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(Nom commun 1) De l’ancien français grave, greve, du bas latin *grava (« sable, gravier »), probablement d’origine gauloise. Ce mot d’ancien français préserve deux significations distinctes : 1) une formation rocheuse de galets roulés, de graviers ou de sable, éventuellement déplaçable pour aménager une voie ou assécher une route 2) une vaste étendue, plage ou lande, au soubassement composé principalement de ces géo-matériaux. Ainsi par extension le terme apparaît dans la micro-toponymie des plages de sable, des landes ou des dunes sableuses, des successions de terrasses aux sols graveleux (les Graves en Gironde). Il n’est pas exclu que ces formations plus ou moins imposantes soient aussi influencées par le verbe ancien français graver, dans son sens second de « gravir » (le premier sens renvoyant à un déplacement ou enlèvement de matière, par exemple : « graver la cire »).
(Nom commun 2) Première hypothèse (1805) : de faire grève, se tenir sur la place de Grève en attendant du travail, près de l’Hôtel de Ville à Paris, de l’ancien français greve. Deuxième hypothèse : de formes dialectales de l’ancien français grieve, du latin populaire grevis (« conflit, dommage ») ayant aussi engendré l’ancien français grief. Notons que grevis est la forme altérée de l’adjectif latin classique gravis (« lourd, pondéreux »). Ce dernier adjectif peut qualifier le transport des matériaux décrits par l’ancien français grave ou grève, ci-dessus.
Kalumah fut plongée dans l’eau froide dont la fraîcheur la ranima, et quelques instants plus tard, une lame la jetait mourante sur une grève de sable.— (Jules Verne, Le Pays des fourrures, 2 partie, chapitre 9, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873, page 291)
Chaque soir, lorsque sonnait le couvre-feu, les chiennetiers lâchaient les dogues hors des murs et malheur à qui rôdait alors à travers les grèves où les navires étaient échoués à mer basse — (Henri-Georges Gaignard, Connaître Saint-Malo, éd. Fernand Lanore, 1973, page 160)
Du reste, les familles du bourg elles-mêmes, moins farouchement cloîtrées que notre petite cellule féminine, n’usaient de la « grève » – on ne disait pas la plage– que parcimonieusement, pour une expédition qui demandait une préparation minutieuse et un chargement de provisions et de lainages.— (Mona Ozouf, Composition française, Gallimard, 2009, collection Folio, page 82)
(Histoire) La place de Grève, à Paris, dont les habitués étaient connus pour leur langage cru et grossier.
« Ardez un peu cette mauricaude, il lui faut des marquis pour l’aider à descendre de charrette, » fit intérieurement la Sérafine dans un style peu digne du ton maniéré et précieux qu’elle affectait en parlant ; mais le dépit, entre femmes, emploie volontiers les métaphores de la halle et de la grève, fussent-elles duchesses ou grandes coquettes.— (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)
Les grèves, qui se multiplient chaque jour davantage et qui ont fait, dans le Jura, leur apparition d'une manière éclatante, contraignent pour ainsi dire les populations à s'occuper de cette question tant redoutée qu'on appelle la Question sociale.— (Adhémar Schwitzguébel, Manifeste adressé aux ouvriers du Vallon de Saint-Imier, février 1870)
Or, voici que M. Millerand apporte au Conseil des ministres un projet de loi sur la grève obligatoire. Qu'est-ce à dire? C'est-à-dire que, dorénavant, lorsque les ouvriers d'une usine voudront se mettre en grève, il devra être procédé à une consultation préalable. Tous les travailleurs intéressés voteront pour ou contre la cessation du travail. Si la moitié plus un des ouvriers opine pour la grève, la minorité — dans l'espèce la moitié moins un — devra s'incliner. La grève sera obligatoire.— (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942, pages 179 et 180)
Je comprends que ce mythe de la grève générale froisse beaucoup de gens sages à cause de son caractère d’infinité — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
Il voulait être ouvrier. Il avait remarqué que ces gens-là se mettent souvent en grève, et n’entendait pas rater cette forme intéressante de la guerre sociale.— (René Fallet, Paris au mois d'août, Denoël, 1964, Le Livre de Poche, page 16)
Ce n’est pas sans regret, sans doute, que les ardoisiers de Fumay feront grève le 11 mars 1912 afin d’appuyer la proposition de loi : une grève soutenue par l’Union départementale des Syndicats — (Henri Manceau, Des luttes ardennaises, 1969)
C’était l’époque de la Chambre bleu horizon, comme on l’appelait, une Chambre d’extrême droite et d’un patriotisme sourcilleux. Lors de la grève des employés du métro, j’ai vu, de mes yeux, les polytechniciens en grande tenue et en gants blancs conduire les rames de wagons pour faire échec aux ouvriers.— (Georges Simenon, Un homme comme un autre, 1975)
Maurice Thorez, ministre d’État, disait : « Il faut savoir finir une grève. Retroussons nos manches. »— (Édouard Bled, J’avais un an en 1900, Fayard, 1987, Le Livre de Poche, page 364)
L’Unef soutiendra les étudiants qui votent le blocage et qui votent la grève dans les universités.— (Jean-Baptiste Prévost, cité par l’AFP, octobre 2010)
Seuls deux sites pétroliers sont encore en grève : le dépôt de carburants de Feyzin (Rhône) et la raffinerie de Gonfreville (Manche), où la grève est reconduite jusqu’à jeudi.— (journal 20 minutes, édition Paris-IDF, 21 octobre 2022, page 4)
Entente, accord des salariés d’une usine, d'une entreprise, d’une profession, pour cesser leur travail jusqu’à ce qu’ils aient obtenu une augmentation... (Sens général).