gorger \ɡɔʁ.ʒe\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se gorger)
Vuillet était la bête noire d’Aristide. Il ne se passait pas de semaine sans que les deux journalistes échangeassent les plus grossières injures. En province, où l’on cultive encore la périphrase, la polémique met le catéchisme poissard en beau langage : Aristide appelait son adversaire « frère Judas », ou encore « serviteur de saint Antoine », et Vuillet répondait galamment en traitant le républicain de « monstre gorgé de sang dont la guillotine était l’ignoble pourvoyeuse. »— (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 99)
Des coteaux d’Arbois, de Poligny et de Salins, les vignerons à rouge trogne bénissaient le Seigneur dont le bon soleil gorgeait de vie les pampres vigoureux et emplissait leurs futailles.— (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
Syn avance de quelques pas qui font crisser la neige et se redresse de toute sa taille, tournant son visage vers le soleil. La chaleur s'accumule et il s’en gorge comme on rechargerait ses batteries.— (Vincent Gessler, Cygnis, L'Atalante, 2010, page 20)
Il est en ville de lumineuses brasseries que nous gorgions, la nuit venue, chassés par l’ombre.— (Antoine de Saint-Exupéry, Églogue, 1923)
Ici et là, on voit des péniches accostées à des silos se remplir interminablement de grains poussiéreux. Nulle part on ne les gorge autant qu’à La Chapelle-Montlinard, qui aligne au bord d’un bassin une demi-douzaine de silos, .— (Jean Rolin, Chemins d’eau, Editions de la Table Ronde, 2013, chap. 33)
On gorge les dindons.
On les a gorgés d’honneurs, d’emplois, de biens, d'argent.