lâcher la proie pour l’ombre \lɑ.ʃe la pʁwa puʁ l‿ɔ̃bʁ\ (se conjugue → voir la conjugaison de lâcher)
Nous sommes l’ancre du salut, le havre de la bourgeoisie ; car nous conduisons le troupeau des humains avec la peur de l’inconnu, nous savons les paroles mystiques qui brisent les énergies, domptent les volontés et forcent la bête humaine à lâcher la proie pour l’ombre.— (Paul Lafargue , Pie IX au Paradis - 1890)
Même quand la besogne agricole est extrêmement lucrative, beaucoup de Français, lâchant la proie pour l’ombre, ont tendance à la fuir, croyant ainsi monter dans la hiérarchie sociale.— (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
La tare dont tu m’aurais guéri, si tu m’avais aimé, c’était de ne rien mettre au-dessus du gain immédiat, d’être incapable de lâcher la petite et médiocre proie des honoraires pour l’ombre de la puissance, car il n’y a pas d’ombre sans réalité ; l’ombre est une réalité. Mais quoi ! Je n’avais rien que cette consolation de « gagner gros », comme l’épicier du coin.— (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 59)
— Faut pas lâcher la proie pour l’ombre, mon gamin. Dans l’armée, tu seras toujours assuré de manger ton content, d’être habillé et logé toute ton existence, puisque t’auras encore ta retraite, plus tard.— (Yves Gibeau, Allons z’enfants, 1952)