rastaquouère

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Étymologie

Terme d’origine hispano-américaine (rastracuero), rastaquouère est employé dès 1880 pour qualifier un parvenu. Formé du verbe espagnol (ar)rastrar, « ratisser », « traîner », et du nom cueros, « cuirs, peaux », il désigne au départ des tanneurs ou des grossistes en peaux et cuirs d’Amérique du Sud. Avec la présence à Paris de nombreux Sud-Américains étalant de manière ostensible la fortune amassée dans cette activité au XIXe siècle, le terme prend en français son sens péjoratif et il est ensuite réemployé dans ce sens en Amérique latine. Le mot rastaquouère était alors couramment abrégé en rasta. Depuis la fin du XXe siècle, cette abréviation est plus fréquemment utilisée pour le mot rastafari, qui n’a aucun rapport étymologique.

Nom commun

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
rastaquouère rastaquouères
\ʁas.ta.kwɛʁ\

rastaquouère \ʁas.ta.kwɛʁ\ masculin et féminin identiques

  1. (Familier) (Péjoratif) Étranger, ou personnage exotique, qui étale un luxe suspect et de mauvais goût.
    • Il reste encore assez d’honnêtes garçons, en terre de France, d’aspect moins flatteur, peut-être, mais de cœur plus propre, pour lutter victorieusement contre cette compagnie de petits bandits, de rastaquouères en habit du bon faiseur, qui ont la prétention de donner le ton. — (Yvonne Sarcey, Les Annales politiques et littéraires, Volume 51, p. 498, 1908)
    • Le ciel de Crimée est, dans la géographie sociale et morale, l’antipode de cette atmosphère équivoque et cosmopolite où l’étranger est à la fois rastaquouère et l’animal de luxe à exploiter. — (Henri Barbusse, Russie, Ernest Flammarion, Paris, 1930)
    • Mais leur nom ne devait son lustre qu’à leur situation d’alors et n’était plus porté par personne, on ne savait même pas qui je voulais dire si je parlais d’eux, et essayant d’épeler le nom, on croyait à des rastaquouères. — (Marcel Proust, Le Temps retrouvé, in À la recherche du temps perdu, 1927, Chapitre III)
    • J’eus aussi mes folies : un complet-veston de bonne coupe d’une valeur de cinq cents francs, un raglan en ratine grise de même valeur, des chaussures basses acajou, à la mode, alors qu’avant 14 cette teinte pour les bottines à boutons n’était appréciée que par les « gommeux » et les « rastaquouères ». — (Édouard Bled, J’avais un an en 1900, Fayard, 1987, Le Livre de Poche, page 250.)
    • Au demeurant, sur ce thème, son humeur était variable : être une espèce de rastaquouère, porter un nom à coucher dehors avec un billet de logement, bref être irrémédiablement différent ne le tourmentait pas en permanence ; au contraire, parfois, ça l’amusait. — (Gabriel Matzneff, La lettre au capitaine Brunner, Éditions de la Table Ronde, 2015, chap. 7)
    • Notre jeune ami estime que la France est aux mains des Juifs et des rastaquouères . — (Jean-Patrick Manchette, Morgue pleine, 1973, Chapitre 9, Réédition Quarto Gallimard, page 501)

Vocabulaire apparenté par le sens

Traductions


Prononciation

  • Vosges (France) : écouter « rastaquouère  »

Voir aussi

Références