jouir \ʒwiʁ\ ou \ʒu.iʁ\ (transitif indirect ou intransitif) 2e groupe (voir la conjugaison)
Ce prologue le fatiguait, mais il ne pouvait l’écourter. L’éloquence fait partie de la fonction ; et il en avait trop complaisamment composé les périodes pour se priver de la satisfaction de s’entendre les phraser et de jouir de ces cadences étudiées.— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
Jouir de l’embarras de quelqu’un, de son affliction, de sa détresse, etc.
Nous jouirons de lui pendant son séjour à la campagne. – Il est si occupé que l’on ne saurait jouir de lui.
Cette avocate jouit d'une très bonne réputation.
Je ne puis pas comprendre, autrement que par un souffle de Dieu, l’inconcevable popularité dont je jouis ici.— (Lamartine cité par Philippe Sollers in Éloge de l’infini, Gallimard, page 452)
La Belote inspira même chansonniers et revuistes, et l'extraordinaire faveur dont elle jouit ne paraît guère prête de s’éteindre.— (Frans Gerver, Le guide Marabout de Tous les Jeux de Cartes, Verviers : Gérard & Cie, 1966, page 51)
Léon ayant regagné l'Alsace pour quelque temps, ils jouissaient tous deux d'une parfaite tranquillité. Ils lantiponnaient sur tout et sur rien.— (Jean-Gabriel Gobin, La cougar, BoD/Books on Demand, 2016, chapitre 10/page 113)
Tout Français jouira des droits civils. Tout étranger jouira en France des mêmes droits civils que ceux qui sont ou seront accordés aux Français par les traités de la nation à laquelle cet étranger appartiendra. L’étranger qui aura été admis par le Gouvernement à établir son domicile en France, y jouira de tous les droits civils, tant qu’il continuera d'y résider.— (Code civil des Français, Livre Premier - Des Personnes, Titre Premier - De la jouissance et de la privation des droits civils, 1804)
Cet homme avait un rang élevé, et jouissait d’une grande considération parmi ses frères.— (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
Quant au duc d’Orléans, il jouissait de peu de popularité et de peu d’influence.— (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
…bien que la production allemande se soit fort améliorée depuis quelques années, elle ne jouit point encore d’une très haute considération.— (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La morale des producteurs, 1908, page 356)
En Belgique, les chèvres étaient assez nombreuses et jouissaient d’une certaine faveur auprès des campagnards, surtout dans les pays ardennais.— (Paul Diffloth, Zootechnie : Chêvres, porcs, lapins , Encyclopédie agricole J. B. Baillière, & fils, 4e édition, 1918, page 62)
La foule entend désormais jouir des raffinements réservés naguère à de peu nombreux privilégiés.— (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
Ces messieurs étaient attablés autour de vichy-fraise et de vittel-cassis, innocents breuvages qui jouissent d’une rassurante vertu, laissant le cerveau lucide quand on se voit obligé de boire souvent et qu’on ne veut pas courir le risque de s’enivrer.— (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
Quand je baise, la peur que j’ai d’être enceinte me coupe toute envie de jouir. Je n’aime pas baiser.— (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre IV)
Et j’flippe à n’en plus pouvoir trembler, j’ai joui à n’en plus pouvoir bander .— (Casseurs Flowters, Des histoires à raconter, 2014)
Ne demandez jamais à une dame la permission d’aller jouir avec sa fille. Dites « jouer », qui est plus décent.— (Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, 1926)
Il la coquait sans arrêt comme s'il avait hâte de rattraper des années d’abstinence forcée et elle s'amusait plus de ce qu'elle tenait pour des gamineries de bougre trop savant, qu'elle ne jouissait vraiment.— (Raphaël Confiant, Le nègre et l'amiral, Éditions Grasset & Fasquelle, 1988, chapitre 5)
jouir *\Prononciation ?\ transitif (voir la conjugaison)