jeter la pierre et cacher le bras \ʒə.te lɑ pjɛʁ ɛ ka.ʃe lə bʁɑ\ ou \ʒə.te la pjɛʁ ɛ ka.ʃe lə bʁa\ intransitif (se conjugue → voir la conjugaison de jeter)
Est très-habile, a très-grand crédit et réputation ; mais il est adroit, jette la pierre et cache le bras ; ne fait pas les choses, mais les fait faire à d'autres.— (« Liste de quelques conseillers au Parlement de Grenoble », lettre de Claude Pellot à Jean-Baptiste Colbert, le 7 octobre 1662, dans Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV entre le Cabinet du Roi, le Secrétaire d’État, etc., tome 2, réunie par Georges-Bernard Depping, Paris : Imprimerie nationale, 1851, p. 90)
, il chargea son ambassadeur à Bruxelles, M. de Berny, de se plaindre de la déloyauté avec laquelle on procédait. « C'est jeter la pierre et cacher le bras»; une pareille conduite serait fatale aux archiducs.— (Léonce Anquez, Henri IV et L'Allemagne, d'après les mémoires et la correspondance de J. Bongars, Librairie Hachette, 1887, p. 171)
Voilà qui est « jeter la pierre et cacher le bras » ; il faut bien le dire aussi il n'y a là qu'une railleuse pitié pour l'infortune du vicaire-général estropié dans l'exercice où Nemrod fut grand devant l’Éternel.— (Un curé béarnais au dix-huitième siècle: correspondance de l'abbé Tristan, tome 1, publié par Vastin Lespy, Pau : Société des bibliophiles du Béarn & chez Léon Ribaut, 1879, p. 38)
Ajoutons qu'il avait jeté la pierre et caché le bras, qu'il s'était avisé d'un ingénieux artifice pour dérouter les soupçons ; ne devait-il pas craindre qu'ils ne se portassent sur des innocents ?— (« M. Geffcken et le journal de l'empereur Frédéric », dans Profils étrangers, par Victor Cherbuliez, 2e édition, Paris : Librairie Hachette & Cie, 1889, p. 239)
A l'inverse, Colbert préférait les travaux de sape, l'avance discrète des termites, l'obscurité. Il aimait voir et ne pas être vu, agir mais à travers les autres, en poussant ses pions sur l'échiquier, paraître indifférent, « jeter la pierre et cacher le bras », selon la savoureuse expression du temps. La robe du cardinal couvrait ses vilenies.— (Georges Bordonove, Foucquet : coupable ou victime ?, chap. 8, Éditions Pygmalion, 1976, réédition 2012, p.127)