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Il existe deux grandes explications traditionnelles de l’origine de ce mot.
La première veut qu’il se soit agi du mets que l’on servait aux Chinois qui travaillaient à la construction du chemin de fer à la fin du XIXe siècle.
« Autre explication : ce mets aurait été rapporté de la ville de South China, pas très loin d’Augusta, dans le Maine, par les nombreux Canadiens français qui y avaient émigré, faute de travail ici , dans les belles années de la Révolution industrielle. Et le China pie, spécialité locale, serait alors devenu ici, après traduction, le fameux pâté chinois. »
Toutefois, aucune de ces explications ne se vérifierait historiquement. Le pâté chinois n’apparaît en effet dans les livres de recettes que « dans les années 1920, mais sous des traits qui nous sont peu familiers aujourd’hui. Pour cause. Il s’agit en fait d’un plat composé d’une couche de riz, d’une couche de viande hachée et d’une autre couche de riz, le tout passé au four. Ce riz, largement associé à la culture asiatique, donnerait du même coup un début d’explication sur l’étymologie du plat national. Vraisemblablement une variante avec riz du Shepherd’s pie des Irlandais (un plat de deux étages fait de viande hachée recouverte d’une pâte, d’une purée de pommes de terre ou de riz, selon l’humeur), ce drôle de pâté chinois est d’ailleurs présenté sous l’appellation “pâté berger” dans Les Recettes de madame curé, une compilation des vieilles recettes de presbytères faite par Pierrette Baudouin en 1995 (Éditions Logique). Le Cercle des fermières du Québec le présente dans ses publications sous le nom de “pâté chinois au riz”. L’arrivée du maïs est, elle, difficile à expliquer, concèdent les quelques historiens de l’alimentation. “C’est peut-être un accident, dit Mme Bizier. Un jour, quelqu’un a mis du maïs dans son assiette et a trouvé ça très bon.” »
Une autre explication est que pâté chinois serait une autre version de pâté de Chine, dans son tour une difformation de pâté d’échine (de porc)[1][2].
(Québec) Mets typique du Québec constitué d’une couche de bœuf haché cuit que l’on dispose au fond d’une plat allant au four et que l’on recouvre d’une couche de maïs en grain ou en crème (appelé blé d’Inde) et d’une dernière couche de pommes de terre en purée (appelées patates pilées) souvent saupoudrée de paprika pour ensuite faire cuire le tout au four.
Les Grecs ont la moussaka, les Britanniques la shepherd’s pie, les Français le hachis Parmentier, et nous, nous avons le pâté chinois. Ce mets un peu ménager, un peu ouvrier, un peu brut et très économique est l’un de nos préférés. Même si on ne le dit pas ouvertement. Il fait résonner une corde sensible en nous.— (La Presse, 25 novembre 2005)
Simple et réconfortant, le pâté chinois serait même, d’un point de vue métaphorique, à l’image de la société où il a vu le jour : « Les anglophones, traditionnellement plus aisés, sont représentés par la viande, les Québécois francophones, n’ayant pas de quoi s’offrir, par les patates, et les peuples autochtones (premiers cultivateurs de maïs) sont coincés entre les deux, en une mince couche » .— (Le Devoir, 15–16 décembre 2007)
Si le pâté chinois est considéré comme le plat national des Québécois, la dinde et la tourtière sont, elles, les grandes vedettes de notre traditionnelle table de Noël.— (Le Devoir, 15–16 décembre 2007)
Omniprésent sur les tables du Québec, servi dans les cafétérias d’école, d’entreprise ou d’hôpital aux quatre coins de la province, revisité par certains grands chefs depuis quelques années, le pâté chinois trouve donc un ancrage concret et clair dans le quotidien des gens d’ici.— (Le Devoir, 15–16 décembre 2007)
Lui est Haïtien d’origine, elle, des Îles-de-la-Madeleine, et leur fille, venue de Chine. Une famille « brune, blanche et jaune, comme un pâté chinois » — (Le Soleil, 6 janvier 2006)
Note : La comédie télévisée La Petite Vie, dans les années 1990, a popularisé l’expression « steak, blé d’Inde, patates » en tant qu’aide-mémoire à l’intention d’un des personnages, Thérèse, ridiculisée pour ne jamais se souvenir de la façon exacte de faire un pâté chinois.
« Le noble pâté », dans Le Devoir, 15-16 décembre 2007.
↑Francœur, Jean-Marie, La genèse de la cuisine québécoise, Fides, 2011, ISBN9782762130294
↑Chevrier, Louise, Genèse de la cuisine québécoise : de Rabelais au pâté chinois, Société d’histoire de la Seigneurie de Chambly, 23 décembre 2011, consulté en ligne le 26 mars 2012.