Proximal (ce…-ci) | masculin | féminin |
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Singulier | هٰذَا (hEVâ) | هٰذِي (hEVî) |
Duel nominatif | هٰذَانِ (hEVâni) | هٰتَانِ (hEtâni) |
Duel oblique | هٰذَيْنِ (hEVayni) | هٰتَيْنِ (hEtayni) |
Pluriel | هٰؤُلَاءِ (hE'ulâ'i) | |
Distal (ce…-là) | masculin | féminin |
Singulier | ذٰلِكَ (VElika) | تِلْكَ (tilka) |
Duel nominatif | ذَانِكَ (Vânika) | تَانِكَ (tânika) |
Duel oblique | ذَيْنِكَ (Vaynika) | تَيْنِكَ (taynika) |
Pluriel | أُولٰئِكَ (ûlE'ika) |
L'arabe classique possède un système complexe d'ensembles et de sous-ensembles de démonstratifs, mais en arabe standard moderne, les plus couramment utilisés sont ceux du tableau ci-contre.
Le démonstratif de base
ذَا (Vâ) /ðaː/ est en général remplacé par deux formes secondaires à affixes, qui expriment, l'une le démonstratif proche, l'autre l'éloigné.
Le démonstratif distal est rarement utilisé dans le dual en arabe standard moderne.
Notez que le démonstratif pluriel n’est utilisé que pour désigner des êtres humains. Pour faire référence à des pluriels non humains, le démonstratif féminin singulier est utilisé.
Les démonstratifs s'emploient, soit isolés comme pronoms, « celui-ci, celui-là, ceci, cela », soit avec un substantif déterminé par l'article avec le sens du français « ce, cette ».
Un pronom démonstratif peut s'employer seul pour remplacer un nom implicite ou déjà cité :
Utilisés comme pronoms, les démonstratifs servent à reprendre une ou plusieurs phrases déjà évoquées. Ils peuvent alors remplir toutes les fonctions d'un nom déterminé. Cependant le pronom démonstratif ne peut pas être en état d'annexion, ni modifié par un adjectif, il peut seulement être modifié par une relative.
هٰذَا (hEVâ) et ذٰلِكَ (VElika) peuvent servir à traduire « voici », « voilà » ou encore « tel », signifiant « ainsi », « de cette manière » :
Dans un groupe nominal démonstratif, un pronom démonstratif forme une unité syntaxique avec un nom défini, afin de transmettre le concept de proximité ou de distance particulière. Dans l'usage déterminatif, le démonstratif précède le nom qu'il modifie, et sert uniquement à en préciser la localisation. En arabe, ce groupe nominal démonstratif est composée d'un pronom démonstratif + marque du défini الـ (el-) + nom. Si le nom est qualifié par un adjectif, celui-ci suit le nom et s'accorde avec ce dernier en genre, nombre, cas et état défini.
Dans l'usage qualificatif, le démonstratif suit le nom qu'il modifie et fonctionne alors moins comme localisateur que comme forme de renforcement ou de reprise. Ce sont presque uniquement les démonstratifs du premier plan qui sont utilisés qualificativement :
L'usage qualificatif est le seul possible lorsque le nom n'est pas déterminé par l'article mais l'est, soit par annexion, soit en tant que nom propre.
Ces pronoms sont considérés comme des déterminants des noms, faisant bloc avec lui (à certains égards, comme l'article défini). Normalement, une forme annective ne peut être interrompue par aucun mot intervenant entre les deux noms joints dans la forme d'annexion. Le lien entre le pronom démonstratif et son nom est cependant si fort qu'un groupe nominal démonstratif peut être utilisé comme deuxième terme d'une forme annective :
Dans sa construction normale, le démonstratif doit obligatoirement être suivi d'un nom portant la marque du défini الـ (el-). Si le mot suivant ne peut pas porter la marque du défini, le pronom démonstratif se place alors à la fin du groupe nominal.
Les constituants morphologiques des démonstratifs, soudés dans l'usage normal, sont dissociés dans certains usages particuliers. C'est le cas si des pronoms personnels sont utilisés avec les démonstratifs. Dans ces formes dissociées, les composantes ont des graphies, et parfois aussi des formes phonétiques un peu différentes de la forme courante. On notera en particulier la forme ذِي (Vî) que prend l‘élément démonstratif féminin.
Il y a aussi des usages, archaïques ou littéraires, où seule une partie des éléments est utilisée.
Le démonstratif ذَاكَ (Vâka) est une variante de ذٰلِكَ (VElika), sans l'infixation du لِـ (li-), parfois utilisée pour contraster avec ذٰلِكَ (VElika).
Le démonstratif ذَاتَ (Vâta) traduit une proximité indéfinie dans le temps ou dans l'espace, et est utilisé comme premier terme d'une forme annective avec un nom non défini.
Le pronom démonstratif locatif peut prendre les trois formes هُنَا (hunâ), هُنَاكَ (hunâka) et هُنَالِكَ (hunâlika). Ces mots désignent un lieu proche, éloigné ou très éloigné du locuteur. Ils sont considérés à la fois comme des adverbes et des pronoms démonstratifs locatifs. Pris absolument, هُنَاكَ (hunâka) et هُنَالِكَ (hunâlika) traduisent l'idée de « il y a ».
masculin | féminin | |
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Singulier | ذَا (Vâ) | ذِي (Vî), تِي (tî) (تَا (tâ)) |
Duel nominatif | ذَانِ (Vâni) | تَانِ (tâni) |
Duel oblique | ذَايْنِ (Vâyni) | تَايْنِ (tâyni) |
Pluriel | أُولَاءِ (ûlâ'i) (أُولَى (ûlé)) |
La forme la plus simple de démonstratif est ذَا (Vâ). Elle peut être rapprochée du mot ذُو (Vû), qui signifie « celui de », « celui qui a » ou « qui dépend de ». ذَا (Vâ) est rarement utilisé seul. Lorsqu'il forme un composé, le féminin singulier prend la forme تِي (tî) ou ذَهَ (Vaha) en position suffixe, et تَا (tâ) ou تِ (ti) en position de préfixe
Du pronom démonstratif simple se forment les composés proximaux en préfixant la particule هَا (hâ). Ce préfixe est appelé par les Arabes حَرْفُ ٱلتَّنْبِيَةِ (Harfu ^ltanbiy@i), « la particule qui excite l'attention ». (Palmer) Cette forme est la forme ordinaire pour les objets proches (démonstratif proximal). Elle peut apparaître devant le démonstratif simple ذَا (Vâ), ou devant le composé ذَاكَ (Vâka), mais pas devant le composé augmenté ذَالِكَ (Vâlika). Devant ذَا (Vâ) son écriture est généralement défective, donnant هٰذَا (hEVâ) ou هَذَا (haVâ) ; devant ذَاكَ (Vâka) elle s'écrit normalement هَاذَاكَ (hâVâka).
Du pronom démonstratif simple ذَا (Vâ) se forment les composés distaux en ajoutant le suffixe pronominal de la deuxième personne : ـكَ (-ka), ـكِ (-ki) ; ـكُمَا (-kumâ) ; ـكُمْ (-kum), ـكُنَّ (-kun²a). Pour ce qui est de leur signification, ces formes composées diffèrent du pronom simple en ce qu'elles indiquent un objet éloigné. Étymologiquement, on peut comprendre qu'il s'agit d'une opposition entre le « ça » de mon côté (proximal) et le « ça » de ton côté, ton « ça » (donc, distal par rapport à moi). Conventionnellement, le « ça » de l'interlocuteur s'oppose sémantiquement au « ça » proximal du locuteur, indépendamment de la position réelle de l'interlocuteur. Le genre et le nombre du suffixe pronominal ajouté au pronom démonstratif simple dépendent en théorie du sexe et du nombre des personnes adressées, ce qui est logique pour une interaction effectivement parlée. Dans ce cadre, en parlant à un homme seul on utilisera ذَاكَ (Vâka), pour une seule femme ذَاكِ (Vâki) ; à deux personnes, ذَاكُمَا (Vâkumâ), etc. De fait, de telles formes sont attestées. Mais la forme ذَاكَ (Vâka) est habituellement employée indépendamment du sexe et du nombre des personnes à qui l'on s'adresse ; et de même pour les autres formes déclinées de ذَا (Vâ), ce qui est logique pour une forme écrite / neutre, pour laquelle on s'adresse « au lecteur » indéterminé. Ce suffixe pronominal peut être précédé de la syllabe démonstrative لِـ (li-) intercalaire : ذٰلِكَ (VElika) (etc. pour les autres formes), le ^a long étant alors suscrit. Cette syllabe ne doit pas être confondue avec la préposition (qui se transforme en لَ (la) lorsqu'elle est unie aux suffixes pronominaux), mais doit être considérée comme une syllabe démonstrative (qui apparaît également dans l'article et dans le pronom relatif).
Le â long était autrefois plus rarement marqué que les autres voyelles longues, c'est pourquoi il disparaît dans certains mots très communs. (Palmer p. 155) Le alif disparaît au singulier, donnant ici en pratique (au masculin) l'orthographe ذٰلِكَ (VElika). Au duel, les deux consonnes liquides لِ (li) et نِ (ni) fusionnent avec le نَ (na), donnant (pour le masculin) تَانِّكَ (tân²ika) et تَيْنِْكَ (tayn&ika).
Certains grammairiens considèrent qu'il y a une nuance de sens entre ذَاكَ (Vâka) et ذٰلِكَ (VElika), le premier se référant pour eux au plus proche de deux objets distants, le second au plus éloigné.