La quatrième et dernière classe de préfixes, après les préfixes locatifs, est constituée de ceux d’attitude personnelle. Ils servent à spécifier l’attitude du locuteur envers l’objet de la construction, ou encore la relation temporelle entre eux. Ils sont intrinsèquement subjectifs, à la différence des suffixes d’attitude générale qui se veulent objectifs. Lorsqu’un préfixe de cette classe ou de la classe précédente est présent, les suffixes noble et ignoble ne sont pas utilisés. Ainsi, on dira chiqèkcháing, « fléau mal équilibré », et non chiqèkcháingkoi. Le suffixe pluriel, cependant, subsiste.
Il n’est pas rare de voir deux ou trois de ces préfixes utilisés simultanément, le style littéraire en étant particulièrement friand (par ex. pàltùplankási ou tùplanpàlkási, « le capitaine d’hier, que j’admire et respecte ») ; l’ordre des préfixes est une question de préférence personnelle, de style, de sonorité ou de rythme de phrase. Un préfixe peut être redoublé afin d’augmenter son effet (par ex. tùplannupémera, « petite-fille bien-aimée », tùplantùplannupémera, « petite-fille adorée » ; ou encore pàlshamtál, « le déjeuner d’hier », pàlpàlshamtál, « le déjeuner d’avant-hier »).
Ces préfixes existent aussi comme noms et adjectifs, et on pourrait donc considérer les constructions les utilisant comme des mots composés. La distinction est surtout historique, les grammairiens constatant que la « nominalisation » de ces préfixes est une tendance relativement moderne, et qui va en s’accentuant. Ainsi, la construction classique molzhavùsavál, « vers la ville crainte » se dit-elle de plus en plus zhávun molsavál en tsolyáni moderne.
On notera aussi que dans certains dialectes du Nord de Tsolyánu, en particulier aux alentours de Khirgár, les préfixes locatifs suivent ceux d’attitude personnelle plutôt que de les précéder. Ainsi, moltùplansavál, « vers la ville bien-aimée » devient tùplanmolsavál. Toujours dans le dialecte khirgári, un préfixe d’attitude personnelle est souvent attaché au premier élément d’un préfixe locatif discontinu. Ainsi, káidis brutùplansavályal, « parmi les villes bien-aimées » devient tùplankáidis brusavályal.
M. A. R. Barker, The Tsolyáni Language, Adventure Games, St. Paul (MN), 1981, 2e édition en deux tomes