L’Islamophobie. — Il y a toujours eu, et il y a encore, un préjugé contre l’Islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne.— (Alain Quellien, «Reproches adressés à l’Islam dans l’Afrique Occidentale», La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française, E. Larose (Paris), 1910, page 133)
Quoi qu’en disent ceux pour qui l’islamophobie est un principe d’administration indigène, la France n’a rien de plus à craindre des Musulmans en Afrique occidentale que des non-Musulmans.— (Maurice Delafosse, . «L’état actuel de l’Islam dans l’Afrique occidentale française», La Revue Du Monde Arabe, 1910, volume 11, page 53)
Singulier | Pluriel |
---|---|
islamophobie | islamophobies |
\is.la.mɔ.fɔ.bi\ |
islamophobie \is.la.mɔ.fɔ.bi\ féminin
L’islamophobie n'a donc pas de raison d'être dans l'Afrique occidentale, où l’islamophilie, dans le sens d'une préférence accordée aux Musulmans, créerait d'autre part un sentiment de méfiance parmi les populations non musulmanes, qui se trouvent être les plus nombreuses.— (Maurice Delafosse, L'état actuel de l'islam dans l'Afrique occidentale française, article paru dans La revue du monde musulman, volume XI ; Ernest Leroux éditeur, Paris, 1910, page 53.)
Une fois écartée la légende de l'invention du terme islamophobie par les mollahs iraniens (il a en fait été inventé par les orientalistes en 1910), on réalise que l'enjeu central est finalement celui de sa définition et de ses usages.— (Marwan Mohammed, « "Le problème musulman" sert le mythe de l'homogénéité nationale » in Le courrier de l'Atlas de septembre 2013)
Si on l’aborde d’un point de vue purement étymologique, l’islamophobie devrait désigner « la peur de l’islam ». Or les inventeurs, promoteurs et utilisateurs de ce terme l’emploient pour dénoncer la haine à l’égard des musulmans. Il est curieux que ce ne soit pas « musulmanophobie » et, plus largement, « racisme » qui l’aient emporté sur « islamophobie », non ? D’un point de vue étymologique, ce serait juste un peu moins branlant. Alors, pour quelle raison le terme « islamophobie » s’est-il imposé ?— (Charb, Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes ; éditions Les Échappés, 2015, pages 7-8)
Pendant ce temps, l’accusation des communautaristes les plus exacerbés qui s’affichent au côté des Frères musulmans, s’abat sur les défenseurs de la laïcité, traînés dans la boue de l’insulte en « laïcardise » ou en « islamophobie », fonction de l’ampleur du discrédit que leurs contempteurs entendent leur infliger.— (Revue de presse : « L. Marchand-Taillade : "Pour des assises nationales de la laïcité" (lefigaro.fr/vox , 4 av. 16) », le 6 avril 2016, sur le site du Comité Laïcité République (www.laicite-republique.org))
Le mot « islamophobie » a été pensé par les islamistes pour piéger le débat et détourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphème. Il est urgent de ne plus l’employer pour combattre à nouveau le racisme et non la critique laïque de l’islam.— (Caroline Fourest & Fiammetta Venner, Islamophobie ?, dans ProChoix no 26-27, Automne-Hiver 2003)
Forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d’« islamophobie », calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme. Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique, et les fidèles de toutes origines qui y adhèrent.— (Pascal Bruckner, L’invention de l’« islamophobie », dans Libération du mardi 23 novembre 2010)
Après les attentats islamistes de 2015, l’expression « islamo-collabo » avait fleuri dans la presse d’extrême droite, notamment dans Valeurs actuelles, pour cibler les personnalités engagées dans la lutte contre l’islamophobie.— (Lucie Delaporte, Des « antifas » traités de fascistes : les perversions sémantiques de l’extrême droite se banalisent, Mediapart, 10 décembre 2021)
Telle est la leçon, d’une urgente actualité, que nous devons tirer de la résistible ascension d’Éric Zemmour : à force de xénophobie et d’islamophobie, on s’accoutume au pire.— (« L’antisémitisme, stade ultime du racisme », par Eric Fassin, L'Obs, 10 décembre 2021)
À l’image du pêcheur d’Edgar Poe qui, aspiré vers le fond des eaux profondes par la force du maelström, surmonte sa peur, observe le fonctionnement du tourbillon et parvient à s’en sortir grâce aux objets flottants cylindriques, les « élites » françaises devraient sortir de leur sidération, de leur culturalisme, de leur islamophobie, analyser la situation grâce aux outils des sciences sociales, et élaborer une politique permettant de sortir de l’escalade de la violence.— (Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed (2016). Postface Vers le point de non-retour ? Islamophobie Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman » La Découverte, pp. 265-290.)