pierre Corneille, Polyeucte, I, 1)
Nous appelons grâce actuelle une inspiration de Dieu par laquelle il nous fait connaître sa volonté et par laquelle il nous excite à la vouloir accomplir.— (Blaise Pascal, Provençal, IV)
Je crois, comme vous, qu’il faut un peu de grâce et que la philosophie seule ne suffit pas.— (Marquise de Sévigné, 96)
On peut voir dans le même colloque l’état présent des controverses en Allemagne entre les luthériens et les calvinistes, et on voit que la doctrine constante des théologiens de la confession d’Augsbourg est que la grâce est universelle.— (Jacques-Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, XIV, § 106)
Les grâces de Dieu ne sont pas seulement pour nous des dons de Dieu, ni des bienfaits de sa miséricorde, mais de grandes charges devant Dieu.— (Louis Bourdaloue, Sermon pour le dimanche de la Sexagésime : Sur la parole de Dieu, t. I, p. 417)
Ô grâce, ô rayon salutaire, Viens me mettre avec moi d’accord ; Et, domptant par un doux effort Cet homme qui t’est si contraire, Fais ton esclave volontaire De cet esclave de la mort.— (Jean Racine, Cantique, 3)
Je voudrais comme vous faire grâce à son âge.— (Pierre Corneille, Sertorius, II, 1)
Il ne faut point de grâce à qui se voit sans crime.— (Pierre Corneille, Pertharite, V, 2)
J’aurais peine, seigneur, à lui refuser grâce.— (Pierre Corneille, Sertorius, I, 3)
Reine, voyez pour qui vous me demandiez grâce.— (Pierre Corneille, La Mort de Pompée, IV, 5)
Et l’on donne grâce aisément à ce dont on n'est pas le maître .— (Molière, Amphitryon, II, 6)
Elle a vu venir le coup sans demander grâce.— (Esprit Fléchier, Mme de Montausier)
Dieu ne fait jamais grâce à qui ne l’aime point.— (Nicolas Boileau-Despréaux, Épîtres, XII, À l’abbé Renaudot, 1695)
S’il venait à mes pieds me demander sa grâce.— (Jean Racine, Andromaque, II, 1)
Quelques journaux manquaient à la collection. C’étaient ceux qui relataient comment Charlotte, condamnée à mort, avait vu sa peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. Pourquoi cette mesure de grâce ?— (Jules Mary, Les filles de la Pocharde, 1897-1898)
J’ai eu ma grâce de cette affaire. - Oui, mais cette grâce n’éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis.— (Molière, Dom Juan ou le Festin de pierre, I, 2)
Le prince perdrait le plus bel attribut de sa souveraineté, qui est celui de faire grâce.— (Montesquieu, De l’esprit des lois, VI, 5)
Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain.— (Pierre Corneille, Horace, II, 3)
Mme de Lafayette vous rend mille grâces.— (Marquise de Sévigné, 1)
Il rendit grâces aux dieux par d’innombrables sacrifices.— (Fénelon, Les Aventures de Télémaque, VIII)
En vain je parcourais les promenades d'un petit air vainqueur; je me dandinais, je frappais l'air de ma badine d'ébène, j'arrangeais mes cheveux, je dérangeais ma cravate; en un mot, je me donnais des grâces: rien n'y faisait.— (Édouard Lemoine, Une maison de Bouillotte, dans le Musée français, 1837, volume 2, page 254)
→ voir lettre de grâce (8)
Grâce ! Ce que vous me dites me peine.
Assourdi par le bourdonnement des insectes, battu par des queues d’oiseau, suffoqué par des haleines, il marchait les bras tendus et les paupières closes comme un aveugle, sans même avoir la force de crier « grâce ! »— (Gustave Flaubert, Trois Contes : La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, 1877)
→ Modifier la liste d’anagrammes