(1764) Dérivé de professeur, avec le suffixe -euse.
Ce qui m’étonnerait le plus dans l’histoire des mœurs des anciens Romains, ce serait la conspiration des femmes romaines pour faire périr par le poison, non pas leurs maris, mais en général les principaux citoyens. Tite-Live ne dit pas assurément qu’elles réduisirent cet art en préceptes. Cela signifierait qu’elles tinrent école de poisons, qu’elles professèrent cette science, ce qui est ridicule. Il ne parle point de cent soixante et dix professeuses en sublimé corrosif ou en vert-de-gris.— (Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire, volume 18 : Dictionnaire philosophique, tome II, Garnier, collection « Œuvres complètes », Paris, 1878 (1re édition 1764), page 532)
Singulier | Pluriel |
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professeuse | professeuses |
\pʁɔ.fɛ.søz\ ou \pʁɔ.fe.søz\ |
professeuse \pʁɔ.fɛ.søz\ ou \pʁɔ.fe.søz\ féminin (pour un homme, on dit : professeur)
Qu’il se hâte donc de donner à l’enseignement secondaire des filles une base large et solide, qu’il crée le plutôt possible une école normale supérieure de professeuses ! Pour vaincre l’ennemi qui fait obstacle à tout progrès, il n’y a qu’un moyen, un seul : instruire des femmes pour qu’elles instruisent les jeunes filles et former des libres penseuses.— (Louis Jourdan, « Un ministre sur la sellette », dans Le Siècle, 20 novembre 1867 )
Ne serait-il pas juste que, lorsqu’une femme savante aurait obtenu par son mérite la qualité de professeuse, de docteuse, de théseuse, etc., on donnât aussi le même titre à son mari, fût-il le plus grand benêt du monde ? On donne bien du « Madame la Maréchale », « Madame la Présidente », « Madame la sous-préfète » à des épouses de dignitaires, mères au foyer.— (Schweizerisches Gutenbergmuseum : Musée Gutenberg suisse, Berne, 1932, page 131)
Moi, quand je serai grande, je serai professeuse.— (Anne Sylvestre, Projets d’avenir, Gémeaux croisées, 1988)
C’est comme je te le dis, Gervaise, tu vas me voir professeuse dès que je tiendrai sur mes cannes.— (Daniel Pennac, Monsieur Malaussène, Feryane, 1996, page 205)
20 Minutes a voulu en savoir un peu plus sur nos moyens de défense face à cette bactérie, non dangereuse pour l’homme, auprès de la botaniste et professeuse de botanique et de parasitologie à l’école Du Breuil, Anne Breuil.— (Rachel Garrat-Valcarcel, « « Aujourd’hui, il n’y a pas de moyen de lutte contre “la bactérie tueuse d’oliviers” », estime une botaniste », dans 20 minutes, 7 septembre 2019 )
Ma cousine la professeuse, persuadée que dans les jeux d’esprit son fils brillait toujours par-dessus tout le monde, a voulu qu’on remplît des bouts rimés, qu’on fît des discours sur huit mots, que chacun écrivît une question sur une carte.— (Isabelle de Charrière, Caliste ou Lettres écrites de Lausanne, Jules Labitte, Paris, 1845 (1re édition 1786), page 86)
Sur le cou de madame la professeuse scintillait une superbe croix de diamants.— (Honoré de Balzac, Physiologie du mariage ou Méditations de philosophie éclectique sur le bonheur et le malheur conjugal, A. Houssiaux, collection « Œuvres complètes », Paris, 1855 (1re édition 1829), page 441)
Ce bal si magnifique sera tout-à-fait peuple. On y verra figurer au premier rang Mme la Notaire, Mme l’Avocate, Mme l’Épicière, Mme la Professeuse.— (Émile de Lacombe, Une apostasie, L. Mame, Paris, 1835, page 145)
Terme longtemps proscrit par des grammairiens comme Louis-Nicolas Bescherelle[1], professeuse est le féminin de professeur recommandé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes[2].
Pour certains[3], la féminisation obéirait à une règle gnomique qui voudrait qu’un nom en -eur ne puisse recevoir une forme féminine (en -euse, en -rice ou en -eure) que si le radical du nom masculin forme un verbe existant, et si ce verbe n’est pas non plus sémantiquement distinct du nom (procurer, censer, professer). Donc selon cette règle on peut dire par exemple cureuse, encenseuse, penseuse, recenseuse, confesseuse, fesseuse, mais pas procureuse, censeuse, professeuse.
La féminisation des noms de métiers et de fonctions a été un sujet débattu dans la francophonie :
Ainsi, quoiqu’il y ait un grand nombre de femmes qui professent, qui gravent, qui composent, qui traduisent, etc., on ne dit pas : professeuse, graveuse, compositrice, traductrice, etc., mais bien professeur, graveur, compositeur, traducteur, etc., par la raison que ces mots n’ont été inventés que pour les hommes qui exercent ces professions.— (Louis-Nicolas Bescherelle, Grammaire nationale, Louis Bourgeois-Mazé, Paris, 1834, page 38)