proustianiser \pʁus.tja.ni.ze\ intransitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)
Il n’en va pas autrement, ou peu s’en faut, pour ce qui est des «précurseurs» – invoqués obsessionnellement par les cartographes de la génération : si la typologie postmoderne de certains des prosateurs de «l’école de Tîrgoviøte» réunit un consensus relatif, la poésie offre bien plus que des «traits de famille» : les premiers poèmes de Ion Vinea ou Tristan Tzara, la poésie-reportage de l’avant-gardiste Geo Bogza, la notation biographique nue de la poésie du dernier Bacovia, la «génération de la guerre» des années ’40 (Geo Dumitrescu, Ion Caraion, Constant Tonegaru, Victor Torynopol), en passant par le «carnavalesque» de Leonid Dimov, par l’intertextualisme maniériste-philologique de Şerban Foară, par la féérie intimement sensuelle d’Emil Brumaru et par le biographisme fantasque de Mircea Ivănescu (tempérament de Bacovia qui proustianise sur le modèle de prose narrative de la poésie américaine) et jusqu’aux poètes allemands quotidianistes et politiquement subversifs des années '70 de l’Aktionsgruppe Banat (Herta Muller, Rolf Bossert, William Totok, Johann Lipett, Anemone Latzina, Richard Wagner), les nombreux auteurs ralliés à la tendance mentionnée : l’«intimiste» Petre Stoica, l’existentialiste calophile Florin Mugur, la néo-expressionniste Angela Marinescu et l’absurdiste Constantin Abăluță, le post-onirique Virgil Mazilescu, le funambulesque Mihai Ursachi, sans oublier les développements plus tardifs de la poésie des coryphées de la génération post-stalinienne Nichita Stănescu et Marin Sorescu, le surréalisme «domestiqué» de Gellu Naum … etc.— (Paul Cernat, in revue euresis, no 1-4/2009, page 241)
Sartre n’a pas fait un Proust, il a fait son Proust, étrange narrateur-philosophe racontant sa recherche à travers celle du temps perdu de Flaubert, sartrisant Flaubert ou flaubertisant Sartre, on ne sait même plus, à moins qu’il n’ait passé tout ce temps à se proustianiser, à se rêver narrateur proustien fabriquant « le roman vrai » de la vocation de Flaubert.— (Nathalie Barberger, Penser pour rien : Littérature et monomanie, 2007)
Par-delà, il montre que tout commentaire de Proust revient à construire « une sorte de Proust transcendantal » (p. 139), à tendre nos efforts vers ce point où la phrase, chez Proust, « se proustianise » par un effet de cristallisation irrévocable.— (site www.fabula.org, 10 février 2014)