vert-de-gris \vɛʁ.də.ɡʁi\ masculin invariable
De ce jour, Frédérique négligea sa parure. On ne la revit plus donner le ton et la mode aux filles du pays, et le vert-de-gris vint oxyder jusqu’aux boutons de guêtre de cuivre : présent magnifique que Harald avait attaché à ses cheveux le jour de leurs fiançailles.— (Alphonse Karr, De loin et de près, 1862)
Le cuivre (Cu = 63,5) ne s’altère pas à froid au contact de l’air sec, mais au rouge il absorbe facilement l’oxygène et se transforme en oxyde. Sous l’infuence de l’air humide, il s’altère à froid et s’oxyde en absorbant de l’acide carbonique pour former un hydrocarbonate, appelé vulgairement vert-de-gris.— (Paul Weiss, Le cuivre : origine, propriétés, applications, 1894, page 58)
L’oxydation superficielle du cuivre en vert-de-gris forme à sa surface une patine qui le protège d’altérations ultérieures: aussi est-il encore possible de rencontrer du cuivre natif aux affleurements de gisements cuprifères.— (Jean-Paul Poirot, Mineralia : Les minéraux & les pierres précieuses du monde, 2004, page 14)
La première fois que Guylain l’avait vue, la couleur vert-de-gris de sa coque métal de l’avait pas étonné.— (Jean-Paul Didierlaurent, Le liseur de 6h27, Au Diable Vauvert, 2014, page 20)
Le vert-de-gris est un carbonate hydraté de cuivre.
Le vert-de-gris est un poison.
Ce vert-de-gris, qu’il ne faut pas confondre avec l’oxide carbonaté qui se forme si souvent sur le cuivre exposé à l'air, est composé environ de 56 d’acétate et de 44 de sous-acétate: il contient souvent du carbonate.— ( Philippe-Jean Pelletan, Dictionnaire de chimie générale et médicale: C-Z, 1824, page 9)
Les peintres italiens de la Renaissance ont fait fréquent usage du vert de gris. Léonard de Vinci, dans son traité de peinture, prescrit de vernir cette couleur aussitôt qu’elle est sèche.— (Matières colorantes employées par les artistes dans les divers procédés de peinture en usage dans l'antiquité, pendant le Moyen Âge et à l’époque de la Renaissance publié dans le Bulletin des commissions royales d’art et d’archéologie, volume 22, 1883, page 62)
Le vert-de-gris est connu depuis longtemps comme un pigment agressif, qui mange bel et bien le papier et le parchemin.— (Robert Fuchs et Doris Oltrogge, Utilisation d’un livre de modèles pour la reconstitution de la peinture de manuscrits, 2002)
Le vert-de-gris, ou acétate de cuivre, fut utilisé comme pigment de manière intensive pendant tout le Moyen Age. Il existe différentes manières de traiter le cuivre et les résultats obtenus varient en couleur et en solubilité.— (Anne-Françoise Cannella, Gemmes, verre coloré, fausses pierres précieuses au Moyen Âge, 2006, page 201)
Le vert-de-gris résulte d’un processus d’élaboration artificiel. La composition chimique du produit obtenu varie dans le détail selon la recette employée. Depuis le XIVe siècle, Montpellier s’était imposé comme un important centre de production du verdet, dénomination du vert-de-gris en langue d’oc.— (Michel Bochaca et Manuel Bochaca Arízaga. « Une recette de « beau vert » à base de vert-de-gris pour peindre les cartes marines (milieu du XVIe siècle) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, vol. 128-1, no. 1, 2021, pages 7-27)
26 novembre 43 – La longue salle étroite est parsemée de tables germaniques. Nous n’avons pas l’habitude de les voir de si près, tous ces verts-de-gris et leurs souris de même couleur et c’est bien gênant de les regarder gros-rire et trop-bouffer à côté de nous. C’est pire encore quand ils sont accompagnés par quelqu’un de notre race.— (Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, Denoël, 1962, page 311)
Leurs premiers mots furent des moqueries à l’encontre du boche, du chleuh, du vert-de-gris, du doryphore, chacun y allant d’un sobriquet le plus méprisant possible pour qualifier l’allemand pincé par une étrille.— (Philippe Lhommet, Cauchois d’hier et d’autrefois, TheBookEdition, 2013, page 153)
Alchimie :
Pigment synthétique :
vert-de-gris \vɛʁ.də.ɡʁi\ invariable
On ne pouvait pas se lasser de regarder leur bouche et leurs yeux que rien ne déséquilibrait, sur lesquels passait et repassait l’ombre vert-de-gris des branches de pins.— (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 226)
J’étais le seul à n’avoir pas ma misère enveloppée de vert-de-gris, je la drapais dans ce qui restait du beau pardessus à chevrons gris clair que m’avait acheté maman avec les sous de ma première paye, j’étais alors postier, il y avait cinq ans de cela.— (François Cavanna, Lune de miel, Gallimard, 2011, collection Folio, page 18)
On peut mettre en cause le caractère désuet de l’équipement des fantassins la casquette, le pantalon rouge garance, un paquetage lourd et mal conçu. En comparaison, l’uniforme feldgrau (vert-de-gris) des Allemands est bien mieux adapté aux exigences de camouflage de la guerre moderne. Le retard sera progressivement rattrapé à partir de 1915 avec la dotation d’un nouvel uniforme « bleu horizon » et du casque Adrian.— (L’Histoire de France pour ceux qui ont tout oublié, 2012, page 413)