Singulier | Pluriel | |
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Masculin | racisé \ʁa.si.ze\
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racisés \ʁa.si.ze\ |
Féminin | racisée \ʁa.si.ze\ |
racisées \ʁa.si.ze\ |
racisé \ʁa.si.ze\
La notion de « groupe racisé » nous semble préférable à celles de « groupe racial », de « race » ou de « minorité visible ». Le processus de racisation signifie ici « l'extension d’une signification raciale à des relations non-classifiées ou catégorisées en termes raciaux dans une phase antérieure ». Ainsi, le groupe racisé renvoie aux groupes porteurs d’une identité citoyenne et nationale précise, mais cibles du racisme.— (Micheline Labelle, Un lexique du racisme : étude sur les définitions opérationnelles relatives au racisme et aux phénomènes connexes, UNESCO et CRIEC, 2006 → lire en ligne)
Est racisé.e celle ou celui susceptible d’être assigné.e à une catégorie raciale, c’est-à-dire perçu.e comme appartenant à un groupe altérisé, distinct du groupe majoritaire ; comme un groupe homogène partageant des pratiques, des manières d’être, de vivre et de penser. Ce mot remplace opportunément d’autres termes, qui pèchent par une euphémisation ridicule (« diversité »), prennent au sérieux le critère génétique (« minorité visible ») ou naturalisent des groupes pourtant artificiels (« minorité ethnique »). Le qualificatif ne désigne donc pas une qualité de l’être, mais une propriété sociale. Non pas une identité, mais une position dans la société, résultant d’un processus collectif : la racisation.— (Mélusine, « « Blanchité », « racisé », « racisme d’État » : M. Blanquer, ces concepts sont légitimes dans le débat public », dans Libération, 23 novembre 2017 )
On considère les choses du point de vue des personnes dites « racisées », car assignées à leur couleur ou leur origine par des logiques de racialisation qui dépassent les intentions et idéologies, bonnes ou mauvaises.— (Éric Fassin, « « Blackface » ou le théâtre de la question raciale », dans Libération, 6 mai 2019 )
Les personnes racisées issues de l’immigration coloniale et postcoloniale qui ramassent les ordures des villes, nettoient les places et les institutions publiques, conduisent les bus, les trams et les métros, celles qui servent les repas chauds dans les réfectoires universitaires, livrent le courrier, soignent les malades dans les hôpitaux, celles dont l’accueil souriant à l’entrée des établissements est le gage de sécurité, sont généralement absentes des arènes universitaires, gouvernementales et non gouvernementales soucieuses de l’environnement.— (Malcolm Ferdinand, L’Écologie décoloniale, 2019, page 15)
Pour Khan, le mot « racisé » est « un mot qui nous sépare » : « Cette assignation-là, je la récuse », dit-elle. Pour Diallo, « racisé fait état d’un processus, et donc c’est un statut sociologique qui dit que des personnes, du fait d’un contexte donné, sont confrontées à des expériences de vie qui les racisent ». Selon elle, « tout le monde est racisé : les Blancs sont aussi racisés, à leur avantage ». Pour Daniel Schneidermann, c’est le signe qu’il faut abandonner le mot, ce à quoi Rokhaya Diallo répond qu’elle l’emploie « très peu » et lui préfère « personnes non-blanches ».— (« Rokhaya Diallo : “Les Blancs sont aussi racisés, à leur avantage” », dans Arrêt sur images, 9 avril 2021 )
Le mot « racisé » est devenu nécessaire, à un moment donné, pour désigner un racisme sans race.— (Rachad Antonius (sociologue), Plus on est de fous, plus on lit !, sur Radio-Canada Première, 2017 → lire en ligne)
Un groupe de quelques dizaines de personnes « queer et trans racisées et en non-mixité » ouvrait ce cortège.— (Pierre Bouvier, « A Paris, un cortège de tête animé pour repolitiser la Marche des fiertés », dans Le Monde, 30 juin 2018 )
« Mais je ne sais pas si je suis racisé moi, ça veut dire quoi? » nous demande-t-il, perplexe.— (Nora Bussigny, Les nouveaux inquisiteurs, Albin Michel, 2023, page 72)
Je repense à la manière dont les militants commentent et répondent dans les groupes Facebook que j’ai réussi à rejoindre et trouve la réponse parfaite : « As-tu déjà vécu du racisme? Si non, cela veut-dire que tu n’es pas une personne racisée et cet espace est un lieu safe en non-mixité. »
d’étiqueter les enfants des écoles de la République et leurs enseignants en fonction de critères dignes d’une exposition coloniale. Le mot racisé est une résurgence raciste qui vise à assigner à des groupes une identité victimaire.— (Ophélie Gobinet, « “Ateliers en non-mixité raciale” : un syndicat d’enseignant crée la polémique », dans Europe 1, 21 novembre 2017 )
“Racisé” (c’est-à-dire non blanc), “inclusif” (qui garantit que personne ne soit exclu par la norme dominante), “intersectionnel” (au croisement de plusieurs luttes), “cisgenre” (dont le genre ressenti correspond à celui de sa naissance)…— (Anne Rosencher, « Les risques du politiquement correct », dans L’Express, 10 octobre 2017 )
L’autre hiatus, c’est l’intersectionnalité ou, pour le résumer autrement, la double peine d’être à la fois femme et racisée.— (Laurent Carpentier, « Une accusation d’agression sexuelle fait imploser le collectif féministe 50/50 », dans Le Monde, 4 mai 2022 )
Dans une moindre mesure, les adolescentes et adolescents d’un milieu aisé écoutent ce qu’écoutent les jeunes de classe populaire mais pas le contraire. La popularité du rap peut expliquer pourquoi ce sont les jeunes hommes, souvent racisés, de classe populaire qui décident actuellement des tendances : la majorité des artistes rap populaires font partie de ce groupe et ciblent un public qui leur ressemble.— (Marine Lamboloz, Ce que les chansons préférées des adolescents nous apprennent sur leur imaginaire amoureux, The Conversation, 27 septembre 2023)
Singulier | Pluriel |
---|---|
racisé | racisés |
\ʁa.si.ze\ |
racisé \ʁa.si.ze\ masculin (pour une femme, on dit : racisée ; pour une personne non-binaire, on peut dire : racisæ, racisé·e, racisé.e, raciséx)
A l’origine, un concept sociologique, utile à l’étude du racisme structurel mais qui, une fois entré dans la novlangue ordinaire, brille de sa nouvelle indigence. Des « personnes racisées » aux « racisés », la novlangue substantive le lexique universitaire, essentialisant par là même le mot qui devait non seulement éviter ce piège mais rendre dicible la réalité sociale du racisme. De fait, dans sa nouvelle acception, le mot ne renvoie plus au processus de racisation mais réduit la personne à une identité fixe, à « l’être racisé.e ». Autrement dit, on ne se fait pas raciser, on est un ou une racisé.e.— (Sarah-Jane Fouda, « Non-souchiens ou racisé.e.s : la novlangue des dévots de la race », dans Le Monde, 26 décembre 2017 )
Dans son acception large, « racisé » semble désigner le « non blanc ». Dans son acception la plus répandue (dans les rangs de la faculté ou du Parti des Indigènes de la République par exemple), cela semble plus précisément désigner les Noirs et les Maghrébins. Surtout quand ils sont victimes des discriminations de toutes sortes. Pas les petites brimades à l’embauche ou les remarques racistes dans la rue. Non, un truc systémique plus gros, et plus ou moins inconscient apparemment.— (Martin Pimentel, « La première fois que Le Monde a écrit le mot « racisé »… », dans Causeur, 26 février 2019 )
Avec Alice, nous rejoignons le cortège des racisés, alors que le coup d’envoi du départ doit être bientôt lancé.— (Nora Bussigny, Les nouveaux inquisiteurs, Albin Michel, 2023, page 71)
Voir la conjugaison du verbe raciser | ||
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Participe | ||
Passé | (masculin singulier) racisé | |
racisé \ʁa.si.ze\
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