avoir beau jeu \a.vwaʁ bo ʒø\ (se conjugue → voir la conjugaison de avoir)
On aurait tort d’inférer de ces désastres que le comte Michel fût débauché. Il était exactement le contraire. Les sceptiques, à son sujet, auront beau jeu pour prétendre qu’il eût mieux valu mille fois qu’il eût des vices, les cartes, par exemple. On peut en effet admettre que, parfois, les cartes rappportent. Les idées fausses jamais.— (Pierre Benoit, Mademoiselle de la Ferté, Albin Michel, 1923, réédition Cercle du Bibliophile, page 18)
Le bonhomme s’attendrissait ; malgré son peu d’appétit, il s’efforçait de faire honneur à ce déjeuner matinal. Mais, après cela, quand il lui prenait envie d’étendre encore un peu, dans la tiédeur du lit, ses pauvres jambes raides, il n’avait pas beau jeu.— (Ernest Pérochon, Les Gardiennes, 1924, réédition Les Moissons, 2021, page 139)
– En bas, Claude ! la besogne nous attend ! disait la grande Hortense, implacable.
Bien loin d’attaquer de front tes croyances, je m’acharnais, dans les moindres circonstances, à te mettre en contradiction avec ta foi. Ma pauvre Isa, bonne chrétienne que tu fusses, avoue que j’avais beau jeu.— (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 67)
Il savait que les femmes de l’aristocratie devenaient après leur mariage des meubles de communauté pour la famille et les amis de leur mari. Elles sont d'ailleurs bien trop dévotes pour être sensuelles. Les étrangers n’ont pas beau jeu à ce train de galanterie.— (Jean Daridan, John Law: père de l'inflation, Les Éditions Denoël, 1938, page 78)
Ces lignes de défense en carton ne donnaient pas seulement l'illusion de la sécurité ; Gaby se dit qu'en cas de grabuge on aurait beau jeu de les faire basculer d'un coup d'épaule et d'organiser sur-le-champ la plus affolante des pagailles.— (Paul Berna, Le cheval sans tête, 1955, réédition Le Livre de Poche, 1980, page 147)
Les collaborateurs de La Gazette médicale ont beau jeu d’ironiser sur les signes qui désignent aussitôt ces choléraphobiques : .— (Ange-Pierre Leca, Et le choléra s’abattit sur Paris - 1832, Albin Michel, 1982, page 93)