mentonnière

Dérivé de menton, avec le suffixe -ière.

mentonnière \mɑ̃.tɔ.njɛʁ\ féminin

1. (Histoire) Partie inférieure de la visière des casques qui protégeait la mâchoire inférieure.
   • La visière de son casque était levée pour faciliter sa respiration, mais la mentonnière en était fermée ; de sorte que ses traits ne pouvaient se distinguer qu’imparfaitement. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
2. (Vieilli) Bande de toile ou d’étoffe qui tenait autrefois aux masques et dont on se couvrait le menton.
   • Il n’y a plus que le masque d’Arlequin qui ait conservé la mentonnière.
   • Hérodias apparut, — coiffée d’une mitre assyrienne qu’une mentonnière attachait à son front ; ses cheveux en spirales s’épandaient sur un péplos d’écarlate, fendu dans la longueur des manches. — (Gustave Flaubert, Trois Contes : Hérodias, 1877)
3. (Sport, Technique) Partie d'un casque qui protège le menton ou la mâchoire, qui est soit serré sur le menton avec un sangle pour maintenir le casque en position, soit tenu rigidement devant le visage.
4. (Médecine) Bande de toile dont on enveloppe le menton dans les cas de blessure ou de fluxion.
   • Madame Beaudeloche, arrivant par derrière le fauteuil et lui nouant vivement un mouchoir blanc sous le menton : – Tiens ! cette mentonnière... — (Eugène Labiche et Marc-Michel, Edgard et sa bonne, 1852, scène 4)
5. (Par extension) Une telle bande de toile que l'on pose sur les défunts, afin qu'après la rigidité cadavérique, la bouche reste close.
   • Je la regardai un peu, étendue sur son lit. La garde était en train de lui mettre une mentonnière, et elle avait l’air, à présent, d’une énorme petite fille jaune, ridicule et bouffie. — (Paul Léautaud, Le Petit Ami, 1903, réédition Le Livre de Poche, 1964, page 134)
   • – Toi, tu seras toujours à l’aise, pourvu que je m’en aille la première.
     – Pardi !
     – Tu n’attends que ce jour-là...
     – Je te fermerai les yeux, parole, et puis je te ferai une bonne mentonnière pour que tu fermes ta gueule un bon coup ! — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 39)
   • Elle vérifia que la mentonnière maintenait bien la mâchoire. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 121)
   • Quand il s’arrêta de respirer, sa mâchoire pendait, et on noua une mentonnière autour de sa tête. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 302)
   • 28 mars 43 – Je dors peut-être la bouche ouverte, comme une morte sans mentonnière ? — (Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, Denoël, 1962, page 263)
   • Ma mère était inerte sur son lit, la tête maintenue par une mentonnière, le corps, le visage ravagés par l’irrémédiable douleur qui avait arrêté les battements de son cœur. — (Édouard Bled, « Mes écoles », Robert Laffont, 1977, page 198)
6. (Par analogie) (Art) Tasseau triangulaire qui relève en avant la casse des typographes.
7. (Par analogie) (Art) Plateau saillant du fourneau de l’émailleur, etc..
8. (Musique) Élément de protection et de support pour caler entre le menton et l’épaule un instrument à cordes.

• barbière (sens 1)
• bavière (sens 1)

mentonnière \mɑ̃.tɔ.njɛʁ\

1. Féminin singulier de mentonnier.

• France (Lyon) : écouter « mentonnière  »
• France (Lyon) : écouter « mentonnière  »
• Mulhouse (France) : écouter « mentonnière  »
• Somain (France) : écouter « mentonnière  »

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• Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (mentonnière), mais l’article a pu être modifié depuis.