Invariable |
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à la diable \a la djɑbl\ |
à la diable \a la djɑbl\ invariable
Les Anglais disent que toutes nos tragédies sont à la glace ; il pourrait bien en être quelque chose ; mais les leurs sont à la diable.— (Voltaire, Lettre à Cideville, 22 février 1764, — cité par Littré)
Un autre fantaisiste de bonne marque, c'est Boyer d'Agen, l'auteur de Monsieur le Rédacteur. C'est ce roman à la diable mais non pas écrit à la diable: il y a le panorama universel des caractères contemporains. Beaucoup de pages bien curieuses, mais c'est la tour de Babel et le Labyrinthe.— (Alceste, « Histoire littéraire au jour le jour », dans La Grande revue, Paris et Saint-Pétersbourg, volume 4, 1888, page 375)
Odette toujours dans les chiffons, les histoires d’amour, rapidement prise par Montparnasse ; moi, habillée à la diable, regardant les hommes de travers, puisque Vladimir n’était plus, et dès quinze ans prenant des allures d’étudiante.— (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, pages 268-269)
Le maître d’hôtel avait enlevé la carpe à la Chambord pour nous servir un succulent poulet à la diable, sur un lit doré de pommes paille.— (Maurice Dekobra, La Madone des sleepings, 1925, réédition Le Livre de Poche, page 63)
Gaston lança à l'aubergiste :— (Hervé Jubert, Blanche ou la triple contrainte de l'enfer, Éditions Albin Michel, 2005)
— Il vous reste de cette délicieuse palette à la diable ?
L'aubergiste eut un moment d'hésitation avant de répondre par l'affirmative et de disparaître en cuisine pour préparer une platée.
— De la palette à la diable ? fit le furet en se pourléchant les babines. Bigre ! Et ils ne la préparent pas avec de la vieille carne, du castor ou que sais-je encore ?
— Le dernier mouton de Paris y est passé.
Une vraie pendule des Bouffes, sonnant d’un joli timbre clair, mais sans un grain de bon sens, pleine de lubies, de caprices, marquant les heures à la diable,— (Alphonse Daudet, La pendule de Bougival, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, réédition Le Livre de Poche, page 52)
Moi qui étais un enfant si soigneux et si propret en toutes choses, j’avais un tel dédain pour ces livres obligatoires que je devenais commun avec eux et mal élevé. Même — ce qui est plus étonnant encore — tous mes scrupules m’abandonnaient quand il s’agissait de mes devoirs, toujours faits à la dernière minute, à la diable : mon aversion pour le travail a été la première chose qui m’ait fait transiger avec ma conscience.— (Pierre Loti, Le Roman d'un enfant, 1890)
Elles ont de quatorze à dix-sept ans ; presque toutes sont de vraies gosselines de Paris, des momignardes des faubourgs, élevées à la diable dans des milieux grouillants et tapageurs, parmi les disputes, les gros mots et les scènes d'amour des parents, et les récits des grandes sœurs.— (Octave Uzanne, « Trottins et couturières », tiré de Parisiennes de ce temps, 1900, en recueil dans Archives de Paris, textes et documents choisis et présentés par Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff, Collection Archives de la France, Paris : chez Balland, 1981)
Après lui les drôles des alentours ne tardèrent point ; on en vit deux d’abord, puis deux autres, puis dix ; bientôt ils furent une trentaine, garçons ou filles, empaletoqués à la diable et le nez frais.— (Ernest Pérochon, Nêne, 1920)
Nous gravîmes l’estrade, au son d’une marche militaire enlevée à la diable.— (Henri Troyat, Le mort saisit le vif, 1942, réédition Le Livre de Poche, page 176)
Ainsi donc, tout ça, pour en arriver encore une fois à ces deux coups de pistolet tirés à la diable, après un petit conciliabule muet entre l’expéditeur et l’encaisseur de mort subite !— (Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1947)
mais leur savoir ils l’ont acquis d’aventure, à la diable, en dehors des règles traditionnelles édictées à propos, méditées par des compétences.— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)