mordre \mɔʁdʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)
Catherine et moi nous allions derrière, dans le verger ; nous mordions dans les mêmes pommes et dans les mêmes poires ; nous étions les plus heureux du monde.— (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
Il trempait son pain dans sa soupe et il en mordait d’énormes bouchées, .— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 246 de l’édition de 1921)
Mords-moi… Je veux que tu me mordes… Là, dans le cou, sous les cheveux, comme les chats font aux chattes…— (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre I)
Le perroquet mord.
Cet enfant est tout mordu de puces.
Des moises doubles J pinçaient ce poteau D, reposaient sur la longrine F, mordaient les trois poteaux G, H, I, celui G étant appuyé sur le parement incliné du merlon, et venaient saisir le poteau postérieur K également incliné.— (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
Cet enfant commence à mordre au latin.
Du reste, je n’étais pas le seul de mon avis sur la poésie hindoue. J’avais mon voisin de gauche qui n’y mordait pas non plus…— (Alphonse Daudet, Le petit Chose, 1868, réédition Le Livre de Poche, page 181)
Mattia, qui jusqu’alors avait très-peu mordu à la lecture, fit des progrès surprenants le jour où il lut dans la Théorie de la musique de Kuhn.— (Hector Malot, Sans famille, 1878)
Tandis que la plupart de mes condisciples, affaiblis par l’humanisme un peu fade de M. Dupanloup, ne pouvaient mordre à la scolastique, je me pris tout d’abord d’un goût singulier pour cette écorce amère ; je m’y passionnai comme un ouistiti sur sa noix.— (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, réédition Folio, page 128)
En revanche je mordis sans peine à l’arithmétique, car je croyais à la réalité des nombres.— (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 28)
L’ambition avait mordu ces honnêtes villageois ; ils voyaient leur fille préfète de la main gauche, se servant de sa main droite pour leur ouvrir la porte des faveurs et des richesses ; celui-ci serait garde-champêtre, celui-là cantonnier, etc., etc.— (Hector Malot, Un mariage sous le Second Empire, 1873)
Je ne découvris la noire magie des mots que lorsqu’ils me mordirent au cœur.— (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 24)
Et elle venait se satisfaire quai de Bourbon, essoufflée de tant d'exercice, avec des yeux de pécheresse qui mord au fruit défendu.— (Emile Zola, L'Œuvre, 1886, page 125.)
Un fumet âcre, une odeur de fraîchin, comme disent nos matelots lorsqu'ils veulent qualifier cette odeur que les grands poissons de mer laissent après eux, me mordait à la gorge, .— (Alexandre Dumas, Les baleiniers: voyages aux terres antipodiques : Journal du Docteur Maynard, tome 1, Paris : chez Calmann-Lévy, s.d. (1861 ?), page 298)
Je cherchai de nouveau, je reconnus un clou, un clou que les croque-morts avaient enfoncé de travers, et qui n’avait pas mordu dans le bord du cercueil. Il était très long, très pointu. La tête tenait dans le couvercle, mais je sentis qu’il remuait. À partir de cet instant, je n’eus plus qu’une idée : avoir ce clou.— (Émile Zola, La Mort d’Olivier Bécaille, 1879)
Nous atteignons bientôt la région des nuages, et la température tombe si bas, que le froid nous mord horriblement les mains et les pieds.— (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 82)
Le grand air de l’Océan mordait notre visage avec une violence telle que nous avons dû, à plusieurs reprises, étaler sur les joues et le nez de la vaseline, dont nous nous étions munis.— (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
L’eau-forte mord sur les métaux.
L’eau-forte n’a pas assez mordu sur cette planche.
La lime ne mord point dans l’acier bien trempé.
L’ancre n’a pu mordre sur ce fond de rocher.
Le poisson mord, ne mord pas.
C’est l’heure, où les poissons mordent parfois à l’hameçon.
Elle sourit en me voyant : elle m’avait reconnu. Peut-être son sourire signifiait-il aussi : « Le poisson mord !… »— (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 53)
Ça mord bien aujourd'hui.
Mordre une planche, ou Faire mordre une planche.
Très belle autrefois, elle avait encore, à cinquante-huit ans sonnés, le front lisse et un teint mat sur lequel le hâle ne mordait pas.— (Ernest Pérochon, Les Gardiennes, 1924, réédition Les Moissons, 2021, page 12)
Le Sahara de sable jaune mord sur une mer bleue comme un trottoir interminable.— (Antoine de Saint-Exupéry, Courrier Sud, 1929, III, 6.)
Il cherche à mordre sur tout.
Il n’y a point à mordre sur sa conduite.
Il ne donne point à mordre sur lui.
De n’pas danser, on mord les autres, n’est-ce pas ? et j’ai justement vu — quand tu m’interrogeais — une connaissance avec qui j’suis en affaire et qui, en douce, m’a fait signe de rappliquer.— (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
C'était dans la poche de son tailleur, dit le flic numéro deux . Mords-moi ça…— (Léo Malet, Les Rats de Montsouris, Robert Laffont, 1955)
Le Bosphore, eh bien le Bosphore c’est pas de la merde non plus ! Tiens, matez les couleurs : la Corne d’Or, la Mer Noire, la Mosquée Bleue et les minarets, mordez les minarets !— (Bernard Blier, dans Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, film de Michel Audiard, 1971)
Mords un peu la bagouze…— (Pierre Lemaître, Le Grand Monde, Calmann-Lévy, 2022)
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mordre *\Prononciation ?\
Mort des dens et des pates fiert— (La Vengeance Raguidel, édition de C. Hippeau, page 183, début du XIIIe siècle)
mordre *\Prononciation ?\ masculin et féminin identiques