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De même, à la guerre, montjoie signifiait la bannière qui indiquait marche de l'armée.— (N. Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Hachette, Paris 1863)
La plus ancienne attestation est sous la forme munjoie— (Chanson de Roland) avec le sens de « cri de guerre des chevaliers » ; la Chanson de Roland associe le mot à « Joyeuse », l’épée de Charlemagne (voir la citation ci-dessous), ce qui est probablement une étymologie populaire, le sens propre semble être « monticule, tas, summum ». D’origine obscure :
En dépit du genre féminin du mot (on s’attendrait à un masculin), du latin MonsGaudii[1] (« Mont de la joie ») → voir Montjoie, Montjoi, Joyeuse et Jouy pour des toponymes apparentés et qui, en latin chrétien, a pu désigner le paradis, le « royaume de Dieu ».
(En particulier)(Catholicisme)Endroit où l'on peut apercevoir pour la première fois le sanctuaire visé lors d'un pèlerinage ; généralement une petite colline[3].
Li Emperere s’est culcet en un pret, Sun grant espiet met à sun chef li bers Icele noit ne se voelt il desarmer, Si ad vestut sun blanc osberc safret, Lacet sun helme ki est ad or gemmez, Ceinte Joiuse, unkes ne fut sa per, Ki cascun jur muet .xxx. clartez. Asez savum de la lance parler Dunt Nostre Sire fut en la cruiz naffrez : Carles en ad l’amure, mercit Deu ! En l’oret punt l’ad faite manuverer. Pur ceste honur e pur ceste bontet Li nums Joiuse l’espée fut dunez. Barun franceis ne l’ deivent ublier : Enseigne en unt de Munjoie crier Pur ço ne ’s poet nule gent cuntrester.— (Chanson de Roland)
L’Empereur s’est couché dans un pré ; Il a mis sa grande lance à son chevet, le baron ; Car il ne veut pas se désarmer cette nuit. Il a vêtu son blanc haubert, bordé d’orfroi ; Il a lacé son heaume gemmé d’or ; Il a ceint Joyeuse, cette épée qui n’eut jamais sa pareille, Et qui chaque jour change trente fois de clarté... Nous pourrions vous parler de la lance Dont Notre-Seigneur fut percé sur la croix : Eh bien ! Charles, grâce à Dieu, en possède le fer Et l’a fait enchâsser dans le pommeau doré de son épée. À cause de cet honneur, à cause de sa bonté, On lui a donné le nom de Joyeuse ; Et ce n’est pas aux barons français de l’oublier, Puisqu’ils ont tiré de ce nom leur cri de Montjoie ; Et c’est pourquoi aucune nation ne leur peut tenir tête.
L’enseigne Carle n’i voelt mie ublier, Munjoie escriet e haltement e cler. Rollant apelet sun ami e sun per : Sire cumpainz, à mei kar vus justez.— (La Chanson de Roland)
Mais Olivier ne veut pas oublier la devise de Charles : Montjoie ! Montjoie ! » crie-t-il d’une voix haute et claire. Il appelle Roland, son ami, son pair : Compagnon, venez vous joindre à moi.
Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage