Singulier | Pluriel |
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transgenrisme | transgenrismes |
\tʁɑ̃s.ʒɑ̃.ʁism\ |
transgenrisme \tʁɑ̃.ʒɑ̃.ʁism\ masculin
La transsexualité et le transgenrisme sont deux formes de pratiques et d’identités centrales dans le champ des transidentités. Le transgenrisme peut revêtir deux significations. La première acceptation du terme transgenre renvoie aux personnes qui vivent au quotidien dans une identité genrée qui diffère de leur sexe attribué à la naissance. La seconde acceptation du terme est moins spécifique. Elle est utilisée, de façon plus récente, pour décrire l’éventail possible des transidentités. Le transgenrisme, dans ce contexte, devient en quelque sorte un synonyme de l’identité queer revendiquée par certaines personnes. Dans cette perspective, le transsexualisme apparaît comme une forme plus particulière du transgenrisme, consistant à transformer le corps à l'aide de techniques médicales et scientifiques ainsi que l’identité de sexe/genre aux plans légal et social.— (Alexandre Baril, « Transsexualité et privilèges masculins : Fiction ou réalité ? » dans Line Chamberland, Blye W. Frank, Diversité sexuelle et constructions de genre, Presses de l'Université du Québec, 2009, page 265, ISBN 978-2-7605-2463-7)
En 1974, Norman Fisk propose le concept de « dysphorie de genre » qui définit une personne ne pouvant pas supporter son identité de genre assigné à la naissance. Ceci a permis d'étendre cette réalité aux enfants et aux adolescent·e·s avant même de parler de « transsexualisme ». En effet, le terme utilisé dans cette circonstance est le transgenrisme. Baril explique les deux significations que peut revêtir ce terme. Les définitions offertes sur le transgenrisme ne font pas l’unanimité chez les personnes concernées, les auteur·rice·s, mais font généralement consensus. Quoi qu’il en soit, la façon de s’auto-identifier revient à chacun de nous individuellement. Parmi les personnes s’identifiant au transgenrisme, il est également possible que ce soit des personnes non binaires.— (Mylène Shankland, Penser la reconnaissance sociale intersubjective à travers les expériences de grossesse chez les hommes trans au Québec : analyse (trans)féministe et honnétienne, Université du Québec à Montréal, 2020, page 69, 167 pages, mémoire de maîtrise en sociologie)
Aux fins du présent texte sera désignée comme personnes trans toute personne qui s’est définie comme telle lors des entrevues que nous avons passées. Nous ne ferons donc pas de distinction entre le transgenrisme (transition quant au genre ressenti ou exprimé) et la transexuation (transition quant au sexe anatomique). De toute façon, dans les interactions sociales, il est impossible de distinguer les deux, d’où le terme parapluie « trans », qui peut aussi inclure des personnes non binaires sur le plan du sexe ou du genre. Nous utiliserons aussi le terme transidentité comme synonyme, bien qu’il soit beaucoup plus courant en France qu’au Québec, où le mot trans prévaut généralement.— (Michel Dorais et Mathieu-Joel Gervais, Documenter la problématique des violences sexuelles commises envers les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans (LGBT), Université Laval, 2018, page 5, 123 pages)
Sa « volonté d’être un autre » par l’appropriation des codes de la masculinité surtout que la société algérienne fait peu de place aux femmes d'où ce besoin de liberté et de libération en soi. Mais cette volonté de transgenrisme se heurte à ses propres indécisions, contradictions et paradoxes. Alors qu’elle a presque réussi à imposer sa nouvelle identité masculine, elle se rétracte et regrette sa féminité perdue.— (N'dri Marcel Kouassi, L'homosexualité en Afrique, volume 1, Éditions Publibook, 2016, page 86, ISBN 978-2-7539-0288-6)
Dans le Viêtnam précolonial, l’homosexualité, les couples de même sexe, les pratiques de travestissement ou de transgenrisme existent dans plusieurs espaces, sociaux, rituels ou religieux.— (Marine Bachelot Nguyen, « Décoloniser son théâtre à tâtons », dans Tumultes, 2017/1, page 127 à 140)
Quatre grandes oppositions se dégagent sur l’ensemble des discours sur l'homosexualité (et cela concerne tout aussi bien le lesbianisme, la bisexualité que le transgenrisme).— (Michel Dorais, « Évolution et enjeux du concept d'identité sexuelle », dans Patrice Corriveau, La régulation sociale des minorités sexuelles : l’inquiétude de la différence, Presses de l'Université du Québec, 2011, page 11, ISBN 978-2-7605-2634-1)
Il y a tout juste 10 ans que la transidentité, ou transgenrisme, n’est plus considérée comme une maladie mentale. Le 10 février 2010, un article publié dans le Journal officiel statuait ainsi que les "troubles précoces de l’identité de genre" étaient supprimés d’un article du code de la Sécurité sociale relatif aux "affections psychiatriques de longue durée".— (Pierre Ropert, Pourquoi les personnes transgenres semblent plus acceptées en Asie du Sud-Est ? sur France Culture, 11 février 2020)
Desy Boyeux, désormais une femme depuis sa transition du genre masculin au genre féminin, est une Ivoirienne, la toute première du genre à être publiquement connue pour son transgenrisme.— (Lory, Desy Boyeux : bientôt un film documentaire qui retrace sa vie de transgenre sur AfrikMag, 25 février 2021)
Chaque individu développe une identité de genre indépendamment de son sexe biologique (identité sexuée). L’identité de genre couvre la large gamme des activités, attitudes, comportements, expressions corporelles et émotives associées, selon les us et coutumes de chaque société, à la féminité et à la masculinité. Un individu indique donc son genre par les activités qu’il pratique, mais aussi par des détails dans son look, dans ses manières, ses gestes et son mode de vie. En Occident, un homme et une femme peuvent avoir les cheveux longs, mais un homme va éviter les accessoires féminins pour tenir ses cheveux, à moins qu’il veuille montrer des tendances transgenres. Le transgenrisme consiste à adopter des signes qui appartiennent traditionnellement à l’un et l’autre sexe. Par exemple, une femme qui fume, au début du siècle dernier adopte une attitude transgenre. Ce transgenrisme doit être distingué du travestisme et du transsexualisme. Un transsexuel a modifié transformé son anatomie sexuelle alors que le travestisme consiste à prendre l’apparence du sexe opposé.— (Denis Jeffrey, « Masculinité adolescente et rites de virilité » dans Denis Jeffrey, Jocelyn Lachance, David Le Breton, Penser l'adolescence, Presses universitaires de France, 2016, 280 pages)
Juliette ne se contente pas de faire rire de la dissonance entre les attendus de la catégorie femme et ses caractéristiques corporelles, elle signale les exclusions de la matrice binaire : il existe des apparences corporelles indéterminées qui ne peuvent satisfaire le lien sexe-genre. Dans ce cas, le corps du personnage institue, par sa parfaite présence et incarnation sur le plateau, la réalité d’une indétermination genrée, voire d’un transgenrisme.— (Nelly Quemener, « Les contradictions corps/langage comme moteur du rire. Parodies et incarnations de genre chez les humoristes femmes en France » dans Natacha Chetcuti et Luca Greco, La Face cachée du genre, Presses Sorbonne Nouvelle, 2012, page 85-102, ISBN 978-2-878-5456-8-5)
Le transgenrisme est une idéologie néolibérale prédatrice et autoritaire, qui n’aurait pas pu s’imposer en dehors du contexte de la culture du viol.— (Transgenrisme, néolibéralisme et culture du viol : allocution de Renee Gerlich à Brisbane sur TRADFEM, 23 décembre 2019)
Le développement de l’idéologie de l’identité de genre et du transgenrisme, qui se propagent massivement au travers de l’infrastructure numérique du technocapitalisme (par le biais des « réseaux sociaux »), loin de relever de quelque « révolution », comme certains se plaisent à l’affirmer, est ainsi entièrement promu par l’État-capitalisme, par le patriarcat mondialisé.— (Daliborka Milovanovic, Transgenrisme, effacement politique du sexe et capitalisme par le Collectif anti-genre sur Le Gai savoir, 3 mai 2021)
Le « transgenrisme » n’est effectivement pas qu’un instrument au service de l’économie libérale. Il porte avec lui une force imaginaire et pulsionnelle qui vient servir puissamment un nouveau cadre culturel et intellectuel, accompagner l’émergence d’une civilisation . Dans le transgenrisme pensé à son terme comme dans le transhumanisme, le corps est une matière modelable à l’envi.— (entretien avec Pauline Quillon, « L'enfant trans est devenu le nouveau produit marketing » sur Famille chrétienne, 1 octobre 2022)