marmotter \maʁ.mɔ.te\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)
Or, c’était fête à la synagogue, ténébreusement étoilée de lampes d’argent, et les rabbins, en robes et en lunettes, baisaient leurs talmuds, marmottant, nasillonnant, crachant ou se mouchant, les uns assis, les autres non.— (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
Elle marmotte tout bas : « Et puis bien sûr…les hommes savent ce que je suis… alors ils ne se gênent pas. »— (Antoine de Saint-Exupéry, Manon, danseuse, 1925)
Le capitaine Gaumard entre à pas comptés, feutrés et referme derrière lui la porte doucement. Il marmotte et puis suffoque. C’est de plaisir. Des larmes de qui se gorge-t-il ? On dirait qu’il rit. Il exulte. C’est qu’il rapporte chaque soir à sa femme, comme son gibier, la nouvelle du malheur de quelqu’un de plus audacieux ou de moins cagot que lui.— (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, Le Livre de Poche, page 162)
car, après avoir marmotté quelques mots relativement aux provisions laissées par le cheval du garde, il tira de l’enfoncement de la muraille une botte de fourrage qu’il étala devant le coursier de son hôte— (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
La salle qui sert de foyer est ornée d’une madone peinte devant laquelle brûlent quelques bougies ; au-dessous, on voit une table avec un petit réchaud contenant des charbons allumés. En entrant, chaque torero ôte d’abord son chapeau à l’image, marmotte à la hâte un bout de prière, puis tire un cigare de sa poche, l’allume au réchaud, et fume en causant avec ses camarades et les amateurs qui viennent discuter avec eux le mérite des taureaux qu’ils vont combattre.— (Prosper Mérimée, Lettres d’Espagne, 1832, réédition Éditions Complexe, 1989, page 36)
Tout le monde sortit : il ne resta qu’un prêtre qui marmotta des prières et qui finit par s’endormir.— (Théophile Gautier, Onuphrius, 1832)
En réponse Pliouchkine marmotta, je ne dirai pas entre les dents, car il n’en avait plus, mais entre les lèvres, quelques sons inintelligibles qui sans doute voulaient dire: « Que le diable t’emporte, toi et ton respect ! ».— (Nicolas Gogol, Les Âmes mortes, 1842, traduction de Henri Mongault, 1949)
Les autres femmes ne pensaient plus à marmotter leurs prières.— (George Sand, Jeanne, 1844)
à travers les persiennes fermées, je regardais des pauvresses s’accroupir sur la pelouse, un cierge à la main, et marmotter des oraisons— (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
Messe à Vannes. — L’église regorge : les hommes à l’entrée sont à deux genoux sur la pierre, roulant les grains de leur chapelet et marmottant, le regard terne, immobiles comme des corps figés en qui flotte un rêve.— (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
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