langue de Molière \lɑ̃ɡ də mɔ.ljɛʁ\ féminin singulier
Abandonnant le latin de chat-fourré, que conservent, près de deux siècles après l’ordonnance de Villers-Cotterets, ses collègues, il parle français : la langue du métier, la langue de Molière que cite Boutaric, désormais la langue internationale.— (Christian Chêne, L’enseignement du droit français en pays de droit écrit (1679-1793), Droz, 1982, page 53)
Car, en effet, beaucoup de communautés se définissent comme francophones, même si la langue de Molière n’y est pas pratiquée comme idiome de communication. Ici, le sens mystique et spirituel désigne la francophonie également comme la solidarité naissant du partage de valeurs communes véhiculées par la langue française.— (Josias Semujanga, Panorama des littératures francophones, dans Introduction aux littératures francophones, Presses de l’Université de Montréal, 2004, page 10)
En novembre dernier, était diffusé le documentaire à voix haute qui retrace le parcours d’un groupe de jeunes de Seine-Saint-Denis participant à un concours d’éloquence appelé « Eloquentia ». Dans beaucoup d’articles appelant les téléspectateurs à ne pas manquer ce beau film, il y avait, toujours, l’élément de surprise non pas devant l’éloquence mais devant le maniement « exceptionnel » de la « langue de Molière » par ces jeunes de banlieue. Je ne sais pas si c’est un tic (de langage, justement) mais j’ai remarqué qu’à chaque fois qu’est soulignée la maîtrise de la langue française par une personne qui, a priori, pour des raisons sociales, ethniques, culturelles ou économiques, n’en aurait pas les codes, la fameuse expression « langue de Molière » revient. Exemple : « L’écrivain Shumona Sinha, dont la langue maternelle est le bengali, manie à merveille la langue de Molière. » Personne n’oserait écrire, par exemple, « Jean-Marie Le Clézio joue habilement avec la langue de Molière. »— (Nathacha Appanah, « Langue vivante, pays vivant », Journal La Croix, 26 janvier 2017, page 28)