la caque sent toujours le hareng \la kak sɑ̃ tu.ʒuʁ lə ʰa.ʁɑ̃\
La jeune fille élevée dans un pêle-mêle de domestiques, de commis, de parents de bas étage, ne peut perdre dans le monde sa couleur primitive : la caque sent toujours le hareng, et, malgré l’éclat de la parure, la joliété des traits, l’élégance de la taille, on croit ouïr des furies déguisées en nymphes de l’Opéra.— (Étienne-Léon de Lamothe-Langon, L'Espion russe, ou la Société parisienne, C. Lachapelle, 1838, tome 2, page 6)
Vois plutôt ! maître Leclerc qui n’était que batelier, a voulu acheter une charge à la cour, et on lui corne aux oreilles le proverbe du bon vieux roi, le père du nôtre : la caque sent toujours le hareng ! Le capitaine La Ripaille dit qu’il descend des La Ripaille du temps des Croisades ; laisse donc ! il descend du coche, et n’a pas de quoi me payer une friture ! Que viens-tu me dire avec ta noblesse ?— (Roger de Beauvoir, L’Hôtel Pimodan, Dumont, 1847, p. 161)
Je me disais « La caque sent toujours le hareng » et je te jugeais d’après tes grandes pecques de cousines, mais tu ne leur ressembles pas, tu es tout autre...— (André Theuriet, Le Secret de Gertrude, G. Charpentier, 1888, p. 43)
Une vraie Wallstein, celle-là ! Elle a beau être baptisée… La caque sent toujours le hareng.— (Anatole France, Monsieur Bergeret à Paris, C. Lévy, 1901, chap. 12, p. 184)
Ces sales femmes sont capables de tout. Du reste, on n’a qu’à voir d’où elles sortent ; allez, on a beau faire, la caque sent toujours le hareng.— (Valery Larbaud, Fermina Márquez, 1911, réédition Le Livre de Poche, page 244)
Je l’oubliais, s’écria-t-il, blême, les dents serrées, l’écume à la bouche. J’avais tort, la caque sent toujours le hareng et quand on a servi des coquins…— (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; éd. Le Livre de Poche, 1967, page 141.)
Et Anne pensait avec une sorte de colère contre Antoine qu’il ne se dépouillerait jamais de sa première peau, elle pensait à cette formule grossière qu’elle eût rougi de prononcer à haute voix : « La caque sent toujours le hareng ! »— (Paul Nizan, Antoine Bloyé, Grasset, 1933, page 209)