abstraire \ab.stʁɛʁ\ 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’abstraire)
Bébé abstrait le bleu de plusieurs jouets bleus, mais ne lui parlez pas d’abstraire.
Remarquez même que ces deux opérations opposées, concraire et abstraire, se trouvent toujours réunies, et sont nécessaires toutes les deux dans la formation de toute idée composée quelconque ; car toutes les fois que je forme une nouvelle idée avec divers élémens pris çà et là, si je sépare chacun de ces élémens de circonstances que je néglige parce qu’elles ne sont pas nécessaires à mon objet, si je les abstrais, en même temps je les réunis, je les concrais pour en former l’idée nouvelle. Ainsi j’abstrais et je concrais en même temps, ou plutôt ce que j’abstrais d’un côté je le concrais de l’autre ; c’est pourquoi je n’aime pas beaucoup ces mots abstraire et concraire.— (Antoine Destutt de Tracy, Élements d’idéologie, an XII (1805))
M. Laporte dit que l’on abstrait lorsqu’on pense à l’état isolé ce qui n’est point fait pour exister isolément. Le concret, par opposition, est une totalité qui peut exister par soi seule.— (Jean-Paul Sartre, L’Être et le Néant, Gallimard, « Tel », 2000, page 37)
Abstraire l’accident du sujet, de la substance.
En algèbre, on abstrait la quantité, le nombre de toutes sortes de sujets.
Il a une telle faculté de s’abstraire qu’il travaille au milieu du bruit.
Je vais m’abstraire dans le travail !— (Franquin, Gaston — Gala de gaffes à gogo, éditions J. Dupuis Fils, 1973, page 36)
Ainsi découvrit-il la vertu paradoxale de la lecture qui est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens.— (Daniel Pennac, Comme un roman, Gallimard, 1992, page 19)
Immobile, l’enfant se plonge dans la considération du couvercle de la boîte, décoré de l’image en couleurs d’un cavalier sur un cheval blanc au galop. Elle ne voit plus que cette image, s’abstrait dans la contemplation imbécile de cette image, loin de ces deux personnes qui, tout près d’elle, s’embrassent et se parle à mi-voix.— (Marie Sizun, Le Père de la petite, Arléa, collection “1er / mille”, 2005 ; réédition Arléa-Poche no 129, 2008, ISBN 9782869598201, p. 45)
Ni Lamartine, ni Hugo, ni Musset, n’avaient ainsi abstrait le poète de l’homme et n’avaient, à propos de leur propre existence que Dieu mit au centre de tout comme un écho sonore, chanté autre chose que les grands partis généraux, les larges émotions de la nature humaine.— (A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature, 1938, p. 40.)
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abstraire \apˈstɾajɾe\ (graphie normalisée) 3e groupe (voir la conjugaison)