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(Locution nominale 1)(Vers 1920) Composé de appel et de pied.
(Locution nominale 2)(XVIIIe siècle) Composé de appel et de pied, au sens de « frapper le sol avec le pied ».
Notes
L’expression au sens d’« invite discrète » (1) semble dater des années 1920 (aucune attestation flagrante avant cette décennie, un grand nombre à partir de 1925, analyse faite à partir de recherches sur Gallica).
Son origine n’est pas claire, plusieurs hypothèses sont envisageables :
Elle pourrait être dérivée par glissement sémantique du terme utilisée en escrime (voir locution nominale 2) - qui a eu aussi un usage figuré. Mais ces deux expressions homonymiques - qui ont un peu cohabité dans les années 1920 - ont des sens presque opposés : défi d’un côté, proposition de rapprochement de l’autre. Il n’est pas impossible que, le référentiel initial (geste d’escrime) étant progressivement perdu, l’expression ait alors trouvé une nouvelle justification sémantique, toujours imagée : incitation discrète comme par un contact fait avec le pied, ce qui correspond à la représentation actuelle de cette métaphore.
La proximité avec l’expression « faire du pied » a été évoquée[1], mais le décalage chronologique peut laisser sceptique, « faire du pied » étant déjà attesté depuis les années 1870. D’autre part, l’« appel du pied », sauf exceptions récentes et sporadiques, n’est pas associé au vocabulaire de la séduction amoureuse, mais trouve sa source dans le champ politique (articles de presse).
Selon Claude Duneton et Sylvie Claval, qui ne mentionnent aucune des hypothèses ci-dessus, l’expression pourrait venir du théâtre (coup de pied donné sur la scène pour provoquer des applaudissements « spontanés » du public) ou « plus probablement » d’une habitude ancienne aux jeux de cartes, où « un tapotement du pied sur le sol avertissait le partenaire qu’il avait à couper ou à exécuter une manœuvre convenue »[2].
La locution utilisée en escrime (2) a été simplifiée en « appel » depuis le XXe siècle et fait toujours partie du vocabulaire de base de cette discipline[3]. L’usage figuré (défi verbal) était fréquent, notamment dans la presse politique, entre environ 1850 et les années 1910, à une époque où le geste de l’escrimeur et sa signification étaient assez universellement connus.
Ils applaudissent, ils hurlent, ils votent à l’unisson. Mais les 68 voix qui disent toujours non les chagrinent. Menaces et objurgations, flatteries ou appels du pied, rien n'y fait. Toutes les fois c'est non et soixante-huit fois non.— (François Aussoleil, Les soixante-huit, Le Socialiste du Gers, 24/04/1920)
L’entrée en scène de M. Caillaux n’a pas plus tôt éveillé les espoirs d’une restauration de la situation financière, que des invites discrètes appellent notre grand argentier à Londres, puis à Washington, pour liquider les dettes de guerre. Nos amis Anglais ont fait un nouvel appel du pied. Et voici M. Doumer obligé de passer la Manche.— (Nibus, La crise financière, Journal des finances, 05/04/1926, page 3)
Il est encore ministre de l’intérieur, mais il se voit déjà président. Lundi 5 février pour la première de l’émission de TF1, « J’ai une question à vous poser », Nicolas Sarkozy a fait plus qu’un appel du pied à la gauche : un véritable appel d’offres.— (Philippe Ridet, Sur TF1, Nicolas Sarkozy se rêve en « président de l'ouverture politique », Le Monde, 06/02/2007)
(En particulier) L’utilisation d'un langage codé ou suggestif en discours politique, pour transmettre un message ou une sympathie à un public visé, sans aliéner un autre pour qui ce message serait inacceptable.
Cette feinte se fait encore après un appel du pied, l’épée étant engagée de quarte & en mesure ce qui se nomme feinte volante, à cause que le pied & la main partent ensemble.— (Une société de gens de lettres, de savans et d’artistes, Encyclopédie méthodique, Panckoucke, 1786, article « Feinte », page 300)
Il se campait, tapait des appels du pied comme un monsieur qui va se battre, dessinait déjà le geste de balancer Dédèle à toute volée. Ah ! tonnerre de Dieu ! il était bon là ; il aurait fait une galette de la colonne Vendôme !— (Émile Zola, L’Assomoir, 1876, chapitre 6)
Conservateurs et radicaux, nous nous contentons de nous faire mutuellement des appels du pied comme pour qu’il soit bien entendu que nous sommes dans des camps opposés ; mais c’est à qui ne croisera pas le fer.— (E. Schnerb, Confession générale, Le XIXe siècle : journal républicain conservateur, 18 septembre 1872, page 1)
Et les appels du pied, les défis de M. Jules Ferry ne nous émeuvent nullement. Son discours, qui en parlera dans quarante-huit heures ? Et, lui-même, où sera-t-il dans trois mois ?— (S. Laumann, La presse des départements et le discours Ferry, La Justice, 25 juin 1881, page 2)