Singulier | Pluriel | |
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Masculin et féminin |
hypnagogique | hypnagogiques |
\i.pna.ɡɔ.ʒik\ |
hypnagogique \i.pna.ɡɔ.ʒik\ masculin et féminin identiques
Il est un phénomène éprouvé par un grand nombre de personnes, et auquel je suis moi-même fort sujet, qui me paraît de nature à jeter du jour sur le mode de production des rêves ; je veux parler des hallucinations dont est précédé le sommeil ou accompagné le réveil. Ces images, ces sensations fantastiques se produisent au moment où le sommeil nous gagne, ou quand nous ne sommes encore qu’imparfaitement réveillés. Ils constituent un genre à part d’hallucinations auxquelles convient l’épithète d’hypnagogiques dérivée des deux mots grecs ὕπνος, sommeil, ἀγωγεύς, qui amène, conducteur, dont la réunion indique le moment où l’hallucination se manifeste d’ordinaire.— (Alfred Maury, Le sommeil et les rêves : Études psychologiques sur ces phénomènes et les divers états qui s’y rattachent, suivies de Recherches sur le développement de l’instinct et de l’intelligence dans leurs rapports avec le phénomène du sommeil, Didier, Paris, 1861)
Nous distinguerons donc les images dont la matière est empruntée au monde des choses (images d’illustration, photos, caricatures, imitations d’acteurs, etc.) et celles dont la matière est empruntée au monde mental (conscience de mouvements, sentiments, etc.). Il existe des types intermédiaires qui nous présentent des synthèses d’éléments extérieurs et d’éléments psychiques, comme lorsqu’on voit un visage dans la flamme, dans les arabesques d’une tapisserie, ou dans le cas des images hypnagogiques, que l’on construit, nous le verrons, sur la base de lueurs entoptiques.— (Sartre, L’Imaginaire, Gallimard, 1940, page 44)
L’image hypnagogique ne se donne pas comme étant quelque part (…), elle n’est pas entourée d’un univers imaginaire. Au contraire, le personnage du rêve est toujours quelque part. Ainsi l’image hypnagogique est une apparition isolée, « en l’air », pourrait-on dire, le rêve est un monde.— (Sartre, L’Imaginaire, Gallimard, 1940, page 214)
C’est progressivement que nous passons de la veille au sommeil, et l’observateur attentif peut suivre sur lui-même cette progression : nos facultés d’analyse, de critique, de logique, de mémoire, se relâchent ; notre attention faiblit ; le monde extérieur nous devient indifférent, tout nous parait de plus en plus confus. Le moi « se dissout », disent les psychiatres. Nous avons l’impression de sensations musculaires vagues, et souvent, après une courte période de rêves informes, d’images « hypnagogiques » visuelles ou auditives, nous voilà plongés dans un anéantissement bienheureux.— (H. Fiessinger, « Le sommeil et son mystère », dans Le Monde, 16 avril 1952 . Consulté le 31 juillet 2021)
Ce qui se rapproche le plus, peut-être, des mirages hypnagogiques auxquels je pense, c’est la tache de couleur, le coup de poignard d’une image persistante, dont la lampe, que l’on vient juste d’éteindre, blesse la nuit palpébrale.— (Nabokov, traduction de Yvonne Davet, Autres rivages, in Œuvres romanesques complètes, t. II, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2010, page 1168)