rogner \ʁɔ.ɲe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se rogner)
que Dieu permettait bien aux Juifs de se marier avec leurs captives et de changer des Moabites en filles de Sion, pourvu qu'ils leur rognassent les ongles, qu'ils leur rasassent les cheveux, et qu'ils pratiquassent à leur égard diverses purifications : .— (Pierre Bayle, Pensées diverses sur la comète, 1682, éd. E. Cornély et cie, tome 1, 1911, page 223)
Rogner un bâton, les bords d’un chapeau, la marge d’un livre, les ongles à un chat, les ailes à un oiseau.
Rogner en pince la corne du pied d’un cheval.
Il n’en faut pas tant rogner.
Il ne craignait pas de visiter, dans les ruelles noires du Ghetto, les juifs sordides, afin d’apprendre, en conversant avec eux, le titre des métaux, le prix des pierres précieuses et l’art de rogner les monnaies.— (Anatole France, Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, 1909)
Puis ils rêvaient de porcelaines précieuses, à décors d’oiseaux exotiques, de livres reliés de cuir, imprimés en elzévir sur des feuilles de Japon à la cuve, avec de grandes marges blanches non rognées où l’œil se reposait délicieusement, de tables d’acajou, de vêtements de soie ou de lin, souples et confortables, pleins de couleurs, de chambres spacieuses et claires, de brassées de fleurs, de tapis de Boukhara, de dobermans bondissants.— (Georges Perec, Les Choses, Julliard, 1965, réédition 1984, page 113)
Les explications de l’huissier étaient claires et précises : Adélaïde avait, il est vrai, épousé Rougon sous le régime de la communauté ; mais toute la fortune consistant en biens-fonds, la jeune femme, selon la loi, était rentrée en possession de cette fortune, à la mort de son mari ; d’un autre côté, Macquart et Adélaïde avaient reconnu leurs enfants qui dès lors devaient hériter de leur mère. Comme unique consolation, Pierre apprit que le Code rognait la part des bâtards au profit des enfants légitimes.— (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre II ; réédition 1879, pages 63-64)
Cette misérable vieille qui passait, le matin, avec sa voiture de légumes, et à qui tu aurais fait la charité largement si elle t’avait tendu la main, ne te vendait pas une salade que tu n’eusses mis ton honneur à rogner de quelques sous son maigre profit.— (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 68)
Parfois, c’est le pouvoir adjudicateur de lui-même qui retarde la notification dans l’optique de ne pas rogner sur la durée du contrat, qui ne peut être exécuté tant que les mesures de confinement ne sont pas levées.— (Mathieu Laugier, « Covid-19 : la commande publique s’organise », article paru le 23 mars 2020 sur www.achatpublic.info ; consulté le jour même ; accès réservé)
On lui a rogné ses revenus, ses appointements.
rogner \ʁɔ.ɲe\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)
C’est un homme qui rogne du matin au soir.
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