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(XIXe siècle) Composé de faire, sa et Sophie. Le choix du prénom est difficile à expliquer : l’expression figure dans le volume 2 du Nouveau glossaire genevois de Jean Humbert (1852), avec le sens de « Il fait la demoiselle sage ». Ce qui exclut l’influence des Malheurs de Sophie (1858), et indique que l’expression s’applique déjà aux hommes aussi bien qu’aux femmes. On cite aussi le nom donné par les modistes à la tête de carton qui leur servait de mannequin[1][2], sans attestation historique convaincante. Peut-être faut-il tout simplement voir le sens étymologique du prénom, du grec ancien σοφία, sophía (« sagesse »).
FAIRE SA SOPHIE. Se dit de toute femme qui fait la sage quand il ne le faut pas.— (Alfred Delvau, Dictionnaire érotique moderne par un professeur de langue verte, Imprimerie de la Bibliomaniac Society, Freetown, 1864, page 134)
On a beau être lancé, ce n’est pas régence de se mettre ainsi à trois après une pauvre femme seule qui est en train de mettre la main sur une affection sérieuse, et de lui crier : - Oh ! ce plébiscite ! La Fernande qui fait sa Sophie.— (La Vie parisienne, 8e année, numéro 18, 30 avril 1870, page 346)
V’là que ma particulière s’enhardit au bout de quelques jours : « Paris, Paris, » qu’elle me disait, comme ça. Moi, je n’en étais pas de Paris, mais pour faire le malin, j’y répondais : « Chouette ville, t’y viens t’y, fais pas ta Sophie ! » Et on riait tous les deux, en se regardant, sans trop comprendre ce qu’on se disait.— (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907)
Vêtue comme une « dame », scintillante de pierreries, elle crut de bon goût de ne pas répondre immédiatement aux avances du bellâtre qui, ayant flairé à son accent du faubourg la fille entretenue, déploya les grandes manœuvres pour arriver à ses fins. Elle continua néanmoins à faire sa Sophie, ce qui l’amusait beaucoup, mais quand le train entra en gare, elle feignit le malaise.— (Evane Hanska, La Romance de la Goulue, Balland, Paris, 1989, page 145)
Arrive le lieutenant, qui a horreur des cartes. - Nous n’en avions qu’un jeu, entre parenthèses. - Pour ne pas avoir l’air de faire sa Sophie devant des étrangers, le lieutenant s’assied et dit : « Banco ! »— (Aurélien Scholl, L’Outrage, Michel Lévy frères, Paris, 1867, page 48)
Ainsi, la quinzaine dernière, il est allé à la noce de Paul, son ami ; dame ! il est si bon garçon ; et puis , il n’aurait plus fallu que ça qu’il fasse sa Sophie ;— (Denis Poulot, Le Sublime ou le travailleur comme il est en 1870, et ce qu’il peut être, Librairie internationale, Paris, 1870, page 38)
– Fais pas ta Sophie, quoi !… J’en suis de la rousse, parbleu ! Et y a pas de honte…— (Charles-Henry Hirsch, Le Tigre et Coquelicot, Librairie universelle, Paris, 1905, page 139)