zézayer \ze.ze.je\ ou \ze.zɛ.je\ intransitif (ou parfois transitif) 1er groupe (voir la conjugaison)
Cette personne zézaie, elle dit « pizon » au lieu de « pigeon » et « serser » à la place de « chercher ».
Un claquement de doigts se fit dans la tribune. Elle y monta, reparut ; et, en zézayant un peu, prononça ces mots, d’un air enfantin :— (Gustave Flaubert, Trois Contes : Hérodias, 1877)
— Je veux que tu me donnes dans un plat, la tête…
Elle avait oublié le nom, mais reprit en souriant :
— La tête de Iaokanann !
Il zézayait en parlant, disait « veuneffe » pour « jeunesse », « f’est une fove fingulière » pour « c’est une chose singulière » et semait son discours de « hein, mon ami ? hein, mon bon ? hein, mon bon ami ? » qui exigeaient l’assentiment de son interlocuteur.— (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux, Grasset, 1914, réédition Le Livre de Poche, page 53)
Elle a tenté les écrivains et non les moindres, cette reine Balkis, Makéda ou Candaule, Flaubert, pour en citer un ; mais elle n’a pu s’incorporer dans la « Tentation de Saint Antoine » qu’en une créature puérile et falote, en une marionnette qui sautille, en zézayant ; au fond, il n’y a que le peintre des Salomés, Gustave Moreau, qui pourrait la rendre, cette femme vierge et lubrique, casuiste et coquette ; lui seul pourrait, sous l’armature fleurie des robes, sous le gorgerin flambant des gemmes, aviver la chair épicée de cet être, son chef diadêmé, étrange, son sourire de sphynge innocente, venue de si loin pour poser des énigmes et fermenter dans le lit d’un roi.— (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915, page 331)
Dans la pénombre, des jeunes gens aux cheveux soigneusement ébouriffés s’entretiennent en zézayant de leurs poèmes.— (Julien Green, Journal 1946-1950 - Le Revenant, Plon, 1951 ; réédition Le Livre de Poche, 1975, pages 17-18)
– L’oasis ! dit Mme Lagruelle, zézayant la dernière syllabe.— (Hervé Bazin, Chapeau bas, Seuil, 1963, Le Livre de Poche, page 229)