fendre le cœur \fɑ̃.dʁə lə kœʁ\ (se conjugue → voir la conjugaison de fendre)
Hé ! Dieu, si j’eusse étudié— (François Villon, Le Testament, 1461)
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes meurs dédié,
J’eusse maison et couche molle !
Mais quoi ? Je fuyais l'école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
À peu que le cœur ne me fend.
— Ma pauvre Pierrette criait : Au secours ! je meurs ! à fendre le cœur à un bourreau.— (Honoré de Balzac, Pierrette, 1840)
— Ah ! mon ami, mon père, vous êtes bien le seul regret que je laisse dans l’affreux tourment d’où je sors. Je croyais en être guéri, et mon pauvre cœur vient de se fendre, rien qu’à vous rencontrer…— (Émile Zola, Les Trois Villes : Paris, 1897)
Ne me lance pas ce regard-là, "old boy", tu me fends le cœur…— (Morris , Lucky Luke VII — L’Élixir du docteur Doxey, éditions J. Dupuis & fils, 1969, page 21)
Elle essayait d’éprouver envers lui quelque chose de doux, y parvenait parfois, quand Jean-Marc la regardait avec cet air à vous fendre le cœur, comme disait sa mère, mais toujours revenait cette sensation d’impuissance.— (Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, J.-C. Lattès, 2011)
En attendant ces renforts matériels, les médecins se plient à l’urgence le cœur fendu par la détresse de patients isolés, qui sont « nos pères, nos grands-pères, nos grands-oncles », souligne M. Perez Molina, faisant écho à la souffrance d’un pays qui chérit particulièrement les anciens.— (Sandrine Morel, Coronavirus : Madrid, capitale martyre d’une Espagne endeuillée, Le Monde. Mis en ligne le 26 mars 2020)