Invariable |
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je ne sais quoi \ʒə nə sɛ kwa\ |
je ne sais quoi \ʒə nə sɛ kwa\ masculin singulier invariable
Ce qui nous montre bien que tout ne meurs pas,— (Joachim du Bellay, Discours au Roi sur la poésie, 1560)
Mais qu’il reste de nous, après notre trépas,
Je ne sais quoi plus grand et plus divin encore,
Que ce que nous voyons, et que la mort dévore.
Je cherchais je ne sais quoi dans la prunelle des hommes, au calice des fleurs, aux formes si changeantes, si multiples de la vie,— (Octave Mirbeau, Dans le ciel, 1892)
La fatigue, le temps morne (j’entends de la pluie dans le soir), l’ombre qui augmente ma solitude et m’agrandit malgré tous mes efforts et puis quelque chose d’autre, je ne sais quoi, m’attristent.— (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
Il fait doux, il fait clair. L’hiver commence à peine et je ne sais quoi de printanier flotte dans l’air subtil.— (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 205)
Au bout d’un couloir funèbre et saugrenu dont la disposition avait je ne sais quoi de caligaresque, l’entrée de La Java ne fait guère impression.— (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
Quand l’âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c’est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.— (Henri Michaux, La nuit remue, 1935)
Rémy avait, au Petit-Villemongin, une marraine, la mère Barbou, qui n'avait pas volé son nom. Elle était épicière ambulante et passait dans les villages avec sa voiture à grande bâche, où pendillait je ne sais tout quoi.— (Georges Lubin, « Une jolie attelée », dans Les Œuvres libres, 1949, no 42, page 182)
Sa parfaite aisance, déjà mondaine, je ne sais quoi d’assuré dans la petite tête fière inquiète un peu sur ce que Gabrielle sera à vingt ans.— (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 200)
Et si par exception un étranger devenait OS ou accédait à la maîtrise, il demeurait toujours une aura de soupçon autour de lui, un je-ne-sais-quoi qui lui donnait tort d’avance.— (Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux, Actes Sud, 2018)
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je ne sais quoi \ʒə nə sɛ kwa\ |
je ne sais quoi \ʒə nə sɛ kwa\ masculin invariable
Il est des nœuds secrets, il est des sympathies— (Pierre Corneille, Rodogune, acte I, scène 5)
Dont par le doux rapport les âmes assorties
S’attachent l’une à l’autre, & se laissent piquer
Par ces je ne sais quoi qu’on ne peut expliquer.
Ce je-ne-sais-quoi, si peu de chose qu’on ne peut le connaître, remue toute la terre, les princes, les armes, le monde entier. Le nez de Cléopâtre : s’il eut été plus court, toute la face de la terre aurait changé.— (Blaise Pascal, Pensées, I, 162)
Amis alsaciens, c’est décidément bien vrai, vous êtes d’éternels inassouvis, les dilettantes obstinés d’un mécontentement fondamental ; vous avez toujours la nostalgie d’un je ne sais quoi qui n’existait pas hier et qui ne sera pas demain ; .— (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
Bref, le genius loci de la France est « ce je ne sais quoi qui flotte au-dessus des différences régionales ».— (Mona Ozouf, Composition française, Gallimard, 2009, collection Folio, page 231)
Ces univers sont très hétérogènes : quoi de commun entre l'Antillais, le fils de pied-noir né sous le soleil du Maghreb, le Vosgien de souche ? Et pourtant, il y a bien un « je ne sais quoi » de commun entre eux, à commencer par la langue - c'est ce qui fait que nous sommes une nation.— (Vincent Bastien, Pierre-Louis Dubourdeau & Maxime Leclère, La marque France, Presses des Mines, 2011, part.1)
je ne sais quoi \ˌʒə nə sɛ ˈkwɑ:\ invariable
je-ne-sais-quoi \Prononciation ?\ neutre (Indénombrable)