tirer les marrons du feu \ti.ʁe lɛ ma.ʁɔ̃ dy fø\ (se conjugue → voir la conjugaison de tirer)
On dit proverbialement de celui qui eſt ſorti hors du jeu, ou qui n’a plus d’argent pour joüer, qu’il eſt allé rôtir les marrons, ou abſolument au rôtir. On dit auſſi, quand on ſe ſert du ſecours d’autrui pour quelque choſe qu’on a peur de faire ſoi-même, qu’on fait comme le ſinge, qui tire les marrons du feu avec la patte du chat.— (Antoine Furetière, Dictionnaire universel, tome second (E–N), Reinier Leers, Rotterdam, 1708, troisième édition revue, corrigée et augmentée par Henri Basnage de Bauval, « marron »)
Prov. et fig., Se servir de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, Se servir adroitement d’un autre pour faire une chose dangereuse, dont on espère de l’utilité, et qu’on n’ose faire soi-même. On dit de même, Tirer les marrons du feu, Servir aux desseins d’un autre, travailler pour un autre, avec fatigue et danger pour soi-même et sans aucun profit.— (Dictionnaire de l’Académie française, 7e édition, tome second (I–Z), Librairie de Firmin-Didot et Cie, Paris, 1884, p. 175)
Même le fameux avertissement lancé aux démocraties occidentales en mars 1939 — selon lequel l’URSS n’avait aucune intention de « tirer les marrons du feu » pour leur compte — ne marqua pas un changement de position soviétique.— (Le Monde diplomatique, juillet 1997)
— Toutes ses créatures sont en branle depuis hier, et vingt personnes m’ont dit que la bande se partageait déjà les portefeuilles. Car vous vous doutez bien que l’ingénu et farouche Mège va tirer une fois de plus les marrons du feu.— (Émile Zola, Les Trois Villes : Paris, 1897)
Certes, l’économie nord-américaine accuse de sérieux ratés. Il existe cependant des entreprises qui tirent drôlement bien leurs marrons du feu.— (Le Devoir, 12 août 2003)
Profitant des faiblesses des uns et des autres et de la crise politique, les frontistes espèrent tirer leurs marrons du feu lors d’une prochaine dissolution ou, au plus tard, de la présidentielle de 2027, en débarquant plus frais que leurs adversaires usés par le pouvoir ou les querelles internes.— (Nicolas Massol, “« Défaite » du RN, un simple sursis avant le pouvoir ?”, Libération, no 13384, 16 juillet 2024, p. 2)